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L’architecture au service de l’autisme

Le bruit, la lumière, les couleurs: le quotidien d’une personne autiste dans un environnement non conçu pour elle relève parfois du parcours du combattant. En repensant les espaces, les architectes peuvent néanmoins s’assurer que tous se sentent mieux.

Comme avril est le mois de l’autisme au Québec, on s’est demandé comment l’architecture peut apaiser ceux et celles qui se trouvent sur le spectre de l’autisme. La réponse n’est malheureusement pas simple.

Il y a un adage qui dit: «Si vous avez rencontré une personne autiste…, vous avez rencontré une personne autiste.» Le balado 99% Invisible a consacré il y a quelques semaines un épisode à l'autisme et à l'architecture. L’intervenante, Lauren Ober, elle-même autiste, y explique l’expression en soulignant que les besoins varient grandement au sein de cette communauté. Par exemple, certains sont hypersensibles alors que d’autres sont hyposensibles. D’où la difficulté de répondre aux exigences de tous et de trouver une recette gagnante.

Pourtant, si ces éléments ne sont pas considérés dès la conception du bâtiment, l’environnement peut devenir source de stress, d’anxiété ou même de douleur pour ces personnes.

Hajer Anti en connaît un rayon sur le sujet. L’architecte et doctorante en neurosciences est une pionnière de la recherche dans ce domaine. Elle reconnaît tous les obstacles qui se dressent devant les immeubles adaptés à cette clientèle bien particulière. Elle s’est tournée vers la neuro-architecture pour y faire face. Ce concept, encore récent, vise à créer des lieux qui tiennent compte des réactions intuitives au cadre bâti.

En entrevue avec son alma mater, elle confie que ce courant, qui permet selon elle de remettre l’humain au centre du processus architectural, la séduit. La conceptrice mise aujourd’hui sur la modularité et l’adaptabilité dans sa pratique. Voici quelques réalisations d’ici et d’ailleurs qui font de même.

L’éveil du Scarabée

En France, dans le petit village de Champcevrais, se trouve depuis 2014 L’éveil du Scarabée, une maison d’accueil pour autistes non verbaux. Cette résidence est le fruit de sept ans de travail de l’architecte Emmanuel Negroni. Celui-ci a mis tout en œuvre pour limiter le plus possible l’anxiété des occupants.

L’équipe de conception a fait attention aux menus détails. La lumière est notamment toujours indirecte, et l’on a opté pour un éclairage à DEL, qui ne produit pas de grésillement ou de scintillement comme les fluorescents. Pour réduire les contrastes, on a installé une verrière au-dessus de l’entrée principale. On passe ainsi plus en douceur de la lumière extérieure à celle de l’intérieur. On a également réduit les sons, comme l’écho qui peut stresser certains autistes, en peaufinant l’acoustique.

L’espace ouvert, pensé comme une place de village, permet aux résidents de se déplacer aisément, mais il offre aussi des zones d’intimité.

La place du village, qui permet aux résidents de se déplacer aisément tout en offrant des zones d’intimité. Photo: Facebook Centre pour autistes l'éveil du Scarabée

À Pas de Géant

Solution bien de chez nous, le Centre d’autisme À Pas de Géant voit grand. Le complexe inauguré l’automne dernier dans Rosemont–La-Petite-Patrie entend répondre au manque de services offerts au Québec aux personnes autistes, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte.

Celui-ci regroupe une école pour 120 élèves, âgés de 4 à 21 ans, un centre d’éducation et de formation des adultes et un centre de recherche sur l’autisme.

L’école, conçue par Provencher_Roy, présente une courbe intérieure qui protège la cour et le talus derrière. À l’intérieur, on ne retrouve aucun couloir droit, pour éviter l’effet tunnel. Des espaces apaisants tels que des alcôves ont été insérés ici et là. Les architectes ont imaginé des zones sensorielles neutres et facilement adaptables aux besoins des élèves. Plutôt que de miser sur des angles droits, on a opté pour des formes courbes. L’ensemble est invitant et doux.

L’école présente une courbe intérieure qui protège la cour et le talus derrière. Photo: Facebook À pas de géant / Giant Steps

Maison Véro & Louis

La maison de la Fondation Véro & Louis a été conçue spécialement par Atelier TAG pour les adultes vivant avec le trouble du spectre de l’autisme. Elle a été inaugurée en 2021 à Varennes.

La directrice de la résidence, Katty Taillon, expliquait l’an dernier à La Presse que le but «était de concevoir une maison à long terme où l’on puisse vieillir en se sentant chez soi». Une équipe de chercheurs et des proches de personnes autistes ont collaboré avec les architectes pour élaborer le bâtiment.

Si l’extérieur n’a rien de remarquable, l’intérieur a été minutieusement pensé pour répondre aux différents besoins des occupants. L’aménagement est polyvalent et modulable. Une attention particulière a été portée à la lumière, à la température, à l’acoustique et aux matériaux. Les textures n’ont pas non plus été négligées. Le plancher est par exemple doux sous les pieds.

Chacune des 16 chambres, réparties dans quatre maisonnées, reflète la personnalité de son occupant. Le blanc et le bois sont à l’honneur dans les espaces communs. Les ouvertures, elles, donnent uniquement sur la cour.

Photo: jprphotographe

Morgan’s Garden

Les lieux inclusifs ne sont pas seulement confinés entre quatre murs. On peut aussi concevoir des espaces extérieurs qui répondent aux besoins des personnes autistes. C’est le cas du Morgan’s Garden, la cour du Monarch Center for Autism en Ohio, aux États-Unis.

Le jardin, signé par la firme torontoise Virginia Burt Designs, est dédié aux adultes atteints de troubles du spectre autistique. Afin de comprendre les impératifs des utilisateurs, l’équipe a demandé une subvention de recherche de la Fondation Architecture de paysage Canada pour réaliser une revue de la littérature sur le sujet.

Le résultat comprend un jardin et une ferme. Cette dernière est en fait une cuisine et un patio fermé pour la thérapie horticole et la formation professionnelle. Dans le reste de la cour, on retrouve une pelouse en cercle entourée d’arbres et des sentiers en boucle qui mènent à des sièges, des balançoires et des salles de classe. Des plantes basses, choisies avec soin pour leurs qualités sensorielles, séparent les espaces.

Ce mandat a valu à Virginia Burt un Prix d’excellence 2022 de l’Association des architectes paysagistes du Canada.

Opération patrimoine Montréal: des gardiens de l’histoire montréalaise récompensés

Opération patrimoine Montréal souligne chaque année le travail d’orfèvre des citoyens ou organismes qui préservent et mettent en lumière le patrimoine de la métropole. Coup d’œil sur les lauréats des Grands prix 2023.

C’est le 7 février dernier que Montréal a dévoilé les choix du jury de l’Opération patrimoine Montréal 2023. Cette initiative, orchestrée par la Ville en partenariat avec Héritage Montréal et le gouvernement du Québec, «vise à célébrer le patrimoine montréalais sous toutes ses formes et à sensibiliser la population à l’importance de le protéger».

Le jury de sept membres, présidé cette année par Denis Boucher, président du Conseil du patrimoine de Montréal, a étudié les 17 propositions reçues à la suite d’un appel de candidatures. Voici nos favoris.

Grand prix Prendre soin

Cette catégorie récompense les propriétaires résidentiels qui, au fil des années, ont entretenu ou redonné ses lettres de noblesse à leur propriété.

Au 1851-1853, boulevard Pie-IX se dresse une maison construite en 1897, dont les murs ont abrité différents notables de Montréal. Cette belle d’autrefois avait toutefois grandement besoin d’une cure de jouvence.

Marie-Christine Jacques et Michel Fournier cherchaient un duplex pour y vivre avec leurs enfants et ils ont eu un coup de cœur pour la résidence. À l’aide d’un croquis fourni par Pierre de la Cathédrale, le couple a rénové la façade. Les balcons ont par exemple été retirés puis reconstruits, de nouvelles consoles ont fait leur apparition et la maçonnerie a été refaite. Tous les détails qui enjolivent l’extérieur semblent désormais mis en valeur.

Le jury a d’ailleurs salué le travail de restauration de plusieurs éléments d’origine, «en particulier la réfection du couronnement, du balcon et de la pierre en façade». Le ferblantier d’art Benoît Le Vergos a pour sa part refait complètement la toiture, qui attire le regard avec sa fausse mansarde, ses chandelles et son œil-de-bœuf.

«D’habiter dans un bâtiment comme celui-là est un privilège, estime Michel Fournier dans la vidéo présentant le Grand prix. On a la responsabilité d’en prendre soin, et d’y arriver en bout de ligne, c’est là la satisfaction.»

Grand prix Redonner vie

On comprend aisément pourquoi la maison Robert-Bélanger s’illustre dans cette catégorie qui s’adresse aux propriétaires corporatifs et concepteurs de projets qui ont contribué à actualiser un lieu d’intérêt patrimonial en vue d’un nouvel usage ou d’une réalité contemporaine.

Cette maison de ferme érigée entre 1803 et 1806 est l’une des plus anciennes constructions de Saint-Laurent. La propriété des familles Robert puis Bélanger a été citée immeuble patrimonial en 2009. La Ville en a pris possession afin de la réhabiliter et de l’ouvrir au public.

Les firmes DFS Architecture ainsi que WAA+ ont mené les travaux de main de maître. «La maçonnerie de moellons, de pierre des champs, l’ossature principale de la maison et la toiture à deux versants ont été remises en état», relate en vidéo l’architecte Daniel Durand. On a refait la toiture en tôle à la canadienne, et la belle galerie vert tendre a été reconstituée.

On retrouve aussi à l’intérieur des plâtres fabriqués selon la méthode ancestrale, avec trois couches de plâtre et de sable. L’ensemble des papiers peints, visibles sur une partie du mur, permet une incursion dans les différentes époques de la demeure.

L’aménagement paysager du terrain rehausse la valeur de la propriété. «Le site est un témoin du passé, remarque Antoine Crépeau, architecte paysagiste de WAA+ Montréal. Puis, on voulait que ce soit un acteur d’aujourd’hui.»

Son passé agricole est souligné entre autres par la présence de potagers et du verger à l’arrière. Une bordure de granit rappelle de son côté l’emplacement de l’ancienne écurie.

Grand prix Savoir-faire

Architecte, conservateur et restaurateur de fresques: Pierlucio Pellissier est un homme de plusieurs talents. Celui qui a travaillé sur des fresques romaines, anciennes et modernes tient à rappeler que cet art en est un d’équipe.

«Le travail de la fresque est extrêmement compliqué. Le maçon doit étendre les trois couches de mortier et le peintre doit intervenir directement sur la dernière couche de mortier frais», explique-t-il dans la vidéo des Grands prix.

On peut notamment admirer son œuvre à l’église Notre-Dame-de-la-Défense dans la Petite-Italie. En plus des fresques, les tableaux, le marbre, les métaux ouvrés et les chemins de croix ont été patiemment remis à neuf. On a même redonné un second souffle aux planchers, aux meubles et aux luminaires. Les travaux ont duré trois ans.

Le jury a reconnu la polyvalence de Pierlucio Pellissier, «notamment sa compétence tant à prescrire les travaux de restauration des décors intérieurs qu’à les exécuter».

Pour découvrir l’ensemble des lauréats de l’Opération patrimoine Montréal 2023, c’est par ici.

https://www.youtube.com/watch?v=E-28ca0YaqI&t=40s

Architecture et design: quoi surveiller en 2024

Si les couleurs vives, l’audace et un besoin d’individualité ont défini 2023, 2024 s’annonce beaucoup plus responsable. On mise cette année sur la durabilité, le seconde main, les matériaux naturels et l’adaptation. Coup d’œil sur les principales tendances à suivre.

Matériaux locaux à l’honneur

Pandémie, guerres, inflation: les dernières années ont mis en lumière les problèmes qui viennent avec l’approvisionnement à l’autre bout de la planète. C’est particulièrement vrai en architecture. Si vous avez fait des rénovations ou construit une maison au cours de cette période, vous avez sûrement dû jongler avec la rareté des matériaux de construction et la flambée des prix.

C’est peut-être pour cette raison qu’on se soucie plus que jamais du lieu de fabrication des matériaux qu’on choisit, et qu’on opte si possible pour ceux qui proviennent d’ici. En plus de réduire les répercussions sur la planète, ces derniers sont mieux adaptés à notre climat. Et on fait d’une pierre deux coups en encourageant les fabricants québécois.

De la durabilité, s’il vous plaît

S’il y a une tendance qui rallie architectes, designers et autres spécialistes du secteur en 2024, c’est bien celle de la durabilité. Les bâtiments d’aujourd’hui (et de demain) font la part belle aux matériaux recyclés, à faible teneur en carbone et à bilan carbone négatif. L’efficacité énergétique et la performance des immeubles passent à l’avant-plan, la lumière naturelle aussi. On renoue également avec les façons de faire ancestrales.

«Les matériaux et les méthodes de construction qui auraient pu être considérés comme marginaux, comme la construction en béton de chanvre et en bottes de paille, sont désormais sérieusement envisagés pour des projets plus courants alors que nous cherchons des moyens de réduire l’impact climatique de la construction», a souligné l’architecte William Samuels en entrevue avec Dwell.

Mat Cash, architecte partenaire de Heatherwick Studio, va plus loin. Selon lui, les jours des bâtiments conçus pour durer 20 ou 30 ans sont comptés. «Nous devons avoir l’ambition de construire pour 1000 ans», avance-t-il dans cet article de Dezeen.

Simplicité volontaire

Faire plus avec moins, telle est la devise de 2024. L’approche demande évidemment réflexion et innovation, mais les petits projets bien pensés ont la cote cette année. L’engouement — timide, mais bien présent — pour les bâtiments préfabriqués et modulaires ne se dément pas. Ce type de construction plus rapide et plus facilement adaptable permet aussi de réduire le gaspillage de matériaux.

Les minimaisons, qui s’inscrivent résolument dans cette simplicité volontaire, seront d’ailleurs en vedette au prochain salon ExpoHabitation, qui se tiendra du 8 au 11 février au Stade olympique.

Les minimaisons, qui s’inscrivent dans cette simplicité volontaire, seront en vedette au prochain salon ExpoHabitation. Photo: Andrea Davis, Unsplash

Pensée pour l’inclusivité

L’objectif de concevoir des espaces accessibles à tous, facilement, se taille lentement une place dans les projets des architectes, et la tendance devrait prendre de l’ampleur cette année. Comme le mentionne Rethinking The Future, «l’accès sans obstacle n’est pas une politesse, c’est une nécessité». Mais pour réaliser des immeubles réellement inclusifs, on devra donner la parole à ceux qui font face à ce défi au quotidien (et les écouter!).

Seconde main au goût du jour

On vous parlait récemment de la réutilisation adaptative. Le mouvement pourrait prendre son véritable envol cette année. L’architecte Aniket Shahane, fondateur de l’Office for Architecture, remarque à tout le moins que les gens reconnaissent à nouveau l’importance de travailler avec ce que nous avons et d’en tirer le meilleur parti, y compris le bâti existant.

«Non seulement cette pratique est durable et respectueuse de l’environnement, ça peut aussi être très gratifiant de redonner vie à quelque chose d’ancien et de dialoguer avec les choses qui nous ont précédés», estime-t-il. Il espère qu’on réinventera les maisons de ville en rangée pour en faire de nouvelles résidences, oui, mais aussi des bibliothèques, des écoles ou des commerces.

Mélange des genres

Cette envie de consommer mieux et de réduire son empreinte sur l’environnement se manifeste également dans l’aménagement intérieur de nos maisons. En 2024, on marie l’ancien et le moderne, le métal et le bois, le vieux et le neuf, les meubles retapés et les pièces de designer choisies avec soin. On adopte avec bonheur une esthétique imparfaite, mais à notre image.

Les pièces multifonctionnelles, qui peuvent s’adapter aux besoins du jour, sont en outre prisées, tout comme le rangement intégré.

Des cadeaux pour les férus d’architecture

Noël approche à grands pas. Êtes-vous à la recherche d’un cadeau pour l’amoureux d’architecture de votre entourage? On vous propose 10 idées qui devraient faire son bonheur (ou le vôtre, pourquoi pas!).

Bas d’architectes

Il existe une réalité simple, mais incontestable: peu importe notre sexe, notre âge ou notre statut social, on a toujours besoin de bas. La boutique DodoSocksShop propose sur Etsy un ensemble de cinq paires rendant hommage aux architectes Le Corbusier, Luis Barragan, Zaha Hadid, Walter Gropius et Ivan Levinsky, qui viennent dans une variété de tailles. La boîte, elle, s’inspire des motifs de Piet Mondrian.

Ces chaussettes colorées sont l’accessoire parfait pour donner du pep à une tenue minimaliste. En les achetant, on encourage en plus une petite entreprise ukrainienne. Si jamais le père Noël ou ses lutins lisent cet article, l’auteure de ces lignes, qui adore le travail de Zaha Hadid, aimerait bien cet ensemble.

La boutique DodoSocksShop propose sur Etsy un ensemble de cinq paires rendant hommage à cinq architectes. Photo: Etsy

Affiche montréalaise

Le Montréalais — de cœur ou d’adresse — devrait craquer pour les affiches de l’illustratrice Sarha Darveau, connue sous le nom de Darvee. En quelques coups de crayon, elle transpose avec justesse l’âme de la métropole.

Il est difficile de choisir quelle affiche en noir et blanc on préfère. Que vous jetiez votre dévolu sur les balcons, les façades de plex, les casernes ou les escaliers, vous ne devriez pas vous tromper. On les retrouve notamment à la boutique Bref, rue Bernard Ouest, dans le Mile End.

 

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Jeu Cities: Skyline II

Ce jeu vidéo est tout indiqué pour l’urbaniste en herbe. Cities: Skylines II, paru en octobre dernier, nous donne la possibilité de réaliser la ville de nos rêves. On doit créer des quartiers résidentiels, des commerces, des zones industrielles et résoudre les enjeux urbains (comme équilibrer le budget municipal, stimuler la vitalité du centre-ville ou optimiser les espaces verts) dans une simulation impressionnante de réalisme.

On retrouve désormais une version jeu de table, inspirée du jeu vidéo du même nom. Cette version coopérative amène l’équipe à faire prospérer sa ville en rendant ses habitants heureux.

On retrouve désormais une version jeu de table du jeu vidéo Cities Skylines.

Des souliers de designers célèbres (ou presque)

Les designers d’intérieur Charles et Ray Eames n’ont plus besoin de présentation. Le couple a marqué profondément la pratique, et on retrouve ses chaises et fauteuils iconiques (ou leurs copies) dans bon nombre de foyers à travers le monde, même si leur mort remonte à il y a plus de 30 et 40 ans.

Reebok s’est alliée en 2021 avec le studio de design Eames Office, qui continue à faire vivre l’esprit des créateurs, pour revisiter ses modèles. La dernière collaboration comprend trois paires différentes. On aime particulièrement la Reebok x Eames Classic Nylon.

Reebok s’est alliée avec le studio de design Eames Office, qui continue à faire vivre l’esprit des créateurs Charles et Ray Eames, pour revisiter ses modèles.

BESIDE Habitat

Le magazine BESIDE a tiré sa révérence sans bruit plus tôt ce mois-ci, après huit années de création. Heureusement, la destination architecturale du même nom ne ferme pas ses portes. À défaut d’offrir les services d’un architecte — un cadeau extrêmement cher, avouons-le —, pourquoi ne pas offrir un séjour dans un des chalets minimalistes?

Érigées dans la région de Lanaudière, au sein d’un parc naturel préservé, les résidences offrent un havre de paix dans un écrin magnifique. Faites vite, les réservations s’envolent rapidement.

Photo: Facebook Beside Habitat

Ami du CCA

Le Centre canadien d’architecture (CCA), fondé en 1979 à Montréal par l’infatigable Phyllis Lambert, vaut le détour pour tous ceux qui croient que l’architecture mérite réflexion.

Pour 50$, une adhésion d’un an au programme des Amis du CCA donne notamment droit à une entrée gratuite et illimitée aux expositions, à l’accès en primeur à certains événements et aux invitations aux vernissages. L’abonnement duo ou famille est aussi offert.

Une adhésion d’un an au programme des Amis du CCA donne notamment droit à une entrée gratuite et illimitée aux expositions. Photo: Wikipedia

Mes maisons archi zinzins

L’architecture ne rejoint pas que les adultes! Ce livre signé par Arthur Dreyfus et joliment illustré par Raphaël Journaux plaira aux enfants. Un grand-père architecte y décrit à sa petite-fille les projets les plus fous sur lesquels il a travaillé. D’une maison transparente à une demeure où la lumière brille en permanence, chaque page nous fait sourire. La panoplie de détails nous permet de découvrir chaque fois un nouvel élément.

L’album a été testé et approuvé par deux petits, qui ne partagent pourtant pas l’enthousiasme de leur mère pour le sujet.

Cet album a été testé et approuvé par deux petits, qui ne partagent pourtant pas l’enthousiasme de leur mère pour l'architecture.

Habiter en beauté

On envie un peu (beaucoup) Catherine Perrin, qui a eu la chance pendant un an de visiter avec l’architecte Pierre Thibault quelques-unes de ses réalisations. De cette expérience est né le livre Habiter en beauté. L’ouvrage raconte l’histoire de «ces lieux qui nous font du bien».

Les Jardins de Métis, le Collège Sainte-Anne et la salle de concert de l’Université Laval font partie des figurants de cette discussion fort intéressante sur l’architecture et nos milieux de vie. Il s’agit d’une belle réflexion à mettre sous le sapin.

Aino + Alvar Aalto: une vie ensemble

Le célèbre architecte finlandais Alvar Aalto n’hésite pas à rendre à César ses lauriers: «Je dois tellement de salaires non payés à Aino que je n’ai pas d’autres choix que de l’épouser.» La blague en dit long sur le travail, dans l’ombre, de sa femme.

Le livre Aino + Alvar Aalto: une vie ensemble, écrit par leur petit-fils Heikki Aalto-Alanen, lève le voile sur un amour intense, mais aussi sur un partenariat d’affaires méconnu. La correspondance entre les deux complices se parsème de photos et de dessins provenant des archives familiales.

Ce livre, écrit par le petit-fils d'Aino et Alvar Aalto, lève le voile sur un amour intense, mais aussi sur un partenariat d’affaires méconnu.

La totale à Chicago

Si le budget n’est pas un enjeu, on vous conseille fortement d’offrir un séjour dans une ville résolument design: Chicago. Tout amateur d’architecture qui se respecte adorera la croisière sur la rivière à la découverte des bâtiments et des concepteurs qui ont marqué la ville, quoiqu’une simple marche dans ses divers quartiers suffit à avoir notre dose de beauté.

Point boni si le voyage coïncide avec les journées portes ouvertes sur l’architecture. Le festival gratuit, qui se tient habituellement en octobre, donne accès aux édifices autrement fermés au public.

Si le budget n’est pas un enjeu, on vous conseille fortement d’offrir un séjour dans une ville résolument design: Chicago. Photo: Christopher Alvarenga, Unsplash

Réutilisation adaptative: oui aux bâtiments de seconde main

Réduire, réutiliser, recycler: saviez-vous que les 3 R s’appliquent aussi à l’architecture? Ici et ailleurs, les architectes donnent une seconde vie aux anciennes manufactures, aux écoles désaffectées ou aux bureaux déserts. Après tout, le bâtiment le plus écoresponsable est celui qui est déjà construit.

Alors que le bâtiment demeure l’un des secteurs émettant le plus de CO2 sur la planète, la réutilisation adaptative — communément appelée adaptive reuse en anglais — connaît un certain engouement.

Si le terme semble complexe, le concept est simple, du moins sur papier. Il s’agit de transformer un bâtiment négligé ou abandonné pour qu’il réponde aux besoins d’aujourd’hui (et idéalement de demain). Les exemples se font encore rares au Québec, où le territoire est grand. On ne manque pas de place pour construire à neuf. Les incitatifs pour rénover les immeubles, plutôt que de tout démolir et de reconstruire, ne sont pas non plus légion.

L’architecte américaine Deborah Berke plaide qu’en combinant le meilleur de l’ancien et du nouveau grâce à la rénovation, la restauration et la réimagination, l’architecture de la seconde chance transforme ce qui est obsolète en ce qui est pertinent.

Dans son livre Transform: Promising Places, Second Chances, and the Architecture of Transformational Change, paru cette année, elle démontre par l’exemple que cette approche permet de célébrer l’œuvre bâtie tout en racontant une nouvelle histoire.

Même les géants de la Silicon Valley, qui nous ont habitués à des sièges sociaux flambant neufs et futuristes, revoient leurs pratiques. Google consacre désormais la majorité de ses investissements immobiliers à la réutilisation de structures existantes, comme un hangar pour avions.

Voici quelques autres reconversions réussies qui ont retenu notre attention.

Retour à l’école

Au Canada comme ailleurs, on tente de convertir les tours de bureaux, désertées depuis la pandémie et la popularité du télétravail, en immeubles à logements. La mutation d’un usage à l’autre comporte toutefois plusieurs contraintes, surtout parce que ces bureaux n’ont pas été conçus pour qu’on y habite 24 heures sur 24.

Le cabinet d’architecture Moody Nolan, basé aux États-Unis, croit avoir trouvé une meilleure solution à la crise du logement. Depuis quelques années, ses concepteurs transforment les écoles vétustes en appartements.

Comme on le souligne dans un article de Forbes, les écoles se situent dans des endroits bien desservis pour la communauté locale, contrairement aux gratte-ciel du centre-ville. Le gymnase peut facilement devenir une salle de remise en forme, tandis que la cafétéria peut se transformer en espace commun pour les résidents. Les établissements scolaires arborent aussi de grandes fenêtres, laissant entrer la lumière naturelle.

Les promoteurs ne manquent pas d’opportunités quand on sait que des milliers d’écoles ferment chaque année leurs portes au sud de la frontière. L’école primaire Woods de Chicago abritera notamment bientôt 48 logements abordables, un centre communautaire et une clinique médicale, après avoir été abandonnée pendant une décennie.

Après avoir été abandonnée pendant une décennie, l’école primaire Woods de Chicago abritera notamment bientôt 48 logements abordables, un centre communautaire et une clinique médicale. Image: Nia Architects

Une seconde vie pour un gratte-ciel

La réutilisation ne concerne pas que les immeubles à faible hauteur. La Quay Quarter Tower, à Sydney, en est probablement le meilleur exemple. Le gratte-ciel de 49 étages redonne un deuxième souffle à la tour construite en 1976, qui atteignait la fin de sa vie utile.

Les architectes de 3XN et de BVN ont réussi à conserver plus de 65% de la structure d’origine (dont les poutres, les colonnes et les dalles) et 95% du noyau d’origine, entraînant du même coup une économie de carbone de 12 000 tonnes.

Les étages sont reliés entre eux par un escalier en colimaçon et disposés autour d’atriums baignés de lumière. Photo: Facebook 3XN

La nouvelle version semble en mouvement, avec sa façade qui s’incline progressivement vers l’est à mesure qu’elle s’élève. Un pare-soleil externe bloque 30% du rayonnement solaire. Les étages sont reliés entre eux par un escalier en colimaçon et disposés autour d’atriums baignés de lumière.

Des transformations récompensées

Signe des temps, les prix annuels d’Architectural Review comprennent depuis 2017 une catégorie consacrée aux transformations de bâtiments. Le prix AR New into Old «célèbre les façons créatives dont les bâtiments sont adaptés et remodelés pour accueillir de nouveaux usages contemporains».

C’est une réalisation française qui a retenu l’attention du jury cette année. Le Site Verrier, réimaginé par les bureaux SO-IL et Freaks Architecture à Meisenthal, est un centre culturel multidisciplinaire qui s’est installé dans une verrerie historique datant du 18e siècle. Une surface ondulée en béton coulé, qui sert à la fois de toit, de plafond et de mur, relie les bâtiments d’une autre époque.

Le Site Verrier est un centre culturel multidisciplinaire qui s’est installé dans une verrerie historique datant du 18e siècle. Photo: Facebook Centre International d'Art Verrier

Un des juges a complimenté le complexe en disant: «Il s’agit d’une intervention magnifiquement exécutée qui célèbre l’histoire de la ville et tente de réinventer la cour en tant qu’agent de liaison entre les bâtiments et la ville.»

Ailleurs, en Angleterre, la firme van Heyningen & Haward Architects a reçu le prix Réinvention 2023 de l’Institut royal des architectes britanniques (RIBA) pour l’école secondaire Houlton, qui fera partie d’un nouveau quartier résidentiel sur le site d’une ancienne station de radio.

L’école secondaire Houlton fera partie d’un nouveau quartier résidentiel sur le site d’une ancienne station de radio. Photo: James Brittain, Facebook Royal Institute of British Architects

Il s’agit de la première récompense du genre décernée par l’organisme professionnel. Le prix met de l’avant les bâtiments qui ont été réutilisés de manière inventive pour améliorer leur durabilité environnementale, sociale ou économique.

Le jury a particulièrement apprécié à quel point la conservation minutieuse du bâti et des interventions sensibles ont créé un environnement d’apprentissage dynamique pour les étudiants, tout en faisant habilement le pont entre passé et présent.