Photo: Nathana Reboucas, Unsplash
10 février 2021Auteure : Véronique Leduc

Il était une fois… le chocolat

De boisson amère à monnaie d’échange, jusqu’à la multitude de produits qui en sont issus aujourd’hui, le cacao qu’on transforme en chocolat a connu toute une épopée.



L’histoire du chocolat ne date pas d’hier. On estime que déjà 2000 ans av. J.-C., la cabosse de cacao jouait un rôle important dans certaines cultures et servait même parfois de monnaie d’échange. On pouvait par exemple échanger dix fèves contre un lapin ou quatre fèves contre une courge.

Peu à peu, le cacaoyer s’est répandu en Amérique centrale. Certaines civilisations se sont mises à le cultiver et il était même considéré comme «l’arbre des dieux». Les Aztèques utilisaient les fruits du cacaoyer pour en faire une boisson épicée et amère. Le mot «chocolat» veut d’ailleurs dire «liquide chaud».

L’histoire dit que le chocolat est ensuite devenu l’allié des grands explorateurs et on raconte que Cortès, quand il est revenu en Espagne autour de 1528, après un voyage en Amérique, a rapporté des produits inconnus comme la tomate, le haricot blanc, la pomme de terre, le maïs, le piment, le tabac et… le chocolat. Il aurait alors dit à Charles V: «Une tasse de cette précieuse boisson permet à un homme de marcher un jour entier sans manger.» Pourtant, le chocolat à boire est alors amer et ne plait pas à tous. Ce sont les Espagnols qui ont l’idée de l’associer au sucre pour diminuer son amertume naturelle.

Une cinquantaine d’années plus tard, en 1585, les premières cargaisons de cacao arrivaient en Europe, où il est alors transformé dans des monastères et devient une boisson de luxe.

Le chocolat s’étend ensuite peu à peu en Europe, jusqu’à se démocratiser au 19e siècle et à être éventuellement vendu en tablette, à être mélangé avec du lait ou des noisettes.

On estime que déjà 2000 ans av. J.-C., la cabosse de cacao jouait un rôle important dans certaines cultures et servait même parfois de monnaie d’échange. Photo: Pablo Merchan Montes, Unsplash

Le chocolat au Québec

Ici, nous connaissons le chocolat depuis le Régime français, soit autour du 17e siècle. Selon Michel Lambert, historien de la cuisine familiale, ce sont les administrateurs de la colonie qui l’ont importé en Amérique de France, alors qu’il est à l’époque très populaire dans l’aristocratie française. On raconte d’ailleurs que la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, en raffolait tellement qu’elle ne pouvait se passer de boisson au chocolat, plusieurs fois par jour.

Ici, l’engouement est le même, alors que les femmes de la classe favorisée prennent du chocolat le matin, comme première boisson de la journée. On dit que de leur côté, les paysans qui en avaient les moyens se le permettaient les dimanches matins ou lorsqu’ils étaient malades, et les femmes, après un accouchement.

Mais c’est surtout grâce aux Anglais, amateurs de sucre, que les recettes de desserts au chocolat sont arrivées ici. C’est autour de 1840 qu’on peut d’ailleurs observer les premières recettes de gâteaux au chocolat dans les livres.

Photo: Maddi Bazzocco, Unsplash

Le chocolat prend sa place

Depuis ces premières recettes, le chocolat en a fait du chemin au Québec! On le trouve désormais sous de nombreuses formes: en boisson chaude et sucrée comme autrefois, mais aussi en tablette, en boite, sous forme de desserts, en crème glacée…

Laura Secord, une entreprise ontarienne qui a plus d’un siècle d’existence et qui appartient maintenant à deux Québécois, est certainement l’acteur le plus important de cette démocratisation. Petit commerce de friandises ayant pignon sur rue à Toronto à ses débuts, Laura Secord propose aujourd’hui plus de 400 produits issus du chocolat dans plus d’une centaine de magasins au pays.

Désormais autant, sinon plus connu à travers la province, Chocolats Favoris fêtait de son côté ses 40 ans d’existence en 2019. En 1979, c’est avant tout pour créer des emplois que Christine Beaulieu, son mari Gaétan Vézina et d’autres membres de la famille ont créé Chocolats Favoris. D’abord spécialisée en chocolats de Pâques, l’entreprise familiale s’est lancée en 1996 dans la crème glacée trempée dans le chocolat qui fait aujourd’hui sa renommée.

L’expansion de ces entreprises prouve bien l’engouement qu’ont les Québécois pour les délices chocolatés. On évalue d’ailleurs la valeur de l’industrie québécoise du chocolat à environ 3 milliards de dollars et on estime qu’après le porc, le chocolat est au deuxième rang des exportations de produits agroalimentaires.

Il y a même à Bromont un Musée du chocolat où on peut en apprendre plus sur son histoire et sa fabrication.

Photo: Louis Hansel, Unsplash

Le chocolat nouvelle génération

Bien sûr, chez nous, le cacao ne peut être local puisque le climat québécois ne se prête pas à sa culture. Pourtant, il est bien possible de se procurer du chocolat d’une grande qualité fait au Québec.

En effet, depuis une quinzaine d’années, des artisans passionnés par la qualité et la traçabilité du chocolat travaillent à créer des produits «de la fève à la tablette», c’est-à-dire qu’à partir des meilleures fèves de cacao et d’ingrédients de première qualité, ils appliquent une quinzaine d’étapes de transformation afin de produire un chocolat qui goûtera le terroir d’où vient le cacao. Pour la dizaine d’artisans qui œuvrent au Québec dans ce créneau, c’est vraiment la fève de cacao qui est le cœur du produit final et qu’on cherche à faire goûter. Un réel art!

Nul doute que depuis la boisson amère qu’on consommait autrefois, le cacao a vécu toute une transformation. Et désormais, dans le monde comme au Québec, il y en a vraiment pour tous les goûts.