La vraie croissance du faux fromage

Fromage végétal, vromage ou fauxmage: peu importe la façon de le désigner, ce type de «fromage», qui fait tranquillement sa place sur le marché, n’a certainement pas fini de faire parler.

Le fromage végétal, ou fauxmage, est un faux fromage élaboré sans produits laitiers. Le courant végétalien prenant de plus en plus d’ampleur, le fauxmage répond aux besoins des consommateurs qui désirent éliminer tout produit animal de leur alimentation, comme les produits laitiers.

Avec des noix, des vinaigres, de la levure alimentaire, de l’huile de cacao ou de coco, du tapioca et des épices, selon les recettes, il est possible de créer, par exemple, des fauxmages inspirés du feta, du chèvre à tartiner, du cheddar ou de la mozzarella qui savent aussi plaire à ceux qui sont intolérants au lactose. Pour certains de ces fauxmages, on dit que l’imitation est presque parfaite.

Photo: Facebook U MAIN kits
Faire soi-même son fauxmage, c'est possible! Photo: Facebook U MAIN kits

Des fauxmages québécois

Quand il est question de fauxmages, le Québec ne fait plus exception. Bien sûr, les épiceries naturelles et végétariennes proposent des fromages végétaux venant d’ailleurs, mais le Québec produit aussi maintenant ses fauxmages de qualité.

À Québec, par exemple, l’entreprise VegNature est passée de la fabrication de 600 buchettes de fauxmage style chèvre par mois en 2015 à 15 000 aujourd’hui tellement la demande est grande.

Même chose pour la compagnie Gusta, une fabrique végane montréalaise qui, depuis sa création en 2015, est en croissance constante. Aujourd’hui, dans ses locaux du Marché Jean-Talon, Gusta propose trois fromages végétaux: un bloc à gratiner, un cheddar de style américain et un fromage de style suisse.

Sur le web, les recettes pour fabriquer des fauxmages à la maison commencent aussi à se multiplier. Pour simplifier les choses, la compagnie montréalaise U MAIN propose même des kits pour cuisiner trois différents types de fromages végétaux à la maison.

Pas de doute, le faux fromage jouit d’un réel essor.

Photo: Facebook GUSTA
Les blocs à gratiner de l'entreprise GUSTA. Photo: Facebook GUSTA

Minuit moins deux avant la fin du monde de Mireille Gagné

Récemment, sur Facebook, on me proposait une application qui offre des vidéos de ressourcement d’une durée de 15 secondes. On propose un paysage inspirant, de la pluie qui chante sur des feuilles d’arbres, bref de la beauté. Mais j’ai mieux à vous proposer: un poème. Lire un poème dans un recueil qu’on laisse traîner sur une table. Un recueil qui ne diffuse pas la lumière bleue d’un cellulaire et qui éclaire l’âme. Votre respiration ralentit, votre imaginaire s’envole, des émotions surgissent. Même sombres ou surréalistes, les poèmes ont cet effet 3D sur l’esprit. Et c’est le cas des poèmes que signe Mireille Gagné dans son plus récent recueil, publié aux Éditions de l’Hexagone.

De très courts poèmes, dont certains m’ont rappelé Prévert et d’autres Supervielle, mais la poétesse a bien son propre style. Une poésie minimaliste, précise et souvent incisive. Le monde se désagrège, la mort guette, changer de peau, trouver une échappatoire ou un sens. Car «L’horloge de la fin du monde a été créée en 1947, peu de temps après le début de la guerre froide […] Le 25 janvier 2018, l’horloge affichait minuit moins deux minutes (23:58:00)». Mieux vaut donc saisir l’urgence de vivre.

Dans les poèmes, sans titres, regroupés en quatre chapitres de «30 secondes» des deux minutes restantes avant que minuit ne sonne, pointe un appel, une quête. Mais c’est le regard acéré qui voit ce qu’il y a derrière la façade des choses et qui les regarde bien en face qui donne sa couleur au recueil.

Allez, on se fait plaisir, en voici deux, choisis au hasard, car je les ai tous aimés.

Rêver de courir sur les berges
après les grandes marées
y découvrir son corps
adouci par la mer
du vieux bois de grève
qu’on rapporte de vacances
comme d’étranges visages.

              – Chapitre 23:58:30, p. 35

 

 

 

Un pissenlit pousse en plein milieu de son entrée
il lui vient des envies de
le cueillir
retirer la goupille
lancer la grenade sur le terrain du voisin

 le nordet se lève

 une guerre commence quelque part

               – Chapitre 23:69:30, p. 65

Mireille Gagné vit à Québec, où elle travaille dans le milieu de la culture et des communications. Elle a publié deux autres recueils aux Éditions de l’Hexagone, Les hommes sont des chevreuils qui ne s’appartiennent pas (2015) et Les oies ne peuvent pas nous dire (2010).

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Minuit moins deux avant la fin du monde, Mireille Gagné, Éditions de l’Hexagone, mars 2018, 72 pages, 16,95$

 

Les nutritionnistes nouveau genre

Mars, c’est le mois de la nutrition. Et c’est le moment parfait pour annoncer la bonne nouvelle: il est terminé le temps où les nutritionnistes étaient vus comme des polices rigoureuses de l’alimentation déconnectées des plaisirs gourmands.

Cette année, le thème du mois porte sur le pouvoir des aliments. Sur le site des diététistes du Canada, on en profite pour partager de l’information sur les pouvoirs de nourrir, de faire découvrir, de rassembler, de guérir et de prévenir que possèdent les aliments, et pour promouvoir les diverses activités organisées à travers la province autour du thème.

Nutrition 2.0

De leur côté, deux nutritionnistes que j’aime beaucoup, Julie Aubé et Bernard Lavallée, alias Le nutritionniste urbain, ont partagé pour l’occasion deux textes de leur cru qui viennent prouver que certains nutritionnistes sont devenus des communicateurs hors pair qu’il est vraiment plaisant de lire.

Julie Aubé Photo: Marie-Reine des Neiges Magnan Rutabaga Magazine Facebook Julie Aubé
Julie Aubé
Photo: Marie-Reine des Neiges Magnan Rutabaga Magazine
Facebook Julie Aubé

Sur son site, Julie Aubé, une championne de l’agrotourisme et de la consommation locale, parle dans son texte «Les consommateurs, ces superhéros!» du grand pouvoir qu’ont les consommateurs chaque fois qu’ils font des choix alimentaires.

Bernard Lavallée Photo: Facebook Le nutrionniste urbain
Bernard Lavallée
Photo: Facebook Le nutrionniste urbain

Sur son blogue, Le nutritionniste urbain, un pro de la vulgarisation, a partagé un texte intitulé «Cinq phrases qui gossent un peu les nutritionnistes». Arrêtez de demander aux nutritionnistes combien de calories compte un aliment et cessez de penser que les nutritionnistes peuvent vous proposer des régimes, dit-il. Il y a quelques années, Bernard Lavallée avait aussi eu envie de s’amuser à briser les stéréotypes avec une série de photos artistiques mettant les nutritionnistes devant des aliments considérés comme étant moins «santé».

Il y a aussi la nutritionniste Catherine Lefebvre, qui voyage beaucoup pour faire découvrir les secrets alimentaires d’ailleurs sur son blogue et dans les médias et qui a concocté entre autres l’important livre Sucre, vérités et conséquences.

Catherine Lefebvre Photo: Cindy Boyce- Photographe Facebook
Catherine Lefebvre
Photo: Cindy Boyce- Photographe
Facebook

Puis il y a Hélène Laurendeau, qui depuis plus de 25 ans, parle de façon accrocheuse dans les médias des bienfaits d’une bonne alimentation. Et il y a encore bien d’autres figures inspirantes qui arrivent à parler de nutrition de façon tantôt ludique, tantôt accessible, tantôt divertissante.

Helene Laurendeau est une des diététistes les plus médiatisées.
Helene Laurendeau est une des diététistes les plus médiatisées.

La vision de l’alimentation a bien changé depuis quelques années et cela est certainement dû, entre autres, au travail de certains nutritionnistes innovateurs qui possèdent, tout comme les aliments, un grand pouvoir!

Mon voyage en Amérique de Kim Yaroshevskaya

Son nom russe évoquait d’étranges univers et l’entourait d'un peu de mystère, et de tous les personnages de mon enfance, c’est sa Franfreluche que je préférais. Bien sûr, Kim Yaroshevskaya était adorable en grand-mère qui racontait des histoires dans Passe-Partout, mais je me souviens que je plaignais les enfants de l’époque de ne pas avoir été invités, comme nous l’avions été, à pénétrer dans le grand livre de contes. Aujourd’hui encore, avec mes chums de fille, on peut chanter la chanson thème d’un bout à l’autre. Ces souvenirs de princesses, de sorcières, de couturiers loufoques et d’aventures plantés dans des décors, entièrement dessinés de quelques accessoires à peine, ont peuplé notre imaginaire d’enfant. Et voilà que cette fois, je découvre une autre histoire, non pas un conte, mais un récit de Kim Yaroshevskaya, Mon voyage en Amérique.

Ce récit, un vrai, c’est celui d’une petite fille quittant l’URSS et sa grand-mère tant aimée pour New York alors qu’elle a à peine 10 ans et qui finalement aboutira à Montréal, où elle s’ancrera pour la vie, pour notre plus grand bonheur. Le récit d’une fillette qui croyait que le père Noël, qu’elle découvrait tout juste, était comme Staline, puisque dans la chanson on disait aux enfants qu’il vaut mieux faire attention puisqu’il voit tout… (!)

Récit autobiographique et authentique, certes, mais n’ayez crainte, elle nous fait encore entrer dans le livre. Tout en finesse, sur la pointe des pieds, elle nous invite à tourner les pages de ce recueil, à lire des bribes de sa vie, des scènes sorties de sa mémoire qui, comme les accessoires de Fanfreluche, suffisent, malgré leur simplicité, à nous faire entrevoir tout un univers. Celui d’une grande amoureuse du théâtre, de Tchekov, de Tremblay, de l’imaginaire et des contes. Et j’oserais dire aussi des enfants.

Chapitre 6 Concert

[] Faire la narration de Pierre et le loup, faire partie de cette merveilleuse musique, de ce grand orchestre symphonique, quel bonheur!

Mais j’apprends que des enfants ont la mine triste après l’écoute de ce conte. Il y en a même qui pleurent… Pourquoi?... Après cette triomphale parade qui accompagne Petit Pierre qui a capturé le loup féroce?

Eh oui. Car la fin du conte dit:

               «Si vous écoutez attentivement, vous entendrez le canard caqueter dans le ventre du loup… Car le loup l’avait avalé vivant.»

Et on l’entend. Une pitoyable petite voix, jouée par le hautbois. Pauvre canard. Les enfants ont de la peine. Ça se comprend. Alors je pense à quelque chose. Et si j’ajoutais à la fin: «Mais dans son ventre le canard bouge, cela chatouille le loup, il rit ouvrant gra-ha-hand sa gueule… Et le canard s’envole!»

Oui. C’est ce que j’y ajouterai la prochaine fois.

Quelques photos, quelques gravures, de courts textes écrits sur le ton de la confidence, c’est plus qu’il n’en faut pour avoir encore envie d’entendre le timbre de voix unique de cette grande dame et de cette poupée audacieuse. Car Fanfreluche était une poupée déterminée, autonome, qui fonçait dans les aventures, tenait tête aux rois et pourfendait les sorcières avec l’aplomb d’une héroïne. On était bien loin des stéréotypes de l’époque. Je pense que Kim Yaroshevskaya s’est lancée dans la vie et le théâtre avec le même aplomb et la même poésie. Me lirez-vous, Madame? Peut-être pas… Mais, au cas où… je vous dis MERCI! Vous m’avez donné tant de merveilleux que mes deux nièces, Marianne et Justine, nées avec le millénaire, connaissent vos contes par cœur, car je n’aurais su les aimer sans leur offrir votre poésie.

Si, comme moi, vous avez apprécié le personnage et la comédienne, vous prendrez plaisir à feuilleter ce livre paru chez Boréal, et qui ressemble d’ailleurs un peu à un livre de contes.

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Mon voyage en Amérique, Kim Yaroshevskaya, Novembre 2017, 144 pages, 24,95$

Un sommelier à votre table de Jessica Harnois et Alexandre Marchand

Ceux qui me fréquentent le savent, je ne bois pas. Toutefois, j’offre souvent du vin et chaque fois je suis bien embêtée sur LA bouteille à choisir. Idem lorsque je reçois et que je veux offrir du vin à mes invités. Voilà pourquoi, même si je ne bois pas, j’ai eu un coup de cœur dès la première édition, pour Un sommelier à votre table !

Imaginez si vous aviez un sommelier près de vous, chaque fois que vous devez choisir LE bon vin pour accompagner le repas que vous préparez ou celui de votre hôte à qui vous voulez apporter la bonne bouteille ! C’est ce que proposent, la sommelière Jessica Harnois et Alexandre Marchand auteurs de ce très pratique Un sommelier à votre table, paru l’automne dernier.

Cette troisième édition réunit les sélections de 11 sommeliers qui ont choisi des vins qu’ils prisent, qu’ils décrivent et pour lesquels ils proposent des accords mets vin. Meilleurs vins pour accompagner des desserts, des viandes rouges ou blanches, des poissons ou des asperges ? Tout y passe !

De plus, les deux auteurs ont réuni, en listes fort pratiques, les 100 meilleurs vins disponibles à la SAQ, classés selon les prix et les caractéristiques.

Un petit livre de moins de 100 pages, mais qui pourrait bien devenir votre guide pour aller en succursale, on peut d’ailleurs se le procurer à la SAQ.  Et pourquoi en guise de cadeau d’hôtesse ?

Et si vous êtes un lecteur assidu de notre site, vous pouvez aussi suivre les chroniques de Jessica Harnois dans notre section Savourer.

Alexandre Marchand, fin connaisseur et épicurien a parcouru les vignobles du monde et s’est constitué une remarquable collection de crus.

Jessica Harnois, sommelière et animatrice très présente dans les médias, a été présidente de l’Association canadienne des sommeliers professionnels du Canada de 2009 à 2013 et VP de l’Alliance panaméricaine des sommeliers (APAS). De plus, elle est présidente de Vins au féminin une agence de sommelières animatrices et de Savori qui dispense des cours sur le vin. Elle a aussi créé Dégustation Vegas, un jeu découverte du vin.

De plus, rappelons que Jessica Harnois animera le prochain Rendez-vous avenues.ca La magie des bordeaux le 11 avril prochain. Une dégustation en accord bouchées fines et quatre vins du Bordelais qui promet ! Infos et billets ici.

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Un sommelier à votre table, de Jessica Harnois et André Marchand, Édité par BRAD.CA, Novembre 2017 19,95$