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Architecture: 3 enjeux pour améliorer la qualité de vie au pays

Résilience, durabilité, politique nationale, communautés autochtones… En matière d’architecture et d’urbanisme, le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau aura du pain sur la planche. Voici trois chantiers auxquels nous lui suggérons (humblement) de s’attaquer en priorité.

On l’admet, la campagne électorale vient à peine de se terminer et de nombreux dossiers, tous plus importants les uns que les autres, attendent le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau. N’empêche, l’architecture est un sujet qui mérite que l’on s’y attarde. Inspirés par l’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC), qui a tenté de lancer un débat sur l’importance de l’architecture et du design urbain, voici trois enjeux pour améliorer la qualité de vie au pays. Après tout, il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, non?

Politique nationale de l’architecture

Plus de 30 pays dans le monde ont déjà adopté une politique de l’architecture ou sont en voie de le faire. Parmi eux, on retrouve de nombreux États européens, comme l’Irlande, l’Écosse, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas.

Quelle est l’utilité d’une telle mesure? Celle-ci permet de promouvoir un cadre bâti de qualité en plaçant l’architecture en amont. C’est aussi une façon de renforcer l’identité d’une société, puisque chaque politique nationale de l’architecture reflète les spécificités de la nation qui l’a élaborée. Il n’y a pas de modèle unique. Et comme si ce n’était pas assez, elle permet également de préserver la beauté de nos paysages, de sensibiliser le grand public aux enjeux liés à l’environnement bâti, de rehausser l’expertise des architectes, des urbanistes et des constructeurs ainsi que de favoriser la recherche et l’innovation.

Selon l’IRAC, «le milieu canadien est en train d’élaborer un projet de politique nationale de l’architecture pour orienter l’excellence en design, en construction et en développement durable».

En campagne électorale, le parti de Justin Trudeau avait souligné l’importance de la préservation et de la protection des lieux historiques au pays, un aspect englobé par une politique nationale de l’architecture. Il compte adopter «une nouvelle législation exhaustive sur le patrimoine, qui régit les lieux patrimoniaux appartenant au gouvernement fédéral».

Bibliothèque Laure Conan et hôtel de ville de la Malbaie. Photo: Facebook Maison de l'architecture du Québec - MAQ

Résilience et durabilité

Comme le pacte d’action pour le climat signé par les architectes canadiens le souligne, la conception, la construction et l’exploitation de notre cadre bâti sont responsables de près de 40% des émissions de CO2 liées à l’énergie. Il faut donc améliorer tout le processus, de l’élaboration à l’achèvement des bâtiments.

De l’avis du rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), pour atténuer le plus possible les conséquences désastreuses, on devra limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C au cours des 12 prochaines années. Il faudrait ainsi réduire les émissions des bâtiments de 80 à 90% d’ici 2050. Les nouveaux bâtiments devraient quant à eux avoir une consommation énergétique nulle (ou presque) et ne devraient pas utiliser de combustibles fossiles dès l’an prochain.

Il faudrait aussi se pencher plus sérieusement sur l’architecture résiliente, conçue pour résister aux catastrophes naturelles. Le Canada n’est pas à l’abri des inondations, de l’érosion côtière, des vagues de froid ou de chaleur intense et des autres effets des changements climatiques.

À ce sujet, les libéraux ont notamment promis d’organiser «un concours national visant à créer quatre fonds à long terme de 100 millions de dollars destinés à attirer des capitaux privés pouvant être utilisés pour la modernisation en profondeur de grands bâtiments».

Premières Nations

Les habitations et les infrastructures de certaines réserves, où l’eau potable n’est même pas garantie, sont une honte pour un pays aussi développé que le Canada. Comme le gouvernement fédéral exerce un grand contrôle sur la conception et la construction de ces communautés, il serait urgent de remédier à la situation.

L’IRAC estime que de fournir aux peuples autochtones les moyens de planifier, de concevoir et de développer leurs communautés est un pas vers la réconciliation. «Certains projets des Premières Nations au Canada réussissent à tenir compte de la culture, du patrimoine, de la viabilité économique et de la conservation de l’environnement. Ils illustrent l’impact transformateur de la participation d’architectes et de designers autochtones et de l’inclusion de la communauté locale dans le processus de conception», peut-on lire sur son site web.

Les libéraux, en campagne électorale, avaient promis d’investir dans des plans d’infrastructures communautaires et de répondre aux besoins essentiels en infrastructures (tels que le logement, les routes, les établissements de santé et les écoles) dans les communautés des Premières Nations d’ici 2030.

L’architecture est souvent négligée par les politiciens, mais elle façonne pourtant notre société. Espérons que ces sujets apporteront matière à réflexion à nos nouveaux élus.

WAFX: le meilleur de l’architecture innovante

En attendant la venue du World Architecture Festival (WAF) en décembre, les mordus d’architecture peuvent jeter un œil sur les lauréats des prix WAFX, qui récompensent le design innovant. On vous présente nos favoris parmi les 10 gagnants.

Les prix WAFX célèbrent les concepts architecturaux les plus avant-gardistes du monde. Créés dans le cadre du 10e anniversaire du WAF, en 2017, ils sont décernés aux projets futurs qui répondent aux principaux défis que les architectes devront relever dans les années à venir. Les catégories vont de l’éthique aux villes intelligentes, en passant par la durabilité et l’identité culturelle.

Lumière naturelle et espaces verts à l’hôpital

Dans la catégorie Vieillissement et santé, le projet couronné ne ressemble en rien aux hôpitaux que nous connaissons. Le centre médical et de santé Pars, conçu par New Wave Architecture, accueillera les nombreux touristes médicaux qui se rendent actuellement en Iran, principalement en raison du personnel qualifié et des installations disponibles. La vocation du complexe va d’ailleurs en ce sens. En plus d’offrir des services à la population locale, l’objectif est de fournir des soins à une clientèle internationale, en particulier aux résidents des pays voisins et à ceux de la région du golfe Persique.

 Le centre médical et de santé Pars accueillera les nombreux touristes médicaux qui se rendent actuellement en Iran, principalement en raison du personnel qualifié et des installations disponibles. Photo: newwavearchitecture.com

Sa conception consiste en une série d’anneaux en porte-à-faux placés de manière désordonnée, avec un espace ouvert au centre. Un bâtiment rectangulaire d’un étage coupe les tours. L’architecture joue ici un rôle dans la guérison des patients. Le centre sera écoénergétique, amplement fenestré et donc baigné de lumière naturelle. Il offrira également aux patients un accès direct aux espaces verts. En plus d’un hôpital de 250 lits, on y retrouvera à terme un hôtel, un institut de cancérologie, un centre de réadaptation, des cliniques de dermatologie, ainsi qu’un spa combiné à un centre de soins de santé.

Le centre, amplement fenestré et donc baigné de lumière naturelle, offrira aux patients un accès direct aux espaces verts. Photo: newwavearchitecture.com

Le parc du 21e siècle

Dans la catégorie Eau et alimentation, Studio V Architecture entend réinventer le parc public du 21e siècle avec The Tanks. Situé dans le parc Bushwick Inlet de Brooklyn et niché au bord d’une crique, le complexe de Bayside Oil comprend dix réservoirs de pétrole vides depuis un demi-siècle. Chaque réservoir est unique et les concepteurs ont réussi à changer leur vocation de manière originale. Ceux-ci se transformeront en jardins communautaires, espaces de spectacles et installations artistiques, alors qu’un autre recréera l’habitat naturel de l’huître en vue de repeupler la baie de New York.

Studio V Architecture entend réinventer le parc public du 21e siècle avec The Tanks, situé dans le parc Bushwick Inlet de Brooklyn. Photo: worldarchitecturefestival.com

Dans son ensemble, le parc offrira aux visiteurs des espaces verts, des zones de jeux et des installations sportives. Les plaisanciers pourront en outre naviguer parmi les espèces indigènes dans le bassin écologique. Le projet collaboratif est entièrement bénévole: des groupes communautaires, des instances municipales et le bureau du maire se sont retroussé les manches pour qu’il voie le jour, transformant un site industriel en espace public résilient.

Le parc offrira aux visiteurs des espaces verts, des zones de jeux et des installations sportives. Photo: Facebook The Tanks at Bushwick Inlet Park

Le design autochtone à l’honneur

Le prix WAFX pour la catégorie Identité culturelle a été remis à Jasmax et Grimshaw pour City Rail Link. Ce futur projet d’infrastructure majeur, le plus important au pays, étendra le réseau ferroviaire d’Auckland. C’est également le plus grand projet d’art public en Nouvelle-Zélande.

En plus d'étendre le réseau ferroviaire d’Auckland, le City Rail Link est le plus grand projet d’art public en Nouvelle-Zélande. Photo: worldarchitecturefestival.com

Les concepteurs créeront une voie de 3,45 km à deux tunnels souterrains pour relier les trois nouvelles stations au centre-ville. Les infrastructures devraient refléter l’identité d’Auckland en tant que plus grande ville maorie et polynésienne du monde. Chaque station comprendra une œuvre d’art unique, représentative d’une divinité maorie et inspirée par le relief et la flore qui caractérisent chaque site. Les communautés autochtones ont d’ailleurs participé au processus et élaboré les concepts de design.

Les infrastructures refléteront l’identité d’Auckland en tant que plus grande ville maorie et polynésienne du monde. Photo: Facebook City Rail Link

La mini-maison: une solution pour les aînés?

La mini-maison fascine depuis plusieurs années. Si le concept a pris son envol après la crise financière de 2008, il semble avoir récemment trouvé un nouvel usage: aider les personnes âgées à garder leur autonomie plus longtemps. On décortique la tendance.

Les maisons de moins de 1000 pieds carrés (et celles qui ne dépassent pas 500 pieds carrés, qu’on appelle alors micro-maisons) ont la cote auprès des minimalistes. Des quartiers entiers de mini-maisons ont même été développés au Québec au cours des dernières années. Celles-ci séduisent un nombre important de retraités, qui y voient la solution parfaite pour garder leur autonomie et profiter de la vie.

C’est particulièrement vrai aux États-Unis, où 30% des propriétaires de mini-maisons auraient entre 51 et 70 ans, selon un sondage publié en 2015. Alors qu’on prévoit que 25% de la population québécoise sera âgée de 65 ans et plus en 2030, la tendance pourrait faire une percée dans la Belle Province. D’autant plus qu’habiter dans une résidence pour personnes âgées n’est pas donné et ne convient pas à tous.

Au Québec, ces quartiers entiers de mini-maisons ont  été développés au cours des dernières années, dont Le Petit Quartier, à Sherbrooke. Photo: Facebook Le Petit Quartier - Sherbrooke

L’adaptation est la clé

La mini-maison comporte plusieurs avantages. Abordable, elle peut dans certains cas être achetée comptant, ce qui élimine les paiements hypothécaires, qui grugent une bonne partie du budget. Sa taille lilliputienne réduit considérablement la facture énergétique. Elle peut aussi s’adapter aux besoins de ses résidents.

Certaines compagnies ont d’ailleurs flairé la bonne affaire. Elles ont conçu des demeures pour les gens en perte d’autonomie, avec notamment des armoires basses et une salle de bain accessible en fauteuil roulant.

En Australie, par exemple, la cofondatrice de Tiny Footprint a aménagé une résidence pour sa mère, à proximité de la ferme familiale. L’espace comprend une grande rampe à l’avant, de larges entrées et des comptoirs de cuisine abaissés. Tout a été pensé pour lui permettre de vieillir tranquillement: le réchaud à induction s’éteint automatiquement lorsqu’on retire le chaudron, le lit monte et descend à l’aide d’un bouton, révélant en dessous un espace salon et des armoires pour le rangement, et les stores de la véranda sont motorisés.

Un modèle semblable existe aux États-Unis, la Minka House. Créée par le médecin gériatre Bill Thomas, en collaboration avec un architecte, la maison de 600 pieds carrés est construite à l’aide d’imprimantes 3D et de machines, limitant ainsi le nombre de personnes nécessaires pour préassembler les pièces avant leur expédition sur le chantier.

La première résidence a été installée sur le campus de l’University of Southern Indiana l’an dernier. L’initiative fait partie d’un effort plus vaste «visant à créer une transformation culturelle liée au vieillissement en communauté», selon un communiqué de presse de l’université. Son inventeur espère un jour voir pousser des villages de Minkas, où jeunes et moins jeunes cohabiteraient avec bonheur.

Aux États-Unis, la Minka House fait 600 pieds carrés et promet un assemblage facile et rapide. Photo: Facebook Minka

La tendance a aussi donné des résultats inattendus. À Chicago, les affamés peuvent se remplir la panse d’authentique cuisine italienne mitonnée par les Sausage Nonnas, trois sympathiques grand-mères italiennes qui préparent des repas dans leurs mini-maisons sur roues avant de les livrer aux quatre coins de la ville. Pas étonnant qu’Uber se soit associé avec elles. Ces grand-mères sont de l’or en barre.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=7muY0xq5I50

Sentiment de communauté

En plus de permettre aux retraités de vivre chez eux plus longtemps, la mini-maison pourrait restaurer un certain sentiment de communauté. La compagnie Coach Homes d’Ottawa dessine par exemple quatre modèles conçus pour être érigés sur le terrain de leurs proches. «L’interaction sociale avec la famille est vraiment importante. Et beaucoup d’aînés qui vont dans des maisons de retraite ressentent cet isolement», a expliqué sa présidente, Louise Desjardins, en entrevue à la CBC.

Nurse on board s’est associée avec Coach Homes dans ce projet. Elle fournit un ensemble de services pour aider les personnes à vivre de manière assez autonome, même en cas de problèmes médicaux graves. Les clients ont accès à une infirmière autorisée à coordonner leurs soins, notamment la physiothérapie à domicile, les soins des pieds et l’hygiène dentaire.

La compagnie d'Ottawa Coach Homes propose quatre modèles de mini-maisons conçus pour être érigés sur le terrain d'un proche. Photo: Twitter CoachHomesofOttawa

La mini-maison devrait continuer de gagner des adeptes chez les personnes âgées dans les prochaines années. Reste à voir si l’engouement atteindra le Québec.

Vers une Stratégie québécoise de l’architecture

Après des années de tergiversation, le gouvernement du Québec entreprend finalement le début des travaux qui permettront de doter la province d’une Stratégie québécoise de l’architecture. Retour sur ce dossier d’une grande importance.

L’idée d’une politique nationale de l’architecture ne date pas d’hier. L’Ordre des architectes du Québec (OAQ) milite en sa faveur depuis 2014. En octobre 2017, l’Ordre invitait notamment les citoyens à signer la Déclaration pour une politique québécoise de l’architecture. L’OAQ a également publié l’an dernier le Livre blanc pour une politique québécoise de l’architecture, qu’il a déposé auprès du ministère de la Culture et des Communications.

Ses efforts semblent porter fruit. Le gouvernement de François Legault a annoncé en avril qu’il allait élaborer sa première stratégie sur le sujet. Celle-ci «visera l’adoption de pratiques exemplaires dans les projets menés par l’État et la mise en place de mesures incitatives dans les projets qu’il subventionne. Elle répondra ainsi aux besoins des Québécois par une contribution de l’architecture à l’identité québécoise, en faisant de la culture un élément fondamental de la qualité de nos cadres de vie et de la vitalité de nos milieux».

Le gouvernement espère ainsi que les projets seront d’une plus grande qualité et bâtis pour l’avenir, en conformité avec les principes de développement durable. Des experts de toutes les disciplines seront appelés à collaborer avec l’État au cours des prochains mois pour alimenter la réflexion.

Photo: Facebook Maison de la littérature

Définir l’identité architecturale du Québec

Mais justement, quelle est l’identité architecturale québécoise? Cette dernière semble à définir. La province se caractérise-t-elle par son patrimoine historique? Par ses quelques bâtiments iconiques, comme le Stade olympique? Ou par son architecture du quotidien, qui se compose autant de beauté que de laideur, de bibliothèques inspirantes que d’immeubles où la tôle ondulée règne en maître? L’architecture du Québec manque encore de cohésion. Raison de plus pour mettre de l’ordre dans ce joyeux bordel et harmoniser le tout.

En entrevue avec Le Soleil, la présidente de l’Association des architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ), Anne Carrier, soulignait d’ailleurs que l’objectif de la Stratégie est de définir notre identité culturelle québécoise. «Nous avons des choses à dire avec notre architecture. Je pense que nous pouvons concilier patrimoine, audace, créativité et innovation», assurait-elle alors.

La Maison des étudiants de l'École de technologie supérieure. Photo: Stéphane Brugger, v2com

L’affaire de tous

Même si l’architecture n’est pas le sujet de prédilection des Québécois, elle est l’affaire de tous. Elle façonne nos maisons, nos quartiers, nos milieux de travail et les lieux publics que nous fréquentons. Ce n’est pas pour rien que l’OAQ a fait une tournée dans 13 villes avant de lancer sa Déclaration pour une politique québécoise de l’architecture. L’Ordre espérait ainsi entendre les préoccupations des gens, mais aussi les sensibiliser à l’importance du cadre bâti dans leur vie.

Le gouvernement veut aujourd’hui «placer les citoyens au cœur des réflexions». Ce faisant, peut-être que les enjeux cruciaux de notre époque, comme l’étalement urbain, le développement durable ou le logement, intéresseront plus grandement les Québécois. Dans une province où le prix d’une construction importe plus que sa qualité, il faudra changer les mentalités.

Si la Stratégie voit le jour, ce sera une première au Canada. Une politique du genre existe toutefois déjà dans une vingtaine de pays et régions d’Europe, dont la France, l’Allemagne ou le Danemark.

Établir une telle stratégie ne réglera évidemment pas tout. Si l’État donne l’exemple en bâtissant des édifices publics de qualité, comme il l’a fait brillamment avec le réseau des bibliothèques, il pourrait néanmoins avoir une influence sur les promoteurs privés et les particuliers. Ce serait déjà un pas dans la bonne direction.

Prix international de l’IRAC 2019: le meilleur de l’architecture socialement transformatrice

L’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC) a annoncé le nom des finalistes de la troisième édition de son Prix international, qui récompense l’architecture socialement transformatrice. Un pavillon universitaire au Pérou, un centre culturel et résidence d’artistes au Sénégal et un temple bahá’í au Chili ont conquis les six membres du jury.

Le prix biennal est ouvert aux architectes de partout dans le monde. L’IRAC a reçu cette année des candidatures provenant de douze pays sur six continents. Deux Québécois faisaient partie du jury qui se déplace pour observer chaque édifice en personne: Gilles Saucier, l’associé fondateur de Saucier+Perrotte Architectes, et Anne Carrier, la fondatrice du cabinet Anne Carrier Architecture et présidente de l’Association des architectes en pratique privée du Québec.

Voici un aperçu des projets finalistes.

Temple bahá’í pour l’Amérique du Sud — Hariri Pontarini Architects

Au pied des Andes, et à la périphérie de Santiago, au Chili, se dresse le temple bahá’í pour l’Amérique du Sud. Ce sont surtout ses neuf voiles, composées de panneaux de verre moulé et de marbre translucide, qui permettent au bâtiment à la forme particulière de se démarquer. La firme de Toronto Hariri Pontarini Architects a réussi à donner du mouvement à l’ensemble, tout en faisant pénétrer la lumière de toutes parts.

Photo: doublespace photography

Le temple, dont la construction s’est échelonnée sur 14 ans, a été conçu pour durer des siècles et pour résister aux séismes et au climat extrême de la région. L’intérieur, baigné de couleurs chaudes, invite à la contemplation et au rassemblement. Des centaines de bénévoles locaux de même que des ouvriers de plusieurs pays ont mis la main à la pâte pour concrétiser le projet dont «le résultat est intemporel et inspirant », selon les jurés.

Photo: doublespace photography

Thread: centre culturel et résidence d’artistes — Toshiko Mori Architect

Dans une communauté située à sept heures de Dakar, près de la frontière du Mali, on retrouve le Thread, conçu par la firme de New York Toshiko Mori Architect. Ce centre culturel jumelé à une résidence d’artistes sert de lieu de rassemblement pour plusieurs villages — et villageois — isolés. Polyvalent, le complexe comprend une bibliothèque publique, un centre de formation agricole, en plus des espaces pour présenter des spectacles et loger les artistes.

Photo: Iwan Baan

La toiture du bâtiment a été inversée pour recueillir les eaux pluviales. L’idée est judicieuse quand on sait que la région traverse une saison sèche de huit mois par année. Les concepteurs n’ont aussi utilisé que des matériaux locaux pour la construction, comme du bambou et des blocs de pisé fabriqués sur place. Depuis son ouverture en 2015, le centre est devenu un lieu de rencontre et d’échange important de la communauté. Plus d’une centaine de femmes se sont, par exemple, regroupées pour mettre sur pied une coopérative de culture de légumes dans les jardins du Thread.

Photo: Iwan Baan

Edificio E, Pavillon de conférence, Université de Piura — Barclay & Crousse

Au Pérou, le gouvernement encourage les étudiants à faible revenu provenant de la campagne à fréquenter les riches universités privées du pays. L’Université de Piura, érigée dans la ville du même nom, à quelque 1 000 kilomètres au nord de la capitale, a pour sa part instauré un programme d’inclusion sociale. Son edificio E en est le meilleur témoin. Les architectes de Lima ont imaginé des lieux non hiérarchiques pour favoriser l’apprentissage et l’interaction entre les étudiants, peu importe leur milieu socio-économique. L’immeuble comprend évidemment des salles de classe et de conférence, mais aussi des espaces de lecture informels, des cafés, des salles d’étude et un hall de réception pour encourager les rencontres impromptues.

Photo: Cristobal Palma

Le complexe de onze bâtiments, reliés par une série d’allées, de cours et de jardins agit également comme une oasis au cœur du désert péruvien.

Photo: Cristobal Palma

Lequel de ces projets remportera le Prix international de l’IRAC et sa généreuse récompense de 100 000$? Il faudra encore attendre quelques mois avant de le savoir: le lauréat sera annoncé lors d’un gala à Toronto le 25 octobre. D’ici là, les paris sont ouverts.