Le 8 mars, nous célébrerons la Journée internationale des droits de la femme. Pour le souligner, j’ai choisi de mettre de l’avant le travail de trois femmes de tête et de cœur qui œuvrent dans l’industrie québécoise des vins et spiritueux: une femme d’affaires, une maître de chai et une distillatrice. De quoi vous inspirer! Elles sont toutes les trois passionnées, enthousiastes et talentueuses.

Si je vous parle d’elles, ce n’est pas parce qu’elles sont des femmes; c’est parce qu’elles sont des modèles qui brisent les stéréotypes et qu’elles nous rappellent de viser haut et de réaliser nos rêves. Je vous invite donc à les découvrir à travers ces trois entrevues qu’a menées pour moi mon acolyte Mariève Isabel.

Maureen David, présidente, Distillerie 1769

Mariève: Qu’est-ce qui vous a menée dans l’univers du vin?

Maureen: Mon mari, Andrew, et moi avons toujours adoré visiter les distilleries lorsque nous voyagions, pour apprendre sur leur histoire et sur leurs fondateurs. Nous apprécions la passion de ces artisans et leurs habiletés à créer des spiritueux de qualité. Souhaitant ramener cet art à Montréal, nous avons finalement pris la décision de nous lancer dans cette nouvelle aventure, après avoir visité une distillerie en Nouvelle-Écosse.

Mariève: Quelle est la plus grande source de joie dans votre métier?

Maureen: Ma plus grande joie est que nos fils, Alex et Matthew, travaillent avec nous à la distillerie et créent maintenant leur propre gamme de spiritueux via leur entreprise, Royalmount Spirits Inc. Ils ont actuellement deux gins à la SAQ, le Royalmount et le Azura. De plus, le gin Royalmount est maintenant offert en Ontario et en Alberta. Un autre moment de joie est notre récent déménagement dans l’ancien emplacement de la distillerie Seagrams à LaSalle.

Mariève: Pouvez-vous nous présenter un de vos produits chouchous?

Maureen: Il est difficile de choisir, car ils sont tous uniques, mais Madison Park Breakfast Gin a un profil de saveur délicieux de bergamote et de thé. Il est parfait dans plusieurs cocktails, comme un breakfast negroni ou un breakfast 75.

Isabelle Lafond, maître de chai, vignoble Les Artisans du Terroir

Mariève: Qu’est-ce qui vous a menée dans l’univers du vin?

Isabelle L.: Ouf! Avez-vous beaucoup de temps? J’ai grandi sur un verger. Je dis souvent que je suis tombée dans les pommes quand j’étais petite… et dans la cuve à l’âge adulte! J’ai vu grandir ce vignoble, dans mon village: Les Artisans du Terroir. Lorsque l’occasion s’est présentée de me joindre aux Artisans, j’ai tout lâché et j’ai dit oui. Aujourd’hui, je touche à toutes les étapes de la production, de la culture de la vigne à la vinification du raisin et jusqu’à la vente du vin. Je travaille dès l’arrivée du printemps et je passe l’été dehors au vignoble avec David et Robert. À l’automne, ils prennent la direction des vendanges et moi, celle du chai.

Mariève: Qu’est-ce qui vous apporte le plus de joie dans votre métier?

Isabelle L.: Quand j’entre dans le vignoble ou au chai, je me sens à la maison. Je ne sais pas comment le dire autrement. C’est indescriptible et très simple à la fois! Plus concrètement, le plaisir de travailler dehors. Celui aussi de voir un même fruit, le raisin, nous donner une infinie de possibilités. Chaque vigneron peut mettre en valeur son terroir, en travaillant les mêmes cépages. Notre petite perle, une fois vinifié, ne goûtera pas le petite perle d’un de nos confrères. C’est ce qui fait la beauté du métier, et qui laisse place à la collégialité.

Mariève: Pouvez-vous nous présenter un de vos produits chouchous? 

Isabelle L.: Ah! Cette question! C’est comme demander à une mère de choisir entre ses enfants. Je les aime tous! Pour les fins de l’exercice, je dirais notre Prémices blanc. Il met en valeur notre cépage phare au vignoble: le cayuga. Les années fraîches, il nous donne un vin aux arômes de lime et de pamplemousse blanc. Les années chaudes, on bascule vers les agrumes sucrés, comme le pamplemousse rose, et les fruits exotiques, comme l’ananas et le litchi. Ça aussi, ça me fascine. C’est un vin d’une grande fraîcheur, avec une acidité qui fait saliver. Il présente aussi une belle rondeur en bouche. Deux qualités qui coexistent rarement. C’est mon partenaire d’apéro idéal!

Isabelle Rochette, distillatrice, Distilleries Cirka

Mariève: Qu’est-ce qui vous a menée dans l’univers des spiritueux?

Isabelle R.: Un désir de changement de carrière. Pendant que je travaillais chez Ubisoft, j’ai étudié en sommellerie à l’ITHQ; je voulais ouvrir un bar de dégustation. Alors que je voyageais à travers le Canada et les États-Unis, dégustant de superbes produits de vignobles, brasseries et distilleries, un ami d’Ubisoft m’a parlé d’un projet de distillerie «grain à la bouteille» que Paul Cirka démarrait. Il voulait produire de la vodka, du gin et du whisky. Étant méga fanatique de whisky, j’ai immédiatement contacté Paul pour lui signifier mon intérêt. Il m’a éventuellement offert de travailler avec lui en production et c’est ainsi que j’ai fait mes débuts chez Cirka. Je suis entrée en tant qu’apprentie pour éventuellement être responsable de la production.

Mariève: Qu’est-ce qui vous apporte le plus de joie dans votre métier?

Isabelle R.: Honnêtement, j’adore ce secteur parce qu’il y a une camaraderie entre distillateurs qui fait que peu importe ce qui m’arrive, je sais que j’ai des ressources à ma disposition. Il n’y a pas cette sorte de méga hiérarchie patriarcale que l’on retrouve beaucoup en Europe. Dans cette jeune industrie – nous avons à peine 20 ans d’expérience –, tout le monde travaille très fort et est ouvert d’esprit. J’aime bien aussi qu’on soit constamment en apprentissage dans ce secteur: nouvelles méthodes de distillation, nouveaux ingrédients, nouveaux processus, etc. Nous sommes d’éternels étudiants!

Mariève: Pouvez-vous nous présenter un de vos produits chouchous? 

Isabelle R. : Je suis très fière que nos whiskys commencent enfin à être sur les tablettes. Notre vodka chili me vient aussi à l’esprit. C’est peut-être à cause du froid hivernal, mais ce bel alcool brun épicé, fruité et fumé réchauffe le cœur et le corps. Mélangé à un chocolat chaud ou en margarita (qui nous fait voyager dans le Sud), ça réconforte, surtout en confinement.

Sur ce, je vous invite à découvrir ces beaux produits québécois. Et tant qu’à y être, joignez-vous à moi en pensée pour porter un toast à toutes ces femmes pionnières qui nous rappellent qu’on peut emprunter tous les chemins que l’on désire! Et prenons un moment pour l’apprécier.

Bonne journée internationale des droits de la femme!

Jessica et son équipe

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