Transformer une ancienne étable en bibliothèque privée? C’est le pari inhabituel qu’a relevé la firme Crawshaw Architects en Angleterre. Coup d’œil sur ce projet hors du commun.
Difficile d’imaginer que ce long bâtiment en brique rouge, aux allures modestes, abrite une magnifique bibliothèque. L’édifice ressemble à s’y méprendre à une ancienne étable, ce qui était d’ailleurs ses premières fonctions avant de servir d’entrepôt pour des machines agricoles pendant plus de 40 ans.
Difficile d’imaginer que ce long bâtiment en brique rouge, aux allures modestes, abrite une magnifique bibliothèque. Photo: Ingrid Rasmussen
Il faut dire que les concepteurs ont choisi de ne faire que quelques petites interventions structurelles pour conserver l’esprit des lieux. «Alors qu’une transformation décisive de l’intérieur s’imposait, nous avons estimé que l’utilisation originale du bâtiment devait faire partie de l’histoire», a expliqué le studio à Dezeen.
Les concepteurs ont choisi de ne faire que quelques petites interventions structurelles pour conserver l’esprit des lieux. Photo: Ingrid Rasmussen
Les architectes ont également misé sur les matériaux et les techniques de construction agricoles traditionnelles en ce qui a trait à la menuiserie et à la ferronnerie.
Même si la série de charpentes en chêne courbées rappelle le passé de la bâtisse, le nouvel aménagement est moderne et fait la part belle à la lumière. Photo: Ingrid Rasmussen
En franchissant les deux portes à battant, on constate toutefois l’ampleur de la transformation. Même si la série de charpentes en chêne courbées rappelle le passé de la bâtisse, le nouvel aménagement est moderne et fait la part belle à la lumière.
Le chêne pâle a été utilisé pour le plancher, les étagères, les poutres, les tables et les chaises. Photo: Ingrid Rasmussen
L’intérieur se compose d’une nef centrale, flanquée des deux côtés par des allées étroites et des étagères remplies de livres. Le sol a été creusé de deux pieds pour augmenter la hauteur. Trois lucarnes permettent pour leur part de laisser entrer la lumière. Le chêne pâle a été utilisé pour le plancher, les étagères, les poutres, les tables et les chaises. Tout le reste est blanc.
L'espace bureau et cuisine est séparé par des portes vitrées. Photo: Ingrid Rasmussen
Un bureau, comprenant une importante collection de livres historiques sur l’architecture palladienne, et une cuisine complètent le tout. Une certaine douceur enveloppe l’ensemble. Ça donne envie de se poser et de se plonger dans un roman.
C’est une des plus grandes (sinon LA plus grande) compétitions culinaires au monde, et cette année, un Québécois est bien placé pour remporter le concours du Bocuse d’Or, qui aura lieu en France en janvier 2023.
«Entraînement», «sacrifices», «compétition», «coach», «athlètes»… les termes utilisés pour parler du fonctionnement et de la participation au Bocuse d’Or évoquent ceux utilisés pour parler des Jeux olympiques.
Samuel Sirois, chef et professeur à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) à Montréal, rêve depuis longtemps d’avoir sa place au concours du Bocuse d’Or, une compétition mondiale imaginée en 1987 par le chef français Paul Bocuse. Il avait tenté sa chance dans le passé, mais n’avait pas pu se classer. «Je n’étais pas prêt», dit-il aujourd’hui.
Cette fois, grâce à son assiette végétarienne qui devait mettre le quinoa en valeur et à son plateau thématique de saumon inspiré d’un voyage fait dans la vallée de la Matapédia, il y est arrivé et a même remporté la médaille d’argent aux demi-finales, qui ont eu lieu au Chili en juillet dernier.
Ses plats, réalisés en équipe avec son commis Léandre Legault-Vigneau et son coach Gilles Herzog, lui ont permis de remporter une place convoitée. Cette réussite lui ouvre la porte des finales, qui auront lieu en janvier prochain à Lyon et qui mettront 24 pays en compétition.
C'est grâce à son assiette végétarienne qui devait mettre le quinoa en valeur et à son plateau thématique de saumon inspiré d’un voyage fait dans la vallée de la Matapédia que Samuel Sirois et son équipe a remporté la médaille d’argent aux demi-finales du Bocuse d'or. Photo: Facebook Samuel Sirois
Entraînement intensif
Pour s’y préparer, depuis des mois, les trois membres de l’équipe se retrouvent six jours par semaine dans un local de l’ITHQ parfaitement identique à la cuisine où ils performeront lors de la compétition.
Pour cette grande finale, en 5h30 précisément, les participants auront à imaginer, entre autres épreuves, un plateau pour 15 personnes qui mettra en vedette la lotte et les légumineuses.
Ce qui inspire le chef qui représente le Canada? «Les Premières Nations, qui sont les peuples qui ont fondé le Canada, ainsi que toutes les communautés qui influencent notre cuisine depuis. Je crois qu’au Québec, on peut utiliser des ingrédients de diverses cultures avec une fluidité impressionnante et ça vient de toute la diversité qui fait notre cuisine.»
Lors de la victoire! Photo: Facebook Bocuse d'Or
Un rayonnement important
Alors que Samuel Sirois et Léandre Legault-Vigneau étaient invités à un événement de l’Office montréalais de la gastronomie le 1er novembre dernier pour parler de leur expérience, Francis Reddy, qui animait la discussion, a déploré qu’on n’entende pas davantage parler de ce concours, le plus prestigieux du monde gastronomique, qui a lieu tous les deux ans, et de la présence des Canadiens à la prochaine finale.
Chaque année d’ailleurs, des milliers de spectateurs en liesse assistent à l’événement, conférant au lieu une ambiance «digne d’un stade». «Je suis fier de faire rayonner Montréal et l’ITHQ grâce à ce concours», a dit le chef qui pourrait offrir à la gastronomie d’ici une reconnaissance internationale s’il réussit à se classer en bonne position en janvier prochain.
L’art visuel, la peinture en particulier, me fascine et m’émeut. Et je suis toujours subjuguée par le talent de ces artistes qui insufflent autant de force, d’émotion et de vie à des traits de peinture. Comment travaillent-ils? À quoi pensent-ils? De quoi le quotidien est-il fait? Que se passe-t-il derrière les portes closes de leurs ateliers? Et voilà que je reçois un livre unique, magnifique, une œuvre en soi, un livre qui ouvre les portes de ce mystérieux atelier. Ce livre, c’est L’atelier de Marc Séguin. Un ouvrage exceptionnel à la hauteur de l’immense artiste qu’il est.
Un livre qui nous entraîne de New York à L’Isle-aux-Grues en passant par Montréal. Car chez Marc Séguin, l’atelier est pluriel. Des lieux où, comme il l’écrit, l’art et la création prennent tout leur sens, trouvent pignon sur rue et s’ancrent dans une réalité physique essentielle pour l’artiste et l’œuvre.
Ouvrir le livre, paru à l’automne 2021, le feuilleter, c’est comme avoir poussé la porte d’un de ses ateliers et le voir évoluer dans son univers, le voir créer et y découvrir des œuvres en devenir et des tableaux achevés. Une incursion unique dans la genèse du processus créatif.
«L'Atelier» est une incursion unique dans la genèse du processus créatif de Marc Séguin.
Les très nombreuses photos de Maude Chauvin et Caroline Perron servent le sujet avec finesse. Mais chez Marc Séguin, il n’y a pas que l’atelier qui soit multiple. Le talent aussi. Auteur de six romans, le talent d’écrivain de l’artiste est indéniable. Et avec ses textes superbement écrits et à la fois très simples, l’artiste nous ouvre les portes d’un autre atelier, celui de sa pensée, de ses observations, des détails qui meublent son parcours, son quotidien. Un peu à la manière d’extraits de journaux intimes, Marc Séguin nous parle de ses rencontres, de ses interrogations, et nous ramène toujours à ses œuvres, à l’art et à la réalité de l’artiste.
À lui seul, le texte d’introduction sur le rôle essentiel que joue l’atelier pour un artiste visuel vaut le détour du livre.
C’est dans un atelier d’artiste qu’est apparu, dans ma vie adulte, le sentiment d’exister. Car les belles idées et tout le génie du monde ne valent rien s’ils ne sortent pas au grand jour. La cristallisation d’une idée a besoin d’un plancher, d’un plafond et de murs pour prétendre faire partie du monde. Les artistes produisent des œuvres physiques. Et le passage d’une pensée vers un objet a besoin d’un pont.
[…] Derrière le chaos, enfouie sous le désordre apparent, se cache la réalité de la création: le besoin vital de créer, de faire œuvre, coûte que coûte. Les matériaux sont éparpillés, pêle-mêle, parfois à la traîne et sauvages, l’espace y est moins domestique. Car y faire est plus important que d’y vivre. À l’entrée, des idées et une envie. À la sortie émergent, par la même porte, des objets. De l’art.
Les textes qui jalonnent le livre sont un accès direct à l’homme, l’artiste qui jongle avec ses doutes, ses impressions, son besoin créatif, son regard sur l’art et sur le marché de l’art. De précieuses tranches de vie de l’artiste, qui tient lui-même la porte. Peut-être pour qu’on comprenne mieux, pour démystifier l’art ou tout simplement pour nommer ce qui doit être nommé comme il peint ce qui doit naître.
Je ne sais pas pourquoi le cerveau fait des associations. J’imagine que c’est dans les liens que se trouve notre identité. Ou du moins une partie de notre définition.
C’est aussi ça, la création: la manifestation spontanée de soi. Dénuée de filtres.
Des fois, ça va très vite, les images et les idées défilent à une telle vitesse que je deviens le spectateur, silencieux et amusé, de ma pensée. Quelques rares secondes. Et ça, ça rassure autrement que tous les objets du monde.
Un livre qu’il faudra déposer sur la table à café, car il doit être feuilleté, parcouru tranquillement, quelques tableaux, quelques pages à la fois.
Dîner avec des célébrités à Manhattan, séjour à Londres, exposition au Japon, retours au Québec, Marc Séguin est un artiste de réputation internationale qui doit aussi composer avec la réalité et les exigences du marché de l’art.
Demain soir, je dois aller souper en ville avec les gens de la galerie. Je sais déjà qu’ils vont me demander où sont rendus les neuf tableaux déjà «prépayés». Je vais sourire en mettant l’index sur ma tempe et en disant qu’ils sont presque terminés. Je les repousse depuis plusieurs mois. J’y suis. Ça va sortir.
Peut-être que l’art est un élastique?
Ses textes sont comme des fragments d’interrogation, de pur bonheur, de doute, de réflexion, de création ou encore d’une réalité bien physique et concrète du geste créatif. Avoir accès à ces textes, aux mots de l’artiste, c’est comme découvrir l’atelier qu’il porte en lui et qui habite ses ateliers physiques.
J’aime être seul. C’est là que je retrouve, reconnais plutôt, les raisons pour lesquelles je fais ça. Il me semble. Même quand le tableau n’est pas bon et qu’il faut le détruire, j’ai eu raison de le faire.
En réalité, une œuvre terminée devient une affirmation. Mais tout ce qui y mène est douteux.
Nous sommes maintenant le 15. C’est la nuit. Les yeux piquent. Je sais que j’aurai mal à la gorge demain à cause des solvants.
Un livre qu’il faudra déposer sur la table à café, car il doit être feuilleté, parcouru tranquillement, quelques tableaux, quelques pages à la fois. Un livre d’art d’une très grande beauté. Le travail d’édition de Fides est d’ailleurs à souligner. Assurément un livre à offrir en cadeau à quiconque dans votre entourage vibre à la beauté et à l’art.
Marc Séguin est né le 20 mars 1970 à Ottawa. Ses œuvres sont exposées dans plusieurs musées et sont reconnues dans le monde. Ses estampes et ses peintures se trouvent notamment dans de nombreuses collections d’entreprises canadiennes et d’importants collectionneurs privés. Marc Séguin est également écrivain. Son premier roman, La foi du braconnier (2009), a remporté le Prix littéraire des collégiens. Ses trois romans subséquents, Hollywood (2012), Les repentirs (2017) et Jenny Sauro (2020) ont été salués par la critique. Il vient de publier chez Leméac son dernier titre, Un homme et ses chiens.
Au Québec, quand on dit «Ricardo», tout le monde sait de qui il est question, même sans ajouter de nom de famille. Il vient d’ailleurs de publier un autre livre de cuisine, cette fois avec sa femme Brigitte. Survol d’un phénomène qui propose une cuisine «simple et facile» depuis bientôt 30 ans.
Ricardo, c’est Ricardo Larrivée, 55 ans, qui a étudié à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) et qui a débuté sa carrière en 1995 comme chroniqueur dans diverses émissions, dont Les p’tits bonheurs de Clémence avec Clémence Desrochers, à la radio dans des émissions telles que Péchés mignons, Secrets de famille et Indicatif présent, puis sur les ondes de TVA, où il participe aux émissions Taillefer et fille et Les saisons de Clodine. Il coanime ensuite Saveurs de saison avec Mireille Deyglun.
«Manger ensemble», le plus récent livre de Ricardo.
Ricardo a même percé en anglais grâce à son émission Ricardo and Friends, diffusée sur la chaîne Food Network en 2006. Une expérience qui l’amène à vendre les droits de son émission et son image de marque à travers le monde dans des dizaines de pays et dans différentes langues.
Aujourd’hui, Ricardo, c’est une quinzaine de livres, plus de 6 000 recettes sur le web consultées par plus de 5 millions de visiteurs, c’est plus d’un million de lecteurs du magazine, une émission diffusée à ICI Radio-Canada Télé depuis plus de 20 ans, une collection d’accessoires de cuisine offerte dans 600 points de vente partout au Canada, trois boutiques et trois cafés à Saint-Lambert, Québec et Laval, un comptoir de prêt-à-manger aux Galeries de la Capitale à Québec, une boutique en ligne et une variété de produits alimentaires en épicerie. Ricardo, aujourd’hui, ce n’est rien de moins qu’un empire, et assurément l’histoire d’une belle réussite québécoise.
Tel que le rapportait le journaliste Jean-François Nadeau dans Le Devoir, la maison-atelier de Charles Daudelin à Kirkland pourrait tomber sous le pic des démolisseurs, allongeant du même coup la liste des deuils à faire au rayon du patrimoine architectural. Hommage à cette demeure d’exception.
Charles Daudelin a profondément marqué le Québec. L’artiste sculpteur figure comme l’un des pionniers de l’intégration de l’art à l’espace public. Ses œuvres font d’ailleurs partie du quotidien des Montréalais, sans qu’ils s’en rendent nécessairement compte.
Charles Daudelin, sculpteur, Kirkland. Photo: Gabor Szilazi, 1969, BAnQ
Il a par exemple laissé sa trace dans le métro en réalisant les grilles sculpturales à la station Langelier et les jointures en aluminium à la station Mont-Royal. On lui doit également l’Agora du square Viger et son œuvre conjointe Mastodo, la sculpture devant le palais de justice de Montréal ainsi que le retable de la chapelle du Sacré-Cœur dans la basilique Notre-Dame. Les sculptures-fontaines de la place du Québec à Paris et de la place de la Gare à Québec, c’est lui aussi.
La Fontaine Éclatement II est l'œuvre de Charles Daudelin qui s'affirma comme pionnier dans l'intégration de l'art à l'espace public. Située dans le Vieux-Port de Québec près de l'édifice Services Canada. Photo: Eric Fortin, Wikimedia
Sa maison-atelier, nichée au fond des bois à Kirkland, est à son image, avant-gardiste. La première version, qui ressemblait à un grand rectangle dans un ancien champ d’oignons, a été conçue par Charles Elliot Trudeau (oui, le frère de Pierre Elliot Trudeau) en 1950. La firme Rother, Bland, Trudeau a également dessiné deux nouvelles pièces quatre ans plus tard.
La maison-atelier de Charles Daudelin, nichée au fond des bois à Kirkland, est à son image, avant-gardiste. Photo: Site web Sotheby's Canada
Au fil des ans, la résidence a été transformée par le couple Daudelin, un peu comme une œuvre d’art, pour s’adapter aux besoins de la famille grandissante. Les ajouts éclectiques donnent d’ailleurs du charme à l’endroit. Le champ, lui, a cédé sa place à une forêt plantée avec l’aide de son frère Georges, attaché au Jardin botanique de Montréal.
Au fil des ans, la résidence a été transformée par le couple Daudelin, un peu comme une œuvre d’art. Photo: Site web Sotheby's Canada
De grands architectes ont contribué aux rénovations. Jean-Louis Lalonde, qui a réalisé la station de métro Place-Saint-Henri, a par exemple signé les plans de l’atelier détaché de la maison en 1959. Les derniers travaux d’agrandissement, en 1968, ont pour leur part été confiés à Gordon Edwards, qui a conçu l’aérogare de Mirabel avec PGL.
Les lieux baignés de lumière abritent quelques curiosités dont ce bain creusé dans le plancher de la salle de bain. Photo: Site web Sotheby's Canada
Les lieux baignés de lumière abritent quelques curiosités, notamment un bain creusé dans le plancher et une chambre principale sans porte. Notre coup de cœur va toutefois au dernier atelier de l’artiste, avec ses hauts plafonds, ses angles particuliers et ses immenses fenêtres qui permettent de rester en contact avec la nature.
Notre coup de cœur: le dernier atelier de l’artiste, avec ses hauts plafonds, ses angles particuliers et ses immenses fenêtres qui permettent de rester en contact avec la nature. Photo: Site web Sotheby's Canada
Le sort de la maison est désormais entre les mains du Comité de démolition de Kirkland. Selon la Ville, ce dernier est en délibération et aucun délai n’a été donné pour la prise de décision. Il reste donc encore un mince espoir pour ce trésor architectural.