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5 bâtiments iconiques signés I.M. Pei

Le monde de l’architecture est en deuil. Le grand Ieoh Ming Pei s’est éteint le 16 mai à 102 ans. Il laisse en héritage certains des bâtiments les plus emblématiques du monde. En voici cinq qui ont marqué sa carrière — et les villes qui les abritent.

La carrière prolifique d’I.M. Pei s’est étalée sur plus de 60 ans. L’architecte sino-américain a fait sa marque dans plusieurs villes du monde et son travail lui a valu de nombreuses accolades, dont le Pritzker (le Nobel de l’architecture) en 1983. En recevant le prestigieux prix, Pei avait résumé sa vision ainsi: «L’architecture est un art pragmatique. [Elle] doit être fondée sur la nécessité. Pour moi, la liberté d’expression consiste à évoluer entre les limites que je fixe pour chacun de mes projets».

L’architecte moderniste, qui a été l’un des élèves du père du Bauhaus, préconisait la simplicité et aimait les contrastes. Les musées, hôtels et autres immeubles conçus par I.M. Pei reflètent son penchant pour les lignes géométriques pures, mais puissantes et la lumière y est toujours bien pensée.

Le grand architecte Ieoh Ming Pei s’est éteint le 16 mai à 102 ans. Photo: Facebook Ieoh Ming Pei

Place Ville Marie (Montréal - 1962)

Quelques années après avoir fondé son cabinet, I.M. Pei a conçu la Place Ville Marie, qui n’a vraiment plus besoin de présentation au Québec. Il s’agit de l’un des premiers bâtiments achevés par Pei en partenariat avec son associé, Henry N. Cobb. À l’époque, il faisait partie des plus grands gratte-ciels du monde, à l’exception des États-Unis. L’édifice en forme de croix a transformé le paysage urbain de Montréal. Encore aujourd’hui, la Place Ville Marie, qui était très innovatrice pour son temps, demeure l’un des meilleurs exemples du style international.

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Pyramide du Louvre (Paris - 1989)

L’un des bâtiments les plus connus de Pei est sans aucun doute la pyramide du musée du Louvre. C’est le Président français qui l’a lui-même invité à transformer la prestigieuse institution, après avoir été impressionné par son travail à la National Gallery of Art de Washington.

Ça ne veut pas dire que sa réalisation s’est faite sans heurts. L’idée d’implanter une structure de verre et de métal au milieu de la cour Napoléon a soulevé l’ire des Français. La pyramide a été décriée pendant des années avant et après sa construction. La solution de Pei, qui a permis de réduire la congestion dans les galeries et d’élargir la collection du musée tout en combinant l’ancien et le nouveau avec brio, est depuis devenue un symbole de Paris.

Photo: © Marc Riboud Facebook Musée du Louvre

Tour de la Banque de Chine (Hong Kong - 1989)

À Hong Kong, il est impossible de ne pas remarquer la tour de la Banque de Chine. Le gratte-ciel en verre et en acier de 72 étages se démarque toujours 30 ans plus tard dans l’horizon de la ville. Le bâtiment érigé dans un socle de granit compte quatre tours triangulaires de hauteurs différentes. On peut admirer le ciel et les lumières de la mégapole dans sa façade.

Les traditionalistes chinois ont réservé un accueil plutôt froid à l’immeuble de 367,4 mètres, qui n’aimaient pas ses angles pointus. Le projet revêtait néanmoins une signification particulière pour I.M. Pei. Il l’a entrepris en l’honneur de son père, qui a déjà été directeur de la banque. La conception se voulait un symbole de la culture chinoise revitalisée.

Photo: LERA Engineering. Wikimedia.org

Rock and Roll Hall of Fame (Cleveland - 1995)

Dans le curriculum du grand architecte, le Rock and Roll Hall of Fame a de quoi surprendre. I.M. Pei a d’abord refusé la commande, mais il a fait ses devoirs lorsqu’il a finalement accepté le défi. Il a assisté à divers concerts rock en compagnie du cofondateur et éditeur du magazine Rolling Stone et il a visité le Graceland d’Elvis Presley.

Pour exprimer l’esprit de la musique, le bâtiment est formé de formes juxtaposées qui ont été fusionnées pour créer un ensemble unifié. Un volume circulaire se balance au-dessus du lac tandis qu’une structure en pente, qui ressemble à une grande tente en verre, s’appose sur une tour de 165 mètres de haut.

Photo: Tony Fischer, Flickr

Musée d’art islamique de Doha (Qatar - 2008)

Ce musée est le dernier chef-d’œuvre de Pei. Le bâtiment construit sur une île artificielle a ouvert ses portes alors que l’architecte avait 91 ans.

Inspiré des motifs prédominants dans l’architecture islamique classique, le complexe géométrique de cinq étages consiste en différents volumes empilés les uns sur les autres. L’imposant immeuble en calcaire blanc s’impose dans le paysage, mais s’intègre néanmoins dans son environnement. Au nord, la façade se compose d’un mur-rideau en verre qui offre une vue imprenable sur le golfe et la région.

Photo: Facebook Museum of Islamic Art (MIA)

Des idées un peu folles pour la ville de demain

Alors que l’ONU prévoit que 68% de la population mondiale vivra en zone urbaine d’ici 2050, architectes et planificateurs municipaux rivalisent d’originalité pour régler les problèmes de logement et de densité auxquels devront rapidement faire face les villes.

De Hong Kong à Londres, les grandes villes du monde sont aux prises avec de nombreux défis reliés à l’urbanisation, notamment en matière de logement et de transport. La plupart des plans proposés se rangent du côté traditionnel, mais certains penseurs n’hésitent pas à sortir des sentiers battus quand vient le temps de trouver des solutions. En voici quelques-unes qui sont hors du commun.

La fin des maisons unifamiliales?

Minneapolis deviendra la première grande ville américaine à mettre fin au zonage des maisons unifamiliales. Le conseil municipal a en effet adopté Minneapolis 2040, un plan visant à autoriser les triplex dans les quartiers résidentiels de la ville. Ce qui semble en apparence uniquement un changement de zonage est pourtant important: celui-ci permettra dans la foulée la construction d’immeubles à haute densité le long des corridors de transport en commun et supprimera les minimums de stationnement pour toutes les nouvelles constructions.

Le déploiement du projet prendra plus d’un an, mais en autorisant la construction de multiplex dans d’autres quartiers, il devrait à terme créer de nouvelles options de logement pour les locataires et les personnes vieillissantes, tout en réduisant le déplacement des résidents à faible revenu. Le plan n’a pas non plus été improvisé. Ce dernier est le fruit de trois ans d’effort et il intègre plus de 10 000 commentaires des citoyens.

Une illusion

Comment densifie-t-on une ville sans coincer les gens comme des sardines? C’est une des questions auxquelles les étudiants du programme de maîtrise Laboratoire de recherche sur le design à la London’s Architectural Association School of Architecture veulent répondre.

Pour le centre de Londres (ou Inner London, un ensemble de districts au cœur de la capitale britannique), un groupe d’étudiants propose une solution qui permettrait selon eux d’héberger jusqu’à 4 000 personnes par hectare dans des zones qui n’en hébergent actuellement que 1 500, sans pour autant que les habitants se sentent à l’étroit. En utilisant des formes courbes complexes pour transformer des structures unifamiliales en logements partagés, les futurs architectes donneraient une illusion d’espace. Le concept est difficile à expliquer, mais les images sont prometteuses.

Photo: Design Research Laboratory.

Des cabanes dans les arbres… à Londres

Toujours à Londres, l’architecte Matthew Chamberlain propose de son côté une idée beaucoup plus farfelue, les «Street Tree Pods». Ces structures en bois, qui ressemblent à des canots tordus, sont conçues pour fusionner avec les arbres de la ville. Chaque cabane, qui occuperait le même espace qu’une place de stationnement, fournirait un hébergement de courte durée pour une personne. Selon l’architecte, ce serait le logement idéal pour les étudiants, les jeunes professionnels ou même les sans-abri.

L’unité comprendrait quatre étages. Le premier serait consacré aux appareils, comme le réservoir d’eau de pluie et les pompes, alors que le second abriterait une cuisine, un salon, une salle de bains et un balcon. Au troisième étage, on retrouverait une douche, un espace de travail et du rangement. La chambre occuperait pour sa part le dernier niveau.

L’architecte estime que son projet pourrait augmenter la verdure et le nombre de logements à Londres, tout en permettant aux résidents d’être entourés par la nature. Le tronc d’arbre traverserait le cœur de chaque structure pour assurer sa stabilité, tandis que les feuilles feraient de l’ombre.

La vie en tube

Pour James Law Cybertecture, le logement du futur ressemble à un tube de béton. Pour atténuer les problèmes de logement abordable à Hong Kong, le studio a imaginé l’OPod, une micro unité de logement expérimentale à faible coût. Le projet transforme une conduite d’eau en béton en appartement pour une personne (ou deux amoureux qui n’ont pas besoin d’espace personnel!). Dans seulement 100 pieds carrés, on retrouve des espaces de vie, où le banc se transforme en lit, une cuisine et une salle de bain.

La structure pèse une tonne, évidemment, mais elle requiert peu d’installation. Les tubes peuvent aussi être reliés les uns aux autres et empilés facilement pour en faire une communauté modulaire. Les concepteurs soulignent également que ce type de logement pourrait être érigé pratiquement n’importe où, même dans une ruelle étroite. Si le projet voit le jour, un OPod devrait coûter 20 000$.

Photo: Facebook James Law Cybertecture

Notre-Dame de Paris: comment restaurer ce joyau architectural?

Après l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, architectes et élus s’interrogent sur le meilleur plan à suivre pour reconstruire ce trésor du patrimoine mondial. Alors que certains préconisent une restauration à l’identique, d’autres préféreraient qu’on se tourne vers l’avenir.

Moins de 48 heures après le terrible événement, le premier ministre français, Édouard Philippe, a annoncé son intention de lancer un concours international d’architecture. Celui-ci devra «trancher la question de savoir s’il faut reconstruire une flèche à l’identique ou s’il faut se doter d’une nouvelle flèche adaptée aux techniques et enjeux de notre époque». Il n’en fallait pas plus pour ouvrir le débat.

Patrick Ponsot, l’architecte en chef des monuments historiques, croit pour sa part que l’on sous-estime la complexité de la restauration. Il indique notamment que si l’on décidait de reconstruire la même chose, une immense quantité de chênes – pas moins de 1300 arbres – serait requise, en plus d’un long délai pour sécher tout ce bois. Rappelons également que la flèche haute de 93 mètres, construite en bois et recouverte de plomb, d’Eugène Viollet-le-Duc était déjà une nouvelle version de celle disparue vers 1792.

Le directeur du programme de préservation de l’Université Columbia, Jorge Otero-Pailos, soulignait aussi en entrevue avec Curbed que même si une restauration semblable en tous points est techniquement faisable, le savoir-faire de l’époque serait perdu. «Les objets et les bâtiments du patrimoine nous permettent surtout de nous connecter avec le passé. La continuité sera brisée», disait-il.

Redonner à la cathédrale son lustre d’antan en seulement cinq ans – l’objectif fixé par le président de la République, Emmanuel Macron – représentera dans tous les cas tout un défi. La question ne se réglera pas tout de suite, mais voici quand même quelques-unes des propositions qui ont déjà été dévoilées.

Un projet contemporain

Pour la firme Godart + Roussel Architectes, basée à Dijon, l’idée de tout remettre comme avant «serait certes réconfortante, mais catastrophique d’un point de vue intellectuel». Leur projet, que l’on peut voir sur leur page Facebook, est donc résolument contemporain.

Ils ont imaginé un toit composé de panneaux vitrés et de tuiles en cuivre. À la croisée du transept, en lieu et place de l’ancienne flèche, le plancher vitré s’ouvrirait sur l’intérieur de l’église en contrebas. La toiture, elle, deviendrait accessible au public. Le nouvel étage abriterait des vestiges de l’ancien monument, des explications sur l’histoire de Notre-Dame, de même que des photos et des vidéos d’archives.

La proposition, qui de l’aveu même des architectes ne se fera certainement jamais, a été reçue avec beaucoup de scepticisme, mais également quelques commentaires enthousiastes. En entrevue avec l’Obs, l’architecte associé Pierre Roussel a expliqué que leur concept, élaboré en un après-midi, pourra être peaufiné afin d’être présenté au concours d’architecture.

Norman Foster, un des architectes britanniques les plus connus dans le monde, prône aussi un design fait de verre. Il suggère que la flèche de la nouvelle cathédrale soit «une œuvre d’art sur la lumière». Celle-ci devrait être «contemporaine, très spirituelle, et capturer l’esprit confiant du temps».

La majorité des internautes semble se dresser contre le concept. N’empêche, un ajout de verre rappelle un peu la pyramide du Louvre. La structure de verre et de métal, qui tranche nettement avec l’architecture classique qui l’entoure, est devenue indissociable du musée.

Le projet de reconstruction proposé par la firme Godart + Roussel Architectes. Image: Facebook Godart + Roussel Architectes

Des matériaux d’aujourd’hui

Jean-Michel Wilmotte, à qui l’on doit notamment l’église russe à Paris, penche également en faveur de la construction d’une nouvelle flèche qui ne serait pas une simple reproduction de celle érigée au 19e siècle. «Il pourrait y avoir des citations de Viollet-le-Duc», ajoute néanmoins l’architecte.

Celui-ci croit qu’il faut respecter l’ancienne volumétrie, son élancement, mais utiliser des matériaux bien de notre temps, comme le titane et le verre. «La couverture qui était à l’époque en plomb, on pourrait la substituer à une couverture de titane, qui est trois fois moins lourd que le plomb et qui aurait un aspect similaire», a-t-il suggéré à franceinfo.

Ces propositions modernes irritent Robert Adam au plus haut point. Le fondateur et directeur d’Adam Architecture milite dans le Guardian pour une reconstitution la plus fidèle possible. «Les architectes ont cette idée idiote que parce que la technologie change, l’architecture doit refléter ces changements. Mais la culture – notre façon de penser, comment nous nous identifions – ne va pas vite. En fait, elle change très, très lentement. Et confondre ces deux choses est une grave erreur. Ils devraient faire ce qu’ils ont fait à York [Minster, qui a subi un incendie similaire en 1984, NDLR] et tout remettre de manière à ce que personne ne le remarque.»

En fin de compte, il sera intéressant de voir quelle proposition sera sélectionnée. Fera-t-on hommage au passé ou, au contraire, profitera-t-on de la tragédie pour ancrer la cathédrale dans le 21e siècle? Chose certaine, Eugène Viollet-le-Duc pouvait s’estimer heureux de ne pas vivre à une époque où les médias sociaux alimentaient le débat, même si son design avait soulevé la controverse. La pression sur ses épaules était sûrement moins grande.

Le Bauhaus, centenaire fringant

Le 1er avril 1919, l’école allemande Bauhaus voit le jour à Weimar. 100 ans plus tard, le courant avant-gardiste est de retour dans sa ville natale, grâce au nouveau musée qui lui est consacré. Coup d’œil sur ce mouvement qui continue d’influencer l’architecture et le design d’aujourd’hui.

Qu’est-ce que le Bauhaus?

Fondée par l’architecte allemand Walter Gropius, l’école du Bauhaus, que l’on traduit littéralement par «la maison de la construction», a jeté les bases de l’architecture et du design modernes. Mais le Bauhaus, c’est bien plus que ça.

Son premier directeur espérait abolir les frontières et la hiérarchie entre les disciplines, qu’il s’agisse de l’architecture, du design, de la photographie, du costume ou de la danse. Dans son manifeste, Walter Gropius écrivait d’ailleurs: «Architectes, sculpteurs, peintres; nous devons tous revenir au travail artisanal, parce qu’il n’y a pas d’art professionnel. Créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme: architecture, art plastique et peinture.» Les étudiants devaient se réapproprier les innovations pour les rendre accessibles au plus grand nombre. C’est probablement ce point qui a transformé le Bauhaus en courant artistique (et politique) à vocation sociale.

Les disciples du Bauhaus préconisaient la simplicité. Le béton, l’acier et le verre dominent dans leurs réalisations. Les lignes sobres et les formes géométriques aussi.

Interdit par les nazis dans les années 1930, le mouvement s’est étendu à travers le monde, entre autres grâce à ses grands maîtres. Son fondateur s’est notamment retrouvé à la tête de l’école de design de Harvard, alors que Ludwig Mies van der Rohe — l’architecte qui a laissé sa marque à Montréal avec des projets comme le Westmount Square — prenait les rênes de celle de Chicago. Depuis, de nombreuses bâtisses fidèles à la pensée du Bauhaus sont sorties de terre.

Construit en 1964, le Westmount Square, à Montréal, est l'oeuvre de l'architecte Ludwig Mies van der Rohe. Photo: Facebook Westmount Square

L’influence du mouvement

L’idée de créer des objets pratiques, simples et beaux n’est pas morte à la fermeture de l’école. Loin de là. Elle se perpétue aujourd’hui dans les meubles IKEA et les iPhone de ce monde. «Le Bauhaus a influencé le design dans le monde entier», estime la directrice du nouveau musée, Ulrike Bestgen, ajoutant que les pionniers du Bauhaus avaient abordé des problèmes urgents de leur époque, comme la pénurie de logements, qui sont toujours d’actualité.

On doit également au Bauhaus l’émergence du style international, cette architecture fonctionnelle et sans fioritures parfois mal aimée, qui tranchait alors drastiquement avec l’architecture classique.

Un musée ou un bunker?

Pour un musée dédié au Bauhaus, on aurait pu s’attendre à un bâtiment révolutionnaire. Il n’en est rien. Le cube gris aux lignes sobres semble plutôt vouloir s’effacer et a un peu les allures d’un bunker. «Certains l’ont même comparé à la Wolfsschanze, le quartier général d’Hitler en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale», a admis Wolfgang Holler, directeur des musées de Weimar, en entrevue avec l’AFP.

Le musée Bauhaus de Weimar est un cube gris aux lignes sobres qui a les allures d’un bunker. Photo: Facebook Klassik Stiftung Weimar

L’édifice, érigé entre un espace datant de la République de Weimar, un immeuble nazi et des bâtiments qui remontent à l’époque communiste, est ancré dans son contexte historique. «J’ai pu atteindre mon objectif principal, qui était que le musée puisse faire face à l’architecture nazie», a souligné l’architecte Heike Hanada au quotidien Thüringer Allgemeine. Au dernier étage, une fenêtre judicieusement positionnée donne d’ailleurs sur le mémorial du camp de concentration nazi de Buchenwald.

N’empêche que l’institution permet un fascinant voyage dans le temps. Mille articles dispersés sur 2000 mètres carrés attendent les visiteurs. Certains objets cultes du Bauhaus, comme la chaise de Marcel Brauer, la lampe de Wilhelm Wagenfeld et Carl Jakob Jucker ou encore la théière de Marianne Brandt, y ont une place de choix. On y retrouve également des meubles dessinés par Mies van der Rohe et des œuvres graphiques de Paul Klee et László Moholy-Nagy.

Parmi les objets cultes du Bauhaus: la chaise de Marcel Brauer. Photo: Facebook Klassik Stiftung Weimar

Le musée permet surtout de revenir sur le développement extraordinaire de l’école du Bauhaus et de constater à quel point le mouvement a changé le monde moderne.

Architecture: des bijoux à découvrir au Québec!

Les grands bureaux d’architectes ont beau se concentrer à Montréal, l’architecture d’exception ne se confine pas à la métropole. La preuve: plusieurs réalisations remarquables construites hors de la grande ville se retrouvent parmi les 45 finalistes pour le prix du public de l’Ordre des architectes du Québec. Voici les coups de cœur d’Avenues.

Théâtre Gilles-Vigneault (Saint-Jérôme)

Ce n’est pas la première fois qu’on fait l’éloge du Théâtre Gilles-Vigneault sur Avenues.ca. L’édifice de Saint-Jérôme, conçu en consortium par Atelier TAG et Jodoin Lamarre Pratte architectes,  nous a conquis lors de la tenue du Rendez-vous Le voyage gourmand avec Hélène Laurendeau en septembre 2018. Ce théâtre a également reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Établissement cuturel aux Grands Prix du design 2019.

Le majestueux dais de bois de près de 1 000 m² qui abrite le parvis retient particulièrement l’attention. Ce «vaisseau de bois et de verre» espère devenir un moteur culturel et économique important pour la région. Il est déjà à tout le moins une icône architecturale.

Photo: Facebook Théâtre Gilles-Vigneault

Hôtel de ville de Rigaud

En imaginant un nouvel hôtel de ville pour la communauté de Rigaud, les architectes d’Affleck de la Riva souhaitaient créer un «édifice d’échelle modeste, mais qui projette une image civique forte: un symbole de communauté, de fierté et de participation à la vie collective».

Le bâtiment aux lignes classiques est peut-être dénué d’artifices, il n’est pas ennuyant pour autant. L’immeuble tout de blanc vêtu se fond dans le paysage nordique tout en laissant pénétrer abondamment la lumière naturelle. L’aménagement intérieur aéré favorise les rencontres. L’ensemble évoque la pureté et la transparence.

Photo: Facebook Affleck de la Riva architectes

La Binocle (Bolton-Ouest)

La Binocle est un autre projet dont on a déjà parlé sur Avenues.ca. Et pour cause. Le chalet signé _naturehumaine, perché à 490 mètres d’altitude sur un flanc de montagne des Cantons-de-l’Est, semble flotter au-dessus de la falaise.

La résidence se compose de deux volumes (l’un abrite les espaces de vie alors que le second accueille deux chambres à coucher) revêtus de bois brulé non traité et de planches de pruche préveillies, ce qui lui permet de se fondre dans le paysage. À l’intérieur, la vue des grandes fenêtres devient le point focal du bâtiment. Le chalet, simple et minimaliste, se distingue néanmoins par ses lignes franches.

Photo: airbnb

La Résidence des stagiaires (Grand-Métis)

Pierre Thibault n’a plus besoin de présentation. Son atelier a réalisé la magnifique résidence qui accueille les stagiaires des Jardins de Métis.

L’édifice à pignons s’inspire des maisons pittoresques de la région. Au fil des saisons, l’enveloppe en lattis de cèdre, laissée naturelle, prendra la patine du temps. La maison se compose de deux volumes, qui séparent les espaces de vie communs des chambres. La structure en bois est visible partout à l’intérieur et des planches noueuses composent les sols, les murs et même le mobilier. Les multiples fenêtres laissent de leur côté entrer la lumière et ouvrent le regard sur la nature.

Photo: Facebook Atelier Pierre Thibault

Stationnements Place Sainte-Foy (Québec)

Réussir à transformer un stationnement en réalisation architecturale notable relève de l’exploit. C’est ce qu’a fait Coarchitecture pour la Place Sainte-Foy.

Contrairement à l’habitude, l’espace ne ressemble pas à un désert d’asphalte. Les deux parcs de stationnement en étages sont plutôt recouverts d’une façade à double-peau composée de panneaux d’aluminium et de modules de béton fibré ultra haute performance. Les concepteurs voulaient ainsi évoquer «l’idée d’une forêt urbaine ou d’un textile de dentelle haut de gamme».

En plus de donner du caractère au paysage urbain, la structure camoufle habilement les voitures. Même si le lieu permettra d’accueillir au-delà de 1500 véhicules, des éléments de développement durable, comme la gestion des eaux pluviales, les aménagements paysagers écoresponsables et l’éclairage à haute efficacité, ont été inclus dans l’ensemble.

Photo: Facebook Coarchitecture

La liste ne s’arrête évidemment pas là. Votre projet préféré se retrouve-t-il parmi les finalistes? Vous avez jusqu’au 31 mars pour voter sur le site web de l’OAQ. Celui qui récoltera le plus de votes méritera à ses concepteurs le prix du public lors du gala des Prix d’excellence en architecture le 5 avril.