La saveur du jour
Hôpitaux: place au local et au bio à la carte
En matière de gastronomie, les institutions publiques québécoises, particulièrement les hôpitaux, ont souvent eu mauvaise presse. Mais les choses pourraient changer…
Premier établissement de santé à faire le saut, le CHU Sainte-Justine sert depuis cet été des légumes biologiques venant de trois fermes du Québec et entend élargir son offre. Et ce n’est rien comparé à son offre d’aliments locaux, qui comptent pour 52% de sa dépense alimentaire en excluant les fruits et légumes.
Au Québec, de telles initiatives dans les hôpitaux sont encore rares et, pour le moment, Sainte-Justine fait figure d’exception. C’est sans compter qu’en 2016, l’hôpital est devenu le premier du Québec à servir aux chambres des repas concoctés sur place, que les patients peuvent commander à la carte quand ils le veulent.
Système D
Les initiatives de Sainte-Justine restent marginales parce qu’opérer de tels changements à si grande échelle demande une volonté de fer et une organisation sans faille. C’est que, pour mieux faire, les hôpitaux disposent des mêmes budgets, qui vont de 8$ à 15$ quotidien par patient, dans lesquels il faut compter 70% pour les coûts liés à la main d’œuvre.
Il reste donc peu pour réinventer les menus. Mais c’est le pari qu’a pris Josée Lavoie, chef des services d’alimentation du CHU Sainte-Justine, qui remarque qu’en réorganisant son service alimentaire pour éviter le gaspillage, passé de 25% à moins de 5%, l’hôpital a économisé pour dépenser davantage dans des produits de meilleure qualité.
La nourriture pour prendre soin
Les études le prouvent: une bonne alimentation peut avoir des conséquences sur la santé et le moral des patients. La preuve: à Sainte-Justine, la distribution de suppléments alimentaires a diminué de moitié en un an.
Ce n’est pas pour rien que l’Institut de cardiologie de Montréal songe aussi à faire le grand saut.
Quand on sait qu’un patient mal nourri nécessiterait 2 à 3 jours de plus de soins, et serait plus à risque de devoir revenir s’aliter dans les 30 jours suivants, on se dit que le jeu en vaut certainement la chandelle.