Tous unis contre le gaspillage alimentaire!

Qu’ont en commun Stefano Faita, Geneviève O’Gleman, Florence-Léa Siry et Laure Waridel? Ils ont tous accepté d’être les ambassadeurs d’une campagne de financement menée par le chef Guillaume Cantin pour créer le tout premier laboratoire destiné à enrayer le gaspillage alimentaire à la source, c’est-à-dire dans nos épiceries. Une initiative majeure à un moment où nous prenons de plus en plus conscience de la valeur de notre alimentation et des abus de notre consommation.



Nous faisons, depuis quelques mois, face à une hausse marquée des prix des produits alimentaires. Ce qui nous a du même coup fait encore plus comprendre que le gaspillage alimentaire peut être ravageur pour notre budget, mais aussi à quel point l’accessibilité à des produits, sans doute trop facile dans nos sociétés occidentales, peut être fragilisée du jour au lendemain.

Cette réflexion, le chef Guillaume Cantin, dont on se souvient parce qu’il a été le tout premier gagnant de l’émission Les chefs!, avant de diriger plusieurs cuisines de restaurant, la mène depuis des années. Il a même abandonné pour de bon le secteur de la restauration en 2016 pour se consacrer entièrement à un nouveau cheval de bataille, le gaspillage alimentaire.

«Il fallait que je me reconnecte avec mes valeurs, celles que l’on m’avait enseignées depuis mon enfance, raconte-t-il. J’ai donc décidé que j’œuvrerais pour laisser un monde meilleur à mes neveux. En agissant sur la nourriture, je pourrais ainsi lutter à mon niveau contre les changements climatiques.»

Il n’est pas le seul à penser cela, puisque le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dont on a beaucoup entendu parler cette année, a indiqué dans son rapport que la réduction du gaspillage alimentaire est la solution prioritaire pour lutter contre les changements climatiques.

Le chef Guillaume Cantin. Photo: © Maude Chauvin

Des centaines de tonnes de nourriture gaspillées chaque semaine… juste à Montréal

En 2017, Guillaume Cantin a créé La Transformerie, un organisme de bienfaisance spécialisé dans la sensibilisation au gaspillage alimentaire, mais surtout de valorisation des invendus d’épiceries à travers un premier projet, «Les Rescapés».

«Nous avons été parmi les premiers à montrer la qualité de ces produits invendus qui se retrouvaient dans les containers de déchets derrière les épiceries», indique celui qui a recueilli ces rescapés et les a transformés en une gamme de délicieuses tartinades véganes et faites à la main.

Quatre ans plus tard, La Transformerie, qui collabore avec dix épiceries montréalaises, collecte en moyenne une tonne de nourriture par semaine, dont elle garde un tiers pour sa production et remet les deux tiers à des associations de soutien alimentaire aux plus démunis.

«Mais imaginez-vous tout ce qui peut se jeter à la source à travers toute la métropole, qui compte des milliers de commerces alimentaires?» lance le chef, qui a décidé de passer à la vitesse supérieure avec la création d’un laboratoire novateur pour lutter plus largement et efficacement contre le gaspillage alimentaire à la source.

Campagne «Donnez pour enrayer le gaspillage alimentaire»

Pour pouvoir démarrer ce projet à fort impact, Guillaume Cantin a lancé à travers La Transformerie une campagne de dons qui bat son plein en ce moment et qui se poursuivra jusqu’au 30 novembre.

Pour avoir une idée en images de ce projet, qui vise à créer un laboratoire innovant conjuguant le savoir-faire des instituts de recherche, des décideurs, des facilitateurs et des épiciers, afin de trouver les meilleures pratiques possibles pour lutter contre le gaspillage alimentaire à la source, voici une vidéo explicative.

«Notre rôle, ce n’est pas de dire quoi faire aux épiciers, mais de collaborer avec eux pour qu’ils s’approprient ces solutions et qu’elles soient durables. Nous devons être conscients de leurs limitations», explique le chef.

Ce faisant, c’est néanmoins à un vrai changement de culture au sein d’une société habituée à la suroffre et à la surconsommation que La Transformerie nous convie. Rappelons qu’en moyenne, 35,5 millions de tonnes métriques de nourriture sont jetées ou gaspillées chaque année au Canada, soit 58% de toute la nourriture produite au pays. Et que nous-mêmes, à titre de consommateurs, jetons la moitié de notre nourriture à la poubelle, ce qui représente 79 kilos par personne.

Guillaume Cantin est cependant déterminé à changer les choses et a réussi à s’entourer de six ambassadeurs pour l’aider à donner vie au Laboratoire sur la réduction du gaspillage alimentaire. Parmi eux, on retrouve quatre personnalités bien connues des Québécois, pour différentes raisons.

Comme l’indique le chef militant: «Ce sont toutes des personnes sensibilisées au gaspillage alimentaire. Laure Waridel est une alliée incroyable de mes projets depuis les tous débuts. Geneviève O’Gleman s’intéresse de plus en plus à cette problématique. Florence-Léa Siry, avec qui je mène le projet Défi Zéro Gaspi, est la représentante par excellence de l’anti-gaspillage. Et Stefano Faita, c’est un chef qui connaît parfaitement le sens du gaspillage alimentaire et qui suit les activités de La Transformerie, puisqu’il se trouve à un coin de rue de nous.»

C’est donc avec beaucoup d’espoir que Guillaume Cantin s’investit corps et âme dans cette campagne et pense déjà aux phases qui la suivront, puisque le Laboratoire devrait voir le jour au mois d’avril 2022. «Nous avons encore du pain sur la planche pour convaincre les gens, ministères et institutions de nous suivre, mais c’est super motivant de réaliser enfin ce pour quoi on a agi dès le départ», déclare-t-il.