À Brossard, malgré l’arrivée de l’autoroute 30, puis du DIX30 et bientôt du REM, une maison de 1799 tient bon. Incursion dans cette demeure d’exception.

En apercevant la maison Sénécal — nommée ainsi en l’honneur de la famille qui a habité les lieux jusqu’en 1974 —, on a l’impression d’être transporté dans le passé. La résidence de pierre est l’une des deux seules à tenir encore debout dans l’ancienne seigneurie de La Prairie. La seconde est sa voisine, la maison Banlier.

Bel exemple de maison rurale d’inspiration française, la propriété est classée patrimoniale depuis 1975. Celle-ci a toutefois été rénovée au fil des ans et on a construit une rallonge pour la rendre plus spacieuse. Son apparence extérieure demeure néanmoins la même, et de nombreux détails témoignent de son histoire à l’intérieur.

Parmi les éléments architecturaux typiques de l’époque, on note notamment son plan rectangulaire à un étage et demi, son toit à deux versants droits et ses cheminées en pierre disposées dans les murs pignons. La maison permet aussi d’observer les habitudes de vie d’alors. L’aménagement démontre par exemple que les combles servaient à entreposer les récoltes l’automne venu.

On aime particulièrement les larges lattes des planchers de bois, les très hauts plafonds qui font par endroits jusqu’à 20 pieds et les poutres apparentes. Coup de cœur aussi pour le four en maçonnerie d’origine dans la cuisine. L’annonce du courtier immobilier le décrit comme un four à pizza, mais on soupçonne qu’il s’agissait plutôt au XVIII^e siècle d’un four à pain.

La propriété ancestrale est présentement en vente pour 2 998 000$. Pour les curieux, les détails se retrouvent ici.

Transformer une maison de 109 ans en espace d’exposition d’art visuel: telle est l’idée originale des collectionneurs Danielle Lysaught et Paul Hamelin. Visite de Projet Casa.

Bâtie en 1912-1913 au coin de l’avenue de l’Esplanade et de la rue Marie-Anne, face au parc Jeanne-Mance, la maison Raoul A. Girard a connu plusieurs vies. Elle a d’abord servi de résidence au marchand du même nom jusque dans les années 1960. Puis, sous la gouverne des médecins Phineas Rabinovitch et Max Wiseman, la maison unifamiliale est ensuite devenue un hôpital pour la communauté juive hassidique du Plateau, de 1963 à 1979. Les mots Casa Bianca, qui ornent toujours l’entrée vitrée, témoignent de sa troisième mutation, cette fois en gîte touristique.

Après l’avoir acquise en 2019, les nouveaux propriétaires ont profité du confinement l’an dernier pour convertir à nouveau l’espace et lui redonner sa vocation d’origine. Du moins en partie. Alors que le couple habite l’étage supérieur, le rez-de-chaussée, lui, est dédié à l’art contemporain.

Dans le paysage architectural montréalais, la maison Raoul A. Girard se distingue surtout par son revêtement rare. La terre cuite vernissée n’était en effet que peu utilisée dans la construction résidentielle d’ici. Sur la prestigieuse avenue de l’Esplanade, la propriété toute blanche se démarque aussi par sa tourelle et ses décorations néoclassiques.

L’espace d’exposition a conservé le cachet d’autrefois. Une grande fontaine, qui a traversé les époques, attend les visiteurs à l’entrée. Les murs immaculés servent d’écrin parfait à l’art. Toutes les pièces s’y prêtent, des aires communes à la salle de bain.

Projet Casa amorce maintenant sa deuxième année d’existence. «Nous poursuivons notre mission d’accueillir les pratiques d’artistes en début de carrière, non représentés en galerie, ou des projets inédits», souligne le cofondateur Paul Hamelin. La maison ne manque pas de projets: la programmation compte déjà une dizaine d’expositions pour l’an prochain.

Dans la forêt chinoise de Tonglu se cache un hôtel capsule qui plaira à coup sûr aux amoureux des livres. Gros plan sur le lauréat du prix Intérieur de l’année au World Architecture Festival 2021 (WAF), qui se tenait du 1^er au 3 décembre. 

Perdu au milieu des montagnes, dans le village de Qinglongwu, l’hôtel capsule-bibliothèque imaginé par l’Atelier tao + c fait figure de phare dans la nuit. Le bureau d’architectes de Shanghaï a redonné vie à un ancien bâtiment traditionnel de 232 mètres carrés, à la structure de bois et aux murs de boue.

Les concepteurs ont conservé la simplicité des lieux, mais ont inséré à l’intérieur deux nouvelles structures — une pour les hommes et une pour les femmes — pour faire place à une auberge de jeunesse pouvant accueillir 20 personnes et à deux salles de bain communes.

Le rez-de-chaussée abrite une bibliothèque contenant 30 000 livres. Parmi les étagères, on retrouve 20 minuscules chambres, à peine assez grandes pour s’allonger.

L’ajout de puits de lumière, de nouvelles fenêtres et d’une grande structure vitrée sur le côté de la résidence fait toute la différence. La lumière naturelle entre à flots, et on s’y imagine facilement le nez dans un roman pendant des heures.

Les membres du jury ont été impressionnés par la «rénovation sensible et inventive d’un bâtiment traditionnel modeste dans un cadre reculé». Selon eux, il s’agit «d’un croisement entre une ruche, un cadre d’escalade et une pagode» et d’une «belle idée hybride exécutée avec poésie, sophistication et chaleur».

Le projet a battu plus de 100 finalistes dans 11 catégories pour remporter le titre d’intérieur de l’année au WAF. L’hôtel capsule a aussi été primé aux Dezeen Awards, aux Architizer A+ Awards et aux AZ Awards, pour ne nommer que ceux-là.