La thérapie de la valise de Marta Perego

Ceux qui me fréquentent beaucoup savent que je ne voyage pas léger. Je peux facilement remplir une voiture jusqu’au plafonnier pour un seul week-end, et deux semaines dans un tout inclus, c’est minimum deux valises de 23 kilos, sans parler du bagage à main et de la sacoche… Je devais être une tortue dans une ancienne vie, me promenant avec ma maison au complet sur le dos. Et je ne me dompte pas. Chaque fois, je me promets de ne pas refaire l’erreur, mais rien n’y fait; je dirais même que j’empire. Quand je regarde mes amies, qui ont une petite valise et un mini bagage à main, je ne peux réprimer mon envie de ce sens pratique qui, de toute évidence, m’échappe…! Et pourtant, j’ai voyagé…! J’ai même vécu à l’étranger… Et bien qu’il me soit souvent souvent arrivé de m’en tenir à l’essentiel… ma nature profonde est plutôt du genre deux ou trois valises.

Vous imaginez donc un peu ma curiosité quand j’ai reçu des éditions Michel Lafon ce livre plutôt original, signé par une journaliste italienne, Marta Perego, dont le titre est  La thérapie de la valise, et le sous-titre Montre-moi ta valise, je te dirai qui tu es… Il n’en fallait pas plus pour que j’éclate de rire et que je dévore les 152 premières pages de l’ouvrage, que j’ai terminé de lire depuis. J’allais enfin comprendre ma nature de tortue!

Mais tout de même, 317 pages sur les valises? Vraiment? Mais qu’y a-t-il tant à dire sur le sujet? Voilà un peu le tour de force accompli par Marta Perego. Oui, le livre est truffé d’idées pratiques et de recommandations sur les dimensions, le matériau, la couleur, le style des valises, des sacs de voyage, des bagages de cabine, avec ou sans roulettes, rigides ou souples, et sur la façon de les remplir. Mais c’est bien plus que ça.

Car au-delà de leur aspect pratique, les valises, selon l’auteure, sont le miroir de ce que nous sommes au moment où nous les faisons. Elles varient d’ailleurs d’aspect et de poids selon les périodes de notre vie et nos humeurs. Elles peuvent être chaotiques, trop spartiates, ou terriblement lourdes et encombrantes. Que voulez-vous que votre valise reflète; quelle est la différence entre la valise que vous faites et celle que vous souhaiteriez faire? nous demande l’auteure, qui nous invite à faire une liste qui pourrait se révéler étonnante.

Mais cette pseudo-analyse psychanalytique du bagage n’est pas à mon sens l’angle le plus réussi de l’ouvrage, bien que quelques pistes de réflexion intéressantes s’en dégagent. En fait, Marta Perego aborde dans son livre tous les aspects de la valise, des bagages et des voyages dont elles sont les témoins. Entre les nombreuses références cinématographiques, les passages sur l’histoire des valises, les considérations émotives et pratiques, c’est tout le rapport au partir, à la découverte de l’ailleurs et de soi, aux objets, à la peur de l’inconnu ou à la confiance du voyageur aguerri qui sont abordés, qu’il s’agisse d’un voyage d’affaires ou d’une longue expédition.

L’ouvrage est très européen dans ses références commerciales et affiche un certain sexisme très méditerranéen, mais rien de lourd. Bien sûr, le titre du texte La femme n’est pas l’égale de l’homme vous fera sourciller, mais force est de constater que devant la valise, nous sommes totalement différentes des hommes. Et je me souviens parfaitement d’avoir eu la même admiration que l’auteure devant l’efficacité de Georges Clooney faisant sa valise dans Up in the Air, et le même hochement de tête quand sa collègue, à genou, valise ouverte, élaguait le trop-plein! Qu’il s’agisse du contenu, du rangement ou du transport des valises, nous sommes résolument aussi différents que Mars et Vénus. Le livre s’adresse davantage aux femmes, mais ces messieurs comprendraient beaucoup de choses en le lisant.
Moments forts du livre: de très beaux textes sur de grands voyageurs qui l’ont inspirée. Celui sur sa grand-mère Bruna qui, à la mi-cinquantaine, a entrepris de voir le monde, de l’Afrique à la Grande Muraille de Chine en passant par le Canada. Et cet autre sur son ami Luigi le romancier et cartographe, qui a visité 65 pays et fait plus de 100 voyages.

Toutefois, je me dis en revoyant les yeux pétillants de Luigi qui me parle de ses voyages, que l’important est de ne pas avoir peur. De poursuivre ce qui nous procure une réelle satisfaction. De courir après la profession qui nous attire, la personne avec laquelle nous souhaitons être, la femme que nous désirons devenir.
Et s’il nous arrive de nous rendre compte que nos valises ne font pas l’affaire – qu’elles ne nous plaisent plus, qu’elles nous ennuient, nous attristent, nous déçoivent, absorbent notre énergie –, nous ne devons pas avoir peur de les vider. De jeter leur contenu et de les remplir à nouveau.
Et de marquer un nouveau point sur la carte.
Il y a aussi celui sur son amie blogueuse, ou celui sur le bagage des «hôtesses de l’air» – je vous l’ai dit, il y a quelques décalages culturels, mais rien qui ne vous empêchera d’apprécier l’ouvrage, qui vous entraînera malgré vous vers une introspection plutôt amusante sur votre rapport au bagage, au voyage, celui dont on revient, comme celui de la vie. À ce titre, les réflexions de l’auteure dans le texte sur l’actrice Isabella Ragonese, qui, «comme tous les acteurs, fait un métier à valise», sont très bien ficelés.

Lecture d’été, incontestablement, sans compter que vous y trouverez au fil des pages des astuces vraiment utiles. Fort à parier que vous ne pourrez pas faire votre prochaine valise sans repenser à ce drôle de livre. Entre temps, vous adopterez peut-être cette attitude dont nous parle Marta Perego, la sérendipité, un terme du 18e siècle qui signifie «rencontrer des imprévus en chemin et les accueillir avec toute leur charge positive».

Marta Perego est une journaliste italienne spécialisée dans les rubriques culturelles, littéraires, artistiques et cinématographiques. Elle a commencé sa carrière dans le très réputé magazine Class Life, avant de devenir animatrice télé et de lancer Adesso Cinema, une émission regroupant des interviews, des critiques et des reportages.

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La thérapie de la valise, Marta Perego, éditions Michel Lafon, juin 2018, 317 pages, 24,95$

7 choses que vous ne savez (peut-être) pas sur les fraises et les framboises du Québec

En plein pendant la fête nationale et le début des vacances, les fraises et les framboises font chaque année leur entrée triomphante dans nos assiettes. Synonymes pour plusieurs de plaisirs d’été, il ne faut pas hésiter à les redécouvrir et à les réinventer.

D’ailleurs, depuis quelques années, grâce à un message fort et rafraîchissant véhiculé par la marque Les Fraîches du Québec, j’ai l’impression que les fraises et les framboises d’ici jouissent d’une nouvelle vie. On les voit plus que jamais, on comprend mieux l’importance de les choisir québécoises et on commence enfin à saisir toutes leurs nuances.

Photo: Lance Grandahl, Unsplash
Photo: Lance Grandahl, Unsplash

Voici sept choses que vous ne savez peut-être pas encore à leur sujet:

  • Le Québec est le troisième joueur en importance dans l’industrie de la fraise en Amérique du Nord et le deuxième dans l’industrie de la framboise au Canada.
  • En 2016, il y avait au Québec 524 producteurs de fraises et 568 producteurs de framboises.
  • Malgré la croyance populaire, la fraise n’est pas réellement un fruit. Elle est plutôt le réceptacle devenu charnu à maturité de la fleur du fraisier de la famille des rosacées, qui abrite à sa surface de nombreux petits akènes, les petits grains secs et durs qui sont eux-mêmes les vrais fruits.
  • Notre rapport à la saison des fraises est difficile à changer, mais qu’on se le tienne pour dit: il est fini le temps où la fraise du Québec ne se faisait belle que pendant l’été. Désormais, on peut la savourer jusqu’en octobre grâce aux plants de fraises d’automne cultivés depuis maintenant plus de 20 ans.
  • Puisque la fraise ne mûrit pas après sa cueillette, il faut l’acheter prête à déguster, et comme elle est fragile, la conserver dans un endroit frais. Ensuite, lorsque vient le moment de les savourer, il vaut toujours mieux laver les fruits avant de les équeuter pour éviter que l’eau s’infiltre et altère la saveur.
  • Il est possible de les consommer à l’année, puisque les fraises et les framboises se congèlent très bien.
  • Pour en savoir plus sur le sujet et se laisser inspirer par elles, le nouveau livre Ah, les fraises et les framboises (en toute transparence, auquel j’ai participé) est disponible partout en librairie. On y trouve 80 recettes, des récits de rencontres, des anecdotes, un volet sur l’autocueillette (offerte sur plus de 300 sites!) et un autre sur l’agrotourisme.

Bonne saison!

Panorama Glass Lodge: dormir sous les étoiles en Islande

Imaginez vous étendre dans un confortable lit et avoir, au-dessus de votre tête, une grande baie vitrée qui vous permet de voir le ciel étoilé et, en saison, de magnifiques aurores boréales. C’est ce que vous permet de vivre le Panorama Glass Lodge, en Islande.

Ce n’est plus un secret: l’Islande est une des destinations voyage les plus prisées en ce moment. Des voyageurs du monde entier viennent fouler le sol de ce pays nordique qui fait rêver avec ses volcans, glaciers, bains naturels et plages de sable noir. Si vous pensez vous y rendre prochainement, peut-être voudrez-vous loger dans cet endroit unique.

Photo: Chris Hau
Photo: Chris Hau

Situé à Hvalfjörður (qui signifie fjord aux baleines), à quelques kilomètres de Reykjavik, le Panorama Glass Lodge est un mini-chalet au design épuré.

Photo: Chris Hau
Photo: Chris Hau

Lorsque vous mettez les pieds à l’intérieur, vous avez, d’un côté, une cuisine entièrement équipée avec table à manger et, de l’autre côté, une chambre à coucher dans un igloo de verre.

Photo: Chris Hau
Photo: Chris Hau

Situé en retrait des grands centres, et donc des lumières de la ville, ce mini-chalet est l’endroit tout indiqué pour profiter d’une vue unique sur les aurores boréales (en saison).

Photo: Chris Hau
Photo: Chris Hau

Dans la salle de bain tout en céramique se trouve une grande douche à effet pluie tropicale. Luxe, vous avez dit?

Photo: Chris Hau
Photo: Chris Hau

À l’extérieur, non seulement vous avez une magnifique plage à quelques minutes de marche (apportez vos jumelles et ouvrez grand les yeux, car vous aurez peut-être la chance d’apercevoir des phoques ou des baleines dans l’eau), mais vous avez également un spa pouvant accueillir deux adultes.

Photo: Chris Hau, panoramaglasslodge.com
Photo: Chris Hau, panoramaglasslodge.com

La maison la plus proche du mini-chalet étant située à 300 mètres, le Panorama Glass Lodge vous offre toute l’intimité désirée (même si les murs de la chambre à coucher sont entièrement faits de fenêtres!). Toutefois, si jamais vous en aviez assez des vues à couper le souffle et du ciel à perte de vue, vous avez toujours l’option de fermer les rideaux.

Photo: Chris Hau, panoramaglasslodge.com
Photo: Chris Hau, panoramaglasslodge.com

Tout ce luxe et ce confort ont un prix. En effet, on parle de 379 euros pour une nuit, et une réservation minimale de deux nuits. Ajoutez à cela le prix de location de votre voiture… et cela vous fait une belle facture! Semblerait toutefois que l’expérience intéresse plusieurs voyageurs, car on vous suggère de réserver votre séjour au moins six mois à l’avance.

Photo: Chris Hau, panoramaglasslodge.com
Photo: Chris Hau, panoramaglasslodge.com

L’école des vertiges de Tristan Malavoy

Je ne connais pas beaucoup le travail de Tristan Malavoy, que je connais davantage de réputation, et franchement je ne savais pas trop que penser de ce livre-disque «en forme de carnet de bord», comme disait le communiqué. Jusqu’à ce que je comprenne que L’école des vertiges est en fait quasiment un recueil de poésie, et vous connaissez mon penchant pour les poètes, alors… j’ai mis le CD et ouvert le livre. Surprise: des chansons, certes, mais qui tiennent plutôt de la poésie déclamée sur mélodie, avec en prime des textes superbement écrits.

Je vous le propose dans cette série Livres d’été, car pour apprécier ce genre de textes et la poésie, la langueur et la lenteur des beaux jours sont tout indiquées. Les chansons sont tout en douceur comme un coucher de soleil. Si vous ne pratiquez pas beaucoup la poésie, dites-vous que ce sont des textes de chansons que vous pourrez en prime écouter. Coups de cœur pour Baïkal-amour, La machine à aimer et Ma petite fenêtre, et peut-être aussi pour Elle cueillait des cosmos.

Elle cueillait des cosmos
En écoutant Kosma
Pendant que moi
Je tombais au combat
Au combat de l'amour
Qu'elle ne me donnait pas
Elle cueillait des cosmos
Je restais planté là

                                                                     - Elle cueillait des cosmos

Entre les textes de ses chansons-poèmes, Tristan Malavoy se livre, dévoile le chemin de ses inspirations, de ces instants où les mots viennent. On a un peu l’impression de regarder l’auteur composer, comme un accès un peu indiscret à l’arrière-scène.

En fait, c’est un regard sur le carnet de voyage ou de route, genre de journal intime de l’auteur qui traverse des villes et des pays, mais aussi la vie et ses détours, de ses quêtes et de ses chagrins.

               (…) on me permettra le clin d’œil à son Albatros, dont la dernière strophe est à la fois l’une des plus terribles et des plus fortes des «Fleurs du mal»:

                               Le Poète est semblable au prince des nuées
                             Qui hante la tempête et se rit de l’archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

 Si le poème est dédié non pas aux amoureux tombés, mais aux poètes soumis aux aléas de la vie terrestre et à l’incompréhension de leurs contemporains, j’aime bien ce parallèle entre les deux, celui ou celle qui doit refermer le livre de ses passions ayant quelque chose de ces maîtres des hauteurs dont les larges ailes, après qu’ils sont tombés sur le pont, deviennent un triste encombrement.

 Quelle entrée en matière pour cette chanson poème dans laquelle Tristan Malavoy demande :

                             La machine à aimer
                              On répare ça comment?
-La machine à aimer
                                                               

 Peu de chances, je crois, que vous entendiez les chansons de cet album à la radio commerciale. Mais pour la beauté des textes, l’album vaut le détour. Musicalement, je ne m’y connais pas assez pour en faire une critique. Je mettrais un bémol sur la diction et sur quelques mélodies plus tortueuses, mais l’ensemble s’écoute tout en douceur.

Et j’ai bien aimé cette idée de l’auteur qu’il faut plus qu’une simple pochette, un concept aujourd’hui dépassé selon lui, n’en déplaise aux puristes. Il faut un livret, des textes qui expliquent et qui parlent de leur création. Un petit bémol sur le choix graphique de l’éditeur, le choix des très gros caractères pour les débuts de texte m’a plus dérangée qu’accrochée. Pour le reste… c’est tout à fait indiqué pour vos matinées ou fins de journée de vacances…

 

Tristan Malavoy a fait paraître des poèmes, des disques mêlant la chanson et le spoken word et Feux de position, un recueil de chroniques (Somme toute, 2017). Il est aussi l'auteur du roman Le Nid de pierres (Boréal, 2015).

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L’école des vertiges, Tristan Malavoy, Éditions Hexagone et Audiogram, avril 2018, 64 pages et 1 CD, 29,95$

Cultive ta ville: cultiver l’agriculture urbaine

Il y a plus de 1300 initiatives d’agriculture urbaine au Québec, parmi lesquelles des jardins, bien sûr, mais aussi des houblonnières, des ruchers, des poulaillers et des bibliothèques de semences, qui vont de Salaberry-de-Valleyfield à Sept-Îles en passant par Boucherville, Montréal et Laval. C’est le genre d’informations que répertorie le nouveau portail Cultive ta ville.

Destiné aux jardiniers amateurs, aux groupes communautaires, aux enseignants et aux municipalités, le site Cultive ta ville, lancé au début du mois de juin, répertorie l’ensemble des initiatives en matière d’agriculture urbaine à travers la province en plus d’offrir un fil d’actualités lié au sujet.

Réalisé par le Laboratoire sur l’agriculture urbaine avec l’aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), le site cherche à sensibiliser les citadins à l’agriculture et à éduquer les consommateurs sur les différents modes de production possibles des aliments en milieu urbain. Cultive ta ville vient répondre à la Politique bioalimentaire annoncée en avril dernier et qui nomme le développement de l’agriculture urbaine comme l’une des pistes pour renforcer la synergie entre les territoires et le secteur bioalimentaire. En d’autres mots, si les citoyens comprennent mieux la façon dont sont produits les aliments qui se trouvent dans leur assiette, cela pourrait contribuer à stimuler leur intérêt pour l’agriculture de proximité et l’achat local, croit-on.

Ainsi, sur une carte du Québec du nouveau site Internet, les agriculteurs urbains peuvent eux-mêmes inscrire leur initiative et s’inspirer d’autres projets. Des sections proposent même des conseils pour créer une biodiversité urbaine chez soi et expliquent tout ce qu’il faut savoir pour bien préparer son jardin. À vos pelles et râteaux!

Photo: Chu Tai, Unsplash
Photo: Chu Tai, Unsplash