28 avril 2016Auteure : Véronique Leduc

Nourriture du futur

La communication, le transport, le divertissement… la technologie a pris d’assaut toutes les facettes de notre quotidien. Et l’alimentation ne fait pas exception. Dans leurs laboratoires, des scientifiques travaillent à faire entrer encore davantage l’innovation dans nos cuisines. Que mangera-t-on en 2050?



Plus que jamais, le monde fait face à un immense défi s’il veut assurer son avenir alimentaire devant une population en forte croissance. C’est pourquoi des experts s’interrogent sur les possibilités que peut offrir la technologie pour répondre aux nombreuses exigences alimentaires de notre époque, où on désire des aliments sains, savoureux, adaptés à notre mode de vie rapide, et qui respectent l’environnement.

Attention, il n’est pas question des tendances alimentaires des années à venir, dont je vous parlais ici. Oui, nous nous tournons présentement vers les insectes ou les algues, qui répondent à des besoins actuels. Mais ici, la question est plutôt de savoir ce qui mijote dans le monde de la technologie et qui se retrouvera dans nos assiettes dans un futur à plus long terme.

Viande in vitro

Des recherches poussées sur la viande créée en laboratoire sont menées depuis 2008 par l’équipe de Mark Post, inventeur du steak cultivé et chercheur à l’Université de Maastricht, aux Pays-Bas. On voit dans cette idée une réponse au besoin de viande, tout en évitant de polluer et de faire souffrir les animaux. Parce qu’il suffit de quelques cellules retirées sans douleur d’une vache pour produire dix tonnes de viande. Le premier hambourgeois in vitro est même né en 2013! Depuis, l’équipe continue à travailler à l’amélioration du goût du produit afin de créer la boulette parfaite.

Emballages comestibles

Vous connaissez les légumes moches? Une façon de contrer le gaspillage alimentaire. Une autre piste «plus technologique» est cependant explorée: la transformation des fruits et légumes inutilisés… en emballages. La société française CD Fruits a imaginé les folions, des feuilles de fruits conçues à base de purée de fruits déshydratée. Les fines feuilles biodégradables sont résistantes à la chaleur et aux manipulations. Et le comble: ces emballages sont comestibles. Dans le même ordre d’idée, WikiPearl commercialise aussi des emballages conçus à partir de particules alimentaires qui évitent l’utilisation du plastique et qui protègent les aliments.

Impressions 3D

On parle de plus en plus des imprimantes 3D en alimentation. Si, pour le moment, elles servent surtout à créer des effets esthétiques pour décorer les gâteaux, par exemple, les choses pourraient bientôt être différentes. À l’international, divers groupes de recherche œuvrent à faire avancer le projet. D’ailleurs, à la demande de la NASA, des chercheurs américains tentent présentement de créer une imprimante à pizzas. Certains croient même qu’un jour, chaque foyer disposera d’une imprimante qui pourra créer de toute pièce presque tous les aliments désirés. Les imprimantes 3D peuvent certainement dépasser la fonction esthétique donc. D’ailleurs, c’est le cas du projet Edible Growth, de la jeune Néerlandaise Chloé Rutzerveld, qui imprime des boules comestibles à l’intérieur desquelles poussent des herbes et des champignons en quelques jours seulement. Je vous en parlais ici.

Des robots en cuisine

Bien sûr, quand il est question de technologie, impossible de passer à côté des robots. Ils pourraient d’ailleurs un jour très prochain devenir cuistots. Des étudiants en génie mécanique du Massachusetts Institute of Technology, à Boston, ont créé un système qui s’occupe de la commande d’un plat jusqu’à son service. Selon plusieurs, le Spyce Kitchen pourrait révolutionner le monde de la restauration rapide puisqu’il peut créer et servir des plats santé et de qualité à toute vitesse et dans un espace restreint.

D’ailleurs, les robots-chefs se perfectionnent rapidement depuis ces dernières années: l’an dernier, une entreprise anglaise a lancé un robot qui peut reproduire 2000 recettes complexes avec les mêmes gestes que ceux que ferait un vrai chef.

C’est une drôle d’époque alimentaire que la nôtre. Alors qu’on prône un retour aux sources, à la terre, à la simplicité et aux humains qui nous nourrissent, on s’intéresse grandement à ce que pourrait apporter la technologie à notre alimentation, imaginant une viande de laboratoire ou des robots qui cuisinent pour nous. Seul l’avenir nous dira si ces innovations technologiques, contre la faim, la pollution et le manque de temps, feront bel et bien partie de la solution...