Road trip au Nevada
Endroit le plus chaud et le plus aride d’Amérique du Nord, la vallée de la Mort fait partie de ces lieux que l’on veut voir une fois dans sa vie. Même si le parc national, qui célèbre son 30e anniversaire cette année, se trouve en Californie, on y accède facilement en voiture depuis Las Vegas. Récit d’un road trip autour de la frontière de l’État doré et du Nevada.
Déjà, à l’aéroport, le ton est donné. Partout, les machines à sous nous rappellent qu’on se trouve dans la capitale du jeu. Pas question pour moi d’arpenter la Strip cette fois-ci: je m’apprête à découvrir ces lieux dont les noms me ramènent dans mille et un souvenir épars en compagnie d’une amie: Dante’s View, Artist’s Palette, Zabriskie’s Point… Entre un lieu de tournage de Star Wars et un film plus ou moins réussi d’Antonioni qui a tout de même marqué ma vingtaine, j’ai atterri avec des images très cinématographiques en tête.
Le Nevada compte une trentaine de parcs nationaux. Avant de mettre le cap sur Death Valley, nous roulons jusqu’à Ash Meadows National Wildlife Refuge, «where the desert springs to life» («où le désert prend vie»), peut-on lire à l’entrée.
La plus grande oasis du désert de Mojave a de quoi étonner. On y trouve la plus grande concentration d’espèces endémiques des États-Unis. On peut notamment y voir barboter des poissons considérés comme des fossiles vivants, dans une eau cristalline. C’est d’ailleurs le cyprinodon diabolis (en anglais «pupfish») qui a attiré l’attention vers les nombreuses espèces menacées d’extinction du secteur, entraînant la création d’Ash Meadows National Wildlife Refuge en 1984.
Ce soir, nous dormons dans un campement de la vallée d’Amargosa baptisé Tarantula Ranch. J’occuperai une petite roulotte parfaite pour une ou deux personnes, et mon amie, une plus grande avec douche, toilette et petit coin cuisine. En découvrant le mot de passe du réseau WiFi, je doute un instant de notre choix d’hébergement: snakebite. Gloup.
Nous sortons faire des provisions dans la seule épicerie que nous trouvons, Ruby Store, au milieu de nulle part. Juste à côté, nous achetons des burritos dans un casse-croûte mexicain, El Valle. Nous sommes prêtes pour la portion pique-nique et glamping du voyage!
Après nous être sustentées, nous retrouvons nos roulottes avec air climatisé, cocons parfaits pour conclure cette première journée d’exploration. Demain, la vallée de la Mort nous attend!
Salut, Skywalker!
Me voilà propulsée dans l’un des films qui ont le plus marqué mon enfance: Star Wars. Je n’aurais toutefois jamais reconnu Mos Eisley Spaceport en scrutant l’horizon de Dante’s View si on ne me l’avait pas signalé!
On comprend rapidement pourquoi l’endroit est prisé des photographes. À 1699 mètres, le site surplombe Badwater Basin. Les levers comme les couchers de soleil y sont, dit-on, particulièrement spectaculaires. Les astronomes amateurs y trouvent aussi leur compte, puisque le Death Valley National Park est aussi une réserve internationale de ciel étoilé.
Zabriskie’s Point ne déçoit pas non plus. On ne s’étonne pas de voir ici aussi des photographes s’extasier devant les collines des badlands, façonnées par la puissance des eaux. Au loin, on aperçoit les salines qui recouvrent le sol de la vallée de la Mort et les montagnes Panamint.
À environ une demi-heure de route, Artist’s Palette nous fait passer en Technicolor. L’horizon se pare de tons de rouge, de rose, d’oranger, de jaune et de vert. L’effet d’arc-en-ciel provient des dépôts volcaniques riches en composés tels que les oxydes de fer et la chlorite.
Point le plus bas d’Amérique du Nord, à 86 mètres au-dessous du niveau de la mer, Badwater Basin offre à son tour une tout autre perspective. Chlorure de sodium, calcite, gypse et borax composent l’étendue saline aux airs de désert de sel. Tout un contraste avec les couleurs aperçues un peu plus tôt!
Ce soir, nous passons la nuit au Death Vally Inn, à Beatty. Dans un dépanneur où nous faisons d’autres provisions de chips étranges à tester (à chacun ses passions!), j’aperçois une machine à sous. Oui, même dans les endroits les plus inattendus, le jeu semble faire partie du quotidien au Nevada.
Du désert à la neige
Comment décrire le Goldwell Open Air Museum de Beatty? En résumé, je dirais que cet étrange site rempli «d’œuvres d’art» toutes plus glauques les unes que les autres a de quoi donner des frissons dans le dos. Entre un gigantesque mineur accompagné d’un pingouin et une foule de bizarreries dont nous ne saisissons pas le sens, nous décidons rapidement de reprendre la route. Mais avant, impossible de ne pas jeter un coup d’œil à Rhyolite, qui a jadis accueilli 5 000 chercheurs de fortune. Abandonnée depuis plus d’un siècle, la petite ville attire aujourd’hui des équipes de tournage, intriguées par les fantômes qui y rôdent encore. On peut notamment y voir l’ancienne Cook Bank et la Tom Kelly Bottle House, plus ancienne maison des États-Unis construite à partir de bouteilles de médicaments, de bière et de whisky.
Est-ce un sort jeté par un spectre désœuvré? Après avoir longuement roulé, nous nous retrouvons à Spring Mountains, où nous sommes accueillies par… de la neige! Des flocons tombent à plein ciel alors que nous venons à peine de quitter le désert. Las Vegas se trouve à une toute petite demi-heure… Nous oublions l’idée d’une randonnée et contemplons le mont Charleston avant de reprendre la route.
La Red Rock Canyon National Conservation Area s’avère beaucoup plus en phase avec notre état d’esprit… et notre idéal climatique. La route panoramique permet d’alterner entre la découverte de paysages tous plus extraordinaires les uns que les autres, que ce soit en y roulant ou en empruntant les sentiers qui se trouvent dans différents secteurs. Comme on se rapproche de Las Vegas, les touristes y sont aussi plus nombreux.
Avant de filer à l’aéroport, nous faisons escale dans la ville fantôme de Goodsprings, le temps d’engloutir un hamburger au légendaire Pionner Saloon. Voilà qui détonne avec le côté clinquant de Sin City!
P.S. Nous n’avons vu aucun serpent, mais plusieurs jolis lézards ont croisé notre route.
Pratico-pratique:
- La durée du séjour peut varier selon le temps dont vous disposez. Ces lieux ont été visités en trois jours, mais il aurait été plus agréable d’ajouter au moins une ou deux nuits supplémentaires. Si vous n’avez qu’une journée à consacrer à une visite à l’extérieur de Las Vegas, la Red Rock Canyon National Conservation Area est sans doute la meilleure option, avec une escale au Pionner Saloon de Goodsprings.
- Le parc national de Death Valley se trouve à environ deux heures de route de Las Vegas.
- En été, les températures peuvent atteindre 40 degrés dans la vallée de la Mort.
- Les possibilités de randonnées sont nombreuses. La Golden Canyon Trail fait partie des plus populaires.
- La location d’hébergements au Tarantula Ranch est possible seulement sur Booking et Airbnb. L’arrivée se fait de manière autonome. Seule la roulotte Burro est équipée d’une douche. On trouve des blocs sanitaires sur le site et un espace où il est possible de cuisiner. Du vin est aussi produit sur place, mais nous n’avons pas eu l’occasion d’y goûter.
- Il est nécessaire de réserver sa plage horaire pour visiter Red Rock Canyon.
- Autre possibilité d’arrêt près de Las Vegas: Seven Magic Mountains, installation artistique d’Ugo Rondinone à une trentaine de minutes de l’aéroport.
Ce voyage a été réalisé grâce à une invitation de Travel Nevada, qui n’a eu aucun droit de regard sur ce texte.