Urbanisme

Des villes prêtes à affronter les catastrophes

Une ville résiliente a la capacité de s'adapter aux imprévus afin de limiter les effets des catastrophes naturelles et ainsi retourner à la normale plus rapidement. Tour d'horizon des innovations récentes.



En août 2005, l’ouragan Katrina a balayé la Louisiane. Plus de 1800 personnes ont été tuées et les dégâts ont été évalué à plus de 150 milliards de dollars. Dix ans plus tard, les villes sont-elles plus résilientes face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles?

La Nouvelle-Orléans a vraiment appris à la dure, mais elle est maintenant mieux protégée des éléments. Un anneau de protection a été mis en place autour de la ville, avec des digues plus grosses et plus fortes, des portes gigantesques qui peuvent être fermées en cas de tempête et l’imposant mur du lac Borgne, qui couvre deux miles de long et peut sceller le canal.

À l’échelle de la planète, 19,3 millions de personnes ont été obligées de fuir leur foyer en 2014 en raison d’une catastrophe liée aux aléas de la nature, selon le dernier rapport de l’Observatoire des situations de déplacements internes (IDMC) du Conseil norvégien pour les réfugiés. Et ce chiffre ne cesse de croître, en partie parce que le nombre des personnes vivant dans des zones à risque augmente.

Vers une ville résiliente et durable

Le concept de ville résiliente est développé depuis les années 2000. Il se traduit par la capacité d’une métropole à s’adapter aux événements afin de limiter les effets des catastrophes naturelles et des tensions qui la traversent. L’innovation est bien souvent au cœur des solutions.

Le besoin de résilience est universel. Les villes de partout dans le monde doivent se préparer à affronter différents problèmes, que ce soit un tremblement de terre, un ouragan ou le terrorisme. Avec le réchauffement climatique, on constate également les effets des îlots de chaleur urbains. Berlin a déjà réagi, en instaurant depuis dix ans une trame verte le long des rivières et plusieurs espaces verts. À Séoul, l'une des villes les plus densément peuplées au monde, des jardins fleurissent aussi sur les toits des gratte-ciel.

Le plan de New York

New York est bordée de 850 kilomètres de côtes. Pas étonnant que la Grosse Pomme se prépare à la montée des eaux. Elle demande d’ailleurs à ses citoyens qui vivent en zones inondables d’être prêts pour la vie amphibie. Les maisons de plain-pied doivent être remontées d’un étage pour éviter que les habitants soient piégés par les flots. Pour affronter la puissance de l’eau, les portes et les fenêtres doivent aussi être renforcées.

La métropole américaine a en outre été une des premières à instaurer un plan climatique global, le PlaNYC 2030. New York veut réduire de 30% ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour atteindre ce résultat, elle compte réduire le facteur carbone de l’électricité qu’elle consomme, construire 314 000 logements peu énergivores près des réseaux de transports publics, augmenter la valorisation des déchets et planter un million d’arbres.

Et ici?

Pas besoin de traverser la frontière pour trouver des exemples de catastrophes naturelles. Le Québec a connu son lot d’inondations dans les dernières années, sans compter le déluge du Saguenay ou la crise du verglas.

S’il faut en croire David Philips, un climatologue principal d’Environnement Canada, les villes du pays ne sont pas bien outillées pour faire face aux changements climatiques. En entrevue avec La Presse Canadienne, Philips s’est dit inquiet pour les municipalités, qui construisent encore selon lui de nouvelles infrastructures en se basant sur de vieux modèles qui ne sont plus adaptés.

«Le climat change de façon si importante, si rapidement que nous devons penser différemment (à nos infrastructures) et nous y adapter, a-t-il lancé. Juste parce que nous ne savons pas tout sur le climat ne signifie pas que l'on devrait ignorer ce que l'on sait.»

Certains plans sont élaborés

Quelques initiatives ont néanmoins été mises en place. C’est le cas notamment à Sherbrooke, qui a été l’une des premières villes du Québec à élaborer un plan d’adaptation aux changements climatiques, après avoir produit un inventaire des GES de la communauté et un plan d’action visant la réduction de leurs émissions. Son plan 2013-2023 comprend 92 interventions. Trois-Rivières s’est également dotée d’un plan semblable. Modification du système d’égout, plan de verdissement pour réduire les îlots de chaleur et réduction des émissions de gaz à effet de serre sont au programme.

Après avoir été gravement touchée par la tragédie ferroviaire de juillet 2013, la municipalité de Lac-Mégantic s'est de son côté tournée vers ses habitants pour élaborer un plan de reconstruction. C'est ainsi qu'est né Réinventer la ville, un projet de participation citoyenne dont le but premier est de reconstruire le centre-ville, en respectant les principes de développement durable.

Montréal a aussi rejoint le club sélect des 100 villes résilientes en décembre 2014. Initié par la Fondation Rockefeller, le programme vise à subventionner la création d’un poste de directeur général de la résilience au sein de la métropole, à mettre en réseau les villes membres pour échanger sur les solutions, à offrir une expertise et à fournir de l’accompagnement. La métropole rejoint ainsi Paris, Sydney et Barcelone, pour ne nommer que celles-là. La Nouvelle-Orléans est aussi un membre éminent du groupe.

Reste que les municipalités du Québec (et d’ailleurs) devront fournir encore plus d’efforts pour devenir des villes résilientes et durables. Face à la globalisation, aux dérèglements climatiques et à l’urbanisation rapide, la ville du XXIe siècle doit réfléchir à son futur.