Tendance: l’épicerie zéro déchet
Une tendance qui était autrefois réservée «aux granos» semble vouloir se démocratiser. Voici l’épicerie zéro déchet.
L’idée de ne pas (ou peu) produire de déchet a beaucoup fait parler en 2014 à la suite du passage de la Française Béa Johnson à Tout le monde en parle. L’auteure du livre Zéro déchet a réduit la quantité de déchets de sa famille à moins d’un kilogramme par an.
Après l’émission, le chroniqueur au Soleil Richard Therrien a décerné son étoile de la soirée à Béa Johnson. Il écrivait alors que cette dernière avait toute son admiration. «Si tout le monde suivait son exemple, selon Gérald Fillion, notre monde tomberait en sérieuse récession. Mais l’animateur de RDI économie est néanmoins d’avis que nous aurions intérêt à adopter certaines de ses pratiques devant l’immense défi écologique auquel nous sommes confrontés. Béa Johnson considère qu’il faut arrêter de mettre ça sur le dos des entreprises et des gouvernements, mais de prendre les choses en main. ‘’Si on achète du vrac, on vote pour le vrac. Acheter, c’est voter’’, dit-elle.»
Bientôt, il sera certainement plus accessible d’emboîter le pas à Béa Johnson. En effet, appelez-les comme vous voulez, les épiceries en vrac, sans emballage ou sans déchet, arrivent en ville.
Deux épiceries zéro déchet à Montréal
À Montréal, on a beaucoup parlé de l’ouverture de LOCO, dans le quartier Villeray. Ce commerce est présenté comme «la première épicerie zéro déchet du Québec». Les quatre amies derrière le projet n’arrivaient tout simplement pas à trouver un commerce qui proposait à la fois des produits écologiques et en vrac. Elles souhaitent donc, avec LOCO, fournir une gamme complète de produits alimentaires et d’usage courant, sains, écologiques, biologiques, équitables et sans emballage, toujours dans l’objectif de minimiser au maximum l’empreinte écologique.
Ainsi, chez LOCO, on apporte nos contenants, on les rempli et on paye pour le contenu. On déguste à la maison, on lave et on recommence ! Trouver les meilleurs fournisseurs, puis penser au côté pratique et à la salubrité, a représenté un défi de taille pour les jeunes entrepreneures. Mais elles semblent avoir trouvé réponse à tout, notamment en proposant des contenants consignés ou un stérilisateur à pots.
Un peu plus à l’est, dans Rosemont, l’épicerie Fou Délices vient de changer de nom pour Méga Vrac. Après avoir fait une transition graduelle, elle se définit désormais comme la plus grande épicerie écologique zéro déchet de Montréal.
Changer le monde
Les cofondatrices de LOCO disent s’être inspirées de commerces similaires à San Francisco et de Day by Day, première chaîne française d’épiceries en vrac. Cette dernière, lancée en 2013, compte désormais une vingtaine d’adresses à travers la France.
Bien sûr, il existe depuis des années, voire même des décennies, de petits commerces qui proposent des ingrédients en vrac. Cependant, ces derniers semblaient réservés aux initiés. De plus, ils n’offraient pas la variété que travaillent à offrir les commerces nouveaux genres, qui s’adressent à un plus large public. Les nouveaux commerces zéro déchet proposent des ingrédients secs, oui, mais aussi des fruits et des légumes, du lait, du yogourt ou du tofu. Désormais, tout est à la même adresse. C’est ce qui fait la nouveauté de ces lieux: pouvoir faire toute son épicerie sans déchet à un seul endroit.
Quand on sait que 80% des emballages dont on se débarrasse proviennent des achats courants, que l’emballage est aussi lié au gaspillage alimentaire et qu’au Canada, près de 40% des aliments produits finissent à la poubelle, on ne peut que trouver positifs ces nouveaux endroits qui semblent connaître un réel engouement. D’ailleurs, chez LOCO, on parle déjà d’une chaîne qui pourrait compter plusieurs succursales dans les prochaines années.
Une tendance éphémère, ce nouvel intérêt pour les épiceries zéro déchet? Probablement pas! En plus des nombreux blogues, le sujet fait parler sur les médias sociaux. Plus que jamais, la société semble être prête pour cette nouveauté. Même Steven Guilbeault, de l'organisme Équiterre, le dit. Selon lui, le concept ira loin: «Au début, ça commence toujours par des initiatives un peu éparses faites par des pionniers, mais le mouvement prend de plus en plus d'ampleur».