La saveur du jour
Le goût du merroir
On entend beaucoup parler de terroir, mais plus rarement de merroir. Mais qu’est-ce que désigne ce terme au juste et pourquoi devrait-on songer à l’utiliser davantage?
Le mot «merroir» est la contraction des mots «mer» et «terroir». Sur le web, on en trouve deux définitions, soit «un site d’ostréiculture, censé apporter à ses huîtres une saveur distinctive», et en deuxième proposition, «un territoire communautaire marin dans une zone côtière». Ce n’est pas pour rien que quelques-uns se sont approprié le terme pour désigner non officiellement des territoires sous-marins fournissant un produit agricole caractéristique.
Au Québec, on utilise le mot ici et là pour désigner les richesses du fleuve même si cela est fait encore timidement. L’entreprise gaspésienne Océan de saveurs, par exemple, spécialisée dans la cueillette et la transformation d’algues, vend sur sa boutique en ligne l’ensemble «À la découverte de notre Merroir», qui comprend un guide pour reconnaître les algues, deux livres, des recettes et des sacs d’algues. De plus, depuis quelques années, le terme est utilisé, parfois, dans certains médias ou sur certains menus.
Pour désigner les trésors du fleuve, «faut-il parler de merroir?», se demandait quant à elle en 2017 la journaliste Hélène Raymond. «Il y a des mots à inventer, continuait-elle, des fêtes à imaginer […], des espèces à découvrir et surtout, des hommes et des femmes à connaître et à mettre en valeur pour qu’enfin, on s’approprie le Saint-Laurent.»
Il est surprenant que le mot ne prenne pas plus rapidement sa place, au même titre que le mot terroir, par exemple. Surtout en ce pays traversé par le fleuve que nous habitons. En cette saison où les pêches variées commencent, et où seront à l’honneur poissons, crabes, homards, oursins, mactres, algues et pétoncles, pourquoi pas?
Parce que, souvent, ce que l’on arrive à désigner prend soudainement toute sa place et sa valeur.