2 juillet 2015Auteure : Véronique Leduc

Industrie alimentaire

À la rescousse des abeilles

La déclin des abeilles est un phénomène mondial. L’Amérique du Nord est particulièrement affectée et au Québec, la mortalité est de deux à trois fois plus élevée qu’auparavant. Heureusement, les pressions se font plus pressantes et les solutions plus innovantes quand il est question de sauver les abeilles.



La disparition des abeilles préoccupe depuis bien plus longtemps les apiculteurs, qui voient leurs colonies diminuer depuis trop d'années. C’est aussi un problème important pour l’agriculture, puisqu’on estime que 40 % de notre assiette dépend de la pollinisation. D’ailleurs, nos épiceries seraient tristement vides sans le travail de ces dernières (on dit souvent qu’une image vaut mille mots n’est-ce pas?)!

Coupables!

Même si les experts pointent du doigt plusieurs familles d’insecticides ainsi que les méthodes d'agriculture d'aujourd'hui pour expliquer la disparition des abeilles, les médias parlent presque exclusivement des néonicotinoïdes, qui font partie de la classe d’insecticides présentement la plus utilisée dans le monde et qui s’attaque au système nerveux des insectes.

D’ailleurs, le mois dernier, Équiterre et la Fondation David Suzuki ont déposé une pétition de 36 000 noms pour demander au gouvernement québécois d'interdire ces néonicotinoïdes. Pendant ce temps, de son côté, l’Ontario, la province la plus touchée en 2014 par des pertes d’abeilles, a annoncé de nouvelles règles qui visent à réduire de 80 % l'utilisation de cette famille d’insecticides. Pour le moment, la province canadienne est le seul endroit en Amérique du Nord où l'on impose des restrictions sur l'utilisation de ces pesticides.

Inséminations et autoroutes comme solutions

Depuis quelques temps, en attendent que des règlementations plus sévères fassent leur entrée partout, d’autres solutions, ici et ailleurs, sont envisagées.

Ici, Anicet Desrochers élève des reines-abeilles et tente de développer une abeille plus productive et plus résistante aux maladies et aux parasites. Ainsi, chaque année, il se rend en Californie pour y inséminer artificiellement et donc multiplier ses meilleures reproductrices qui seront ensuite destinées au marché canadien. L’idée peut aider, mais ne peut malheureusement pas assurer à elle seule la survie de l’espèce.

Pendant ce temps, à Paris, on a décidé d’aider l’insecte en ratifiant, le samedi 20 juin, la charte «L’Abeille, sentinelle de l’environnement» rédigée par l’Union nationale de l’apiculture française. Le texte stipule que «le signataire s’engage à proscrire produits toxiques, pesticides, OGM, et à soutenir et faire connaître l'apiculture». Sur cette lancée, la capitale a dévoilé son caractère «bee-friendly» en affirmant abriter déjà environ 600 ruches et prévoir en installer d’autres prochainement, en plus de promettre de nouveaux espaces verts d’ici 2020.

De leur côté, les Norvégiens y vont franchement avec une nouvelle (et la première) autoroute pour abeilles (!) qui vise à encourager la survie de celles-ci avec un couloir sûr qui passe à travers la ville d’Oslo et qui offre des denrées et des abris aux insectes.

Le Québec n’est pas en reste avec de plus en plus de ruches sur les toits, des particuliers parfois, mais surtout sur ceux des entreprises, des hôtels ou des universités. À Montréal, l’entreprise Alvéole propose quant à elle d’aider ceux qui désirent installer des ruches en ville.

Ne reste maintenant qu’à espérer que la somme de cette alarme sonnée, de règlementations plus sévères à venir (on croise les doigts) et de solutions nouvelles porteront vite leurs fruits, question de permettre aux précieuses abeilles de continuer à nous offrir les leurs.