Randonnée alpine: un sport hybride à essayer
L’engouement en faveur de la randonnée alpine s’affirme année après année au Québec. Preuve que les amateurs de sports d’hiver ne dédaignent pas un supplément d’effort physique pour profiter de la neige. Et il reste encore quelques bonnes semaines (jusqu’en avril parfois) pour en profiter avant que le printemps ne se pointe vraiment le bout du nez!
Sport hybride entre ski alpin, télémark et ski de fond, la randonnée alpine (qu’on appelle aussi haute route ou back country) nécessite une bonne dose d’endurance car l’objectif est de gravir pentes et montagnes… à pied. En station de ski alpin ou en territoire sauvage, la technique consiste à monter à la force de son corps, sans remontée mécanique, puis à redescendre dans la poudreuse ou sur une piste damée. Le tout grâce à un équipement spécial.
Les skis sont dotés d’une fixation particulière qui permet de lever le talon en montant. Pour la descente, cette dernière est arrimée. Pour grimper, on utilise des peaux d’ascension (comme en ski de fond de longue randonnée), collées à la semelle du ski. Rendu au sommet, on les décolle pour profiter de la glisse! Les bottes ressemblent pour leur part à celles de ski alpin mais avec une plus grande souplesse de mouvement au niveau de la cheville.
Côté habillement, on démarre en version légère pour monter et ne pas trop suer (avec casque sur la tête ou sac à dos), puis on enfile le manteau de ski alpin qu’on aura pris soin d’apporter pour profiter de la descente. Côté tarifs, c’est très variable, de l’accès gratuit à 10$ ou 22 $ pour la journée.
Une activité qui a le vent dans les voiles
Plusieurs stations de ski alpin ont compris l’intérêt d’aménager des pistes spécifiques pour la randonnée alpine. Les tarifs sont intéressants vu que les adeptes n’utilisent pas les remontées mécaniques. Les équipements sont également offert en location. En région, plusieurs parcs proposant ski de fond et raquette ont ajouté cette corde à leur arc. De leur côté, des stations de ski à l’abandon ont trouvé dans cette nouvelle activité de plein air hivernal une occasion de renaissance.
Bien sûr, on peut aussi pratiquer la randonnée alpine dans des zones plus sauvages, à condition d’être suffisamment expérimenté.
Il y a longtemps que les adeptes du ski hors-piste ont adopté cette technique dans la région des Chic-Chocs. À l’Auberge de montagne des Chic-Chocs, c’est aussi au programme depuis plusieurs années, tout comme dans la région de Murdochville, avec l’Auberge Chic-Chac qui en a fait l’une de ses spécialités.
Ailleurs au Québec, la pratique s’est développée plus récemment mais n’en finit pas de faire des petits. Les sites se multiplient, les festivals aussi. Il est également de plus en plus facile de participer à des séances d’initiation ou à des randonnées guidées avec équipements fournis. Voici quelques-uns des meilleurs d’entre eux.
Mont-Tremblant et Mont Alta (Laurentides)
La Station Mont-Tremblant offrent ses pistes de descente à ceux qui ont le courage de monter à pied jusqu’au sommet. Selon le parcours choisi (il y en a trois), il faut compter entre 1h45 et 3h30 pour l’atteindre. Des zones désignées permettent aussi de goûter au hors-piste pour la descente. Chaque année, fin janvier, la station a son festival Rando alpine Tremblant.
J’ai un petit faible pour le Mont Alta, à Val-David. Facile d’accès car en bordure de route 117, le lieu est typique de ces anciennes petites stations de ski alpin qui renaissent de leurs cendres grâce à quelques mordus de randonnée alpine. Sans être trop éloigné des grands centres, le site offre une neige complètement naturelle sur 27 pistes qui ne sont pas du tout travaillées. Alpaga Aventures y organise des sorties guidées lors de journées spéciales.
Mont Sutton et Mont Hereford (Cantons de l’Est)
La station de ski alpin du Mont Sutton offre trois circuits d’ascension pour débutants et skieurs intermédiaires-experts. En descente, on a aussi le choix entre pistes damées et sous-bois réputés.
Pour vivre une expérience plus «hors-piste à l’état pur», direction Coaticook. On prend la route du Mont Hereford, qui culmine à 864 mètres d’altitude. Versant des Trois Dames ou versant des Piments? Ici, la poudreuse est garantie… une fois qu’on aura avalé 200 à 250 mètres en montant en ski.
Mont-Édouard (Saguenay–Lac Saint-Jean)
Un autre royaume de la poudreuse? La station de ski alpin du Mont-Édouard en offre à profusion et tard en saison, avec une originalité: on peut emprunter la remontée mécanique jusqu’à 9h30 le matin pour ensuite aller s’épivarder sur les hauteurs, mais mieux vaut être de niveau intermédiaire ou expert pour s’aventurer dans l’arrière-pays des secteurs Sacré-Cœur, Vallée des Géants, Domaine du Gardien ou Domaine Laure-Gaudreault. Un vaste terrain de jeu s’ouvre à nous, avec bon dénivelé et sous-bois de rêve! On peut même dormir dans un refuge du «royaume» supérieur.
Vallée Bras-du-Nord et parc national de la Jacques-Cartier (région de Québec)
Au paradis du fatbike et de la raquette, la Vallée Bras-du-Nord s’impose aussi comme une destination majeure de randonnée alpine. On y accède seulement en randonnées guidées organisées par Éco Plein air. Partenaire du parc, la compagnie a sa propre Villa Éco, en plein cœur du domaine récréotouristique. Après une assez longue marche d’approche, on grimpe encore un peu dans le bois (300 mètres de dénivelé au total) avant de pouvoir dévaler la pente en sous-bois magiques. Certains font trois parcours par jour!
Le parc national de la Jacques-Cartier est considéré pour sa part comme un pionnier de la randonnée alpine, avec deux secteurs ouverts pour skieurs de niveau intermédiaire ou expert et un dénivelé de 300 mètres chacun. Le secteur Belleau est le plus facile d’accès. Pour rejoindre le secteur Matteucie, il faut prendre une navette. Un beau champ de neige poudreuse, réservé à 22 personnes par jour, constitue la récompense! Chaque hiver, on y organise aussi un Festival hors-pistes.