Quels critères influencent le prix des bouteilles de vin?
Au même titre que certaines personnes peuvent dépenser des milliers de dollars pour une voiture ou pour une œuvre d’art, il y a des collectionneurs de vins qui sont prêts à mettre une somme considérable pour posséder un grand cru dans leur cave. Mais quels critères influencent le prix des bouteilles?
Le vin le plus cher au monde
En 2018, selon Wine Searcher, l’un des plus importants sites de recherches et d’informations sur le vin, la bouteille la plus chère au mondese détaillerait autour de 18 000$ US (Domaine de la Romanee-Conti Romanee-Conti Grand Cru, Cote de Nuits, France). Il ne s’agit là que de la valeur estimée puisque certains vendeurs demanderaient même cinq fois plus cher, soit jusqu’à 93 000$ US. Bien que plusieurs croient que Bordeaux est derrière cette bouteille, c’est plutôt la Bourgogne qui est en tête de liste lorsqu’il est question des vins les plus chers au monde. La prestigieuse région est ensuite suivie de l’Allemagne, de Bordeaux, de la vallée de Napa et de la Champagne.
Comment déterminer les prix?
Il y a de nombreux critères qui influencent le prix d’une bouteille. Le premier est la notoriété. L’histoire commence avec le classement de 1855 des vins du Médoc. Ce premier classement officiel hisse alors la réputation de 58 vins à un plus haut niveau. Depuis 1982, il y a aussi le système de pointage (sur 100) donné par le célèbre critique en vins Robert Parker du Wine Advocate Magazine. Ainsi, plus un vin se classe bien et devient populaire, plus il se construit une réputation solide qui peut faire augmenter son prix.
Le deuxième critère qui influence les prix est l’offre et la demande. Oui, il existe des gens fortunés susceptibles de dépenser 20 000$ pour une bouteille de vin! Tant que les vins se vendront, il y a peu de chances que les prix diminuent.
Le troisième critère: les coûts de production. En Champagne, par exemple, acquérir un petit lopin de terre coûte les yeux de la tête – jusqu’à 1 million d’euros pour un hectare de vigne. La production de ces bulles nécessite aussi plusieurs étapes, contribuant ainsi à augmenter les coûts. Dans la catégorie des vins liquoreux, il faut un grand volume de raisins pour produire une toute petite quantité de moût. Qui plus est, certains terroirs sont plus capricieux que d’autres. Forcément, là où les sols, le climat et la disposition des vignes apportent leurs lots de difficultés, les coûts de production seront plus élevés et le prix de la bouteille sera ajusté en conséquence.
Le phénomène de rareté exerce aussi une influence sur le prix. Ce qui est unique et difficile d’accès prend automatiquement de la valeur. Une cuvée dont seule une petite quantité a été produite se vendra plus cher sur le marché, de même que les dernières bouteilles d’un vigneron légendaire qui nous aurait quittés. Un exemple? Les vins du célèbre vigneron bourguignon Henri Jayer, décédé en 2006, se sont vendus aux enchères en juin dernier à des prix faramineux.
Le millésime est un autre facteur. Certaines années de récolte sont considérées comme exceptionnelles. Souvent, l’objectif des collectionneurs est de faire des verticales, c’est-à-dire une dégustation d’un même vin, mais de plusieurs millésimes différents. Nombre d’entre eux sont donc prêts à payer cher pour embellir leur collection.
Finalement, les grands formats (magnum, jéroboam, etc.) ont beaucoup de valeur puisque le vin s’y bonifie mieux avec le temps.
Quel est votre profil de consommateur?
Maintenant, à la fameuse question «est-ce que ça vaut vraiment la peine de payer une bouteille à ce prix?», la réponse dépend de votre profil de consommateur (amateur, collectionneur ou consommateur occasionnel). Est-ce que tout le monde verrait la différence entre un vin cher et une piquette? Probablement pas! Il faut savoir que notre tête et notre état d’esprit influencent beaucoup notre dégustation. Plusieurs expériences ont été réalisées à cet effet. Par exemple, dans l’une d’entre elles, on présentait à un panel de dégustateurs une bouteille d’un grand cru dans laquelle avait été transvidé un vin d’entrée de gamme et vice-versa. Plusieurs ont été trompés.
Ce qui fait la qualité d’un vin, c’est sa finesse, sa pureté, son équilibre, sa longueur et son expression du terroir. Cependant, il est aussi possible de retrouver ces caractéristiques dans un flacon à prix plus abordable. En fait, ce qui justifie que vous y mettiez une telle somme, c’est bien sûr votre budget, et une grande passion pour le domaine vinicole.
En terminant, si le sujet a piqué votre curiosité, sachez que certains restaurants du Québec, à diverses occasions durant l’année, choisissent d’ouvrir une bouteille mythique et de la vendre à l’once. C’est d’ailleurs le cas du Coureur des bois, à Belœil. Mentionnons que la cave à vin de ce restaurant a reçu récemment une distinction du Wine Spectator. Si vous n’y êtes pas déjà allés et que vous êtes amateurs de vin, ça vaut le détour!
Pour rester dans la thématique, mais tout de même raisonnable, je vous laisse sur une suggestion d’un vin rouge californien qui fera le bonheur de tous. Tant les amateurs de cabernets sauvignons charnus que les adeptes d’élégance seront charmés par ce vin qui allie merveilleusement bien les deux. Sortez les pièces de bœuf Wagyu et ouvrez une bouteille de Napa Valley.
Heitz Cellars Napa Valley Cabernet-Sauvignon 2013. Vin rouge, 750 ml. 84,75$.
Santé!