La saveur du jour
Plus de saveurs du Saint-Laurent au menu!
À bas le homard, le crabe des neiges et la crevette de Matane; vive le sébaste, le calmar à courtes nageoires, le crabe commun, le concombre de mer et la main de mer palmée! Le fleuve et le golfe du Saint-Laurent ont bien davantage à offrir que nos fruits de mer vedettes, dont 13 poissons, 17 fruits de mer, deux phoques et 15 algues qui figurent sur la liste 2022 de Fourchette bleue.
Cette liste d’espèces de grande qualité mais méconnues a été dévoilée le 23 février au premier Salon Fourchette bleue tenu à Rivière-du-Loup. L’initiative revient à Sandra Gauthier, directrice générale d’Exploramer, qui a créé il y a 12 ans le programme Fourchette bleue afin de valoriser des produits du Saint-Laurent, avec notamment près d’une centaine d’établissements certifiés pour leur contribution à cette mission.
Le salon a attiré 160 pêcheurs, transformateurs, poissonniers, distributeurs, restaurateurs, hôteliers, représentants institutionnels, scientifiques… En plus de conférences d’exception, il a suscité des rencontres entre vendeurs et acheteurs, voire des alliances, prémices à des réseaux d’approvisionnement qui permettraient autant à un Gaspésien qu’à un Montréalais ou un Abitibien de découvrir plus de produits du Saint-Laurent.
Actuellement, 80% de ce qui se pêche ici part à l’étranger et 85% des produits de la mer que l'on consomme est importé! À l’heure de l’achat local, ce paradoxe fait dire à Sandra Gauthier qu'« il faut se servir d’abord ». Mais encore faut-il en avoir les moyens… Les défis sont multiples: manque d’information du grand public sur les produits marins, bâtons dans les roues réglementaires, marchés extérieurs lucratifs pour l’industrie de la pêche, difficultés de distribution et transport...
Un premier pas a été franchi au salon pour tisser des liens, monter des projets communs, trouver de nouvelles idées pour amener l’oursin vert, la viande de phoque, le corail de Gaspésie jusque sur nos tables.
On est encore loin de la coupe aux lèvres, mais Sandra Gauthier, battante autant qu’optimiste, a plus d’un tour dans son sac. À Exploramer, elle prépare une exposition virtuelle, «De l’eau à la bouche», et une plateforme numérique qui mettra en relation des vendeurs d’espèces marines peu valorisées et le crucial marché de l’hôtellerie, de la restauration et de l’institutionnel. On pavera ainsi la voie à une amélioration du système d’approvisionnement de la mer à la table. «Toutes les pièces du casse-tête sont là, assure Mme Gauthier, mais encore faut-il les mettre ensemble.»