Pine Cottage: une maison unique en son genre

Une villa au caractère incomparable, une famille bien connue et une architecture qui a passé l’épreuve du temps: plusieurs raisons expliquent notre intérêt pour Pine Cottage, à Cacouna. Virée dans le Bas-Saint-Laurent pour en savoir plus.

Cacouna est au 19e siècle une destination de choix pour les familles anglophones fortunées, qui viennent profiter de l’air du large loin de la canicule. Le grand hôtel St. Lawrence Hall, détruit par les flammes en 1903, pouvait accueillir plus de 600 visiteurs. En juillet, la station balnéaire était envahie par 3000 personnes, ce qui, à l'époque, a valu au village le surnom de Newport canadien.

St. Lawrence Hall, Cacouna, QC. Gravure sur bois de John Henry Walker (1831-1899). Musée McCord

Entre 1863 et 1912, l’élite de la société se fait construire de somptueuses villas surplombant le fleuve. L’une d’entre elles se démarque du lot: le Pine Cottage, aussi appelé le Château vert. Ce sont les larges planches de pin qui recouvrent l’extérieur et l’intérieur de la maison qui sont à l’origine du nom.

Photo: Geneviève Sévigny 2011, © MRC de Rivière-du-Loup / MCC

Selon l’inventaire du patrimoine bâti de la MRC de Rivière-du-Loup, «l’édifice n’a probablement aucun comparable au Québec». Et pour cause. La villa érigée en 1863 ou 1867 (les avis divergent sur la question) pour William Markland, un des membres de la célèbre famille Molson, étonne. La tour, les pignons et la façade parée de vert attirent tout de suite le regard.

Photo: Geneviève Sévigny 2011, © MRC de Rivière-du-Loup / MCC

Le Château vert de Cacouna est probablement l’un des premiers exemples d'architecture préfabriquée au Québec. Les pièces détachées, prêtes à être assemblées, ont été envoyées par goélettes de Montréal.

On doit cette maison de villégiature singulière à l’architecte montréalais John James Browne. Il réalise notamment les édifices de la banque Molson avec son père George, lui aussi architecte. Seul, il dessine les plans d’une multitude d’édifices publics, commerciaux et religieux, ainsi que de résidences privées. Celui-ci affectionne particulièrement le style néogothique, comme en témoigne Pine Cottage.

Photo: Geneviève Sévigny 2011, © MRC de Rivière-du-Loup / MCC

La villa imposante emprunte également au courant pittoresque, en s’intégrant au paysage. En 1875, la propriété passe aux mains d’une voisine, Isabelle Ann Allan. Le clan la conserve pendant 27 ans.

Agnes E. Budden, la veuve du banquier montréalais Edwin H. King, achète en 1902 la demeure, qui restera dans sa famille durant 70 ans.

On perd ensuite le fil des propriétaires, mais on sait qu’aujourd’hui encore, la maison a la même vocation. Un média local a d’ailleurs eu la chance en 2010 de visiter les lieux. Les photos valent le détour. On peut notamment y voir le magnifique plafond de pin, l’escalier d’origine et la lumière abondante malgré le bois omniprésent.

De l’ail du Québec à l’année?

Si le Québec est producteur d’ail, comment se fait-il que ce soit surtout l’ail du bout du monde que l’on retrouve en épicerie pendant l’hiver?

Même s’il est possible de produire de l’ail dans notre climat et que sa culture est ici en augmentation, au Canada, les bulbes provenant de Chine, d’Espagne, d’Argentine ou du Mexique représentent encore 70% des ventes.

Un des obstacles principaux pour les producteurs d’ail du Québec, c’est que, comme il est impossible de produire de l’ail à l’année, il faut s’équiper en espaces de conservation sophistiqués si l’on veut écouler pendant plusieurs mois les bulbes récoltés à la fin de l’été.

C’est ce qu’on a décidé de faire à la plus grande ferme au Québec dédiée à cette culture, Une touche d’ail, à Saint-Anicet, en Montérégie. On y cultive sans pesticides trois variétés qu’on écoule ensuite à l’année entre autres dans les IGA et les Marchés Tradition grâce à un partenariat avec Sobeys. L’ail est aussi vendu directement à la ferme du jeune couple, début vingtaine.

Les copropriétaires d'Une touche d’ail, qui cultivent cultive sans pesticides trois variétés d'ail. Photo: Facebook Une Touche d'Ail

Faire suivre la demande

D’autres producteurs pourraient emboîter le pas puisque la culture de l’ail suscite un intérêt grandissant, mais pour ça, il faut que les consommateurs suivent. En effet, l’ail du Québec est souvent plus petit et plus cher que l’ail importé. Cela s’explique par le fait que ces pays n’ont pas à couvrir les coûts liés à la conservation. Les conditions dans lesquelles l’ail est cultivé jouent aussi. «En Chine, la culture de l’ail, c’est le Far West et, pour y être allé, je ne mangerais pas de l’ail de Chine», a dit dans un reportage à ce sujet Denis La France, expert en agriculture biologique, en faisant entre autres référence à l’irrigation qui se fait à partir de rivières polluées.

De son côté, l’ail du Québec est cultivé selon des méthodes approuvées ici et son goût est plus prononcé. Donc, même s’il est souvent plus petit et plus dispendieux, il en faut moins pour que son goût prenne sa place.

De l’ail du Québec partout et à l’année donc? Possible… si le consommateur le veut et fait des choix qui feront augmenter la demande.

Place Gare Viger: la richesse du passé, la promesse de l’avenir

En août 1898, la somptueuse gare-hôtel Viger accueille ses premiers voyageurs. Cent-ving-cinq ans plus tard, la destination renaît sous une nouvelle forme: la Place Gare Viger, qui réunit hôtel, espaces de bureaux et appartements dans un campus urbain.

Méconnu des Montréalais, le château de la rue Saint-Antoine connaît son heure de gloire au tournant du 20e siècle. Il faut toutefois remonter quelques années plus tôt, en 1881, pour comprendre ses origines. Le Canadien Pacifique (CP), dont l’objectif est de relier l’ouest du Canada à Montréal, cherche alors à s’implanter au centre-ville, qui se trouvait à l’époque autour de la place Jacques-Cartier. Cinq ans plus tard, la modeste gare Dalhousie ouvre ses portes.

Gare Dalhousie, Montréal, QC, vers 1880, lithographie d'un artiste inconnu

En 1888, William Cornelius Van Horne prend les rênes de la compagnie. L’ambitieux président veut développer le tourisme ferroviaire. Il négocie avec le maire de Montréal, Raymond Préfontaine, et obtient un terrain assez grand pour construire une gare de prestige face au square Viger. Les travaux commencent en 1896 et les premiers trains entrent en gare le 16 août 1898.

La ressemblance frappante de l’édifice avec le château Frontenac de Québec n’est pas fortuite: les deux portent la signature de l’architecte Bruce Price. Son architecture imposante s’inspire des châteaux de la Loire.

Gare du Canadien Pacifique, " Château Viger ", Montréal, QC, vers 1901, Wm. Notman & Son (1882-1919). Musée McCord

Au rez-de-chaussée, on retrouve la gare et les services pour les passagers. Les 88 chambres de l’hôtel occupent les étages supérieurs, alors que le premier étage abrite le restaurant et sa terrasse. Le coût d’une nuitée? De 3 à 5$. Si le prix semble dérisoire aujourd’hui, il équivaut néanmoins alors au salaire hebdomadaire d’un ouvrier.

En 1912, le bâtiment est complètement converti en hôtel. Bon nombre de personnalités publiques et politiques, dont la famille royale lors de ses visites au Canada, y séjournent. La crise des années 1930 a toutefois raison de l’établissement, qui ferme en 1935.

La ressemblance frappante de l’édifice avec le château Frontenac n’est pas fortuite. Montreal, Hôtel Place Viger. Carte postale. Entre 1919-1934. BAnQ

Entre 1939 et 1950, l’immeuble est occupé par le gouvernement fédéral, notamment pour des fonctions militaires. La Ville de Montréal achète l’hôtel Viger et la gare Berri au début des années 1950 et les convertit en immeubles de bureaux. On y installera le service des Travaux publics. La Ville demeure propriétaire jusqu’en 2006, année où elle vend les bâtiments à des promoteurs immobiliers.

Le groupe immobilier Jesta, propriétaire depuis 2012, a redonné son lustre d’antan au bâtiment. Photo: Courtoisie groupe immobilier Jesta

Le groupe immobilier Jesta, propriétaire depuis 2012, a redonné son lustre d’antan au bâtiment, qui sert notamment de bureau. Ce dernier est maintenant jumelé à un immeuble commercial, 321 appartements résidentiels et l’hôtel Hyatt Centric Montréal, qui comprend 177 chambres.

Une piscine offre une vue sur le Vieux-Montréal. Photo: Courtoisie Jesta

L’élément le plus frappant se trouve toutefois ailleurs. La cour centrale, autrefois un stationnement extérieur, fait le pont entre passé et présent avec finesse. L’escalier donne une vue magnifique sur le château. L’espace public est rempli de verdure et on a reproduit sur les pavés les lignes exactes du chemin de fer.

Action de grâce: célébrer les récoltes

L'Action de grâce est l'occasion de célébrer les récoltes et l'abondance de notre garde-manger. Mais d'où nous vient cette tradition?

On dit que les peuples autochtones du Canada célébraient la récolte automnale bien avant l’arrivée des colons européens en tenant des festins de groupe. On cherche alors à s’assurer de bonnes récoltes grâce à des danses et des rituels.

Les équipages européens qui débarquent en Amérique s’y mettent à leur tour et célèbrent entre autres le fait d’avoir été épargnés des dangers des eaux.

Les habitants de la Nouvelle-France, autour de 1600, se mettent aussi à célébrer la saison, et la fête est officialisée au Canada en novembre 1879. Rapidement, les célébrations s’accompagnent de gibier ou de dinde, alors exclusive à l’Amérique du Nord, puis de courges et citrouilles, des aliments de saison.

Aux États-Unis, les histoires diffèrent selon les sources, mais on pense que le «Thanksgiving» aurait été célébré pour la première fois par des pèlerins au Massachusetts pour célébrer les récoltes de 1621. D’ailleurs, dans le passé, lorsque les récoltes étaient moins abondantes, la fête n’était pas célébrée.

En 1957, on décrète que l’Action de grâce sera célébrée au Canada tous les deuxièmes lundis du mois d’octobre. Photo: Rachel Omnes, Unsplash

La date des festivités a souvent changé, mais en 1957, on décrète finalement que l’Action de grâce sera célébrée au Canada tous les deuxièmes lundis du mois d’octobre, un moment où les activités extérieures sont encore possibles.

Si, au fil du temps, les dates et les rituels de la fête ont été modifiés, le menu, lui, est resté fidèle à ses origines. Aujourd’hui, dans bien des familles, la dinde ouvre le festin de l’Action de grâce, accompagnée de ses compagnons saisonniers: la canneberge, la courge et la pomme de terre en purée. Une tarte à la citrouille ou aux pacanes sert souvent de dessert.

Le dessert du repas de l'Action de grâce est souvent une tarte à la citrouille ou aux pacanes. Photo: Diliara Garifullina, Unsplash

Moins célébrée chez les Québécois francophones que chez les anglophones, l’Action de grâce représente en tous les cas un moment de partage et de remerciement, l’occasion de célébrer ensemble l’abondance et la richesse de notre garde-manger.

Église Notre-Dame-des-Champs: un joyau du patrimoine moderne

Grande gagnante du concours de photos Votre coup de cœur patrimonial 2023 organisé par le ministère de la Culture et des Communications, l’église Notre-Dame-des-Champs ne laisse personne indifférent. Direction Repentigny pour en savoir plus.

Au milieu des années 1950, Repentigny se développe rapidement et a grand besoin d’un nouveau lieu de culte. Pas moins de 450 familles habitent le secteur de la pointe en 1957. Elles étaient seulement 30 en 1951.

Les célébrations ont lieu dans la chapelle d’été Notre-Dame-du-Bon-Secours, mais le froid venu, le curé doit se rabattre sur le gymnase des écoles. Les démarches citoyennes pour établir une nouvelle paroisse commencent en 1955; deux ans plus tard, le cardinal Paul-Émile Léger y concède.

Église Notre-Dame-des-Champs en construction, au cours de l'été 1963 (Livret du Quinzième). notre-dame-des-champs.org

La conception de l’église ne revient à nul autre que Roger D’Astous, un pilier de l’architecture moderne au Québec. Reconnu surtout pour ses résidences privées magnifiques et ses églises excentriques, on lui doit aussi le Village olympique et l’hôtel Château Champlain, tous les deux à Montréal. Son style bien à lui, composé d’audace et d’ambition, lui permet de créer des œuvres qui marquent le territoire.

L'architecte Roger D’Astous, un pilier de l’architecture moderne au Québec, est responsable de la conception de l'église. Photo: Gabor Szilasi, 1965, BAnQ

L’église Notre-Dame-des-Champs, construite entre 1962 et 1963, ne fait pas exception. Surnommée affectueusement «la sacoche» par les résidents de Repentigny, sa forme singulière est aussi comparée à des mains jointes en prière, à la coque d’un navire ou à la lyre du roi David.

L'église est surnommée affectueusement «la sacoche» par les résidents de Repentigny. Photo: Gabor Szilasi, 1965, BAnQ

Ce choix esthétique repose également sur des contraintes physiques. L’épaisse couche de glaise qui compose le terrain ne peut pas supporter une structure lourde. Exit, donc, le béton cher à D’Astous. L’architecte opte cette fois pour une charpente en acier recouverte de bardeaux de cèdre. La salle paroissiale, sur laquelle se pose l’église, se perce de fenêtres qui laissent entrer la lumière naturelle.

La vue de la voûte. Photo: Facebook Paroisse NDDC, Repentigny

À l’intérieur, les fidèles doivent monter un escalier en fer à cheval pour accéder à la nef. Les murs aveugles, immaculés, font oublier qu’il n’y a presque pas d’ouvertures. Le contraste avec les parements de bois et le plafond bleu est frappant. L’ensemble sobre invite à l’introspection.