Les légumes de la ferme biologique le Jardinier déchaîné, à Cookshire Eaton

Nos paniers biologiques ont 25 ans!

Il y a un quart de siècle, un modèle d’approvisionnement direct et hebdomadaire en ingrédients locaux et biologiques existait déjà. Le populaire Réseau des fermiers·ères de famille a réussi à rencontrer le succès et nourrit aujourd’hui de nombreuses familles à travers le Québec. Comment a-t-il évolué au fil du temps et quels sont les défis qu’il nous propose de relever?



Lorsque le Réseau des fermiers·ères de famille a été lancé en 1996 grâce à l’organisme Équiterre, il ne comptait que sept fermes participantes qui fournissaient 250 familles en légumes et en fruits biologiques, frais et locaux. Aujourd’hui, ce groupe est fort de 145 fermes et approvisionne plus de 28 000 familles. Comment expliquer une telle croissance?

Au-delà de l’effet domino provoqué par des acteurs majeurs comme les Fermes Lufa, qui ne font pas partie de ce réseau, mais ont indirectement promu les paniers biologiques, ainsi que de la conscientisation progressive des consommateurs à une alimentation plus saine, traçable et locale, la nutritionniste gourmande et adepte d’alimentation de proximité Julie Aubé, porte-parole du 25e anniversaire du Réseau, indique: «C’est un partenariat gagnant à la fois pour les fermiers, qui peuvent mieux planifier leur production, et les consommateurs, qui ont accès à une belle variété de légumes et de fruits biologiques de leur région, souvent cueillis le jour même ou la veille.»

Manger «près» en huit actions

Selon la porte-parole, qui a déjà signé deux livres en lien avec l’autonomie alimentaire, le fait de commander des paniers biologiques à des agriculteurs relève d’une démarche à la fois alimentaire, environnementale, sociale et solidaire. Comme elle l’a d’ailleurs récemment écrit dans un article de blogue: «Derrière l’idée de "manger près", il y a bien sûr la proximité géographique relative à la provenance des aliments, mais aussi la proximité humaine avec les gens qui nous nourrissent, une proximité avec la vraie nature des aliments qui sont peu ou pas transformés, ainsi qu’une proximité avec la Nature, notre milieu de vie commun.»

Des valeurs que le Réseau des fermiers·ères de famille promeut encore plus clairement en cette année anniversaire à travers la campagne «On s’outille pour passer à l’action», qui repose sur une série de huit actions que nous pouvons prendre dans notre quotidien pour manger local et biologique à l’année.

On y retrouve des gestes très simples comme celui de s’abonner à des paniers biologiques hebdomadaires, ou bien de faire provision lors des saisons d’abondance d’ingrédients qui se retrouvent souvent sur nos menus et que nous pouvons conserver grâce à différentes techniques. Mais il est également possible, souligne la nutritionniste, de créer son propre petit jardin (ou d’en démarrer un de manière communautaire), et d’adapter nos menus aux saisons. «Une aubergine en saison, c’est merveilleux, dit-elle, mais une tarte aux aubergines en janvier, c’est un peu contre nature. Alors, pourquoi ne pas plutôt partir d’un ingrédient central disponible et faire ensuite preuve d’imagination pour l’apprêter?»

Repenser son alimentation de manière saisonnière, comme le faisaient nos ancêtres, est-ce toutefois vraiment réalisable? Julie Aubé en est convaincue, puisqu’elle le fait elle-même. Son dernier ouvrage Manger local!, ainsi que d’autres comme Cuisiner sans recettes, de la fermière Véronique Bouchard (Ferme aux petits oignons), peuvent nous guider dans notre processus de résilience alimentaire.

Les légumes biologiques de la ferme La Clé des Champs de Saint-Camille.

Une formule flexible et annuelle

Les paniers biologiques proposés aux consommateurs ont bien évolué au fil des années et ne sont plus du tout à l’image du choix imposé de fruits et de légumes auquel on pouvait autrefois s’attendre.

Comme la porte-parole du Réseau des fermiers·ères de famille le confirme, «certaines fermes offrent maintenant des moitiés de paniers prémontés et laissent leurs abonnés choisir le reste des ingrédients. D’autres organisent des mini-marchés en disposant leurs produits sur une table, de manière à ce que les abonnés constituent eux-mêmes leur panier. On peut aussi s’abonner à ces formules seul ou à plusieurs. Bref, l’offre est flexible, ce qui plaît beaucoup aux gens».

Parallèlement, les producteurs peuvent greffer à leur offre maraîchère des produits divers comme des œufs frais, des volailles et de la viande biologique, du sirop d’érable, et même des sauces ou des plats préparés.

Et ce n’est pas tout! On l’ignore souvent, mais des paniers biologiques sont également accessibles en hiver. «Et ils sont étonnamment diversifiés! explique Julie Aubé. On y retrouve bien sûr des pommes de terre, des navets et des carottes, mais aussi des betteraves, des radis, des céleris-raves, des endives, des choux, des courges, de l’ail, des échalotes et bien d’autres choses encore.»

Et comment procéder pour bénéficier de tout cela? Chaque agriculteur ayant son propre modèle, il suffit de vous rendre sur le site Web du Réseau et d’entrer votre code postal pour avoir accès à une sélection de fermes, qui ont toutes des spécialités différentes et proposent plusieurs formats d’abonnement.

Attention, toutefois, les paniers estivaux ont tellement de succès qu’il vaut mieux s’inscrire tôt (dès le mois de mars ou d’avril) pour ne pas courir le risque d’être sur une liste d’attente. Quant aux paniers hivernaux, Julie Aubé recommande de s’y abonner au mois d’août ou de septembre. «Les solutions pour manger local et biologique sont nombreuses dès qu’on est en mode solution», martèle-t-elle.

Que ce soit via le Réseau des fermiers·ères de famille, ou bien un autre dont l’offre promeut une agriculture locale durable, diversifiée et à portée humaine, tout est bon à prendre!