Voyager à travers les Jeux olympiques
Depuis le début des Jeux olympiques, j’ai une envie folle de mettre le cap sur l’Asie. Les reportages de Jean-René Dufort et de Guy Daoust ont sur moi un effet plus puissant que n’importe quelle brochure touristique ou n’importe quel instagrameur populaire. Pour tout vous dire, je me fiche un peu du patinage artistique: ce que je préfère des Jeux, c’est le prétexte qu’ils constituent pour découvrir un coin de pays.
Moi qui suis passée en Corée du Sud en coup de vent l’année dernière, je ne pense qu’à y retourner pour manger un «vrai» barbecue coréen et visiter un marché de poissons.
Je ne suis pas la seule à regarder compulsivement le prix des billets d’avion pendant un événement de cette trempe. Les Français attendent d’ailleurs les Jeux de 2024 avec beaucoup d’espoir. «Sur les cinq à onze milliards de retombées que doit générer l’événement, d’après les estimations du comité d’organisation, 30% devraient aller directement au tourisme», rapporte L’Écho touristique.
Des retombées positives… ou pas
Seul hic: un touriste qui assiste aux compétitions ne visite pas forcément les attractions du pays. Et puis, tant de facteurs peuvent influencer le succès d’un événement! Le cas de Rio en est un exemple flagrant. En prévision des Jeux, en 2016, 70 hôtels ont été construits, mais le taux d’occupation total est passé de 66% en 2015 à 56% en 2016. Malgré tout, certains estiment que les retombées sont plus positives qu’on pourrait le croire.
Les voyageurs n’ont pas non plus tous envie de se retrouver en pleine cohue. Présentés du 27 juillet au 12 août 2012, soit pendant la haute saison touristique, les Jeux de Londres ont carrément fait fuir les touristes habituels.
L’un des exemples les plus positifs reste celui de Barcelone, qui a connu à la suite des Jeux de 1992 une ascension fulgurante. «La métamorphose fut totale, résume Le Monde: les Jeux ont modernisé Barcelone, imprimé son nom sur la carte du monde, créé de nouveaux quartiers. La ville moyenne, industrielle, grise, est devenue une grande métropole européenne. Elle qui tournait le dos à la Méditerranée, s’est ouverte sur la mer.» Vingt-six ans plus tard, il y a même trop de touristes (mais ça, c’est une autre histoire)…
Et la Corée du Sud?
Dans le cas de la Corée du Sud, les projecteurs sont braqués sur une région prisée par les initiés, mais peu connue des touristes internationaux, soit le Gangwon-do, situé au nord-est du pays. Comment faire en sorte que l’engouement actuel perdure et convaincre les voyageurs de visiter le pays à plus long terme?
Dans Business Traveler France, Sean Hyett, associé responsable du voyage et du tourisme à GlobalData, mentionne notamment l’importance d’inciter les voyageurs à visiter d’autres régions du pays.
D’autres événements d’envergure
Un autre événement sportif qui attire inévitablement l’attention sur la destination qui l’accueille, la Coupe du Monde de la FIFA, se déroulera cette année en Russie. Les capitales culturelles européennes (La Valette, sur l’île de Malte, cette année) et les expositions universelles (qui a envie d’aller à Dubaï en 2020?), bien que moins populaires que jadis, font aussi partie des événements d’envergure qui font suffisamment la manchette pour se frayer une petite place dans notre tableau «Pinterest» mental.
Si les grands événements sportifs et culturels permettent de faire connaître des destinations aux visiteurs potentiels des quatre coins du monde, il en va de même du cinéma, de la télévision ou même de la musique. Combien de voyageurs se sont rendus en Irlande du Nord après la diffusion de Games of Thrones ou en Thaïlande après le mégasuccès de The Beach? À Québec, l’engouement pour la série coréenne Goblin: The Lonely and Great God, vue par environ 250 millions de téléspectateurs en Asie, attire de plus en plus d’Asiatiques dans la Belle Province, rapporte Le Devoir.
À une époque où les offices de tourisme multiplient les initiatives avec des «influenceurs» pour convaincre les voyageurs d’aller chez elles, qu’est-ce qui nous influence vraiment? Pour ma part, rien ne vaut une pub… qui n’en est pas vraiment une. J’ai déjà hâte de voir les capsules de Guy D’Aoust et de Jean-René Dufort à Tokyo en 2020!