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L’impression 3D transforme l’architecture

De nombreuses firmes d’architecture ont adopté l’impression 3D dans leur pratique, notamment pour créer rapidement des modèles à présenter à leurs clients. De plus en plus, de véritables maisons qui sont imprimées. Voici comment cette technologie pourrait transformer le monde de l’architecture au cours des prochaines années.

Diminution de la quantité de matériel utilisé

En ajoutant des matériaux comme du béton couche par couche pour créer tous les murs d’une maison d’un seul coup, il est possible de réduire considérablement la quantité de déchets produits pour la construction d’une résidence. Dans un projet de logements sociaux imprimés à Reims, en France, on estime que l’impression 3D devrait permettre de réaliser une économie de matière de 60% par rapport à la construction de murs traditionnels.

Notons que certaines technologies ont aussi été mises au point pour changer la composition du béton, selon qu’un élément est structurel ou non. Un procédé d’impression 3D de l’institut de recherche ETH Zurich en Suisse devrait permettre de réaliser des économies de matériaux considérables, même pour les maisons construites d’une façon traditionnelle.

La réduction de matériel n’est pas le seul avantage environnemental de l’impression 3D. Il est en effet aussi possible d’imprimer avec des matériaux recyclés, comme du plastique. Certains projets ont même permis de mettre en place des bâtiments, plus petits, imprimés avec du sol local.

Création de nouvelles formes

L’impression 3D permet la création de formes complexes, qui auraient été impossibles, ou trop coûteuses à fabriquer auparavant. «L’impression de béton nous confère un haut degré de liberté quand vient le temps de concevoir des immeubles. Avec des méthodes de construction traditionnelles, cela n’aurait été possible qu’à grands frais», notait récemment l’architecte Waldemar Korte, dont la firme, MENSE – KORTE, a conçu le premier bâtiment résidentiel imprimé en Allemagne.

La firme, MENSE – KORTE, a conçu le premier bâtiment résidentiel imprimé en Allemagne. Photo: MENSE-KORTE, ingenieure+architekten

Ces nouvelles formes peuvent transformer les éléments structuraux (comme des poutres), mais aussi les éléments plus décoratifs. Il est alors possible d’expérimenter avec les matériaux également, comme la céramique, le plastique ou le métal.

L'impression 3D permet de réaliser des formes plus complexes, comme des poutres. Photo: XTreeE

Les maisons imprimées en 3D n’ont pas besoin d’avoir une allure futuriste pour autant! La semaine dernière, une série de propriétés imprimées en 3D ont été mises en vente au Texas. Seul le premier étage a été imprimé en 3D, alors que le deuxième a été construit de façon traditionnelle. Le résultat, imaginé par la firme Logan Architecture, a l’air tout à fait conventionnel.

Baisse de certains coûts de construction

Les maisons imprimées en 3D sont encore assez chères. Celles mises en vente la semaine dernière aux États-Unis sont offertes pour environ 450 000$ US.

Le premier étage de cette maison du Texas a été imprimé en 3D. Image: ICON et 3Strands

Il est toutefois attendu que la technologie devrait, à terme, permettre de réduire les coûts, grâce en partie à la réduction de la quantité de matériel nécessaire et au recours à moins de main-d’œuvre (du moins pour la fabrication des murs). D’ici une dizaine d’années, une maison imprimée en 3D pourrait coûter environ 40% de moins qu’une maison traditionnelle, selon certaines estimations.

Des organismes, comme New Story, ont commencé à mettre sur pied des projets d’impression de maisons pour aider les sans-abris.

Des organismes ont commencé à mettre sur pied des projets d’impression de maisons pour aider les sans-abris. Photo: ICON

Construction plus facilement dans les régions éloignées

Même si on n’y est pas encore, l’impression 3D pourrait permettre d’imprimer les matériaux nécessaires localement, parfois directement sur le site de construction, ce qui pourrait donner plus de liberté aux architectes.

L’impression 3D pourrait permettre d’imprimer les matériaux nécessaires localement, parfois directement sur le site de construction. Photo: ICON et 3Strands

La technologie pourrait d’ailleurs faciliter la construction de quartiers dans des régions éloignées, où le transport de matériaux est difficile et coûteux.

La NASA a annoncé l’an dernier le lancement d’un projet afin d’entreprendre de la recherche en lien avec l’impression de bâtiments sur la Lune et sur Mars, en utilisant le sol comme matériau principal. Image: Logan Architecture

C’est d’ailleurs pour cette raison que la NASA a annoncé l’an dernier le lancement d’un projet afin d’entreprendre de la recherche en lien avec l’impression de bâtiments sur la Lune et sur Mars, en utilisant le sol comme matériau principal. Avec un peu de chance, les technologies développées pourront aussi être utiles sur Terre, dans des régions un peu moins éloignées...

5 tendances design pour les bureaux en temps de COVID (et après)

Peu importe combien de temps durera la crise de la COVID-19, les architectes et designers s’entendent pour dire que son impact sur la façon dont sont conçus les bureaux d’entreprises survivra à la pandémie. Voici cinq tendances qui illustrent comment seront transformés les espaces de travail de demain.

Passer du bureau personnel au casier personnel

Bien que certaines entreprises aient décidé de fermer définitivement leurs bureaux, la plupart devraient plutôt adopter une approche hybride après la crise de la COVID-19. Le télétravail sera permis, mais les employés devront aussi se rendre à leur lieu de travail lorsque nécessaire.

Avec du personnel qui ne se pointe qu’une, deux ou trois journées par semaine, les entreprises ne voudront évidemment pas payer pour des espaces à moitié vides. Les travailleurs risquent donc de perdre leur espace de travail attitré. Au lieu de cela, ils pourront conserver leurs effets personnels dans un casier, puis prendre un bureau préalablement réservé lorsqu’ils se présenteront chez leur employeur (un concept aussi connu sous le nom d’hoteling).

En plus du besoin de réduire la superficie des bureaux, la nécessité d’avoir des surfaces dégagées pour faciliter le nettoyage et les technologies adoptées pour le télétravail, qui permettent aux travailleurs d’œuvrer de n’importe où, devraient en outre contribuer à rendre le concept de plus en plus populaire.

Des surfaces dégagées facilitent le nettoyage.

Créer des aires espacées et reconfigurables

Au cours des derniers mois, de nombreuses firmes d’architectes et de design ont proposé des plans pour faciliter la distanciation dans les lieux de travail. Les solutions trouvées varient d’une firme à l’autre, mais quelques constantes se dégagent.

Les bureaux doivent être aménagés de sorte que tous les travailleurs soient à deux mètres de distance, idéalement sans être face à face. Plusieurs firmes proposent aussi des designs au sol qui permettent de voir facilement l’espace réservé autour des employés, sans avoir une allure criarde pour autant. Ces agencements devront également simplifier les mouvements des travailleurs, pour qu’ils se déplacent tous dans le sens des aiguilles d’une montre lorsqu’ils entrent dans une pièce afin d’éviter les croisements trop fréquents, par exemple.

Les salles de réunions devraient quant à elles être conçues pour recevoir moins de personnes à la fois, et tout le mobilier devrait pouvoir être aisément réarrangé, car les règles de distanciation changent avec le temps, et ne seront peut-être pas les mêmes lors d’une future pandémie.

Des designs au sol permettent de voir facilement l'espace réservé autour des employés.

Porter une attention particulière au son

Avec les nouvelles mesures de télétravail, les employés qui doivent se concentrer et travailler seuls une journée resteront probablement à la maison, où ils ne seront pas dérangés et n’auront pas besoin de se déplacer.

Ceux qui seront au boulot risquent d’avoir souvent besoin (et envie) de parler à leurs collègues. Et avec tout le monde à deux mètres de distance, les conversations deviendront sûrement bruyantes. Pour cette raison, la firme de design new-yorkaise Schrimmer Design Group prévoit qu’il sera de plus en plus important de bien gérer l’acoustique des bureaux, notamment en choisissant mieux les matériaux et en préconisant des ajouts comme des murs végétaux, qui absorbent bien les sons.

La firme de design new-yorkaise Schrimmer Design Group prévoit qu’il sera de plus en plus important de bien gérer l’acoustique des bureaux.

Réduire les surfaces de contact

Plusieurs solutions peuvent être mises en place pour réduire les surfaces de contact que les employés doivent toucher pendant une journée de travail. Dans son concept de «bureaux de six pieds», l’entreprise de services immobiliers commerciaux Cushman & Wakefield – qui a aidé plus de 10 000 organisations en Chine à rouvrir leurs portes au cours des derniers mois – propose par exemple que les travailleurs placent un tapis jetable en papier sur le bureau qui leur est attitré le matin.

Les portes devraient aussi s’ouvrir automatiquement, et les robinets devraient être munis de capteurs de mouvement.

Dans les cas où l’automatisation n’est pas possible, certaines firmes proposent l’installation de surfaces antibactériennes et antivirales. Des autocollants, comme ceux de Nanoseptic, peuvent notamment être posés sur les boutons d’ascenseur afin de réduire les risques de transmission du virus.

L’entreprise de services immobiliers commerciaux Cushman & Wakefield propose aux travailleurs de placer un tapis jetable en papier sur le bureau.

Contrôler la qualité de l’air

Les concepteurs s’entendent également sur la nécessité de revoir l’aération des lieux de travail. Plusieurs stratégies existent pour renouveler et purifier l’air, notamment en isolant les parties plus dangereuses (comme les ascenseurs), en installant des systèmes de filtration et de traitement aux rayons UV et en augmentant le niveau de l’aération, qui devrait d’ailleurs fonctionner 24 heures sur 24.

Des firmes d’architectes, comme DLR Group aux États-Unis, ont même mis en place des systèmes pour mesurer la qualité de l’air en temps réel à l’aide de capteurs, ce qui permet de savoir quels sont les lieux problématiques et, surtout, de donner confiance en leur milieu de travail aux employés.

Des firmes d’architectes ont même mis en place des systèmes pour mesurer la qualité de l’air en temps réel.

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L'impact de la COVID-19 sur l'architecture et le design

Les 6 projets du Lab-École dévoilés

Le Lab-École de Pierre Thibault, Ricardo Larrivée et Pierre Lavoie a présenté ce lundi les concepts architecturaux des six écoles primaires qui seront construites sous son aile. Voici à quoi elles ressembleront.

Gatineau: au cœur de la cour

L’équipe de DMA Architectes (à qui l’on doit notamment la bibliothèque de Drummondville) a imaginé une école à échelle humaine, basée sur la connexion avec la nature.

L’école primaire anglophone Pierre-Elliott Trudeau sera agrandie de 2453 m2 et comptera huit classes de plus. Elle s’enrichira aussi d’une cour intérieure, qui reliera les espaces consacrés aux classes, à l’activité physique de même que les lieux communs. En brouillant les frontières entre l’extérieur et l’intérieur, on donne ainsi aux enfants le loisir d’explorer le monde qui les entoure.

On retrouvera également une salle culturelle ouverte sur la nature. Celle-ci permettra de «refléter l’esprit des Premières Nations et d’enseigner aux élèves les techniques autochtones ancestrales». Les élèves pourront jouer dans la terre du potager et de la serre. L’hiver, les gradins de l’amphithéâtre se transformeront en glissade.

Les intervenants espèrent créer un milieu de vie où les enfants développeront un sentiment d’appartenance à leur communauté. L’enseignement sera basé sur une approche holistique, axée sur la découverte.

Maskinongé: rendez-vous sur la galerie

Les habitants de Maskinongé, en Mauricie, se sont ralliés derrière le projet de Lab-École. Ils voulaient ainsi offrir aux petits de l’école primaire Saint-Joseph un «univers à la fois enveloppant et ouvert sur sa communauté tissée serrée».

Le consortium formé de Paquet — Taillefer et Leclerc architectes s’est inspiré des résidences patrimoniales du quartier et de leurs grandes galeries à l’avant pour réaliser les esquisses. Le nouveau lieu ressemblera d’ailleurs un peu à une maison avec son préau et sa galerie couverte.

Ici encore, la nature et la culture maraîchère sont au cœur du concept d’agrandissement. Au milieu du site, la cuisine et la salle à manger spacieuse donneront sur des jardins communautaires.

Le bâtiment réservé à la maternelle sera traversé par une rampe de jeux et de circulation qui se poursuivra jusqu’à la petite cour où on pourra s’amuser et apprendre. Les classes du primaire, décloisonnées et lumineuses, compteront chacune une mezzanine et offriront une vue sur le sous-bois. En plus de la courette, des potagers et du sous-bois, l’environnement extérieur comprendra un parcours d’îles imaginaires et une plaine gazonnée pour le sport.

Rimouski: mon école buissonnière

Les firmes d’architecture Lapointe Magne et associés et L’ŒUF ont donné à la future école primaire de 500 élèves une vision ludique.

Le nouveau bâtiment de plain-pied se caractérisera par son imposante toiture qui laisse entrer la lumière, ses multiples espaces partagés et ses liens entre l’extérieur et l’intérieur. Dehors, plusieurs éléments attendront les élèves: jardins communautaires, tyrolienne, champ, piste de luge, patinoire et autres donneront l’occasion aux enfants de bouger avec leurs amis, mais aussi avec leur famille tout au long de l’année.

L’agora se trouve au centre du projet. Le grand escalier-gradin conduira au deuxième étage et offrira une place pour manger, jouer et se rassembler. Les classes feront face au nord et au boisé. La cuisine, quant à elle, mettra en valeur les aliments cultivés dans les jardins.

Les concepteurs ont misé sur des matériaux simples, comme le bois, pour «laisser les formes et le paysage s’exprimer». La construction de ce nouvel établissement scolaire devrait être complétée en 2023. Il comptera 25 classes, dont 8 de niveau préscolaire et 17 de niveau primaire.

Saguenay: les classes du Versant

La nouvelle école Marguerite D’Youville permettra aux élèves ayant des problèmes de comportement d’être intégrés dans les classes régulières. Pour que tous les enfants se sentent comme à la maison, le consortium Étienne Bernier Architecture, APPAREIL architecture et BGLA a imaginé un ensemble constitué de mini-écoles. Celles-ci sont unies par des corridors vitrés et s’organisent autour d’une cour extérieure.

Les architectes souhaitent ainsi construire des «bâtiments à l’échelle des tout-petits» pour leur offrir un environnement familier et rassurant.

Les zones pour le préscolaire seront aménagées au rez-de-jardin afin de créer une relation forte avec l’extérieur. L’aile centrale, vaste et ouverte, encourage les interactions avec ses grands gradins. La troisième aile est divisée en trois maisonnettes, abritant chacune un cycle primaire sur deux niveaux. La cour intérieure, cachée dans le U que forment les édifices, sera de son côté protégée des vents.

Shefford: nouveaux horizons

Les firmes Pelletier de Fontenay et Leclerc architectes ont elles aussi conçu plusieurs pavillons, que l’on pourrait qualifier de mini-écoles, pour la future école primaire de Shefford.

Avec ses bâtiments en bois prédominant aux toits en pente, son espace extérieur agrémenté de nombreuses fleurs sauvages, arbres et plantes, et son contact avec la nature, le projet prendra un air bucolique.

Ici encore, l’intérieur se composera de vastes espaces ouverts, et les gradins de la cafétéria, propices aux échanges, donneront sur le potager. Une pompe manuelle permettra d’ailleurs d’irriguer les plantations avec l’eau de ruissellement des toits. Les élèves y auront également une vue sur le mont Shefford.

La zone de collaboration, partagée entre quatre classes, se déploiera en hauteur. Le rez-de-chaussée sera consacré aux travaux de groupe, tandis que la mezzanine sera parfaite pour les tâches qui demandent de la concentration.

Le futur établissement scolaire abritera 16 classes, soit 4 de niveau préscolaire et 12 de niveau primaire.

Québec: l’école en paliers

Classes qui s’adaptent selon les besoins, «rues d’apprentissage» et espaces de jeux sur le toit caractérisent le Lab-École de Québec.

Les corridors élargis, qualifiés de rues d’apprentissage, serviront de lieu aux élèves du préscolaire et du premier cycle pour manger et collaborer avec les autres classes. Comme l’école se trouvera en milieu urbain, les architectes ont misé sur la verticalité. La cour de récréation sera notamment juchée sur le toit, où on pourra profiter de la vue sur la ville.

La future école primaire viendra stimuler la revitalisation du Vieux-Limoilou et l’établissement se veut comme «une grande maison ouverte sur la communauté». Le gymnase, la bibliothèque, les classes d’arts et de musique, la cuisine, l’espace pour manger et le potager seront donc accessibles à tous en dehors des heures de cours.

La nouvelle école de 20 classes remplacera le bâtiment de l’école Stadacona, jugé trop vétuste. L’esquisse est signée par l’équipe du Lab-École elle-même, mais les plans et devis reviennent à la firme ABCP architecture.

Nos coups de cœur aux Prix d’excellence en architecture

Depuis 1978, l’Ordre des architectes du Québec récompense les réalisations exceptionnelles des architectes d’ici avec ses Prix d’excellence en architecture. Voici nos projets préférés parmi les 15 lauréats de la cuvée 2020.

Résidence Marconi (Pelletier de Fontenay)

Cette maison de type « shoebox » aux allures modestes s’est démarquée dans la catégorie Bâtiments résidentiels de type unifamilial en milieu urbain. Situés dans le quartier Marconi-Alexandra à Montréal, les lieux ne semblent de prime abord guère invitants. La résidence est en effet coincée entre un garage, la voie ferrée et la ruelle.

La résidence Marconi est coincée entre un garage, la voie ferrée et la ruelle. Photo: Pelletier de-Fontenay

Les concepteurs ont néanmoins réussi à tirer habilement parti de cet environnement. En agrandissant la maison en fond de terrain et en sous-sol, ceux-ci ont créé un vide entre l’ajout et la partie existante. Cet espace sert désormais d’espace extérieur, où les propriétaires peuvent profiter d’un moment de répit. La grande baie vitrée à l’arrière donne pour sa part sur le chemin de fer et la friche aux abords.

La grande baie vitrée à l’arrière donne sur le chemin de fer et la friche aux abords. Photo: Pelletier de-Fontenay

L’ensemble épuré, sobre, laisse toute la place à la lumière naturelle et vient compléter avec brio la construction d’origine.

L'intérieur est baigné de lumière naturelle. Photo: Pelletier de-Fontenay

Au Gré des Champs (la SHED architecture)

Qui a dit que l’architecture de qualité était réservée aux humains? Certainement pas la SHED architecture, qui signe avec ce projet un bâtiment agricole exceptionnel. La nouvelle étable de la fromagerie Au Gré des Champs en Montérégie allie charme champêtre et modernité et lui a valu le prix dans la catégorie Bâtiments industriels et commerciaux.

Les grandes façades translucides permettent aux vaches (et aux travailleurs!) d’être baignées de lumière. Photo: Maxime Brouillet et Virginie Gosselin

Le volume simple en bois naturel a été recouvert de grandes façades translucides, qui permettent aux vaches (et aux travailleurs!) d’être baignées de lumière. À l’intérieur, les grandes poutres et les parements de bois, tout comme le toit en acier, rappellent les bâtiments de ferme traditionnels. On a toutefois eu recours au polycarbonate et ajouté des ouvertures à auvents qui favorisent l’éclairage et l’aération naturels, ancrant le projet dans le XXIe siècle.

La nouvelle étable de la fromagerie Au Gré des Champs en Montérégie allie charme champêtre et modernité. Photo: Maxime Brouillet et Virginie Gosselin

Chalet du Sommet Bromont - Montagne d’expériences (Lemay)

Les lecteurs assidus d’Avenues.ca reconnaîtront peut-être ce chalet de ski qui a remporté le Prix du public. Il avait en effet fait figure de «wow du jour» dans nos pages plus tôt cette année.

Photo: Phil Bernard, V2com

Lemay a séduit les Québécois avec un bâtiment qui respecte la nature. Celui-ci épouse les formes de la montagne et semble avoir été simplement posé au sommet. Sa grande toiture blanche se fond dans le paysage, alors que le bois naturel réchauffe les lieux. Les immenses fenêtres, qui couvrent 80 % des murs, donnent aux sportifs une vue imprenable sur la région et offrent plusieurs points d’observation.

Les immenses fenêtres donnent aux sportifs une vue imprenable sur la région et offrent plusieurs points d’observation. Photo: Phil Bernard, V2com

Complexe sportif de Saint-Laurent (Saucier + Perrotte Architectes en consortium avec HCMA)

Les architectes ont usé de créativité pour imaginer le nouveau complexe sportif et le résultat original est sorti vainqueur dans la catégorie Bâtiments institutionnels publics. Celui-ci se compose de deux volumes en oblique, l’un cristallin et l’autre, noir charbon. Entre les deux, une promenade extérieure relie les visiteurs à l’ensemble du site.

Le complexe sportif se compose de deux volumes en oblique, l’un cristallin et l’autre, noir charbon. Photo: Olivier Blouin

À l’intérieur, la lumière est au rendez-vous. Le gymnase et la palestre se retrouvent au-dessus de la piscine, dans un espace coloré en rouge. L’architecte Gilles Saucier, directeur du design chez Saucier + Perrotte, résume ainsi le projet: «L’idée était simple: représenter physiquement, à travers la conception du complexe, l’énergie émise par les utilisateurs sur place.» On sent d’ailleurs le dynamisme dans l’architecture.

Le gymnase et la palestre se retrouvent au-dessus de la piscine, dans un espace coloré en rouge. Photo: Olivier Blouin

Les autres lauréats des Prix d’excellence démontrent également la qualité du travail des architectes québécois et leur contribution à notre société. Pour voir la totalité des projets gagnants et s’offrir une bonne dose de beauté, on vous invite à consulter le site de l’Ordre des architectes du Québec.

Repenser le design des CHSLD

La crise actuelle de la COVID-19 démontre bien que les CHSLD n’étaient pas prêts à faire face à une telle pandémie. Comment peut-on mieux équiper les résidences pour personnes âgées d’un point de vue architectural? Réflexion et pistes de solution.

Des 3858 personnes mortes de la COVID-19 au Québec (en date du 21 mai), 2660 habitaient en CHSLD et 674 en résidences privées pour aînés. Ces chiffres alarmants ne s’expliquent évidemment pas qu’en raison de défauts architecturaux.

Le secteur des soins de longue durée fait en effet souvent figure de parent pauvre de notre système de santé, qui semble favoriser les hôpitaux. Sous-financé et mal desservi, il peine également à se rendre attrayant auprès de la main d’œuvre et manque donc de personnel. Sa clientèle était déjà vulnérable, et elle l’est encore plus dans ce contexte. À ce sujet, le texte de Jean-Benoît Nadeau s’avère d’ailleurs fort éclairant.

Malgré tout, le design des CHSLD doit être repensé. Voici quelques idées pour résoudre le problème.

Adieu, les chambres partagées

Il faut se l’avouer: les infrastructures des CHSLD ne sont pas pensées pour répondre aux besoins d’aujourd’hui. Les établissements de santé plus anciens sont souvent conçus comme des mini-hôpitaux, où les résidents doivent partager chambre et salle de bains. À l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, pourtant ultraspécialisé, les lavabos ont été installés dans le fond de la chambre, qu’il faut retraverser au complet après s’être lavé les mains. Difficile, dans ces conditions, de limiter la propagation d’un virus.

Comme proposé dans le projet gouvernemental de Maisons des aînés et de Maisons alternatives en novembre 2019, les résidences pour aînés devraient se composer uniquement de «chambres individuelles plus grandes, avec une salle de toilette privée et une douche adaptée».

À Québec, la résidence Humanitae propose un milieu de vie différent. Photo: Facebook Humanitæ

Plus d’espace, moins de résidents

Évidemment, les résidents ne peuvent pas rester confinés dans leur chambre tout le temps. Pour leur permettre de sortir tout en limitant la transmission des virus et autres infections, les CHSLD devraient être de plus petite taille et accueillir moins de personnes âgées par bâtiment.

Les quelques villages Alzheimer présents au pays, comme celui de Langley en Colombie-Britannique ou la résidence Humanitae à Québec, le font déjà. Bâtis sur le modèle néerlandais, ces derniers sont conçus à la manière d’un quartier: les résidents habitent par groupes de 12 personnes ou moins dans des maisonnées placées sur un grand terrain avec espaces verts. Ils ont chacun leur chambre et leur salle de bains, et les espaces communs ressemblent plus à ceux d’une maison unifamiliale qu’à ceux d’un centre de soins longue durée. On n’y retrouve pas de grande cafétéria éclairée aux fluorescents, par exemple.

Le village Alzheimer, en Colombie-Britannique, conçu à la manière d'un quartier. Photo: Facebook The Village Langley

Même s’ils ont été imaginés spécialement pour les gens atteints de troubles de la mémoire, ces centres ont de quoi inspirer les futurs CHSLD. Le modèle communautaire de quartier peut plus facilement se plier aux exigences de confinement.

Le cabinet d’architecture Snøhetta a aussi réfléchi à la question de l’aménagement idéal en concevant le Maggie’s Cancer Caring Center en Écosse et un ensemble de chalets en pleine nature pour les patients des plus importants hôpitaux de Norvège. Ces deux projets permettent aux résidents de recevoir les soins nécessaires sans être exposés inutilement aux virus, mais sans être isolés non plus. Leurs proches peuvent ainsi les visiter sans problème.

Plus de technologie

La pandémie de COVID-19 a forcé le système de santé à adopter plus largement la télémédecine. La technologie pourrait aussi servir dans les CHSLD. Au New Jersey, par exemple, le Jewish Home Family Facilities utilise des tablettes et des applications de vidéoconférence pour aider les résidents à garder le contact avec leurs proches. Les administrateurs se rendent d’ailleurs compte que les familles prennent plus fréquemment des nouvelles de cette façon.

Évidemment, toutes ces solutions ont un coût. Un coût que les centres de soins de longue durée, qui jonglent déjà avec des budgets insuffisants, ne peuvent souvent pas se permettre. Il faudra peut-être redéfinir les priorités de notre société pour régler le problème.