La chronique Vins et alcools avec Jessica Harnois

Auteur(e)

Jessica Harnois

Sommelière et animatrice, Jessica Harnois a travaillé pour les plus grands établissements au monde, a occupé le poste de sommelière en chef à titre d’acheteuse de vins pour les Services SAQ Signature, a été responsable du Courrier vinicole et de la prestigieuse Cave de garde de la SAQ, en plus d’avoir été présidente de l’Association Canadienne des Sommeliers Professionnels et Vice-Présidente de l’APAS (Alliance Pan-Américaine des Sommeliers). Avec l’agence d’animation Vins au Féminin, elle a conceptualisé le jeu Dégustation Vegas qui démocratise le vin. Vous pouvez la voir à la télé, l’entendre à la radio et la lire dans plusieurs magazines.

Le vin, une question de goût?

Ma réponse à cette question: absolument! Ainsi, un vin considéré comme excellent par une personne pourra sembler plus qu’ordinaire pour une autre, et c’est très bien ainsi. Voici une histoire qui le démontre bien.



Dans une expérience menée par le California Institute of Technologies en 2008, des chercheurs ont fait goûter cinq vins à vingt personnes. Ceux-ci n’étaient identifiables que par leur prix, soit 5$, 10$, 35$, 45$ ou 90$ la bouteille. Les «goûteurs» devaient ensuite révéler leur préférence. Grâce à la résonnance magnétique, les chercheurs ont étudié l’effet qu’avaient ces vins sur la région du cerveau responsable du plaisir.

Sans grande surprise, la bouteille à 90$ procurait systématiquement plus de plaisir que celle à 5$, et celle à 45$ était préférée à celle à 35$. Or, les sujets n’avaient en réalité que trois vins à déguster. Le vin identifié à 90$ était aussi celui à 10$. Quand il frôlait les 100$, les gens l’ont adoré, mais à 10$, il n’a pas retenu l’attention. Dans tous les cas, les scans de cerveaux ont aussi indiqué un plaisir plus grand lors de la dégustation des vins plus chers.

L’expérience a ensuite été répétée, mais sans que les prix soient indiqués. Cette fois, le vin préféré du groupe a été… celui à 5$! Bien d’autres études se sont intéressées aux côtés suggestifs de notre appréciation du vin, comme les pointages, les notes et même les couleurs.

Conclusion: notre jugement est facilement influençable et on a tendance à rapidement oublier que le vin est d’abord et avant tout une affaire de goût. Oui, certains sont de meilleure qualité, mieux faits, plus équilibrés et produits avec plus de soin et d’amour. Mais finalement, ce qui compte, c’est que vous vous permettiez de boire ce qui vous plaît.

En d’autres mots, faites-vous confiance! Sortez des sentiers battus et donnez-vous le droit d’explorer par-delà les préjugés, dont certains sont parfois tenaces.

Voici quelques suggestions qui pourraient vous surprendre et qui vous démontreront que la preuve est dans votre verre et non dans l’emballage!

Coteau Rougemont Versant 2018

Voici un beau blanc du Québec facile à trouver à la SAQ et à l’épicerie. Osez essayer les produits d’ici! Le marché s’est grandement diversifié dans les dernières années. De belles découvertes vous attendent. Si ce n’est pas déjà fait, je vous conseille de vous procurer mon livre #Boirelocal pour en apprendre plus sur les vins québécois.

Ce blanc est fort intéressant et passe-partout. Composé de vidal (50%), de frontenac blanc (30%) et de frontenac gris (20%), c’est un fier représentant des cépages bien adaptés à notre climat nordique. De plus, c’est un vin sec, avec seulement 1,5 g de sucre par litre. Avec ses notes de poire et de fruits à noyau, il fera un bon compagnon pour des fromages à pâte molle.

Photo: SAQ.com

Coteau Rougemont Versant 2018. Vin blanc, 750 ml. 14,95$.

Pelee Island Winery ECO Select Cuvée

Eh oui, je vous présente un deuxième vin canadien dans cette sélection! Celui-ci nous vient de l’Ontario. L’île Pelée abrite plusieurs espèces en voie de disparition, dont la grenouille de Cricket, la rainette grillon de Blanchard et le crapaud de Fowler. C’est en leur honneur qu’une grenouille orne l’étiquette de ce vin fort sympathique, élaboré avec un souci marqué pour l’environnement.

Cette cuvée est idéale pour faire connaissance avec les vins ontariens. C’est un vin polyvalent, aux tannins souples et quand même légers. Ses notes, tant au nez qu’en bouche, lui confèrent une certaine complexité. Les fruits rouges et les épices y sont bien présents. Vous pourriez mettre vos invités au défi de trouver d’où vient ce vin. Fait à base de chambourcin, un cépage assez rare, il risque d’en laisser plusieurs surpris!

Photo: SAQ.com

Pelee Island Winery ECO Select Cuvée. Vin rouge, 750 ml. 14,45$.

Cabriz Colheita Selectionada Dao 2017

Rien, absolument rien, ne pourrait vous laisser deviner que ce vin se vend sous la barre des 13$. En 2016, un millésime précédent s’était d’ailleurs hissé à la 46e place du top 100 du Wine Spectator. En fait, les récompenses ne cessent de s’accumuler pour ce vin portugais composé des cépages alfrocheiro, tinta roriz et touriga nacional. Qui plus est, ce n’est pas dans la section «petits prix» de la SAQ que vous le trouverez, mais plutôt dans la section Cellier. Voici une preuve qu’on n’y retrouve pas que des vins chers.

Ce produit signature présente une robe rubis intense aux notes violacées. En bouche, il est frais, équilibré et élégant, avec d’intenses notes de fruits rouges et une finale où l’on peut goûter le chocolat blanc et le poivre en rétro-olfaction. Dur à croire que vous buvez un vin à 12,90$! Il accompagnera une étonnante variété de plats, des poissons jusqu’à la viande rouge, en passant par la cuisine asiatique ou encore indienne. Vous ne manquerez pas votre coup avec cette bouteille!

Photo: SAQ.com

Cabriz Colheita Selectionada Dao 2017. Vin rouge, 750 ml. 12,90$.