10 septembre 2015Auteure : Véronique Leduc

Quelle est votre culture culinaire?

Vous êtes-vous déjà demandé si vous aviez une cuisine identitaire bien à vous, comme la cuisine provençale, par exemple? Des plats qui représentaient votre histoire et votre famille? Si vous habitiez une ville, une région, une province avec une histoire culinaire digne de ce nom? Vous êtes-vous déjà demandé quelle importance avait cette cuisine pour vous, pour nous, pour le peuple québécois?



Je ne sais pas ce qu’il y avait dans l’air (ou dans les assiettes) ces temps-ci, mais j’ai eu l’impression que tout le monde se mettait à se poser ces mêmes questions!

Qu'est-ce que la culture culinaire québécoise?

Il y a d’abord eu le festival YUL EAT, qui a demandé aux cofondateurs de Caribou de préparer une conférence ayant comme sujet «Qu’est-ce que la culture culinaire québécoise?» Le même festival proposait, quelques heures plus tôt, une table ronde ayant comme titre «La place du terroir dans nos assiettes» et, quelques heures plus tard, une autre table ronde nommée cette fois «À la recherche de l’identité de la restauration québécoise».

Aussi ce week-end, Sophie Suraniti, journaliste culinaire, publiait dans Le Devoir un texte intitulé «Quelle identité gourmande pour le Québec?» «Éclatée» autant sur le plan gastronomique que territorial, «multiple» et diversifiée, car «l’identité gourmande est avant tout une histoire humaine, remplie de savoir-faire, de techniques, de pratiques culturelles saisonnières ou régulières ancrées sur un territoire ou dans un cadre environnemental bien défini», et «innovante», y affirment des experts de la question.

Le lendemain, le nutritionniste urbain dénonçait sur son blogue un système alimentaire à deux vitesses en débutant son plaidoyer par: «L’alimentation est liée à l’identité. Ce qu’on décide de mettre en bouche nous définit, et ce, d’une façon aussi importante que la musique qu’on écoute, les vêtements que l’on porte, la langue que l’on parle ou notre origine culturelle.

Une question complexe

On aurait pu croire que tout le monde s’était concerté pour faire comprendre en trois jours que l’assiette québécoise était sur le point d’affirmer son identité! Et c’est une excellente nouvelle puisque s’il y a quelques années, la question ne se posait même pas (Quoi?! Une cuisine unique au Québec qui vaut la peine de soulever les questionnements?!? Pfffff!), elle est maintenant le sujet de conférences, de tables rondes et de textes. Intéressant…

De mon côté, après deux ans à tenter de comprendre ce qu’est notre culture culinaire québécoise, j’ajouterais que la réponse n’est pas simple, qu’elle est teintée de nos origines autochtones, françaises et anglaises et des habitudes de chaque région et famille, qu’elle est en perpétuel mouvement, qu’elle est influencée par nos quatre saisons et qu’elle est faite des traditions et des artisans qui font notre cuisine.

La question est complexe, mais vaut tellement la peine qu’on y réfléchisse parce que, selon Jean-Pierre Lemasson, professeur et auteur du Mystère insondable du pâté chinois, «se doter d’une identité alimentaire est un besoin aussi important que celui de s’approprier les arts qui sont propres à notre peuple, parce que la cuisine met en jeu des combinaisons infinies qui nous définissent et qui traduisent notre spécificité culturelle. Cette identité créée par nous et qui nous raconte est une nécessité qui nous distingue de l’animal». Rien de moins.

J’ajouterais aussi une phrase de Michel Lambert, auteur des cinq (!) imposants tomes de son Histoire de la cuisine familiale du Québec, qui vous dirait que: «Les liens qui unissent les Québécois et qui leur procurent une identité ne sont pas qu’une affaire de langue, mais aussi de cuisine».

Ce que je donnerais pour vous entendre me raconter votre histoire culinaire bien à vous…