La saveur du jour
L’importance de manger local selon le chef David McMillan
Le succès du chef David McMillan ne se dément pas. Les restaurants montréalais dont il est copropriétaire et cofondateur, le Joe Beef, le Liverpool House, le Vin Papillon, Mon Lapin et McKiernan Luncheonette, sont reconnus à l’international. De passage à C2 Montréal la semaine dernière, un événement de conférences sur le commerce et la créativité, le chef a exposé son avis sur l’importance de manger local.
Pour celui qui a été récemment récompensé au gala des Lauriers de la gastronomie québécoise, il serait bien plus simple de se laisser guider par le territoire, la nature et les saisons lorsque vient le temps de s’alimenter. «Je suis fâché quand je vais à l’épicerie: je ne comprends pas pourquoi les gens achètent encore du jus d’orange alors qu’il y a des tonnes de pommes qui poussent ici! Et je ne comprends pas pourquoi il y a des asperges ou des framboises 12 mois par année à l’épicerie! Dans ma tête, quand c’est la saison des crabes, on mange des crabes. Quand c’est le temps des tomates, il devrait y avoir des tomates partout. Même chose pour les fraises et les framboises d’ici. Puis quand il y a du maïs du Québec, on mange du maïs et quand il n’y en a plus, on n’en mange plus et c’est tout! Ce serait bien plus facile de cuisiner selon les saisons au lieu de se battre contre elles!»
C’est pourquoi le chef a suggéré à l’assistance présente à C2 Montréal de ne pas hésiter à parler à son épicier afin d’exiger plus de produits locaux et de saison. «Vous allez à l’épicerie et leur donnez votre argent au moins 52 fois par année! Vous avez le droit de demander!», a-t-il exprimé.
Pendant l’hiver, si les produits frais locaux se font plus rares, le restaurateur n’hésite pas à se tourner vers la section des produits surgelés, où on trouve par exemple des petits pois, du maïs et des petits fruits canadiens. «C’est bien mieux que de choisir des produits qui ont fait des milliers de kilomètres pour arriver ici! Personnellement, je ne veux rien manger qui a passé trop de temps dans un camion ou un avion…»
Pour lui, en ce sens, de tout petits gestes peuvent changer beaucoup de choses. Par exemple, si chaque maison du Québec remplaçait sa bouteille de vinaigre balsamique de Modène par une bouteille de vinaigre de cidre de la région de Rougemont, cela ferait beaucoup d’argent actuellement injecté en Italie qui reviendrait au Québec. On pourrait faire la même chose avec l’huile d’olive, à remplacer par l’huile de canola, a précisé le chef, qui estime qu’en tant que restaurateur, il a la responsabilité d’encourager les familles de producteurs québécois.
Finalement, David McMillan a dit souhaiter que tout le monde aille se promener à la campagne «plus qu’une fois par année pour aller aux pommes» afin de rencontrer et découvrir des produits d’ici. «Nous avons tous le pouvoir de changer les choses», a-t-il répété.