Deux guides pratiques et un essai!

Cette semaine, un rapide survol de trois ouvrages qui traitent de trois univers totalement différents: la marche et ses bienfaits, la prévention des fugues chez les jeunes filles et un essai qui remet en question le monopole de l’Union des producteurs agricoles (UPA).

Marcher au bon rythme de Jean-Yves Cloutier et Lyne Jolicoeur

Gratuite, accessible à la ville comme à la campagne, ne nécessitant que de bonnes alt="marcher"chaussures, la marche est un excellent exercice, un antistress efficace et un bon moyen de garder la forme et la ligne. Mais encore faut-il bien calibrer l’effort, les distances, le type de parcours, la progression pour la rendre à la fois agréable et efficace. Auteur de Courir au bon rythme, Jean-Yves Cloutier aborde avec sérieux la marche dans ce livre qu’il cosigne avec Lyne Jolicoeur. Coureurs et marcheurs de haut niveau, les auteurs ont tout de même réussi à rendre ce livre très simple et à y présenter des conseils judicieux et adaptés autant à ceux qui en sont à leurs premiers pas qu’à ceux qui veulent faire le chemin de Compostelle. Entretien des chaussures, étirements, grilles d’intensité, sécurité, planification de randonnées, motivation, choisir le bon équipement (bâtons, chaussures), tout y passe, en plus des 12 programmes d’entraînement sur 15 semaines pour marcheurs de tous niveaux. Le printemps s’en vient – enfin, on continue de l’espérer! Sentiers, rues, montagnes, la route est à vous!

Marcher au bon rythme, Jean-Yves Cloutier et Lyne Jolicoeur, Éditions La Presse, mars 2018, 216 pages, 22,95$.

Et si ma fille fuguait? de Claude Samson

Si vous êtes comme moi, la série Fugueuse vous a jeté au tapis. Et pour cause! Dans la alt="fugue"foulée de la série, les Éditions Trécarré ont réuni le matériel de recherche de la scénariste de la série et de l’équipe de collaborateurs pour sortir un guide pratique à l’intention des parents, des grands-parents et de l’entourage de ces jeunes filles qui perdent leurs repères et risquent jusqu’à leur vie. J’avais une certaine réticence, je voyais le coup de promo de l’empire... Mais non, le livre fait œuvre utile. Sauf une mention sur les couvertures du livre, le texte ne fait pas du tout allusion à la série. On y trouve beaucoup d’explications, de conseils et une foule de ressources. Un livre qui pourrait aider des parents ou des adultes à faire éviter le pire à des adolescentes. Les textes sont signés par Claude Samson, mais le travail de recherche est celui des professionnels qui ont collaboré à la série.

Et si ma fille fuguait? Claude Samson, Éditions du Trécarré, mars 2018, 160 pages, 22,95$.

L’UPA: un monopole qui a fait son temps de Roméo Bouchard

Un essai, presque un pamphlet, signé par le cofondateur de l’Union paysanne et alt="UPA"agriculteur bio avant l’heure Roméo Bouchard. Tout au long de l’essai, l’auteur parle de l’Union des producteurs agricoles (UPA), dont il dénonce le monopole et les pratiques. Selon lui, la vision de l’UPA est mondialiste, favorise la grande industrie alimentaire et influence unilatéralement les décisions des institutions financières et gouvernementales qui régissent l’agroalimentaire au Québec. Reconnaissant la nécessité de la syndicalisation des producteurs agricoles, Roméo Bouchard appelle à la fin du monopole de l’UPA et réclame plus de démocratisation dans la gestion de la production agricole. Au-delà de la position un peu partisane – l’Union paysanne s’inscrit souvent en opposition à l’UPA –, l’essai de M. Bouchard a le mérite de lever le voile sur une industrie majeure et essentielle au Québec, mais qui reste somme toute fort méconnue des consommateurs. Par ailleurs, il ouvre le débat sur l’évolution nécessaire des pratiques en matière agroalimentaire, alors que Québec vient justement de déposer sa politique agroalimentaire 2018-2026, Alimenter notre monde, dont notre journaliste Véronique Leduc a justement parlé sur avenues et que l’Union paysanne a jugée pas assez mordante sur certains aspects.

L’UPA : un monopole qui a fait son temps, Roméo Bouchard, VLB éditeur, Collection La vie agricole, mars 2018, 256 pages, 24,95$.

1000 aventures petites et grandes pour son bucket list

C’est peut-être parce que la température de ce début de printemps plus que maussade me donne des envies de fuite, peut-être parce que mes dernières vacances remontent à loin ou tout simplement parce que j’ai besoin d’un peu de rêve et d’évasion, mais parmi les livres qui jonchent mon bureau, j’ai choisi un livre de voyage: 1000 aventures petites et grandes pour son bucket list, une traduction éditée au Trécarré.

 

  • Goûter les meilleurs fish and chips au monde dans le Shetland ou le Yorkshire au Royaume-Uni
  • Craquer pour des chaussures à Milan.
  • Monter dans l’une des 13 tours du XIVe siècle de San Gimignano pour admirer les paysages de la Toscane.
  • Visiter les étranges et magnifiques cimetières de Savannah en Georgie.
  • Faire de la randonnée dans les montagnes vertigineuses du Yunnan, en Chine, pour visiter un monastère bouddhiste.
  • Écouter du jazz à Saint-Louis au Sénégal.
  • Manger dans un restaurant de Dubaï dont les murs vitrés donnent une vue spectaculaire sur la faune et la flore sous-marines.
  • Admirer de près les chutes de l’Ange, la plus grande cascade au monde, dans la forêt tropicale du Vénézuéla.
  • Faire un trajet dans un train de l’extrême dans les lacets de montagne en Équateur.
  • Jouer aux échecs dans l’eau de l’un des 120 bains de Budapest.
  • Découvrir le désert de Bedlow en Pologne, la plus grande plaine sablonneuse d’Europe.

 

Bon, vous avez compris le principe… il y en a 1000 comme ça! On trouve de tout: des balades extrêmes, des soupers romantiques, des paysages, des festivals, des spectacles… il y en a pour tous les goûts. Et il y a un certain plaisir à chercher, dans la liste, les aventures que vous avez déjà faites, celles dont vous rêviez déjà. La recherche et les textes sont l’œuvre d’un collectif de journalistes et d’experts du voyage, presque tous européens, britanniques principalement.

De façon étonnante, les 1000 trouvailles sont classées du pôle Nord au pôle Sud, en suivant chaque latitude. Le chapitre 1 porte le titre de 90° nord au 60° nord, et il en va ainsi des huit chapitres, dont cinq parlent de l’hémisphère nord et trois de l’hémisphère sud. Si ce classement inhabituel m’a un peu déstabilisée au départ, il a toutefois l’avantage de vous inciter à fouiller et à faire des sauts étonnants d’un continent ou d’un pays à l’autre, avec finalement le plaisir de la découverte. Une liste alphabétique des lieux en fin d’ouvrage permet toutefois de trouver ce que vous cherchez précisément.

Quelques bémols: les textes un peu succincts et quelques oublis… Ainsi, les deux ou trois aventures proposées au Québec n’incluent ni la visite du Vieux-Québec, tout de même classé au patrimoine mondial et première ville d’Amérique du Nord, ni la cabane à sucre et le sirop d’érable, alors qu’on nous invite, par exemple, à croquer dans une pomme en Turquie, qui, nous l’apprenons, est le troisième pays producteur mondial de pommes… Et la McIntosh? Petit malaise pour lecteurs québécois uniquement: on nous invite à participer au plus grand festival d’humour de la planète: Juste pour rire…

Autre déception: au Liban, mon pays d’adoption, une seule aventure est proposée, superbe cela dit, les grottes de Jeïta, une des plus belles et des plus grandes grottes de spéléologie au monde, mais pas un mot sur Baalbek et son immense temple romain de Bacchus, le seul qui a survécu au temps, ni sur Byblos, la ville où l’alphabet fut inventé et qui est une des villes toujours habitées les plus anciennes au monde avec 6000 ans d’histoire. Un petit crève-cœur: sans doute par pudeur, rien sur la Syrie… Quelle tristesse, quand je pense aux splendeurs de Palmyre, au vieux Damas ou au souk d’Alep… mais bon, il eût été indécent d’en faire actuellement des aventures, ça tombe sous le sens.

Mais ces bémols n’enlèvent rien à l’intérêt de l’ouvrage. Et puis, le monde est vaste, on ne pouvait pas tout mettre dans une liste de 1000. Je le classerais dans les livres-cadeaux par excellence: du rêve, des idées de voyages, de la culture et de magnifiques photos. Parfait pour les jours de pluie ou pour les passionnés d’escapades ou de bucket lists!

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1000 aventures petites et grandes pour son bucket list, direction Kath Stathers, Éditions du Trécarré, mars 2018, 496 pages, 34,95$.

Sirop d’érable: muse printanière

L’arrivée du mois d’avril donne officiellement le droit de penser au printemps, au soleil qui se fait plus chaud, à la nature qui dégèle (enfin) et à la conséquence sucrée la plus connue de cette ressuscitation: notre fameux sirop d’érable et tout ce qui en découle.

Le Québec a produit en 2017 152 millions de livres de sirop d’érable et l’année 2018 s’annonce encore meilleure. On dit que le prix du sirop n’a jamais été aussi élevé, que le nombre d’érables entaillés a atteint un niveau record et que les producteurs et les acheteurs profitent bien de ce boom acéricole historique.

Le sirop, depuis toujours, mais de façon encore plus originale depuis quelques années, inspire les Québécois, qui organisent autour de lui des rencontres familiales dans des cabanes en bois, qui imaginent des fêtes urbaines qui lui font honneur, qui cuisinent des festins gastronomiques (parfois même végétariens) où il est en vedette, qui regardent des émissions à son sujet ou produisent des vins qui prennent ses saveurs.

Photo: Mathieu, Flickr
Le nombre d'érables entaillés a atteint un record. Photo: Mathieu, Flickr

12 variations sur le thème de l’érable

Ce samedi, notre or blond inspirera encore et sera la muse de 12 chefs d’autant d’établissements du quartier Hochelaga qui s’affronteront dans une compétition gastronomique lors de l’événement Complètement Sucres. À la ligne de départ: des chefs qui concocteront une bouchée sucrée ou salée inspirée de l’érable. Un jury composé de six médias, dont je ferai partie, choisira le premier prix, tandis que le public, en votant, pourra décerner le deuxième prix.

En prime: tire sur la neige, musique traditionnelle, lancer de la hache, sciage de rondins et autres activités.

On s’y voit?

Samedi 7 avril, de 12h à 16h au parc Morgan. 2,50$/bouchée.
(Une partie de la somme amassée sera versée à un organisme communautaire du quartier luttant contre l’insécurité alimentaire.)

Un mur d’escalade… dans un triplex de Rosemont

Afin d’assouvir ses envies de grimpe, un passionné a fait ériger un mur d’escalade de quatre étages dans son triplex de Rosemont. Coup d’œil sur un projet ambitieux!

À Montréal, le propriétaire d’un triplex du quartier Rosemont désirait doubler la superficie habitable de son espace de vie afin d’avoir plus de place pour sa famille, qui compte trois adolescents.

Qui dit projet de rénovation, dit rêves… et le propriétaire de ce triplex en avait tout un: construire un mur d’escalade intérieur. C’est vers l’entreprise Les Projets de Nicolas qu’il s’est tourné pour concrétiser ce projet.

Photo: Facebook Les Projets de Nicolas
Photo: Facebook Les Projets de Nicolas

De grands travaux

Afin de doubler la superficie habitable sans perdre les revenus locatifs des logements supérieurs, on a décidé de creuser un sous-sol. Ainsi, la machinerie lourde s’est activée afin de pouvoir aménager un sous-sol de 8 pieds de hauteur.

La création du mur d’escalade a nécessité tout un remaniement de l’espace intérieur, incluant celui des deux logements locatifs. «Tous les murs porteurs du rez-de-chaussée et du deuxième étage ont été retirés et remplacés par la pose de quatre poutres en acier (25 pi chacune) et 13 poutres en LVL et Versalam», peut-on lire ici.

Les logements situés au deuxième et au troisième étage ont donc chacun perdu une pièce. Cet espace ainsi libéré a permis de créer une cage de 15 pieds sur 9 pieds surplombée d’un puits de lumière de 8 pieds sur 8 pieds, qui diffuse la lumière naturelle jusqu’au sous-sol. C’est dans cette cage qu’a été aménagé le mur d’escalade de 40 pieds. Époustouflant!

Photo: Facebook Les Projets de Nicolas
Photo: Facebook Les Projets de Nicolas

Utilisation de matériaux recyclés

Le passionné d’escalade et propriétaire des lieux avait une autre exigence: utiliser prioritairement des matériaux recyclés. Les tringles des placards ont donc été fabriquées avec de vieux tuyaux de plomberie, les façades d’armoires de cuisine ont été faites avec des caisses de beurre en bois des années 1930, les briques de l’ancienne cheminée ont été récupérées afin de réaliser le mur du salon et, enfin, l’escalier a quant à lui été fabriqué avec des solives de pruches centenaires recyclées.

Photo: Facebook Les Projets de Nicolas
Photo: Facebook Les Projets de Nicolas

Un projet récompensé

Ce projet de fou était finaliste dans trois catégories des Prix Domus 2018: Développement durable, Rénovateur de l’année et Rénovation résidentielle intérieure et/ou extérieure de plus de 350 000$ et de moins de 1 000 000$.

Lors de la cérémonie de remise des prix le 16 mars dernier, Les Projets de Nicolas a eu l’honneur de remporter deux prix: Rénovateur de l’année et Rénovation résidentielle intérieure et/ou extérieure de plus de 350 000$ et de moins de 1 000 000$.

Photo: Facebook Les Projets de Nicolas
Photo: Facebook Les Projets de Nicolas

Le guide de la rénovation heureuse de Jean-Benoît Nadeau avec Paul Bernier, architecte

La vie est pleine de surprises, à preuve ce livre que j’ai reçu des éditions Trécarré: Le guide de la rénovation heureuse, signé… Jean-Benoît Nadeau, en collaboration avec Paul Bernier, architecte… Eh oui, Jean-Benoît est l’éditorialiste d’avenues.ca. Qui eût cru que derrière ce journaliste intellectuel, expert de la francophonie et féru de politique, se cachait un bricoleur? Et pourtant si. Et si vous vous dites que mon papier est une «plogue» pour un de nos collaborateurs, vous vous trompez. Je ne vous en parlerais pas si je n’avais pas, sur-le-champ, décidé de l’acheter à ma sœur, qui ne cesse de rénover sa maison, et si je ne l’avais pas trouvé pertinent.

Pertinent, parce qu’il ne s’agit pas d’un manuel de bricolage, mais bien d’un guide très pratique sur toutes les étapes de la rénovation. Échéanciers, devis et plans, relations avec les professionnels, permis, planification de chaque étape, choix du ou des entrepreneurs, évaluation des coûts, déroulement du chantier, surveillance des travaux… bref, c’est le processus de A à Z. Il y a même un petit texte sur votre couple, qui devra passer au travers de ce défi en forme de chantier! Derrière l’écriture, on sent bien l’expérience. Jean-Benoît Nadeau a converti un duplex en maison unifamiliale. Il a ensuite mené plusieurs projets de rénovation ou d’agrandissement.

On aurait peut-être souhaité une édition plus visuelle, avec schémas et photos, mais le texte est tout de même bien structuré et ponctué de nombreux encadrés titrés Parole de Paul, où l’architecte, Paul Bernier, y va de conseils, de commentaires ou de mises en garde très à propos. L’information se décline en quatre grandes parties: Planifier, À côté du plan, Embaucher, Surveillance et dépannage.

En guise d’introduction, Jean-Benoît Nadeau écrit:

[] Le premier défi de la rénovation n’est pas technique, il est culturel.

La rénovation, c’est la rencontre quasi initiatique entre des clients profanes et un univers un peu bizarre, le Merveilleux Monde de la Construction et de la Rénovation, avec ses us et coutumes, son langage, son esprit et ses lois. La rénovation s’apparente davantage à un voyage qui vous conduira dans un pays inconnu, plein d’imprévus, où vous rencontrerez de drôles d’oiseaux et dont vous reviendrez transformé, et peut-être pas indemne. Et plus d’une fois vous vous exclamerez tout haut: «J’en reviens pas!»            

Il suffit de rester dix minutes dans le rayon cuisine chez IKEA pour être témoin d’une querelle de couple. Car la rénovation est d’abord un défi personnel moral, physique et financier, bien avant la technique. []

Ça promet…!

Alors, petit conseil de non-experte: si vous vous lancez dans la rénovation de votre maison, chalet ou condo et que vous n’y connaissez pas grand-chose; si les histoires d’horreur que vous ont racontées vos amis qui s’étaient lancés avec candeur dans de tels projets vous font peur, courez acheter ce guide!

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Le guide de la rénovation heureuse, Jean-Benoît Nadeau avec Paul Bernier, architecte, Éditions du Trécarré, mars 2018, 208 pages, 22,95$.

 

Jean-Benoît Nadeau est auteur et journaliste. On peut le lire notamment dans Le Devoir, et il signe l’éditorial sur avenues.ca. Au cours de sa carrière, il a signé au-delà de 1500 articles et reportages, reçu une trentaine de prix et publié une douzaine de livres.

Paul Bernier est architecte. Il a accompagné plus d’une centaine de clients dans l’aventure de la rénovation et de la construction. Plusieurs publications et prix ont récompensé son travail.