Photo: Edvin Johansson, Unsplash
13 septembre 2023Auteure : Véronique Leduc

Menus améliorés pour les aînés

Les résidences pour personnes âgées innovent et font des propositions plus alléchantes au niveau des menus. Voici quelques initiatives alimentaires inspirantes et prometteuses.



Vous souvenez-vous du tollé qu’avaient soulevé les patates en poudre servies dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) du Québec il y a quelques années? En 2016, on avait dévoilé qu’une douzaine de CHSLD et deux hôpitaux montréalais avaient dû retirer plusieurs aliments frais de leur menu, comme les raisins, le chou-fleur, le bacon et le veau, puisqu’ils étaient trop dispendieux. Les pommes de terre en purée avaient aussi été remplacées par des pommes de terre déshydratées pour les mêmes raisons.

Selon les résultats d’un sondage effectué en 2021, les choses n’allaient pas tellement mieux: 39% des usagers des CHSLD se disaient insatisfaits quant à l’adaptation des repas en fonction de leurs goûts, 34% n’étaient pas satisfaits du goût des aliments et 33% se disaient insatisfaits de l’information concernant les menus qu’on leur présentait.

La pandémie, puis le manque de moyens et de personnel qu’elle a provoqué ne facilitent certainement pas l’amélioration de la situation, mais une évolution des mentalités et une prise de conscience font qu’on voit passer ici et là des initiatives inspirantes quand il est question de l’alimentation des aînés.

S’intéresser à la nutrition des personnes âgées

Présentement, et sur trois ans, des étudiantes en nutrition de l’Université de Montréal vont à la rencontre d’aînés afin de les aider à mieux s’alimenter. «L’objectif de notre projet, c’est de cocréer, en collaboration avec les étudiants et les aînés, du matériel éducatif à partir de leurs intérêts, puis s’adressant à la clientèle vieillissante autonome», a résumé la coordonnatrice du projet, Anne-Marie Villeneuve.

Les informations recueillies seront ensuite vulgarisées afin que les personnes concernées puissent adapter leur alimentation. Le contenu sera proposé à toutes les personnes âgées de la province grâce à divers moyens, entre autres par le biais d’une nouvelle chaîne YouTube. L’échange est mutuel dans ce projet: s’il permet aux aînés d’acquérir de nouvelles connaissances en matière de nutrition, les étudiantes qui y participent en retirent aussi un savoir important.

Présentement, et sur trois ans, des étudiantes en nutrition de l’Université de Montréal vont à la rencontre d’aînés afin de les aider à mieux s’alimenter. Photo: CDC, Unsplash

Inspirants légumes bios

Récemment, le magazine Ricardo faisait part d’un projet-pilote en cours au centre Éloria-Lepage, dans l’est de Montréal, qui s’approvisionne désormais en fruits et légumes frais et biologiques auprès de fermes maraîchères. On y rapportait que les deux cuisiniers de l’établissement se sont dits inspirés par les nouveaux «arrivages», les amenant ainsi à modifier leur façon de travailler. Ces derniers préparent maintenant des sauces maison, se servent d’herbes fraîches pour rehausser les plats et font des conserves de légumes qu’ils pourront servir en hiver.

Dans le cadre d'un projet-pilote, le centre Éloria-Lepage, dans l’est de Montréal, s’approvisionne désormais en fruits et légumes frais et biologiques auprès de fermes maraîchères. Photo: Nadine Primeau, Unsplash

Quand l’ITHQ s’en mêle

En février 2022, on annonçait que le ministère de la Santé et des Services sociaux s’associait à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) afin d’améliorer l’offre alimentaire dans les CHSLD, les futures maisons des aînés et les maisons alternatives. Le ministre Christian Dubé précisait alors qu’un mandat avait été confié à l’établissement d’enseignement afin de valider la performance des opérations sur le terrain et identifier des pistes d’amélioration. On visait entre autres l’ajout de ressources humaines pour évaluer les besoins nutritionnels des résidents et pour le développement de recettes, d’offres de mets et de menus aux textures adaptées. On comptait aussi acheter des denrées et des équipements permettant l’amélioration de la préparation des repas dans les CHSLD.

En février 2022, on annonçait que le ministère de la Santé et des Services sociaux s’associait à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) afin d’améliorer l’offre alimentaire dans les CHSLD, les futures maisons des aînés et les maisons alternatives. Photo: Engin Akyurt, Unsplash

Cuisinette dans les maisons des aînés

Sur le long terme, le déploiement des maisons des aînés à travers la province permettra à leurs résidents de profiter davantage du moment des repas. En 2022, Marguerite Blais, alors ministre responsable des aînés, faisait visiter aux médias une maison des aînés à Lévis et présentait une cuisinette moderne et lumineuse avec îlot et tables communes pour favoriser le partage des repas. Dans cette maison présentée, elle affirmait que chaque maisonnée de 12 personnes allait bénéficier d’une cuisinette.

Étudiants recherchés

Plus récemment, en juillet, on apprenait que plusieurs résidences pour aînés se préparaient à accueillir des étudiants pour la rentrée. Ces derniers profitent d’une chambre offerte et sont nourris en échange de quelques heures de bénévolat par semaine. Le contrat renouvelable d’un an permet de briser l’isolement de certains aînés et offre un heureux mélange des générations. D’ailleurs, l’expérience de cohabitation a vu le jour en 2018 à la Résidence des Marronniers, à Trois-Rivières, et aurait, dit-on, changé la vie des résidents. Les étudiants choisis s’intègrent à l’équipe des loisirs, mais peuvent aussi simplement discuter avec les résidents ou manger avec eux.

Rien n’est encore parfait quand il est question de l’alimentation des aînés, mais ce sont des pas dans la bonne direction que d’autres devraient suivre. Parce que manger ne devrait jamais être triste.