Quand les premières fraîcheurs de l’automne se font sentir, les vins faits de syrah et de grenache sont tout indiqués. Cet assemblage de cépages est présent dans les vins des Côtes-du-Rhône. Je vous propose donc de vous faire découvrir cette région et ses deux cépages emblématiques et de vous donner quelques suggestions de vins que j’apprécie particulièrement.

Le Rhône

Quand on parle de cette vallée du sud-est de la France, on inclut les vignobles qui s’étendent de Lyon à Avignon. Il s’agit d’une région magnifique à visiter, bordée par le fleuve et les montagnes (Alpes et Massif central) et où la gastronomie y est délicieuse et réputée.

L’AOC des vins du Rhône réunit les Côtes-du-Rhône, les Côtes-du-Rhône Villages, les huit crus au nord (Côte Rôtie, Condrieu, Château-Grillet, Saint-Joseph, Crozes-Hermitage, Hermitage, Cornas, Saint-Péray) et les huit crus au sud (Vinsobres, Rasteau, Gigondas, Beaumes de Venise, Vacqueyras, Châteauneuf-du-Pape, Lirac, Tavel). Parmi eux, de petits bijoux de vins en rouges, surtout, mais aussi en blancs et en rosés.

Impétueuse syrah  

La syrah est un raisin qui a de la personnalité. Noir, poivré et au caractère structuré, il donne des vins colorés, aromatiques et assez charpentés. Dans les vins rouges, la syrah amène des parfums de fruits rouges et noirs, et des arômes floraux (violette surtout), mais aussi de délicieuses notes épicées (poivre noir). En vieillissant, des notes plus animales ainsi que des notes de réglisse noire apparaissent. Malgré son caractère charpenté, ses tannins peuvent être soyeux et son jus procure une sensation de ronde plénitude alcoolisée dans la bouche. On en trouve surtout dans la partie septentrionale du Rhône.

Enjôlant grenache

Cépage majoritaire en Côtes-du-Rhône, il communique un côté rond et velouté aux vins. C’est un cépage au sang chaud, qui donne d’agréables sensations de chaleur et de rondeur, moins puissant que la syrah. Des notes épicées et des arômes de fruits noirs, de garrigue et de poivre lui donnent un petit caractère viril. En vieillissant, on obtient des arômes tertiaires de cuir et de pruneau. De quoi séduire notre palais!

Mes suggestions 

Brotte La Fiole Côtes-du-Rhône

Pour commencer: une nouveauté sur les tablettes de la SAQ! On connaissait déjà La Fiole du Pape, Père Anselme, du même producteur: une bouteille de style vieillotte contenant un merveilleux jus de Châteauneuf-du-Pape; on peut maintenant se procurer son petit frère pour la moitié du prix. Constitué de 85% de grenache noir et de 15% de syrah, il arbore une robe rouge cerise plutôt intense. Au nez, des arômes dominants de framboise, de bois de santal, de poivre, de cacao et de violette. D’une agréable fraîcheur, il est pourvu de tannins soutenus. En bouche, une texture veloutée qui se termine dans une finale assez longue. Il ira parfaitement avec nos plats de viandes de bœuf ou de gibiers braisés ou encore avec un bon rôti.

Brotte La Fiole Côtes-du-Rhône. Vin rouge, 750 ml. 17,55$.

Domaine de la Présidente Grands Classiques Cairanne 2014

Ensuite, voici un bon exemple de vin gouleyant, facile à boire et plaisant. Un vin avec du beau fruit, de la framboise, du cassis, des mûres, ainsi que des notes de poivre noir et une petite touche végétale qui rappelle les herbes de Provence. Si on veut se réconforter, c’est le candidat idéal. Je le prendrais avec des terrines au lapin, au sanglier, des pâtés de foie et une bonne baguette. Sa teneur en grenache est de 60% et en syrah de 40%. Les tannins de la syrah sont dociles et ceux du grenache, pulpeux.

Domaine de la Présidente Grands Classiques Cairanne 2014. Vin rouge, 750 ml. 17,85$.

Maison Gabriel Meffre Gigondas Sainte Catherine 2012

Pour ma troisième suggestion, j’ai triché un peu. En effet, l’assemblage est fait de grenache (55%) et de syrah (35%), mais aussi de mourvèdre (10%). Même si les cépages ont été vinifiés séparément pour en garder les caractéristiques, les cépages dominants que sont la syrah et le grenache s’affirment pleinement, laissant un peu dans l’ombre le pauvre mourvèdre. On peut donc savourer pleinement nos deux cépages vedettes qui ont tous faits (y compris le mourvèdre) du fût pour une période de 12 mois. En résulte une cuvée d’exception.

Un peu plus tannique que ses confrères mentionnés plus haut, on peut tout de même le boire car ses tannins sont plutôt soyeux. Ses notes d’épices, de cacao, de cerise, de vanille et de bois, et sa texture ample, le prédisposent aux plats riches du genre magret de canard sauce aux pruneaux, rôti de porc bardé au lard et poivre, ou agneau rôti aux légumes racines.

Maison Gabriel Meffre Gigondas Sainte Catherine 2012. Vin rouge, 750 ml. 35,00$.

Chapoutier Belleruche Côtes-du-Rhône

Finalement, de la populaire Maison Chapoutier, dont le vigneron et propriétaire est un amoureux du Québec (il a même une maison dans le quartier Petite-Bourgogne, à Montréal), ce vin constitué de grenache et de syrah s’impose par sa personnalité. Déjà, le nez est puissant et dégage des notes animales de cuir et des notes sanguines. En bouche, de la confiture de mûres, des épices, de la réglisse noire et du cassis. Une belle structure, des tannins fermes, une bouche ample qui se termine dans une finale persistante. Assurément, le genre de vin que tu veux pour un souper entre amis, un samedi soir pluvieux, avec une pièce de viande maîtresse, tel un gigot d’agneau.

Chapoutier Belleruche Côtes-du-Rhône. Vin rouge, 750 ml. 17,95$.