Les opus gourmands de Marc Hervieux
On le connaît comme chanteur lyrique et animateur à la radio et à la télévision, mais on ne connaissait pas la grande passion que Marc Hervieux entretient avec la cuisine avant la parution, à l’automne 2020, de Bon vivant!, un livre qui a remporté le prix du meilleur premier livre culinaire au monde aux Gourmand World Cookbook Awards. C’est donc avec appétit que nous avons englouti Bon vivant! Opus 2 du ténor épicurien.
Lorsqu’on demande à Marc Hervieux le rapport qu’il entretient avec la nourriture, ce dernier répond immédiatement: «Ah, si vous saviez! C’est certainement le plus grand plaisir de ma vie, encore plus que celui que j’ai avec la musique.» Ce qui semble assez incroyable, étant donné le succès que ce chanteur lyrique connaît sur les scènes du monde entier depuis plus de 20 ans.
Mais oui, Marc Hervieux est bel et bien un bon vivant, à ce que l’on a pu constater dans le livre du même nom paru il y a un an aux éditions Flammarion. Un livre inattendu, constitué de souvenirs et d’anecdotes tantôt amusants, tantôt touchants de la vie professionnelle et personnelle du ténor menant vers des recettes, puis des suggestions musicales.
Parcours d’un «épicurieux»
«J’avais envie d’écrire ce livre depuis plusieurs années, mais je repoussais sans cesse ma rédaction par pudeur, avoue le chanteur. Jusqu’à ce qu’en 2020, la pandémie arrive et que je ne trouve plus d’excuses. Alors, j’ai commencé une introspection, et à ma plus grande surprise, alors que je pensais que tout serait dit en 5 pages, j’en ai produit tellement qu’il a fallu faire des choix une fois les 230 pages atteintes!»
Effectivement, Marc Hervieux avait largement de quoi écrire et illustrer ce premier opus. On y a découvert le jeune garçon d’Hochelaga-Maisonneuve aux origines modestes qui a réussi à concrétiser son rêve de devenir chanteur lyrique – rappelons qu’il n’a obtenu son diplôme du Conservatoire de musique de Montréal qu’à l’âge de 27 ans, après avoir travaillé plusieurs années en graphisme – et qui a côtoyé les plus grandes vedettes internationales de l’opéra, à commencer par son idole, Luciano Pavarotti.
À travers sa jeunesse, son parcours atypique, ses voyages, ainsi que ses rencontres probables et improbables, le ténor a récolté de nombreuses recettes qu’il a cherché à refaire à la lettre. On peut donc tomber dans Bon vivant! sur la recette de soupe de pois lessivés de sa grand-mère, tout comme sur celle d’un sandwich de berger corse qu’il avait mangé à la suite d’un concert dans l’île de Beauté. «C’était important pour moi d’être fidèle à ce que j’avais réellement vécu. Et ce, tant pour les histoires que pour les ingrédients qui constituaient les recettes de l’époque», explique-t-il.
On apprend d’ailleurs dans ce premier ouvrage que Marc Hervieux a commencé à cuisiner très jeune, puisqu’il devait se faire à manger le midi alors que ses deux parents travaillaient. À l’adolescence, il a même remplacé au pied levé la cuisinière d’un camp de vacances. «Ce rapport étroit avec le plaisir de manger et de cuisiner m’a donc tout le temps suivi», raconte celui dont les recettes sont volontairement simples et accessibles à tous.
Un 2e opus réussi
On le sait, les suites d’un succès, qu’il s’agisse d’un album musical ou d’un film, ne sont pas toujours magistrales. Mais ce n’est pas le cas du deuxième livre de Marc Hervieux. Avec la même franchise, la même générosité et la même bonhommie qu’on lui connaissait dans le premier Bon vivant!, l’artiste nous invite à plonger de nouveau dans son riche parcours.
On y suit notamment le jeune homme devenu entrepreneur graphiste grâce à l’aide discrète de son père, un père auquel il adresse toujours aujourd’hui, avant chaque spectacle, une petite prière, car «c’est toujours plus facile à deux». Il lui dédie aussi trois recettes simples et réconfortantes: un macaroni au fromage, du poulet BBQ et une tarte aux pommes, pacanes et dattes à l’érable. Chacune d’entre elles a d’ailleurs, comme toujours, sa raison d’être dans ce livre, comme autant de clins d’œil à des souvenirs.
L’Opus 2 nous montre également d’autres facettes moins explorées dans le premier ouvrage. On y apprend notamment que la chanson que Marc Hervieux a sans doute le plus entonnée dans sa vie est celle de Minuit, chrétiens en raison des nombreux concerts de Québec Issime et messes de Noël auxquels il a participé. Ce qui donne au ténor l’occasion de présenter quelques recettes des fêtes, comme son cassoulet express, prêt en moins de deux heures.
On explore également, entre autres, les coulisses de la version opéra de la comédie musicale Starmania. Dire que tout a débuté à la suite d’un repas post-concert bien arrosé à Québec avec le compositeur Luc Plamondon, pour se transformer cinq ans plus tard en tournée à guichets fermés à travers le globe… Ça semble irréel, n’est-ce pas? Alors, pour ajouter à ce voyage planétaire, le ténor nous propose de réaliser des recettes coréennes, dont un bulgogi (une sorte de bœuf mariné et grillé accompagné de légumes).
Cela dit, on visite la culture culinaire de plusieurs endroits à travers les chapitres, de la pizza Chicago-style cuite à la poêle, au jambalaya à la floridienne et à la torta paradiso de la région milanaise. Mais on peut aussi se centrer sur le Québec avec un bouilli canadien, un pâté croche de L’Isle-aux-Coudres ou un filet de porc à l’érable et au brie. Bref, ce n’est pas l’inspiration qui manque dans ce deuxième opus!