À la recherche des beer gardens
C’est l’été et les envies de passer du temps dehors se font sentir. Bonne nouvelle: plus qu’avant, les lieux originaux extérieurs pour ce faire sont nombreux et se diversifient. Cette semaine, gros plan sur les beer gardens, où il fait bon flâner des heures durant.
Les biergartens viennent d’Allemagne. Au 16e siècle, l’interdiction de brasser de la bière de mai à septembre y a forcé les brasseurs à créer des celliers pour pouvoir, malgré tout, pendant ces mois, continuer à offrir quelque chose à boire. Pour garder la bière au frais, les fûts étaient conservés sous la glace et, pour assurer plus de fraicheur, on s’est mis à planter des arbres pour leur offrir de l’ombre. Peu à peu, des tables ont été installées sur les sols de gravier, près des arbres. Ces lieux agréables où on pouvait apporter sa nourriture sont devenus populaires pour se retrouver autour d’un verre. Les biergartens étaient nés.
Si ces lieux de rassemblement sont depuis restés ancrés dans les habitudes des Allemands, il aura fallu près de quatre siècles avant que le reste du monde s’approprie le concept. Aujourd’hui, des beer gardens, ces endroits extérieurs où on sert de la bière et de la nourriture simple, souvent à des tables partagées, se retrouvent partout dans le monde. Désormais, chacun s’amuse même à partager les palmarès des meilleurs beer gardens des États-Unis, de Londres, de Dublin ou de New York.
L’exemple de Philadelphie
Personnellement, j’ai réellement ressenti pour la première fois l’ambiance unique d’un beer garden lors de ma visite de la ville de Philadelphie, en Pennsylvanie, l’an dernier. Plusieurs villes des États-Unis possèdent leurs beer gardens, mais Philadelphie en propose une trentaine (!), chacun à l’ambiance unique. Je suis même retournée visiter la ville le mois dernier avec, comme seule excuse, l’envie de faire la tournée de ces beaux espaces extérieurs.
Mon préféré, le Independance Beer Garden, en plein quartier historique, est un havre de paix et de verdure au milieu du béton. Dans de multiples espaces, on trouve tantôt des tables à pique-nique entourées de plantes, tantôt des chaises colorées et des jeux de pétanque ou de poches, tantôt un grand bar central protégé de la pluie. Tout près de plusieurs bureaux, l’ambiance y est à son apogée pour les 5 à 7.
De son côté, le Spruce Street Harbor Park propose, le long de la rivière Delaware, des hamacs, des camions de cuisine de rue et des jeux qui plairont aux familles alors qu’une section pour les adultes offre de goûter des bières les pieds dans le sable sur des chaises multicolores.
Juste un peu plus loin, le Morgan’s Pier offre une vue incroyable sur le pont Benjamin Franklin, les trains qui le traversent et le va-et-vient de la marina en plus d’offrir un menu intéressant qu’on déguste sur de grandes tables.
Puis, à quelques pas de là, en remontant la rue Market, on tombe par hasard sur un espace improvisé où une famille s’amuse, en prenant un verre, à des jeux d’adresse. Et ainsi de suite à chaque coin de la ville, où on trouve des beer gardens sur les toits, dans le centre-ville, près de l’eau, derrière les restaurants... Toujours, l’idée reste de se rassembler et de profiter de la belle saison dans un espace extérieur accueillant et sans prétention.
À la différence de la terrasse d’un restaurant, on pourrait définir le beer garden par le fait que l’espace est moins statique, que les gens bougent pour discuter ou jouer à des jeux, que les tables partagées encouragent à rencontrer les voisins et que le menu nourriture est absent ou très simple.
Des beer gardens à la québécoise
Après cette deuxième visite à Philadelphie, indéniablement charmée par l’ambiance de ces espaces joyeux qui donnent envie de se rencontrer tous les soirs entre amis, je me suis demandé si l’équivalent existait au Québec.
À ma connaissance, aucun endroit de la province ne reproduit exactement l’ambiance d’un beer garden, même si plusieurs jolis espaces s’inspirent du concept.
À Montréal, dans le Mile-Ex, on peut penser au Alexandra Platz, précurseur dans son genre, qui installe depuis quelques années des tables à pique-nique dans un ancien garage et à l’extérieur. Ouvert exclusivement pendant la belle saison, l’endroit propose des bières et quelques cocktails et sort parfois les barbecues pour griller des plats simples.
La vaste terrasse Saint-Ambroise, le long du canal Lachine, peut aussi rappeler l’ambiance d’un beer garden grâce à ses nombreuses tables à pique-nique, ses bières pression et son menu barbecue. Les quelques tables installées à MaBrasserie, dans Rosemont, sont aussi parfaites pour goûter les bières locales, tandis que sous le pont Jacques-Cartier, depuis deux ans, le Village au Pied-du-Courant, avec ses jeux d’adresse, ses espaces pour relaxer, ses camions de cuisine de rue et ses bières et cocktails à déguster les pieds dans le sable est aussi dans l’esprit.
Finalement, nouvellement ouvert, le Kampai Garden, dans le centre-ville, se proclame «premier beer garden de Montréal», mais ses vastes espaces, pas toujours extérieurs, sont à mon avis peut-être trop réfléchis et étudiés pour vraiment respecter l’idée des beer gardens.
À Québec, la terrasse de La Barberie, dans Saint-Roch, peut aussi rappeler l’ambiance, surtout que même si on y offre un petit menu, on peut y apporter son lunch à déguster avec une bière, comme il était de coutume il y a longtemps dans les premiers biergartens allemands.
Finalement, à Trois-Rivières, Le Temps d’une Pinte fait beaucoup parler depuis quelques années. Sa belle terrasse arrière est ouvertement inspirée des beer gardens et on y trouve des tables à partager, de jolies guirlandes de lumières, des lierres grimpants, un menu créatif et de nombreuses bières à découvrir.
Si plusieurs beaux espaces où se rassembler existent au Québec, il reste certainement encore de la place pour des terrasses sans prétention, ludiques, accessibles et où il est possible de se dégourdir en goûtant les nombreuses bières qui font la réputation de la Belle Province.