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Architecture et design: quoi surveiller en 2024

Si les couleurs vives, l’audace et un besoin d’individualité ont défini 2023, 2024 s’annonce beaucoup plus responsable. On mise cette année sur la durabilité, le seconde main, les matériaux naturels et l’adaptation. Coup d’œil sur les principales tendances à suivre.


Matériaux locaux à l’honneur

Pandémie, guerres, inflation: les dernières années ont mis en lumière les problèmes qui viennent avec l’approvisionnement à l’autre bout de la planète. C’est particulièrement vrai en architecture. Si vous avez fait des rénovations ou construit une maison au cours de cette période, vous avez sûrement dû jongler avec la rareté des matériaux de construction et la flambée des prix.

C’est peut-être pour cette raison qu’on se soucie plus que jamais du lieu de fabrication des matériaux qu’on choisit, et qu’on opte si possible pour ceux qui proviennent d’ici. En plus de réduire les répercussions sur la planète, ces derniers sont mieux adaptés à notre climat. Et on fait d’une pierre deux coups en encourageant les fabricants québécois.

De la durabilité, s’il vous plaît

S’il y a une tendance qui rallie architectes, designers et autres spécialistes du secteur en 2024, c’est bien celle de la durabilité. Les bâtiments d’aujourd’hui (et de demain) font la part belle aux matériaux recyclés, à faible teneur en carbone et à bilan carbone négatif. L’efficacité énergétique et la performance des immeubles passent à l’avant-plan, la lumière naturelle aussi. On renoue également avec les façons de faire ancestrales.

«Les matériaux et les méthodes de construction qui auraient pu être considérés comme marginaux, comme la construction en béton de chanvre et en bottes de paille, sont désormais sérieusement envisagés pour des projets plus courants alors que nous cherchons des moyens de réduire l’impact climatique de la construction», a souligné l’architecte William Samuels en entrevue avec Dwell.

Mat Cash, architecte partenaire de Heatherwick Studio, va plus loin. Selon lui, les jours des bâtiments conçus pour durer 20 ou 30 ans sont comptés. «Nous devons avoir l’ambition de construire pour 1000 ans», avance-t-il dans cet article de Dezeen.

Simplicité volontaire

Faire plus avec moins, telle est la devise de 2024. L’approche demande évidemment réflexion et innovation, mais les petits projets bien pensés ont la cote cette année. L’engouement — timide, mais bien présent — pour les bâtiments préfabriqués et modulaires ne se dément pas. Ce type de construction plus rapide et plus facilement adaptable permet aussi de réduire le gaspillage de matériaux.

Les minimaisons, qui s’inscrivent résolument dans cette simplicité volontaire, seront d’ailleurs en vedette au prochain salon ExpoHabitation, qui se tiendra du 8 au 11 février au Stade olympique.

Les minimaisons, qui s’inscrivent dans cette simplicité volontaire, seront en vedette au prochain salon ExpoHabitation. Photo: Andrea Davis, Unsplash

Pensée pour l’inclusivité

L’objectif de concevoir des espaces accessibles à tous, facilement, se taille lentement une place dans les projets des architectes, et la tendance devrait prendre de l’ampleur cette année. Comme le mentionne Rethinking The Future, «l’accès sans obstacle n’est pas une politesse, c’est une nécessité». Mais pour réaliser des immeubles réellement inclusifs, on devra donner la parole à ceux qui font face à ce défi au quotidien (et les écouter!).

Seconde main au goût du jour

On vous parlait récemment de la réutilisation adaptative. Le mouvement pourrait prendre son véritable envol cette année. L’architecte Aniket Shahane, fondateur de l’Office for Architecture, remarque à tout le moins que les gens reconnaissent à nouveau l’importance de travailler avec ce que nous avons et d’en tirer le meilleur parti, y compris le bâti existant.

«Non seulement cette pratique est durable et respectueuse de l’environnement, ça peut aussi être très gratifiant de redonner vie à quelque chose d’ancien et de dialoguer avec les choses qui nous ont précédés», estime-t-il. Il espère qu’on réinventera les maisons de ville en rangée pour en faire de nouvelles résidences, oui, mais aussi des bibliothèques, des écoles ou des commerces.

Mélange des genres

Cette envie de consommer mieux et de réduire son empreinte sur l’environnement se manifeste également dans l’aménagement intérieur de nos maisons. En 2024, on marie l’ancien et le moderne, le métal et le bois, le vieux et le neuf, les meubles retapés et les pièces de designer choisies avec soin. On adopte avec bonheur une esthétique imparfaite, mais à notre image.

Les pièces multifonctionnelles, qui peuvent s’adapter aux besoins du jour, sont en outre prisées, tout comme le rangement intégré.