La saveur du jour
Rencontre avec Hélène Laurendeau, passionnée des fruits et des légumes
Anciens parents pauvres de nos menus, les légumes et les fruits y tiennent de plus en plus une place de choix. Un changement qui ravit la nutritionniste, auteure et communicatrice bien connue des Québécois Hélène Laurendeau, qui a fait de ces aliments son cheval de bataille depuis de nombreuses années. Fière ambassadrice du Mouvement J’aime les fruits et légumes, elle partage avec nous sa passion et ses souhaits, alors même que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec vient d’octroyer une subvention de 750 000 $ afin de nous encourager à intégrer plus de fruits et de légumes d’ici dans notre alimentation.
Hélène Laurendeau, dont nous apprécions les chroniques auprès de Ricardo Larrivée et dans le cadre de plusieurs émissions de Radio-Canada, ainsi que les livres destinés à démocratiser une alimentation à la fois saine et gourmande, est une femme pétillante et engagée. Les fruits et les légumes constituent sans doute son combat de plus longue haleine, mené depuis plus de 30 ans. Pourquoi? Parce que nous ne consommons en moyenne que la moitié des 8 à 10 portions quotidiennes recommandées pour notre santé. Mais aussi parce qu’ils représentent pour elle une source fascinante de découvertes et de plaisir.
«Ce sont mes alliés de tous les jours à la maison, dit-elle. Ils me nourrissent, et nourrissent ma famille. J’adore les cuisiner, en offrir, en découvrir. Je suis excitée dès qu’un nouveau légume ou un nouveau fruit apparaît. J’admire les gens qui les produisent et qui font un travail monumental. J’apprends tout le temps et partage ensuite ces nouvelles connaissances avec le public. Bref, les fruits et les légumes, ça me touche profondément!»
Halte aux fausses excuses
Quand Hélène Laurendeau s’est vue nommée par l’Association québécoise de la distribution des fruits et légumes (AQDFL), au mois de mars dernier, ambassadrice du Mouvement J’aime les fruits et légumes, elle ne pouvait pas demander mieux. Cela lui permet effectivement de passer plus largement encore son message… et de lutter contre les idées reçues.
«Il y a notamment une croyance qui veut que les fruits et les légumes, ça coûte cher. Mais c’est totalement faux!», s’exclame la nutritionniste, qui a déjà fait l’exercice, en plein hiver, de réunir 10 portions de légumes pour un montant moindre que celui déboursé pour un café premium. «Alors quand on a de l’argent pour s’offrir des liqueurs, des cafés lattés ou un abonnement à Netflix, on peut tout à fait trouver un petit budget pour acheter des fruits et des légumes», martèle-t-elle.
D’autre part, s’il est vrai que cuisiner des fruits et des légumes, cela demande un peu d’huile de coude, il ne faut pas non plus exagérer la somme de travail que cette préparation représente. «J’ai l’habitude d’appeler cette réticence le syndrome du gros fruit!, dit Hélène à la blague. Mais dites-vous que cette petite préparation régalera bien du monde ensuite.» La nutritionniste ajoute qu’il existe en plus aujourd’hui plusieurs solutions de rechange pour les personnes moins à l’aise en cuisine, comme les smoothies, les poke bowls, les légumes et les fruits déjà coupés au rayon du frais ou des surgelés. «Et ça, conclut-elle, à mon sens, c’est le vrai fast food.»
Légumes et fruits pour tous
La subvention de 750 000 $ annoncée le 19 août par le ministre André Lamontagne réjouit Hélène Laurendeau, qui sait par expérience que la promotion des fruits et des légumes occupe une place dérisoire comparée à celle de la malbouffe, soutenue par les budgets faramineux des multinationales.
«En réalisant cet investissement, le gouvernement montre qu’il croit en l’importance de la consommation de fruits et de légumes pour notre santé», indique-t-elle. Si l’on greffe d’ailleurs à ce budget 300 000 $ de plus fournis par l’AQDFL et ses partenaires de l’industrie, afin d’accentuer cette sensibilisation en 2021, proclamée l’Année internationale des fruits et légumes par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, on peut s’attendre à voir apparaître plusieurs initiatives attrayantes sur le site Web et les réseaux sociaux du Mouvement J’aime les fruits et légumes.
«Des projets mettant en avant des chefs, des restaurateurs et des nutritionnistes verront peut-être le jour, confirme Hélène Laurendeau. Je ne serais pas surprise non plus que de petits potagers soient installés dans les garderies et les écoles, car c’est au plus jeune âge qu’il faut intéresser les jeunes aux fruits et aux légumes. Enfin, j’espère aussi que nous serons en mesure de rejoindre les populations les plus vulnérables ou qui habitent dans des déserts alimentaires. Il y a tant de travail à faire encore! Mais l’octroi de cette subvention, c’est réellement encourageant.»