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Architecture et urbanisme: des tendances (encore) à surveiller

Depuis les débuts d’Avenues.ca, nous avons publié près de 150 articles sur l’architecture, le design et l’urbanisme. Alors que l’année tire à sa fin, c’est l’occasion de revisiter certaines tendances des dernières années qui sont toujours d’actualité.

Pour des villes résilientes

Ce texte publié en septembre 2015 soulignait l’importance d’adapter nos villes pour qu’elles soient prêtes à affronter les catastrophes naturelles. Des ouragans aux feux de forêt en passant par les inondations, les dernières années ont malheureusement démontré à quel point c’est primordial.

Lentement – trop lentement, diront certains –, les villes d’ici et d’ailleurs se mobilisent. Rotterdam mène le bal en matière de gestion de l’eau, avec toute une série de mesures pour y faire face. Montréal, elle, compte multiplier les parcs éponges dans les prochaines années.

Les villes tentent également de se rafraîchir, surtout dans un contexte où les vagues de chaleur deviennent de plus en plus courantes. Certaines misent sur la végétation et les parcs, d’autres sur les toits blancs ou encore les arbres.

Des architectes s’engagent aussi à concevoir des bâtiments durables, à opter le plus possible pour la réutilisation ou la rénovation plutôt que sur la construction. Toutes ces initiatives vont dans la bonne direction. Il faut maintenant poursuivre les efforts dans la lutte aux changements climatiques.

Rotterdam mène le bal en matière de gestion de l’eau, avec toute une série de mesures pour y faire face. Photo: Rowan Heuvel, Unsplash

Ces minimaisons qu’on aime (en théorie)

On l’avoue, on a un faible pour les minimaisons sur Avenues.ca: le sujet a été abordé une première fois en 2015, puis en 2018, en 2019 et en 2020. Plusieurs «wow de la semaine» ont également présenté des modèles intéressants.

Le concept semble plaire à de nombreux Québécois. Les quartiers dédiés aux demeures en format réduit se sont multipliés dans la province et le nombre de municipalités qui acceptent ce genre d’habitations sur leur territoire ne cesse d’augmenter. Il suffit de regarder la carte interactive du Mouvement québécois des minimaisons pour s’en convaincre.

Les bénéfices, tels que l’économie de matériaux et d’énergie, le prix abordable, la densification douce des quartiers ou la possibilité de construire une deuxième unité dans la cour, sont aujourd’hui bien documentés. Les obstacles, comme les règlements de construction ou de zonage, aussi. Reste qu’entre l’attrait pour une vie dans plus petit et le passage à l’action, il y a un pas que plusieurs ne franchissent pas.

Les quartiers dédiés aux demeures en format réduit se sont multipliés dans la province et le nombre de municipalités qui acceptent ce genre d’habitations sur leur territoire ne cesse d’augmenter. Photo: Depositphotos

La guerre de la route

Le tout premier texte d’Avenues.ca en lien avec l’urbanisme abordait la révolution cycliste de Paris, où 11,2% des déplacements se font désormais à vélo. Le sujet fait encore la manchette, alors que le plan vélo de la capitale française vise à faire de Paris une ville 100% cyclable.

La mort du cycliste Paul Varry, tué par un conducteur de VUS le 15 octobre dernier, a ravivé les tensions. Les associations de cyclistes rapportent d’autres cas de «violence motorisée», lorsque le véhicule est utilisé comme une arme, ne serait-ce que pour intimider un autre usager de la route. Pour améliorer la cohabitation parfois difficile sur le bitume, on a d’ailleurs déniché des idées inspirantes.

La mairesse Anne Hidalgo a rendu hommage au jeune homme en rappelant que «l’avenir n’appartient pas aux voitures, il appartient aux mobilités douces et actives. Des mobilités qui préservent les vies et notre environnement

Au Québec, le débat se poursuit aussi. Si plusieurs Montréalais se réjouissent de l’aménagement de nouvelles pistes cyclables, la nouvelle ne fait pas que des heureux. Les résidents de Parc-Extension sont par exemple divisés sur l’ajout de pistes cyclables sécuritaires dans leur quartier. Un regroupement de citoyens compte pour sa part déposer bientôt une poursuite contre la Ville de Montréal, qui selon eux «impose» des projets de pistes cyclables au détriment de la qualité de vie.

Le gouvernement de l’Ontario lance de son côté ce qui ressemble à une guerre aux vélos: il dépensera ainsi 48 millions de dollars pour démanteler trois pistes cyclables à Toronto.

La mairesse de Paris Anne Hidalgo rappele que «l’avenir n’appartient pas aux voitures, il appartient aux mobilités douces et actives. Des mobilités qui préservent les vies et notre environnement.» Photo: Depositphotos

Des solutions à la crise du logement

Pénurie de logements abordables, coûts des loyers qui ne cessent d’augmenter, diminution des mises en chantier et surenchère immobilière: la crise du logement n’est pas nouvelle, mais elle s’accentue, ici comme ailleurs. Et la question donne du fil à retordre aux villes et aux élus.

Montréal espère par exemple plus que tripler le nombre de logements «hors marché» d’ici 25 ans sur son territoire. Dans la même veine, la France s’est engagée à ce que 20% de ses logements soient «non marchands», en jumelant l’achat d’immeubles et la construction de nouveaux bâtiments. C’est déjà le cas au Danemark, un pays qui a de plus nationalisé les prêts hypothécaires dans les années 1980.

La Finlande mise aussi sur une offre suffisante de logements sociaux. Helsinki en possède 60 000. Un habitant sur sept vit ainsi dans un logement appartenant à la Ville.

Le Japon, qui contrôle le zonage à l’échelle du pays et permet plus facilement à la construction de logements de suivre la demande, réussit pour sa part à garder les prix de location des logements relativement abordables. Toutes ces solutions pourraient inspirer le Québec.

À Helsinki, un habitant sur sept vit ainsi dans un logement appartenant à la Ville. Photo: Jonathan Ansel Moy De Vitry, Unsplash

Résidence des stagiaires: la nature comme tableau

Toute de bois vêtue, la résidence des stagiaires se pose doucement dans le paysage de Grand-Métis. Cette demeure offre une fenêtre (et même plusieurs!) sur la nature, tout en se fondant dans l’environnement.

Quand on couvre l’architecture, rares sont les occasions de visiter un bâtiment en bonne et due forme. On doit souvent se contenter d’un passage express ou d’images, en particulier lorsqu’on parle d’un projet à l’étranger. Et la maison d’architecte demeure un rêve inaccessible pour la plupart d’entre nous (y compris pour l’auteure de ces lignes!).

C’est peut-être pour cette raison qu’un séjour à la résidence des stagiaires, imaginée par l’Atelier Pierre Thibault, semble si spécial. En posant notre valise entre ses murs pendant quelques jours, on a le privilège d’habiter le lieu, de le faire sien, d’en connaître les secrets.

On découvre par exemple que les murs craquent sous le poids du vent, mais que jamais une latte du plancher ne fait de bruit sous nos pas. On s’approprie l’une des chambres et l’on observe la lumière changer selon l’heure du jour par la fenêtre au pied du lit. On déplace les chaises Adirondack à l’endroit le plus protégé de la terrasse lorsque vient le temps de l’apéro.

On déplace les chaises Adirondack à l’endroit le plus protégé de la terrasse lorsque vient le temps de l’apéro. Photo: Emilie Laperrière

Surtout, on se surprend à tourner notre regard vers l’extérieur. Atelier Pierre Thibault a réussi un tour de force en concevant une maison toute simple, qui encadre la nature et la magnifie. Peu importe la pièce où l’on se trouve, les grandes fenêtres invitent à la contemplation. Même le bureau, niché sur la mezzanine, permet de regarder dehors. Les Japonais ont leur bain de forêt — le shinrin-yoku —, la maison des stagiaires, elle, offre un bain de nature.

Malgré le fait qu’elle longe la route 132, une certaine quiétude règne. On a l’impression de se blottir dans un cocon.

La résidence se compose de deux volumes au toit à deux versants. Photo: JC Lemay

Bois omniprésent, dedans comme dehors

La résidence se compose de deux volumes au toit à deux versants. Les lattes de cèdre, qui la recouvrent entièrement, ont déjà pris une certaine patine depuis la construction en 2018. Alors que le côté où se trouve l’entrée arbore encore sa couleur blonde des débuts, d’autres faces se couvrent d’un gris brun qui vire au noir par endroits, donnant presque l’impression de revenir à l’arbre d’origine.

Une aile regroupe les espaces de vie communs tandis que l’autre abrite au rez-de-chaussée les salles de bain ainsi que trois modestes chambres, chacune meublée de lits simples et d’une aire de rangement. D’autres lits supplémentaires à l’étage permettent de loger quelques personnes de plus en formule dortoir. À l’intérieur, le bois est encore à l’honneur, du sol au plafond. La structure en bois d’épinette est également visible.

C’est l’ébéniste Gervais Pineau et son équipe qui ont préfabriqué les panneaux en pin des murs et du toit ainsi que les cadres de la structure avant de les assembler sur le chantier. Le mobilier en bois minimaliste s’agence harmonieusement au reste.

À l’intérieur, le bois est à l’honneur, du sol au plafond. Photo: Linda Laperrière

Quand le design s’installe au jardin

Impossible de résider à la maison des stagiaires sans faire un saut aux Jardins de Métis. Le Festival international de jardins, où architectes paysagistes, architectes et concepteurs de divers horizons rivalisent d’imagination afin de créer des jardins éphémères contemporains, célèbre cette année sa 25e édition.

L’installation Réflexions colorées de l’architecte Hal Hingberg, à qui l’on doit aussi les panneaux de couleur du Palais des congrès de Montréal, touche encore les visiteurs 21 ans après son apparition aux Jardins en 2003. Le temps a commencé à faire son œuvre sur les panneaux qui n’ont pas été conçus pour affronter les intempéries, mais on prend toujours plaisir à observer le paysage sous différents angles.

L’installation Réflexions colorées de l’architecte Hal Hingberg, touche encore les visiteurs 21 ans après son apparition aux Jardins. Photo: Emilie Laperrière

Même chose pour Courtesy of Nature, pensée par Johan Selbing et Anouk Vogel en 2013. À l’intérieur d’un volume tout noir où les ombres des arbres se reflètent, un morceau du paysage a été érigé en œuvre d’art. On aurait envie d’exposer cette image à la maison afin de pouvoir la contempler à notre guise.

Courtesy of Nature, pensée par Johan Selbing et Anouk Vogel en 2013. Photo: Emilie Laperrière

Parmi les petits nouveaux, on a un coup de cœur pour la simplissime installation Future Drifts de l’Américaine Julia Lines Wilson, qui sublime la clôture à neige en bois tout en se questionnant sur le futur des asters d’Anticosti, une espèce de plante à l’avenir incertain.

Coup de cœur pour la simplissime installation Future Drifts de l’Américaine Julia Lines Wilson. Photo: Emilie Laperrière

On a aussi un faible pour Rue Liereman | Organ Man Street, du collectif belge Pioniersplanters, qui nous transporte dans un jardin urbain en Belgique. Ça donne le goût de mettre les mains dans la terre séance tenante pour embellir notre cour.

L’installation Superstrata, du collectif mat-on, est celle qui divise le plus horticulteurs et architectes, selon le directeur des Jardins de Métis, Alexander Reford, qui nous a accompagnés pendant notre visite. Force est d’admettre que l’œuvre austère, qui fait sortir de grands x gris de la terre, n’est pas la plus facile d’approche. Il n’empêche que cette scène un peu postapocalyptique, où la nature semble avoir repris ses droits, nous plaît bien.

L’installation Superstrata, du collectif mat-on, fait sortir de grands x gris de la terre. Photo: Emilie Laperrière

Dommage que nos enfants ne soient pas là pour explorer Couleur nature, une installation ludique signée Vanderveken, Architecture + Paysage! Ils auraient sûrement adoré découvrir ce qui se cache à l’intérieur de cette «piscine».

Couleur nature, une installation ludique signée Vanderveken, Architecture + Paysage. Photo: Linda Laperrière

Pour une visite

Réservée aux stagiaires des Jardins de Métis durant l’été, la résidence du 206, route 132 est offerte en location entre septembre et mai. Tous les détails se trouvent ici pour ceux qui ont eux aussi envie d’habiter le lieu.

La résidence du 206, route 132 est offerte en location entre septembre et mai. Photo: Linda Laperrière

Le Festival international de jardins (tout comme les jardins historiques) est pour sa part ouvert tous les jours de juin au début octobre. L’édition 2025 sera sous le thème des frontières. On a déjà hâte à l’an prochain!

Les frais d’hébergement de ce voyage ont été payés par les Jardins de Métis, qui n’ont eu aucun droit de regard sur ce texte. Les opinions exprimées sont celles de notre journaliste.

Virée architecturale au Québec

Vous prendrez la route des vacances au Québec cet été? Profitez-en pour ajouter des arrêts architecture à votre itinéraire. Certaines réalisations récentes valent amplement le détour. En voici quelques-unes.

Restaurant Le 9e

Combiner architecture et gastronomie nous paraît une excellente idée, encore plus au restaurant Le 9e. La réouverture de l’établissement situé au dernier étage de l’ancien grand magasin Eaton a fait grand bruit l’année dernière. Après plusieurs mois de travaux de réhabilitation, on peut à nouveau réserver une table dans ce joyau de l’art déco sis sur la rue Sainte-Catherine.

Après plusieurs mois de travaux de réhabilitation, on peut à nouveau réserver une table dans ce joyau de l’art déco. Photo: Maxime Brouillet, v2com

Les architectes d’EVOQ ont réussi à redonner à l’espace sa splendeur des années 1930. Une partie du mobilier d’origine a même passé l’épreuve du temps. Pour ceux que ça intéresse, Héritage Montréal revient en long et en large sur l’histoire de ce lieu d’exception, avec photos d’archives et croquis à l’appui.

Les architectes d’EVOQ ont réussi à redonner à l’espace sa splendeur des années 1930. Photo: Maxime Brouillet, v2com

Tour du Port de Montréal

Mon collègue Claude Deschênes vous en parlait l’année dernière, mais si vous n’avez pas encore visité la tour d’observation de 65 mètres conçue par Provencher_Roy au grand quai du port de Montréal, on vous suggère fortement de le faire cet été. La vue à 360 degrés sur Montréal et le fleuve est fort impressionnante.

La construction a remporté un Prix d’excellence en architecture 2024 de l’Ordre des architectes du Québec. Photo: Nanne Springer, v2com

La construction entièrement vitrée a remporté un Prix d’excellence en architecture 2024 de l’Ordre des architectes du Québec.

La vue à 360 degrés sur Montréal et le fleuve est fort impressionnante. Photo: James Brittain, v2com

Maestria

Le projet immobilier Maestria du groupe Devimco ne passe pas inaperçu sur la place des Festivals. Si vous allez à l’un des événements prévus cet été dans le Quartier des spectacles, levez les yeux pour observer la passerelle en acier qui relie les deux tours effilées au 26e étage. Il s’agit de la plus haute passerelle jamais construite dans le secteur résidentiel au Québec.

Moulin de l’île Perrot

Le moulin de l’île Perrot ne date pas d’hier: il a été érigé en 1707 par le charpentier Léonard Paillé dit Paillard et par le maître maçon Jean Marset. Il a toutefois été restauré de main de maître par Beaupré Michaud et Associés, Architectes.

Le moulin de l'île Perrot a été restauré de main de maître par Beaupré Michaud et Associés, Architectes. Photo: Raphaël Thibodeau

En remettant en état la tour de pierre, la charpente en bois du toit, le mécanisme en bois et les ailes, ceux-ci ont réanimé le plus vieux moulin à vent encore en activité au Québec. Les visiteurs peuvent aujourd’hui admirer tout le savoir-faire des artisans de l’époque.

Les architectes ont réanimé le plus vieux moulin à vent encore en activité au Québec. Photo: Raphaël Thibodeau

Bibliothèque T.-A.-St-Germain

La bibliothèque T.-A.-St-Germain de Saint-Hyacinthe s’est refait une beauté. Au lieu de démolir le bâtiment postmoderne existant, ACDF a ajouté un agrandissement qui s’intègre harmonieusement à l’ancien et le magnifie.

La bibliothèque T.-A.-St-Germain de Saint-Hyacinthe s’est refait une beauté. Photo: Adrien Williams

Les lieux sobres, où le bois tient une place de choix aux côtés du noir et du blanc, sont baignés de lumière naturelle. On a un coup de cœur pour les zones dédiées aux enfants, qui comprennent entre autres une maisonnette et divers endroits pour lire. La bibliothèque offre aussi une vue sur la rivière Yamaska.

On a un coup de cœur pour les zones dédiées aux enfants, qui comprennent entre autres une maisonnette et divers endroits pour lire. Photo: Adrien Williams

Territoire Charlevoix

Au creux des montagnes de Charlevoix, entre La Malbaie et Baie-Saint-Paul, se dressent de petits refuges dessinés par les architectes de l’Abri. Les constructions simples s’intègrent harmonieusement dans leur environnement.

Au creux des montagnes de Charlevoix, entre La Malbaie et Baie-Saint-Paul, se dressent de petits refuges. Photo: Raphaël Thibodeau, v2com

Le design minimaliste de l’intérieur offre du confort aux occupants, tout en se tournant vers la nature. On aime particulièrement la grande fenêtre à côté du lit, d’où l’on peut admirer le lever du soleil. Il restait encore de la place pour la belle saison au moment d’écrire ces lignes.

On aime particulièrement la grande fenêtre à côté du lit, d’où l’on peut admirer le lever du soleil. Photo: Raphaël Thibodeau, v2com

Micro-cabines Méandre

Semblables au concept de Territoire Charlevoix, mais près de La Tuque cette fois, les micro-cabines de Méandre portent la signature d’Appareil Architecture. Afin de minimiser l’empreinte au sol, les bâtiments se composent de modules préfabriqués avec des fondations sur pieux. L’intérieur tout simple est malgré tout chaleureux et invitant.

Afin de minimiser l’empreinte au sol, les bâtiments se composent de modules préfabriqués avec des fondations sur pieux. Photo: © Felix Michaud

Là aussi, on peut encore réserver pour quelques dates en juillet ou en août. C’est l’occasion d’habiter dans une résidence conçue par des architectes reconnus, du moins pour une nuit.

L’intérieur tout simple est malgré tout chaleureux et invitant. Photo: © Felix Michaud

Visites patrimoniales

Vous le savez sûrement, nous avons un faible pour les maisons patrimoniales, qui se retrouvent régulièrement dans nos pages. Plusieurs d’entre elles sont ouvertes au public, du Bas-Saint-Laurent à la Montérégie en passant par les Cantons-de-l’Est ou l’Outaouais. Une visite donne l’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire de notre province, sur des personnages importants de notre passé et sur l’architecture. Pourquoi s’en priver?

Prix d’excellence en architecture 2024: nos coups de cœur

On l’admet, plusieurs laideurs architecturales affligent nos paysages au Québec. Reste qu’il se construit aussi du beau et de la qualité à la grandeur de la province. La preuve en trois coups de cœur, lauréats des Prix d’excellence en architecture 2024 de l’Ordre des architectes du Québec (OAQ).

Pavillon d’accueil de l’Insectarium de Montréal

La magnifique métamorphose de l’Insectarium de Montréal avait raflé l’an dernier l’un des deux Grands Prix de l’OAQ. Même si le pavillon d’accueil est moins spectaculaire, il mérite néanmoins sa place parmi les gagnants.

Même s'il n'est pas spectaculaire, le pavillon d'accueil mérite néanmoins sa place parmi les gagnants. Photo: James Brittain

Ce petit bâtiment triangulaire sans prétention s’inscrit à merveille dans le contexte du Jardin botanique. Sa forme n’est pas anodine: elle permet d’entrer d’un côté et de sortir par l’autre, sans interrompre son chemin. Les bords du large toit carré, qui semble seulement posé sur les piliers du triangle, abritent les visiteurs lors des averses et les protègent du soleil.

Les bords du large toit carré, qui semble seulement posé sur les piliers du triangle, abritent les visiteurs lors des averses et les protègent du soleil. Photo: James Brittain

En laissant les immenses portes ouvertes du printemps à l’automne, les architectes de Pelletier de Fontenay brouillent les frontières entre l’intérieur et l’extérieur. On aime particulièrement le revêtement d’acier Corten aux motifs ondulants, qui s’oxydera au fil des années. Les plantes grimpantes y étendent déjà les bras, comme si, lentement, la nature reprenait ses droits.

En laissant les immenses portes ouvertes, les frontières entre l’intérieur et l’extérieur sont brouillées. Photo: James Brittain

La boîte à lumière

Derrière ce nom hautement poétique se cache une rénovation bien pensée d’un shoebox, ces maisons aussi petites qu’une boîte à chaussures (ou presque) qui témoignent du passé ouvrier de la métropole et que l’on retrouve dans plusieurs quartiers, à l’ombre des plex.

Un étage a été ajouté en recul, ce qui permet de conserver la façade d’origine tout en créant une terrasse de plus. Photo: Ronan Mézière

Celui-ci se situe dans l’arrondissement de Rosemont—La-Petite-Patrie. Il a été agrandi pour répondre aux besoins d’un couple passionné d’architecture et d’art qui voulait s’établir en ville. Les concepteurs de _naturehumaine ont ajouté un étage en recul au-dessus, ce qui permet de conserver la façade d’origine tout en créant une terrasse de plus.

Ce qui frappe surtout, c’est la quantité étonnante de lumière naturelle qui baigne la résidence. «La façon dont la luminosité pénètre au cœur des espaces de vie est un clin d’œil aux multiples puits de lumière arrondis du musée Miro de l’architecte Josep Lluís Sert à Barcelone», explique la firme d’architecture.

Une quantité étonnante de lumière naturelle baigne la résidence. Photo: Ronan Mézière

Côté ruelle, un nouveau bâtiment surmonté d’un jardin sur le toit abrite un atelier et une suite pour les invités. Le terrain était quand même assez grand pour ajouter en plus une cour intérieure avec spa.

On a un faible pour l’imposant escalier métallique tout de blanc vêtu et pour le bois blond, qui donne de la chaleur à l’ensemble.

On aime le bois blond, qui donne de la chaleur à l’ensemble. Photo: Ronan Mézière

Promenade Samuel-De Champlain – Phase 3

Redonner le fleuve aux Québécois: voilà la mission dont les architectes de Daoust Lestage Lizotte + Stecker ont été investis avec la phase 3 de la promenade Samuel-De Champlain. Un défi complexe, relevé avec brio, qui se coiffe du Grand Prix 2024 de l’OAQ.

Redonner le fleuve aux Québécois: voilà la mission de ce projet complexe, relevé avec brio. Photo: Maxime Brouillet

Ce projet signature transforme 2,5 km d’autoroutes et de voies ferrées en un espace urbain accessible à tous. La station de la plage, qui regroupe un bassin de baignade, un miroir d’eau, un grand pavillon et, comme son nom l’indique, une plage, a d’ailleurs fait de nombreux adeptes depuis son inauguration l’été dernier. L’intérieur du bâtiment, avec ses planches peintes en blanc, rappelle les stations balnéaires.

La station de la plage, qui regroupe un bassin de baignade, un miroir d’eau, un grand pavillon et, comme son nom l’indique, une plage, a d’ailleurs fait de nombreux adeptes depuis son inauguration l’été dernier. Photo: Stéphane Groleau

La promenade offre de son côté une vue spectaculaire sur le Saint-Laurent. Vers l’ouest, les jardins évoquent les prairies maritimes. On craque pour les immenses «galets» gris qui flanquent le chemin de part et d’autre. À l’est, le marais existant est mis en valeur par un laminage de quais.

On craque pour les immenses «galets» gris qui flanquent le chemin de part et d’autre. Photo: Maxime Brouillet

On a aussi porté une attention particulière à la biodiversité. Pas moins de 1 055 arbres, 28 950 arbustes et 117 000 herbacées indigènes ont été plantés.

On espère que les berges du fleuve redeviendront avec ce projet un lieu de rencontre, comme c’était le cas au siècle dernier.

On espère que les berges du fleuve redeviendront avec ce projet un lieu de rencontre, comme c’était le cas au siècle dernier. Photo: Adrien Williams

D’autres projets dignes de mention

Les prix d’excellence de l’OAQ donnent l’occasion de découvrir d’autres réalisations remarquables au Québec.

L’École de l’Étincelle à Chicoutimi, issue du Lab-École, offre douceur aux élèves avec son écrin de bois et de blanc. L’ensemble aurait selon nous mérité une touche de couleur ou plus d’arbres, mais ce n’est qu’un détail.

L’École de l’Étincelle à Chicoutimi, issue du Lab-École, offre un écrin de douceur aux élèves. Photo: Maxime Brouillet

L’Atelier Pierre Thibault s’illustre encore une fois cette année. En collaboration avec ultralocal architectes, la firme a conçu la Distillerie du St.Laurent. Malgré son aspect industriel, le tout ne détonne pas dans le paysage de Rimouski.

Malgré son aspect industriel, la Distillerie du St.Laurent. ne détonne pas dans le paysage de Rimouski. Photo: Maxime Brouillet

On peut voir tous les projets lauréats sur le site web de l’OAQ. Qui sait, ça pourrait vous donner des idées d’escapades au Québec.

La Place Ville Marie dans l’œil du photographe Steve Caron / Le Caron

En grandissant sur la Côte-Nord, le petit garçon que j’étais – et que je suis encore – a toujours été fasciné par les gratte-ciels. Je me souviens de l’excitation que je ressentais à chaque ouverture de  l’émission Ad Lib animée par Jean-Pierre Coallier, lorsque l’on pouvait admirer les quatre faisceaux du gyrophare de la Place Ville Marie à Montréal. La beauté de l’architecture de cette construction emblématique est mise en évidence à travers des photos, prises en ayant en tête les conseils les plus pertinents que j’ai reçus en photographie: «Move your ass» et «always look up» de M. Jay Maisel. Plutôt que de vous créer un titre bidon sur chaque image, je vous laisse avec des citations de Jay Maisel, le célèbre photographe.

1- «Always carry a camera; it’s tough to shoot a picture without one.»

Caméra Sony a7riii. Objectif Sigma Art 24-70 mm f2.8. Prise à 25,1 mm 1/500 sec, f5.6, ISO 400 © Steve Caron / Le Caron

2- «Never say you’re going back – SHOOT IT NOW!»

Caméra Sony a7riii. Objectif Sigma Art 24-70 mm f2.8. Prise à 24 mm 1/500 sec, f5.6, ISO 250 © Steve Caron / Le Caron

3- «If you are out there shooting, things will happen for you. If you’re not out there,
you’ll only hear about it.»

Caméra Leica Q2. Objectif Summilux 28 mm f1.7. Prise à 28 mm 1/250 sec, f8, ISO 100 © Steve Caron / Le Caron

4- «What you’re shooting at doesn’t matter, the real question is: ‘Does it give you joy?’»

Caméra Leica Q2. Objectif Summilux 28 mm f1.7. Prise à 28 mm 1/250 sec, f8, ISO 100 © Steve Caron / Le Caron

5- «It’s always around. You just don’t see it.»

Caméra Leica Q2. Objectif Summilux 28 mm f1.7. Prise à 28 mm 1/250 sec, f5, ISO 1600 © Steve Caron / Le Caron

6- «When finding the right angle for a shot…’Move your ass.’»

Caméra Sony a7rV. Objectif Sony FE 85 mm f1.8. Prise à 85 mm 1/400 sec, f5, ISO 1000 © Steve Caron / Le Caron

7- «You are responsible for every part of your image, even the parts you’re not interested in.»

Caméra Sony a7riii. Objectif Sigma Art 24-70 mm f2.8. Prise à 24 mm 1/500 sec, f5.6, ISO 2500 © Steve Caron / Le Caron

8- «If you’re not shooting in the right direction, it doesn’t matter how well you’re shooting.»

Caméra Sony a7riii. Objectif Sigma Art 24-70 mm f2.8. Prise à 24 mm 1/500 sec, f5.6, ISO 500 © Steve Caron / Le Caron

9- «If the light is great in front of you, you should turn around and see what it is doing behind you.»

Caméra Sony a7rV. Objectif Sony FE 85 mm f1.8. Prise à 85 mm 1/250 sec, f6.3, ISO 800 © Steve Caron / Le Caron

10- «There is no bad light. There is spectacular light and difficult light. It’s up to you to use the light you have.»

Caméra Sony a7rV. Objectif Sigma Art 24-70 mm f2.8. Prise à 29.5 mm 1/500 sec, f5, ISO 400 © Steve Caron / Le Caron