Claudette Taillefer, pionnière culinaire

Il y a de grandes femmes qui ont fait avancer la cuisine au Québec. Comme la pétillante sœur Angèle. Comme la grande Rollande Desbois. Et comme la colorée Claudette Taillefer, qui a su entrer pendant 10 ans dans la cuisine et le cœur des gens.

«Les bouchers nous disaient: “Avertissez-nous avant de faire vos recettes!” Quand on décidait de cuisiner des côtes levées à l’émission, le lendemain, tout le monde voulait en faire», racontait l’animatrice dans une entrevue accordée en 2021, qui précisait, qu’en ces temps, les gens cuisinaient les recettes vues à la télévision le soir même ou le lendemain.

Claudette Taillefer a commencé comme styliste culinaire (tout comme sa maman) avec Suzanne Lévesque et Juliette Huot, puis est devenue chroniqueuse aux Trouvailles de Clémence (Desrochers), et animatrice aux Apprentis cuistots, diffusée à Télé-Québec. Ricardo et Josée di Stasio, ça vous dit quelque chose? On raconte qu’ils auraient tous les deux fait leurs premières armes avec Claudette à cette époque.

La passionnée de cuisine se voit ensuite offrir une émission avec sa fille Marie-Josée. C’est ainsi que Bon appétit et, par la suite, Taillefer et fille ont été diffusées à TVA de 1989 à 1999.

Alors que le Québec s’ouvrait à plusieurs nouveautés venues d’ailleurs, «le vinaigre balsamique, le cari, le feta, le lait de coco», mère et fille s’amusaient à découvrir les choses en toute candeur en même temps que les téléspectateurs. Après une période où on avait mis la gastronomie de l’avant, le duo cherchait à rendre la cuisine accessible.

L’authenticité et les fous rires des deux femmes ont aussi certainement contribué à ce qu’elles trouvent leur place dans le cœur des Québécoises (surtout) et des Québécois, qui se sont alors mis à cuisiner. D’ailleurs, leur place dans les médias était si marquante qu’elles ont eu droit à des parodies dans le Bye Bye et par Rock et Belles Oreilles.

Celle qu’on décrit comme une «pionnière du stylisme culinaire» a publié plusieurs livres de cuisine, et c’est sans parler des fameuses fiches recettes qu’on collectionnait dans des boîtiers. Qui s’en souvient?

Improove à la rescousse

Devant l’ampleur du gaspillage alimentaire et la crise financière qui pousse plus de Québécois que jamais à fréquenter les banques alimentaires, Improove, une organisation à but non lucratif (OBNL) québécoise née en 2022, vient prouver qu’il y a des solutions.

D’un côté, il y a la fréquentation à la hausse des banques alimentaires, de l’autre, il y a 11 millions de tonnes d’aliments encore comestibles qui sont gaspillés chaque année au pays. Devant ce non-sens, John, Raphaël et Aurélie ont testé un projet pilote en décembre 2021, avant de se lancer officiellement en 2022.

L’organisme, récemment mis en vedette à l’émission L’épicerie, propose des paniers hebdomadaires de fruits et légumes invendus à 20$ ou 25$. Les denrées sont récupérées chez leurs partenaires avant d’être triées puis distribuées dans des boîtes recyclées. Les clients iront récupérer leur panier à un point de collecte ou se le feront livrer à la maison. Ainsi, l’organisme, basé à la Centrale agricole de Montréal, peut sauver 600 kilos d’aliments en une seule journée.

L’organisme propose des paniers hebdomadaires de fruits et légumes invendus à 20$ ou 25$. Photo: Facebook Improove

Et attention, il faut encore combattre cette idée que les invendus sont des déchets: selon le cofondateur de Improove, on peut facilement jeter une caisse entière de tomates parfaites si une seule du lot n’est plus belle. Les aliments frais qu’on retrouve dans les boîtes ressemblent donc tout à fait à ce qu’on peut trouver sur les étalages.

Malgré tout, on dit que les clients de l’organisme peuvent payer pour leurs fruits et légumes jusqu’à 30% moins cher qu’en épicerie.

On dit que les clients de l’organisme peuvent payer pour leurs fruits et légumes jusqu’à 30% moins cher qu’en épicerie. Photo: Alexandr Podvalny, Unsplash

De plus, pour chaque boîte vendue, une autre est remise à un organisme communautaire afin de lutter contre l’insécurité alimentaire.

Sur le site de l’OBNL, on voit un homme habillé en superhéros distribuer les boîtes d’aliments sauvés. L’image est belle, et il est bon de constater que, parfois, des solutions existent.

Château Arthur-Osmore-Norton: unique en son genre

Des tourelles, des lucarnes, des baies en saillie, une grande galerie et une taille imposante: le château Arthur-Osmore-Norton se démarque à Coaticook. Ajoutez à cela une famille importante dans la région, une invention et de multiples vocations et vous tenez une histoire fascinante.

La demeure bourgeoise sise sur la rue de l’Union est construite par l’entrepreneur Charles Henry Robinson pour l’homme d’affaires Arthur O. Norton en 1912. L’architecte demeure à ce jour inconnu.

On sait toutefois que la résidence s’inspire de différents courants architecturaux. Son volume articulé incluant des baies en saillie et des tourelles et ses éléments plus classiques s’inspirent par exemple du style néo-Queen Anne. Les bardeaux de cèdre peints en brun et les lucarnes à croupe empruntent pour leur part au style Shingle. L’utilisation de pierres des champs, la disposition particulière des pignons et les nombreuses ouvertures en font une maison unique en son genre.

La demeure bourgeoise sise sur la rue de l’Union est construite par l’entrepreneur Charles Henry Robinson pour l’homme d’affaires Arthur O. Norton en 1912. Photo: Facebook Musée Beaulne

La propriété compte plus de trente pièces. Fidèle à l’époque et au statut de ses habitants, l’intérieur se divise en deux corps de logis: la partie nord est réservée à la famille Norton et la partie sud, aux employés.

Sans surprise, les domestiques se contentent d’appartements sobres et peu ornementés. Le rez-de-chaussée des Norton, qui regroupe le hall d’entrée, le salon et la salle à manger, se pare de son côté de riches décorations. Un majestueux escalier mène aux chambres à l’étage.

La résidence reste dans les mains de la famille jusqu’en 1942, année où Mary Helen Norton la cède à l’église anglicane. Photo: BAnQ

Le patriarche y avait aussi son bureau, d’où il dirigeait son entreprise. Arthur Norton fait fortune grâce à un cric de chemin de fer inventé par Frank Sleeper, dont il achète le brevet. Son entreprise peut d’ailleurs se targuer d’être le plus grand fabricant et exportateur de crics au monde en 1891. Il est à la tête de deux manufactures, une à Coaticook et une à Boston.

Le Musée Beaulne occupe l'ancienne résidence depuis 1976. Photo: Facebook Musée Beaulne

La résidence reste dans les mains de la famille jusqu’en 1942, année où Mary Helen Norton la cède à l’église anglicane. L’institution y déménage son pensionnat pour jeunes filles, qui restera ouvert jusqu’en 1968. Durant les sept années suivantes, le bâtiment devient une école et un pensionnat pour des personnes atteintes de déficience intellectuelle.

Le Musée Beaulne l’occupe depuis 1976. Une visite permet d’en apprendre plus sur le château et la famille Norton, et on y tient des expositions temporaires. Le jardin vaut également le détour.

L’alerte, Brigitte Alepin

L’alerte, premier roman de Brigitte Alepin, est un thriller efficace, un polar politique et économique prenant, une excellente histoire marquée par une montée de tension irrésistible et une fiction mettant au centre de l’action l’indépendance du Québec. Des ingrédients bien appétissants!

Brigitte Alepin n’a pas le profil type de l’écrivain. Au contraire! À la lecture de son curriculum vitae, on découvre plus une femme de chiffres qu’une femme de lettres. Baccalauréat en sciences comptables de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), maîtrise en fiscalité de l’Université de Sherbrooke et maîtrise en administration publique, concentration microéconomie, de la prestigieuse Université Harvard. Son expérience et ses interventions publiques ont fait d’elle une des plus influentes fiscalistes de sa génération. Tout cela n’alimente pas nécessairement les dieux de l’imaginaire et de la littérature. Et pourtant!

Frisson littéraire

Nous sommes en octobre 2035, un an après l’accession du Québec à l’indépendance. Cécile Larrivée, l’attachée politique du ministre des Finances, se dirige vers l’aéroport pour quitter le pays. Plutôt pour fuir ce Québec qu’elle aime tant et ainsi freiner la folie qui s’empare du premier ministre et de son gouvernement. Dans quelques heures, elle mettra au jour une politique absurde en révélant les plans secrets pour rationaliser le budget du nouveau pays.

Amie proche du premier ministre Éloi Laliberté, Cécile a participé à la création du pays, faisant du Québec un paradis fiscal pour les entreprises. Devant l’échec de cette mesure, le gouvernement Laliberté veut sabrer dans les dépenses en santé pour équilibrer le budget, au détriment de la vie de certaines catégories de citoyens.

Dans quinze heures, à Paris, elle révélera au monde entier l’horreur des décisions prises par le gouvernement québécois, mais aussi les magouilles politiques et économiques de milliardaires finançant l’accession à l’indépendance de certaines régions du globe pour en retirer des avantages énormes. Glaçants, les dessous de l’organisation de l’alliance regroupant ces pays nouvellement indépendants, mais gérés par des milliardaires véreux, qui s’offrent, avec l’argent du peuple et sous des dehors de générosité, un pays où leur prospérité financière est assurée.

Croyez-le ou non, mais vous serez happés par des concepts qui généralement ne soulèvent pas de passions, comme l’évasion fiscale, les fondations de charité et les politiques économiques des nouveaux pays. Mais en les pimentant avec un peu, beaucoup de chantage, d’extorsion et de menaces à la démocratie, ce sera un frisson littéraire garanti.

Un personnage complexe

Brigitte Alepin a réussi ce pari de prendre un sujet pas nécessairement passionnant et de le transformer en suspense haletant. Que ce soit en avion au-dessus de l’Atlantique ou dans un bateau traversant la Manche, l’héroïne subit toutes les menaces et les craintes que son alerte peut provoquer. L’auteure maîtrise admirablement les codes du thriller: montée graduelle de l’intensité, revirements surprenants, allers-retours éclairants.

Mais l’élément central de ce roman, la pierre d’assise de cette histoire, c’est Céline Larrivée. Quel personnage! Et surtout, quelle complexité! Tout au long du roman, nous apprenons à connaître cette femme sous ses différentes facettes. Tout d’abord, l’idéaliste réaliste, la passionnée qui croit en l’avenir du Québec et qui travaille sans relâche pour son accession à l’indépendance. Ensuite, la technocrate, soutien essentiel et créatif au développement des finances de son pays. L’amoureuse, passionnée. La mère aimante qui protège son fils. Et enfin, la redresseuse de torts, celle qui aura le courage de révéler au monde entier l’infamie au détriment même de sa propre sécurité.

Ce personnage est tellement complexe qu’on oserait espérer la retrouver dans d’autres enquêtes à saveur économique. Une fiscaliste comme personnage principal dans un polar? Pourquoi pas?

Un roman bouleversant

Malgré la froideur que peuvent dégager les mots finance, fiscalité et paradis fiscaux, le lecteur ressort de ce roman bouleversé, ému par les événements décrits. Parce que ça se passe au Québec, chez nous, presque à la porte d’à côté, mais aussi parce que le long chemin vers l’indépendance du Québec, nous le parcourons depuis plus de cinquante ans. Et de voir ce que certains politiciens pourraient faire de ce rêve est franchement déstabilisant.

La dernière page lue, il nous reste à souhaiter que toutes les Cécile Larrivée du Québec aient le courage de cette héroïne et se tiennent debout contre les profiteurs de toutes sortes.

Bonne lecture!

L’alerte, Brigitte Alepin. Éditions Druide. 2024. 246 pages.

Dam, le lait de demain?

Lait de vache, d’amande, d’avoine, de soja, de riz, de coco… Désormais, quand on veut boire du lait, les options sont nombreuses. Et la liste s’allonge encore avec Dam, qui propose un lait concentré auquel il faut ajouter de l’eau. Une première mondiale, imaginée au Québec!

Les laits végétaux qui peuvent remplacer le lait de vache font leur place sur les tablettes des épiciers et dans les cafés depuis quelques années. Leur popularité grandissante s’explique par le fait que leur production nécessite moins d’eau, de grain et d’espace, et engendre moins de gaz à effet de serre que celle du lait de vache et qu’ils sont donc plus écologiques. Ils répondent aussi aux besoins de ceux qui ont des intolérances.

Les laits végétaux connaissent une popularité grandissante depuis quelques années. Photo: Austin Wilcox, Unsplash

C’est en revenant d’Australie qu’Annie Lafleur a l’idée de créer ici un lait d’amandes fraîches avec trois objectifs en tête: faire une boisson savoureuse, créer un produit ayant une courte liste d’ingrédients et travailler sur l’aspect écologique des boissons végétales.

Pour allonger la durée de vie de son produit et pour réduire le volume des emballages, elle développe un lait qu’on fait soi-même à partir de la matière première en ajoutant de l’eau. Résultat, lancé en 2020: une pâte liquide qui a une durée de vie d’un an, faite d’amandes bios venant d’Espagne, de graines de tournesol, de sucre de canne et de sel himalayen. Depuis, une boisson d’avoine québécoise et une autre à saveur d’arachide-chocolat ont suivi.

Dam est un lait qu’on fait soi-même en ajoutant de l'eau à la matière première. Photo: Facebook DAM

Comme les produits Dam sont vendus dans des contenants qu’on peut remplir dans plusieurs épiceries en vrac de la province, ces derniers auront permis d’éviter la production de dizaines de milliers de cartons de lait, selon la fondatrice. Sans parler du coût de transport diminué quand on sait que les boissons végétales sont habituellement composées de 90 à 95% d’eau… qu’il faut transporter.

Plusieurs cafés de Montréal et de l’extérieur ont aussi adopté les boissons Dam. L’engouement s’étend même à l’extérieur du Québec et la boisson nouveau genre peut être bue jusqu’en Ontario, Colombie-Britannique, Saskatchewan et Nouveau-Brunswick.

Est-ce qu’est né au Québec le lait végétal de demain? C’est ce qu’on verra.