La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Voyages: la parenthèse est-elle vraiment refermée?

Avez-vous l’impression, vous aussi, d’avoir vu la parenthèse ouverte en 2020 se refermer cette année? Bien que la pandémie ne soit pas terminée, j’ai le sentiment que la plupart d’entre nous sommes parvenus à développer une certaine tolérance au stress généré par ce coronavirus qu’on n’a plus envie de nommer. Et qu’interdire les voyages ne pourrait être à nouveau envisageable.



Dire que j’avais fait la paix avec l’idée de ne plus voir du pays comme avant! Je me disais que ce serait mieux pour la planète, de toute façon. Et que j’avais amplement de quoi me tenir occupée au Québec.

En relisant mes chroniques du début de l’année, l’époque des multiples restrictions m’apparaît si lointaine! En février, je me réjouissais d’un relâchement des règles d’entrée au pays. Aujourd’hui, alors que les aéroports fourmillent à nouveau de voyageurs pressés, je n’imagine pas que le scénario de mars 2020 puisse se reproduire. J’ai même l’impression que la majorité des voyageurs ont choisi l’amnésie depuis quelques mois. Le port du masque est maintenant presque anecdotique. Je suis souvent l’une des rares passagères à l’arborer obstinément, tant dans le métro que dans l’avion. C’est encore plus flagrant en Europe et aux États-Unis. Peu importe, j’ai bien l’intention de continuer à me déplacer masquée.

Avec le port du masque qui est maintenant presque anecdotique, l’époque des multiples restrictions semble lointaine. Sur cette photo: la place d'Espagne, à Rome, Italie. Photo: Ilnur Kalimullin, Unsplash

Il m’a fallu du temps pour me réhabituer aux humains. Ici comme à l’étranger, je me suis tenue loin des bars trop animés et des salles de spectacles pouvant contenir des milliers de potentiels porteurs de vilains virus. J’ai pris part à deux congrès munie de masques KN95, même si la plupart des gens étaient à visage découvert. Le bon côté de cette pandémie aura été de normaliser cette pratique.

Le processus de deuil entamé une fois le choc du printemps 2020 encaissé s’est mué ces derniers mois en une sorte de renaissance. Je ne suis pas en train de prendre une revanche pour rattraper le temps perdu (le fameux revenge travel qui a fait tant couler d’encre). Par contre, je sors de cette parenthèse avec une conscience encore plus grande qu’on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Avec le besoin de prendre des pauses pour assimiler les apprentissages de mes voyages, aussi. Savourer. Voilà sans doute le mot qui guidera mon année 2023.

Cinque Terre, Italie. Photo: Ziyi Zhu, Unsplash

Chose certaine, 2022 m’aura emmenée beaucoup plus loin que je l’aurais imaginé: Sénégal, Ouest canadien, États-Unis, France, Espagne, Italie, Slovénie, Allemagne et Pays-Bas. Je rédige ces lignes alors que je m’apprête à faire ma valise pour Londres, Paris, la Jordanie et l’Égypte. Toute une année!

2022 m’aura emmenée beaucoup plus loin que je l’aurais imaginé. Sur cette photo: Amsterdam. Photo: Marie-Julie Gagnon

Mais vous savez quoi? Les Fêtes tout en douceur que je m’apprête à passer en pyjama devant Ciné-cadeau, avec les miens, me réjouissent tout autant. Ma bibliothèque déborde de livres à lire et j’ai au moins dix films et séries dans mes listes «à regarder». Ce que la pandémie m’aura rappelé, c’est l’importance de ces autres manières de voir le monde. J’ai retrouvé le plaisir de m’évader par les arts que je ressentais, adolescente, avant d’entamer ma vie de voyageuse. Le défi des prochains mois sera de parvenir à trouver l’équilibre entre ces deux univers.