16 février 2017Auteure : Véronique Leduc

Sauces piquantes: c’est chaud!

Au Québec, les mordus de plats épicés devaient autrefois se contenter des fameuses sauces Tabasco ou Sriracha. Ce temps est révolu! Aujourd’hui, les sauces piquantes se déclinent par centaines et sont plus accessibles que jamais. Certains Québécois se sont même lancés dans l’aventure et proposent leur ligne de produits épicés à la québécoise. Attention, c’est chaud!



En 2013, dans un rapport sur les tendances alimentaires des consommateurs canadiens, la firme américaine de recherche sur l’industrie alimentaire Technomic révélait que, pour la première fois depuis 2009, plus de la moitié (51%) des Canadiens âgés de 18 à 55 ans appréciaient les aliments épicés, particulièrement sous forme de sauce et de condiments.

Il y a le goût qui attire, bien sûr, mais certains diététiciens prêtent en plus des bienfaits aux sauces piquantes. Des études ont par exemple démontré qu’une alimentation épicée brûle des graisses, protège la muqueuse de l’estomac, est riche en calcium et en vitamine A et C, peut diminuer le risque de souffrir de maladies cardiovasculaires et du cancer, contribue à prévenir le diabète et stimule le métabolisme. De plus, lorsqu’on mange très épicé, on dit que des endorphines sont libérées, ce qui procure un sentiment de bien-être.

Une tendance forte aux États-Unis

Ce n’est tout de même pas pour leurs vertus mais pour le piquant qu’elles donnent aux plats que les sauces épicées sont depuis quelques années déjà populaires dans certains pays. Les États-Unis sont l’un deux. En 2013, la société d’analyse Ibisworld parlait des sauces piquantes comme d’un secteur en pleine expansion qui devait générer 1,3 milliard de dollars américains jusqu’en 2017. On rapportait alors que leur utilisation était probablement stimulée par les flux migratoires et les échanges commerciaux avec des pays où l’alimentation épicée prend une place prépondérante.

Si les sauces Tabasco, originaires de Louisiane, aux États-Unis, et Sriracha, de Thaïlande, font partie depuis longtemps de l’alimentation des Américains lorsque vient le temps d’épicer certains plats, les adeptes des sauces piquantes vous diront que les variétés sont désormais très nombreuses et que les sauces peuvent être ajoutées à tous les plats: des œufs du déjeuner jusqu’aux gâteaux au chocolat en passant par les cocktails.

La tendance est plus répandue chez nos voisins du sud que chez nous. Des boutiques comme Pepper Palace, ouverte en 1989 et dont une trentaine de succursales sont éparpillées aujourd’hui au pays, se consacrent d’ailleurs entièrement à la vente de bouteilles multicolores contenant des sauces épicées.

Sauces épicées à la québécoise

C’est en s’inspirant de cette tendance américaine qu’André Chalifour et Christian Bond ont lancé en 2015 le site SaucesPiquantes.ca. On y retrouve 500 produits, majoritairement des sauces, de partout à travers le monde. Ceux-ci sont disponibles en ligne et se retrouvent aussi dans plus de 200 points de vente au Québec.

Et que ceux qui pensent qu’une sauce piquante en vaut une autre fassent leurs devoirs. Selon Christian Bond, chaque région du monde a sa signature et chaque sauce est unique. Ainsi, les recettes cajuns seraient plus vinaigrées, les mexicaines plus axées sur la saveur que sur la chaleur intense et les sauces piquantes seraient plus fruitées à la Barbade. Les piments utilisés varient aussi.

Parmi les produits offerts sur SaucesPiquantes.ca, une centaine viennent du Québec. Parce que oui, la tendance est désormais assez marquée pour que des entrepreneurs se lancent dans la fabrication de sauces à la québécoise.

Par exemple, les nouveaux produits de La Pimenterie, qui offre sept sauces épicées, dont certaines aux canneberges, aux pommes ou au sirop d’érable du Québec, sont faits à Montréal. Dans de jolies bouteilles, La Pimenterie propose aussi des sauces à la moutarde, au chocolat, au miel ou à la bière qui sont accessibles en ligne ou dans ses points de vente.

Photo: Facebook La Pimenterie
Photo: Facebook La Pimenterie

Puis, les trois sauces de marque Mark’s sont aussi faites à la main à Montréal avec des produits locaux.

Photo: Facebook Mark's Hot Sauce
Photo: Facebook Mark's Hot Sauce

De leur côté, les cinq sauces Firebarns sont commercialisées par trois entrepreneurs de Québec alors que la dizaine de produits Damn, dont une sauce aux bleuets, sont créés au Saguenay.

Photo: Facebook Firebarns
Photo: Facebook Firebarns

D’ailleurs, la région du Saguenay a tenu l’année dernière son premier festival dédié à la sauce piquante. En septembre 2016, à Jonquière, une trentaine d’exposants étaient présents pour faire goûter leurs produits pendant l’événement Saguenay en Feu.

Photo: Facebook Les sauces DAMN
Photo: Facebook Les sauces DAMN

André Chalifour, cofondateur du site SaucesPiquantes.ca, quand il parle du «buzz» pour les sauces piquantes, fait un parallèle avec le monde de la microbrasserie, où il a œuvré avant de lancer son site. Il croit que, comme pour les bières, dans quelques années, les gens ne se contenteront plus d’un produit plus général mais, comme ils s’y connaitront, chercheront des sauces plus raffinées et auront leurs produits préférés.

Une tendance à surveiller qui, assurément, donnera du piquant à nos vies!