Le 2 novembre dernier avait lieu le lancement du livre que je cosigne avec Alexandre Marchand, Un sommelier à votre table. Une deuxième édition où des sommeliers font leurs recommandations et partagent leur passion pour ce métier qui m’habite. Ce soir-là, il y avait foule: plus de 400 personnes et parmi eux beaucoup de sommeliers, dont notamment plusieurs membres de l’équipe de Vins au féminin. Et pour ajouter à la fête, j’ai eu l’immense privilège que François Chartier, qui signe son 26e livre (!), accepte d’être le président d’honneur de la soirée.

Je ne vous raconte pas cela par vantardise, loin de là… Non, je vous raconte cela parce qu’en écoutant François parler de sa passion toujours vivante pour le vin et le métier, en contemplant les centaines d’invités qui avaient répondu présents, en croisant le regard complice de mes confrères sommeliers réunis, j’ai mesuré soudain tout le chemin parcouru en 30 ou 35 ans. Les Québécois ont pris le virage vin, ont découvert des cépages de partout dans le monde, ont appris à choisir, à déguster, à comparer et, au final, à mieux boire et apprécier le vin. Et tout cela grâce au travail de sommeliers comme François Chartier et de nombreux autres. Non seulement les Québécois sont-ils devenus des amateurs avisés, mais la sommellerie québécoise, elle, a gagné ses lettres de noblesse.  Mieux, les sommeliers québécois ont acquis une réputation internationale. Petit tour d’horizon, histoire de mieux vous faire apprécier le niveau d’excellence de nos sommeliers… et de nos sommelières, car les femmes sont maintenant aux premières loges de la profession elles aussi!

Commençons par un peu d’histoire. Il y a d’abord eu le développement fulgurant de la fine cuisine au Québec. De grands chefs qui ont fait évoluer la cuisine d’ici et qui ont contribué à faire de Montréal et de Québec des incontournables sur la scène internationale. Pensons à Normand Laprise (Toqué!), David Mcmillan & Frédéric Morin (Joe Beef), Martin Picard (Au Pied de Cochon), Jean-Luc Boulay (Saint-Amour) et j'en passe. Et Ricardo, vedette médiatique, qui rayonne dans tout le Canada, s’est même lancé dans le vin!

Bien que moins médiatisés que les chefs à une certaine époque, les sommeliers québécois ont évolué à la même vitesse. Des figures de proue du métier tels Jules Roiseux et Gaston L'Heureux dans les années 80 en ont inspiré plus d'un.

Sont venus ensuite les maîtres sommeliers tels que Jacques Orhon et Don-Jean Léandri, qui ont mis sur pied l'Association canadienne des sommeliers professionnels il y a une vingtaine d'années. Cette association, intimement liée à l'Association internationale des sommeliers (ASI), a permis à certains des nôtres d’être sacrés meilleurs sommeliers du monde! Un prestige qui a rayonné sur toute la profession, qui nous a donné des ailes et a certainement contribué à développer des passions!

En 1994 à Paris François Chartier a reçu le prix Ruinart du meilleur sommelier international. Alain Bélanger a eu la troisième place en 2000 et, finalement, Véronique Rivest a fièrement remporté la deuxième place lors du dernier concours mondial en mars 2013. Première femme sur le podium en près de 75 ans. C'est tout un exploit!

N'oublions pas de mentionner d’autres excellents sommeliers, comme Bertrand Eichel (357C) et Carl Villeneuve-Lepage (Toqué!) qui ont été sacrés meilleurs sommeliers du Québec (respectivement en 2009 et 2014).

Ghislain Caron a gagné en 2004 le trophée Ruinart du meilleur sommelier des Amériques. Quant à elle, Élyse Lambert est devenue cette année la première Québécoise à remporter le titre de Master Sommelier après avoir été nommée meilleure sommelière des Amériques en 2009, titre remporté par la suite par Véronique Rivest en 2012!

Les sommelières québécoises: la classe mondiale!

Phénomène unique au monde: le nombre de femmes sommelières au Québec est plus élevé que n’importe où ailleurs! Devant cet engouement des femmes pour notre métier et impressionnée par leur talent, j’ai eu l’idée, lors d’un voyage au Japon que j’effectuais avec l'Association canadienne des sommeliers, de créer Vins au Féminin.

Nous voulions créer une agence d'animation pour démystifier le vin avec des personnalités du métier comme Nadia Fournier (Guide du vin), Karyne Duplessis-Piché (La Presse), Michelle Bouffard (sommelière et enseignante détentrice d'un Wine & Spirits Education Trust de niveau 4), Heidi Hollinger et Natalie Richard (animatrices connues qui sont désormais détentrices d'un Wine & Spirits Education Trust de niveau 3) et des excellentes sommelières des quatre coins du Québec telles que Geneviève Thibault, Marie-Michèle Grenier, Caroline Chagnon et j'en passe!

Un sommelier, un atout pour votre plaisir

Aussi talentueux soit-il, un sommelier, bien sûr, ne fait pas le vin. Mais il le  déguste, le choisit, l’harmonise et vous le sert pour vous faire vivre une expérience inoubliable. Sa qualité première: l’humilité. Il n’est pas là pour imposer ses goûts, mais d’abord pour être à l’écoute des vôtres et pour vous suggérer les vins les plus appropriés à vos attentes ou aux circonstances. Le vin est fait pour être partagé, s'enivrer (juste assez, car il vaut mieux boire moins et mieux) et surtout s'amuser!

Un bon sommelier fait donc son travail avec beaucoup de sérieux, sans se prendre au sérieux! Que vous souhaitiez en apprendre plus sur le vin, sur le mariage mets et vins ou sur les meilleurs achats, consultez un sommelier. Il existe des agences comme savori.ca ou vinsaufeminin.ca qui peuvent vous guider. La dégustation n'aura plus de secret pour vous!

Pour découvrir les coups de cœur des sommeliers de cette année: Un sommelier à votre table!

Santé et longue vie à la sommellerie!