Photo: Courtoisie

Le « WOW ! » de la semaine

Place Gare Viger: la richesse du passé, la promesse de l’avenir

En août 1898, la somptueuse gare-hôtel Viger accueille ses premiers voyageurs. Cent-ving-cinq ans plus tard, la destination renaît sous une nouvelle forme: la Place Gare Viger, qui réunit hôtel, espaces de bureaux et appartements dans un campus urbain.

Méconnu des Montréalais, le château de la rue Saint-Antoine connaît son heure de gloire au tournant du 20e siècle. Il faut toutefois remonter quelques années plus tôt, en 1881, pour comprendre ses origines. Le Canadien Pacifique (CP), dont l’objectif est de relier l’ouest du Canada à Montréal, cherche alors à s’implanter au centre-ville, qui se trouvait à l’époque autour de la place Jacques-Cartier. Cinq ans plus tard, la modeste gare Dalhousie ouvre ses portes.

Gare Dalhousie, Montréal, QC, vers 1880, lithographie d'un artiste inconnu

En 1888, William Cornelius Van Horne prend les rênes de la compagnie. L’ambitieux président veut développer le tourisme ferroviaire. Il négocie avec le maire de Montréal, Raymond Préfontaine, et obtient un terrain assez grand pour construire une gare de prestige face au square Viger. Les travaux commencent en 1896 et les premiers trains entrent en gare le 16 août 1898.

La ressemblance frappante de l’édifice avec le château Frontenac de Québec n’est pas fortuite: les deux portent la signature de l’architecte Bruce Price. Son architecture imposante s’inspire des châteaux de la Loire.

Gare du Canadien Pacifique, " Château Viger ", Montréal, QC, vers 1901, Wm. Notman & Son (1882-1919). Musée McCord

Au rez-de-chaussée, on retrouve la gare et les services pour les passagers. Les 88 chambres de l’hôtel occupent les étages supérieurs, alors que le premier étage abrite le restaurant et sa terrasse. Le coût d’une nuitée? De 3 à 5$. Si le prix semble dérisoire aujourd’hui, il équivaut néanmoins alors au salaire hebdomadaire d’un ouvrier.

En 1912, le bâtiment est complètement converti en hôtel. Bon nombre de personnalités publiques et politiques, dont la famille royale lors de ses visites au Canada, y séjournent. La crise des années 1930 a toutefois raison de l’établissement, qui ferme en 1935.

La ressemblance frappante de l’édifice avec le château Frontenac n’est pas fortuite. Montreal, Hôtel Place Viger. Carte postale. Entre 1919-1934. BAnQ

Entre 1939 et 1950, l’immeuble est occupé par le gouvernement fédéral, notamment pour des fonctions militaires. La Ville de Montréal achète l’hôtel Viger et la gare Berri au début des années 1950 et les convertit en immeubles de bureaux. On y installera le service des Travaux publics. La Ville demeure propriétaire jusqu’en 2006, année où elle vend les bâtiments à des promoteurs immobiliers.

Le groupe immobilier Jesta, propriétaire depuis 2012, a redonné son lustre d’antan au bâtiment. Photo: Courtoisie groupe immobilier Jesta

Le groupe immobilier Jesta, propriétaire depuis 2012, a redonné son lustre d’antan au bâtiment, qui sert notamment de bureau. Ce dernier est maintenant jumelé à un immeuble commercial, 321 appartements résidentiels et l’hôtel Hyatt Centric Montréal, qui comprend 177 chambres.

Une piscine offre une vue sur le Vieux-Montréal. Photo: Courtoisie Jesta

L’élément le plus frappant se trouve toutefois ailleurs. La cour centrale, autrefois un stationnement extérieur, fait le pont entre passé et présent avec finesse. L’escalier donne une vue magnifique sur le château. L’espace public est rempli de verdure et on a reproduit sur les pavés les lignes exactes du chemin de fer.