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La saveur du jour

Levée de boucliers pour le partage des pourboires

Si la démarche actuelle de l’Association des restaurateurs du Québec et d’une soixantaine de personnalités du milieu de la restauration porte ses fruits, le pourboire que vous laisserez à la table lors de votre prochaine visite au restaurant pourrait profiter à plus qu’à la personne qui vous a servi.

Cela fait des années que le sujet revient de façon récurrente dans le milieu de la restauration sans que rien ne bouge. Mais cette semaine, une soixantaine de personnalités, dont Jean-Luc Boulay, Jérôme Ferrer, Chantal Fontaine, Laurent Godbout, Normand Laprise, Colombe St-Pierre et Daniel Vézina, ont signé une lettre ouverte envoyée aux quotidiens québécois et qui demande au gouvernement de modifier la Loi sur les normes du travail. La démarche vise à permettre aux employeurs qui le souhaitent de mettre en place une convention de partage des pourboires dans leur établissement. Pour le moment, cette pratique est interdite.

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Une répartition non équitable

C’est que, pour plusieurs, la répartition actuelle des pourboires n’est pas équitable. En effet, un sondage effectué l’an dernier par l’Association des restaurateurs du Québec révélait que le salaire horaire moyen des serveurs, incluant les pourboires déclarés, est d’environ 26$ l’heure, alors que celui des cuisiniers se situe plutôt autour de 16$ l’heure. «Un tel écart nuit au climat de travail, dévalorise la profession de cuisinier et augmente les problèmes de rétention qui, dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre que connaît le Québec, fragilisent les entreprises de restauration», peut-on lire dans la lettre.

En entrevue à La Presse canadienne, le chef Jérôme Ferrer, du restaurant Europea, à Montréal, parle même de «discrimination» quand il est question de la situation actuelle. Il a en effet affirmé qu’un meilleur partage pourrait faciliter la recherche d’employés en cuisine.

Le travail des cuisiniers est lui aussi exigeant et leur rôle est primordial lorsque vient le temps d’offrir une bonne expérience aux clients, tout comme l’est celui des barmans, sommeliers et commis-débarrasseurs. «Partager les pourboires, c’est reconnaître l’importance du travail de tous les employés participant à la satisfaction et à l’expérience globales de la clientèle et leur accorder une rémunération à la hauteur de leur contribution», peut-on lire dans la lettre partagée par plusieurs médias.

Par ce geste, les signataires veulent appuyer l’Association des restaurateurs du Québec qui plaidera en faveur de cette décision le 15 mai à l’Assemblée nationale.