Suggestions pour un week-end culturel en mode virtuel
Dans son édition de samedi, La Presse+ révélait que les webdiffusions de spectacles connaissaient un bon succès au Québec. Tant mieux, ça veut dire que le public a un appétit pour du contenu culturel, même à domicile. Ça tombe bien, l’offre est là. Le web permet même de sauver des films du naufrage. Voici mes suggestions pour cette semaine.
VU: Les nôtres de Jeanne Leblanc
On ne compte plus le nombre de sorties retardées en raison de la fermeture des salles de cinéma ou celui des productions qui n’ont pas rencontré leur public. C’est le cas du film Les nôtres de Jeanne Leblanc qui n’a pas eu la carrière en salle qu’il aurait mérité après une première remarquée en ouverture des Rendez-vous Québec Cinéma en février 2020. Le distributeur opte cette semaine pour une sortie numérique sur la plateforme du cinéma Moderne. C’est le temps de se rattraper.
Il y a un avantage à cette sortie discrète: le mystère entourant l’histoire de ce film est demeuré plutôt intact. Pour apprécier l’intrigue, c’est primordial de ne pas en savoir trop. À cet égard, comptez sur moi, et sur la bande-annonce qui entretient un flou salutaire.
Les nôtres est ce genre de film dont le canevas se détricote lentement, nous amenant de surprise en surprise.
L’histoire est campée dans une banlieue anonyme où la vie est lisse, mais les préjugés sont tenaces, et les apparences, trompeuses.
Le personnage principal est une jeune adolescente qui ne parle pas beaucoup, au grand désespoir de sa mère qui n’arrive pas à comprendre ce qui se passe dans la tête de sa fille. Orpheline de père depuis peu, Magalie mène un combat beaucoup trop grand pour ses 13 ans; elle doit préserver un secret qui mine sa vie. Ne pas respecter son serment pourrait avoir un impact dévastateur sur son entourage.
Émilie Bierre (qu’on a vue dans un rôle un peu semblable d’adolescente tourmentée dans le film Une colonie) tient le film sur ses épaules avec brio. Pratiquement de toutes les scènes, elle parvient à nous faire ressentir la douleur d’un silence imposé.
La jeune comédienne, qui avait 14 ans au moment du tournage, est bien entourée par deux actrices que je connais peu, et qui ont plus d’une corde à leur arc. Marianne Farley, qui tient le rôle de la mère, agit aussi comme productrice, et Judith Baribeau, qui incarne la voisine, est créditée comme scénariste. Paul Doucet complète le quatuor d’acteurs principaux. Il saura encore une fois vous étonner.
Pour peu que vous suiviez l’actualité, vous trouverez dans Les nôtres un écho à une situation qu’on a longtemps tue, mais que plusieurs ont entrepris de mettre au jour avec fracas. Vous comprendrez quand vous aurez vu le film…
Les Jardins d’Espagne de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières
Vous rêvez d’Espagne, mais savez qu’un voyage au pays de La belle de Cadix n’est pas pour demain? L’Orchestre symphonique de Trois-Rivières vous propose ses Jardins d’Espagne en guise de consolation. Il s’agit d’un concert qui vous fera voyager en musique.
Au programme: Capriccio espagnol de Nikolai Rimski-Korsakov, Le Tricorne, suite no 2 de Manuel de Falla, la suite Estancia de Alberto Ginastera, et En El Escuro es Todo Uno de Kelly-Marie Murphy. L’OSTR est dirigé par Jean-Claude Picard et les solistes invités sont la harpiste Valérie Milot et le violoncelliste Stéphane Tétreault, deux musiciens qui travaillent souvent et bien ensemble. L’enregistrement, réalisé en septembre à la salle J.-A.Thompson de Trois-Rivières, est disponible en ligne jusqu’au 6 février au coût de 15$.
Un Vive la France au hautbois et au piano
Vous préférez une incursion en France? J’ai pour vous un concert intitulé Vive la France présenté par Pro Musica dans le cadre de sa série Mélodînes.
Mélissa Tremblay (hautbois) et Olivier Hébert-Bouchard (piano) interprèteront des œuvres des compositeurs français Camille Saint-Saëns, Maurice Ravel, Olivier Messiaen, Eugène Bozza, Gilles Silvestrini… et de l’italien Ennio Morricone (une pièce pour hautbois de la bande sonore du film The Mission). La prestation a été captée par Livetoune le 2 décembre dernier à la Chapelle historique du Bon Pasteur et sera disponible en ligne du 31 janvier au 14 février au coût de 15$.
Un concert réunissant mari et femme à l’OSM
Au début du mois, on a pu faire connaissance avec le nouveau directeur musical de l’Orchestre symphonique de Montréal, Rafael Payare. C’est maintenant le temps de découvrir sa femme, Alisa Weilerstein, une violoncelliste de renom.
Le 2 février, ils seront réunis sur la scène de la Maison symphonique de Montréal pour un concert qui inclura entre autres le Concerto pour violoncelle no 2 en sol majeur, op.126 de Chostakovitch et la Symphonie no 7 en ré mineur, op.70 de Dvorak. Le concert sera diffusé en direct et demeurera ensuite disponible en ligne pour 14 jours, jusqu’au 16 février. Prix du billet: 23$.
Alisa Weilerstein est native de Rochester dans l’État de New York et vit présentement à Berlin avec son mari et sa fille. Elle vient d’une famille de musiciens. Sa mère (Vivian Hornick) est pianiste, son père (Donald Weilerstein, fondateur du Quatuor de Cleveland) et son frère (Joshua) sont violonistes. En plus de sa réputation comme musicienne accomplie, vous allez certainement entendre parler de son engagement pour la cause du diabète de type 1, une maladie qui lui a été diagnostiquée à l’âge de 9 ans et dont elle parle volontiers pour la démystifier.
L’atterrissage en duo de Marc Déry
Dans un genre plus pop, le Théâtre Outremont accueillait le 28 janvier l’auteur-compositeur-interprète Marc Déry. La captation de ce spectacle est offerte en rediffusion les 29 et 30 janvier au prix de 20$.
Accompagné du contrebassiste Pierre-Luc Cérat, Marc Déry revisite en mode acoustique un répertoire plein de pépites, bâti sur plus de 20 ans de carrière. Depuis l’époque de Zébulon, Marc Déry n’a jamais été ennuyant sur une scène.