16 juillet 2015Auteure : Véronique Leduc

Produits du terroir

Engouement pour les marchés publics

Les marchés publics sont en expansion au Québec. Cette nouvelle, qui paraît toute légère, peut être lourde de joyeuses conséquences.



Premièrement, cette croissance témoigne d’une conscientisation de la part des consommateurs. Ces derniers désirent, bien plus qu’avant, manger local et savoir d’où viennent leurs aliments. Cette conscientisation alimentaire, qui fait probablement diminuer les achats de produits transformés de mauvaise qualité, ne peut qu’être bénéfique pour la santé de ces mêmes consommateurs.

Deuxièmement, la bonne nouvelle dans cette nouvelle, c’est que l’engouement pour les marchés n’est pas exclusif à Montréal. En effet, le phénomène n’est pas qu’urbain, au contraire! La Montérégie accueille le tiers des marchés membres de l’Association des marchés publics du Québec, tandis que le Bas-Saint-Laurent et la région de la Capitale-Nationale, qui inclut Charlevoix, en comptent respectivement huit et sept.

Troisièmement, les retombées positives que les marchés peuvent avoir sur l’économie ne sont pas à négliger. Les résidents dépensent en moyenne 33$ lors d’une visite au marché, pour découvrir des nouveautés ou se procurer des produits frais. Puis, 88,2% des gens qui voyagent placent la gastronomie en tête de leurs priorités quand ils choisissent une destination. Les marchés publics deviennent donc un arrêt obligé quand ils voyagent! Par exemple, les marchés estivaux de Saint-Élie-de-Caxton et d’Oka ne sont que des raisons supplémentaires pour les touristes de s’arrêter en Mauricie ou dans les Laurentides.

Un nouveau marché a une influence encore plus significative dans une municipalité comme Lac-Mégantic. Deux ans après la tragédie ferroviaire, la population voit son marché public comme un projet porteur d’espoir. Ce dernier fait d’ailleurs partie des trois priorités dans l'exercice citoyen pour réinventer la ville.

Quelques bémols

Mais tout n’est pas rose dans le monde des marchés. Malheureusement, encore aujourd’hui, certains voient d’un mauvais œil l’installation de marchands à proximité de leur commerce. C’est le cas à Montréal, où un projet de marché ouvert quelques heures par semaine d’août à octobre au parc Molson, dans Rosemont, a avorté à cause de commerçants se sentant menacés. Pourtant, on estime que, dans plus de 60% des cas, les visiteurs d’un marché font des achats imprévus et que près de 40% d'entre eux en profitent aussi pour magasiner à proximité.

Finalement, à force d’essayer des produits variés et non uniformisés, cultivés ou confectionnés ici, les goûts se développent! L’idée est bien illustrée par le metteur en scène américain Peter Sellars, qui a ainsi résumé le rôle des petits producteurs dans un grand pays: «L'Italie compte quatre millions de petits producteurs alors que l'Amérique ne compte que 40 000 gros producteurs. C'est pour cette raison, dit-il avec humour, que l'Italie est un des leaders mondiaux du goût et de la diversité alimentaire, alors que l'Amérique en est encore au hamburger et au hot-dog.» Voilà qui est dit.

Devant autant de bonnes raisons, pourquoi ne pas visiter notre beau Québec par ses marchés? Profitez-en pour découvrir les marchés patrimoniaux de la province à Saint-Jérôme (depuis 1860), Saint-Hyacinthe (depuis 1830) et Shawinigan (depuis 1902)!

En conclusion

Je suis peut-être naïve, mais j’aime croire que de se promener dans un marché, de voir les couleurs que peut prendre notre terre, de goûter les saveurs d’ici et de rencontrer les cultivateurs encourage une agriculture plus responsable, stimule l’économie, est bénéfique pour la santé, rapproche un peuple et lui offre un sentiment d’appartenance. Ce qui pourra peut-être, éventuellement, faire diminuer le nombre de nouvelles à propos des catastrophes environnementales, des crises économiques et des actes désespérés. Il n’y a pas de petite bonne nouvelle.