Cannabis au menu !
En 2018, dès juillet, il sera légal au Canada de fumer du cannabis, et ce, même sans condition médicale. Déjà, certains y voient une nouvelle opportunité d’affaires et estiment que le pot pourrait faire sa place dans notre alimentation. Qu’en est-il vraiment?
Dès le 1er juillet prochain, notre pays rejoindra les endroits dans le monde où la marijuana est légale. La nouvelle est acclamée par certains et critiquée par d’autres. Les détracteurs estiment entre autres que la législation n’est pas prête à accueillir cette nouveauté. Quelle est l’urgence? se demandent-ils.
Parmi les aspects de la nouvelle législation qui seront analysés plus tard, il y a tout ce qui touche au cannabis comestible. Bien qu’on estime que le tiers de la consommation de cannabis au pays soit associée à ce dernier, ce type de produit restera illégal encore pour un moment. Ottawa promet tout de même de légaliser le cannabis comestible dès que possible, quand on aura eu le temps d’établir les normes de concentration adéquates.
On ne dit donc pas non aux produits cuisinés à base de cannabis, mais on retarde leur légalisation quelque part dans les 12 mois suivant celle de la substance séchée. Selon plusieurs experts, dans ce dossier, il faut être très prudent, en s’assurant de bien encadrer les produits comestibles: en exigeant qu’ils soient vendus dans des emballages à l’épreuve des enfants et en encadrant la puissance des aliments contenant du cannabis, entre autres.
Aliment santé ?
Plusieurs vantent le cannabis comestible puisque dans une société où on cherche à enrayer le tabagisme, on peut y voir une façon plus santé de consommer.
Même la présidente du groupe de travail sur la légalisation et la réglementation de la marijuana, Anne McLellan, a dit regretter que les produits comestibles à base de cannabis ne soient pas légalisés plus rapidement puisque selon elle, ils sont meilleurs pour la santé des consommateurs, qui peuvent les ingérer sans fumer.
Menu vert
Malgré ce délai annoncé, déjà, à travers le pays, plusieurs chefs, pâtissiers ou entrepreneurs font des tests, question d’être prêts quand le temps viendra.
C’est le cas de François Paradis, un chocolatier de Sherbrooke, qui travaille sur des produits à base de cannabis malgré le flou qui existe présentement. Il s’est fait interpeler par des clients ayant des problèmes de santé qui souhaitaient diminuer leurs douleurs, mais sans avoir à inhaler… Depuis, l’entrepreneur teste des versions modifiées de ses chocolats, dans lesquels il ajoute de l’huile ou du beurre de cannabis.
Même son de cloche chez Véronique Lettre, propriétaire d’un café à Magog. Survivante de deux cancers, elle a eu l’idée de cuisiner avec le pot. C’est ainsi que sont nés ses cupcakes faits avec du cannabis. Cette dernière presse d’ailleurs le gouvernement du Québec de faire rapidement une place aux petits entrepreneurs du domaine de l’alimentation comme elle avant que le commerce électronique du cannabis comestible prenne toute la place.
Certains chefs reconnus avouent aussi être ouverts aux tests. C’est le cas de Fred Morin, du Liverpool House, à Montréal, ou de Daniel Vézina, par exemple.
Les cuistots ouverts à la nouveauté peuvent d’ailleurs s’inspirer d’une série télé qui déjà, en 2016, voyait juste. Sur sa chaine Viceland, le média Vice propose deux saisons de Bong Appétit, une émission de cuisine axée sur le cannabis. Avec des invités, on propose tantôt un repas fumé infusé au pot, la semaine suivante, un souper d’Halloween au cannabis, puis des spécialités indiennes ou vietnamiennes à la marijuana.
Engouement annoncé
Et tous ces cuisiniers nouveau genre n’ont pas tort de se lancer puisque selon une étude, 46% des Canadiens se disent ouverts à acheter des aliments à base de cannabis lorsqu’ils seront disponibles sur le marché. Dans l’ordre, ils seraient prêts à consommer des pâtisseries, des huiles, des épices, des boissons, du beurre, des sauces et des crèmes ou des salades agrémentées au pot.
Avant-gardiste, le site web canadien Mota a déjà fait sa place de ce côté et propose de commander en ligne des chocolats, des biscuits, des jujubes, des barres tendres, du miel, des fruits séchés, entre autres, toujours infusés au pot et toujours appétissants. Pour le moment, on qualifie les produits de «médicinaux», mais les choses pourraient changer rapidement.
C’est définitivement tout un nouveau marché qui s’offre aux foodies. Et si on parle déjà d’un potentiel économique énorme pour l’industrie du cannabis récréatif, cette effervescence semble aussi vouloir atteindre les cuisines. Préparez une petite place dans votre garde-manger…