Qu’adviendra-t-il de nos restaurants?
Le coup a été donné dans les régions de Montréal, Québec et Chaudière-Appalaches d’abord, mais la menace pèse présentement sur tout le Québec. Pour la deuxième fois cette année, les restaurants, en raison de la COVID-19, se voient dans l’obligation de fermer. Frustration, inquiétude et recherche de solutions dans le milieu.
À la fin du mois de septembre, quand le gouvernement a annoncé la fermeture des restaurants pour 28 jours, plusieurs travailleurs de l’industrie ont crié à l’injustice, sentant qu’ils étaient encore, à tort, ceux qui écopaient pour la pandémie.
«Les restaurants ne sont pas des lieux d’éclosion. On s’aperçoit que c’est davantage les maisons privées [le problème]. On devient un peu le symbole. On est utilisés pour faire passer le message à la population», a dit François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec.
Il est vrai que dans les semaines précédant cette fermeture, les autorités ont affirmé à plusieurs reprises que le principal facteur d’éclosion et de contagion de la maladie était les rassemblements privés… De son côté, Mylène Drouin, directrice de la santé publique de Montréal, affirmait en septembre que les quatre principales sources des nouvelles éclosions étaient les milieux de travail, les établissements scolaires, les centres de la petite enfance et le milieu de la santé.
Devant ce constat, François Meunier a affirmé que l’industrie, qui comprend le message que l’État souhaite passer, se sent tout de même comme le «bouc émissaire» dans cette situation.
D’autant plus que tous les restaurants qui avaient rouvert leurs portes au mois de juin dernier, après des mois de fermeture au printemps, avaient investi des milliers de dollars pour faire en sorte que leur établissement soit sécuritaire.
La situation est donc critique pour l’industrie, déjà fragilisée par le manque à gagner du printemps dernier. L’Association Restauration Québec, qui représente 6000 établissements à travers la province, estime d’ailleurs que 40% des restaurants ne passeront pas l’année.
Une aide qui donne de l’air
Le lendemain du début de la période de fermeture annoncée de 28 jours, le gouvernement annonçait une aide financière d’urgence pour les établissements situés en zone rouge. Ainsi, les restaurateurs ont droit au remboursement de la majeure partie de leurs frais fixes pour le mois d’octobre et la mesure pourrait être reconduite.
L’annonce a été qualifiée de «sérieux coup de pouce» par les propriétaires de restaurants même si la contribution ne sauvera pas tous les établissements et n’empêchera pas la fermeture de plusieurs.
Martin Juneau, chef du Pastaga, à Montréal, a confirmé que bien que plusieurs restaurateurs soient «amochés», l’aide allait leur donner un peu d’air et permettre à plusieurs, tout comme lui, de se «relancer dans les plats à emporter».
Livraison et achat local: une partie de la solution
Devant ce climat plus que fragile, Martin Juneau, ainsi que plusieurs autres restaurateurs, a lancé un appel à la population, l’encourageant à les soutenir en commandant des plats à emporter ou à livrer. Une solution qui pourrait en aider certains à «passer à travers ce cauchemar»…
En effet, après s’être fait la main pendant la première vague, les restaurateurs qui ont les outils pour ce faire proposent de nouveau un menu à emporter. Certains ont même continué d’offrir la formule lorsque leur salle à manger a pu rouvrir, afin de proposer une option aux gens frileux à l’idée de sortir.
La résilience et la capacité d’adaptation doivent être grandes toutefois chez les restaurateurs, qui doivent donc proposer un nouveau menu, se munir de plats à emporter, trouver le bon fonctionnement pour les commandes, transformer leurs serveurs en livreurs, entre autres, tout en acceptant des revenus qui restent tout de même à la baisse.
Mais le résultat est là et la réponse est bonne. Il faut dire que l’offre est vaste: cuisine asiatique ou caribéenne, plats de viande, fruits de mer, menu haut de gamme, déjeuners… les listes pullulent dans les médias de Montréal et Québec afin d’aider les consommateurs à trouver ce qui leur plairait dans les menus à emporter de leur région.
Alors que nous sommes en plein milieu de la fermeture annoncée de 28 jours, plusieurs ne sont pas dupes et se doutent que la situation perdurera au-delà du 28 octobre. Voilà pourquoi l’aide gouvernementale et le soutien de la population sont primordiaux si l’on souhaite retrouver des restaurants encore en vie après la pandémie.