Des vignerons qui prennent soin de leur Terre
Pour souligner le Jour de la Terre, je vous propose de découvrir ou redécouvrir deux maisons de vins qui se démarquent par leurs pratiques écoresponsables.
Le 22 avril, on célèbre le Jour de la Terre, notre planète que nous tenons trop souvent pour acquise. Dans le monde du vin, la question environnementale occupe une grande place. Elle provoque, on l’espère, de moins en moins de débats, puisqu’on reconnaît plus volontiers aujourd’hui que les pratiques biologiques et biodynamiques devraient être la norme et non l’exception. La viticulture, tout comme l’agriculture dont elle fait partie, nécessite en effet de porter une attention soutenue aux écosystèmes et aux sols qui, après tout, sont vivants.
Voici deux maisons de vins à découvrir ou à redécouvrir. Elles se démarquent en tant que pionnières des pratiques écoresponsables dans leur région respective, l’une dans la Sicile, en Italie, et l’autre dans le Languedoc, en France. Profitons-en pour boire un verre à la santé de la Terre en sachant que, sur ces vignobles, tout est pensé pour créer une relation harmonieuse à l’environnement.
Gulfi: garder le sol de la Sicile bien vivant
L’histoire de la maison Gulfi commence avec Vito Catania qui, en 1995, retourne aux sources de sa Sicile natale pour se lancer dans la viticulture. Il s’associe à Salvo Foti, un œnologue friand de cépages indigènes natifs de l’île. Dans la région du Chiaramonte, tout au sud de la province, les deux amis produisent du nero d’avola atypiquement fruité et frais pour toute cette chaleur. Leur secret? Une viticulture bio dès le début de l’aventure. Ainsi, lorsque le vignoble obtiendra sa certification, des décennies plus tard, aucune modification aux pratiques du vignoble ne sera nécessaire. Tout est déjà fait à la main dans le respect de la terre et des gens. Garder les sols vivants est le fondement même de la maison.
Si le nero d’avola règne en roi sur la Sicile, les cépages blancs y ont aussi leur place et leur charme. C’est pour cela que Vito Catania et Salvo Foti choisirent de planter de l’albanello et du carricante, deux variétés indigènes, en plus du chardonnay. Aujourd’hui, le fils de Vito, Matteo, cultive encore ces cépages pour notre plus grand bonheur.
Suggestion: Gulfi Valcanzjria 2020
Cet assemblage de carricante et de chardonnay, auquel on ajoute parfois une touche d’albanello, vous sortira de la routine. Il sera offert à la SAQ d’une journée à l’autre. Gardez l’œil ouvert! Il vient en petites quantités, avec seulement 150 caisses de 12 à distribuer. Essayez de mettre la main dessus si vous le pouvez!
Gulfi est l’une des rares maisons à cultiver le carricante. Le résultat donne un vin sur des notes de pomme et de fruits tropicaux (ananas, fruit de la passion) agrémenté d’une touche d’amande et de camomille. Son côté salin frappe avant tout; c’est une de ses caractéristiques immanquables. Cette minéralité est balancée par une fraîcheur qui vient d’une culture à 400 mètres d’altitude et d’un élevage en cuve d’inox. À déguster avec un risotto aux crevettes ou au homard.
Gérard Bertrand: le goût du Languedoc
Une visite de Gérard Bertrand à Montréal est un grand événement. Le vigneron était justement de passage dans la métropole le 19 avril 2022, où chroniqueurs et journalistes ont pu déguster 14 vins en sa présence. Accompagnant M. Bertrand sur scène, le sommelier suédois Andreas Larsson, élu meilleur sommelier du monde en 2007, a su nous suggérer de beaux accords pour bonifier une présentation déjà excellente.
Le thème de la soirée: la nature, au cœur même des activités de Gérard Bertrand. C’est aussi le sujet du son dernier livre, La nature au cœur (2021). En effet, les 16 domaines et châteaux de la famille Bertrand sont exploités en culture biodynamique ou biologique, une aventure entreprise à l’aube du nouveau millénaire. On soupçonnait alors le vigneron d’avoir perdu la tête, mais c’est là le sort commun des visionnaires… 20 ans plus tard, Gérard Bertrand est nommé «Personnalité verte de l’année» en 2020 par The Drinks Business. Il fait aujourd’hui figure de pionnier dans la viticulture durable en France. Pour en apprendre plus sur ses initiatives, vous pouvez visionner cette vidéo:
La philosophie de Gérard Bertrand est simple: le vigneron doit se mettre au service du terroir, avec humilité. Dans le vin, c’est le lieu qui doit s’exprimer, et non l’homme. C’est pour cela qu’il dit si joliment que ses vins ont «le goût de quelque part et non pas de quelque chose».
Suggestion : Gérard Bertrand Pays d’Oc Naturae rouge 2020
Plusieurs des vins que nous avons eu le privilège de goûter lors de cette dégustation ne sont pas encore offerts au Québec, comme le Orange Gold et le Villa Soleilla, deux vins orange, les vins Change (en référence à l’expression «Soyez le changement») ou encore les Cigalus, les premiers produits en biodynamie développés par la maison. En revanche, le Naturae Syrah 2020 ainsi que le Naturae blanc sont offerts au prix très raisonnable de 19$, considérant qu’il s’agit de vins nature. M. Bertrand réussit le pari d’offrir un vin nature qui évite les excès trop souvent rencontrés dans les vins naturels. Ces pratiques ont ouvert la porte à la diminution progressive de sulfites dans l’ensemble des vins de la maison, et ce, depuis 2011.
Le Naturae Syrah présente une robe violacée avec au nez cette touche typique à la syrah de vinaigre balsamique. Le fruit rouge, comme la canneberge, est bien présent. Assez costaud et plein d’énergie, ce vin pourra s’accorder – c’est la suggestion d’Andreas Larsson – avec des brochettes de champignons ou des plats salés/sucrés. On peut penser par exemple à une sauce miel, soya et gingembre. De quoi vous donner faim!
Gérard Bertrand Pays d'Oc Naturae 2020. Vin rouge, 750 ml. 19$
Sur ce, bon Jour de la Terre 2022 et santé!
Jessica et son équipe