La saveur du jour
De l’ail du Québec à l’année?
Si le Québec est producteur d’ail, comment se fait-il que ce soit surtout l’ail du bout du monde que l’on retrouve en épicerie pendant l’hiver?
Même s’il est possible de produire de l’ail dans notre climat et que sa culture est ici en augmentation, au Canada, les bulbes provenant de Chine, d’Espagne, d’Argentine ou du Mexique représentent encore 70% des ventes.
Un des obstacles principaux pour les producteurs d’ail du Québec, c’est que, comme il est impossible de produire de l’ail à l’année, il faut s’équiper en espaces de conservation sophistiqués si l’on veut écouler pendant plusieurs mois les bulbes récoltés à la fin de l’été.
C’est ce qu’on a décidé de faire à la plus grande ferme au Québec dédiée à cette culture, Une touche d’ail, à Saint-Anicet, en Montérégie. On y cultive sans pesticides trois variétés qu’on écoule ensuite à l’année entre autres dans les IGA et les Marchés Tradition grâce à un partenariat avec Sobeys. L’ail est aussi vendu directement à la ferme du jeune couple, début vingtaine.
Faire suivre la demande
D’autres producteurs pourraient emboîter le pas puisque la culture de l’ail suscite un intérêt grandissant, mais pour ça, il faut que les consommateurs suivent. En effet, l’ail du Québec est souvent plus petit et plus cher que l’ail importé. Cela s’explique par le fait que ces pays n’ont pas à couvrir les coûts liés à la conservation. Les conditions dans lesquelles l’ail est cultivé jouent aussi. «En Chine, la culture de l’ail, c’est le Far West et, pour y être allé, je ne mangerais pas de l’ail de Chine», a dit dans un reportage à ce sujet Denis La France, expert en agriculture biologique, en faisant entre autres référence à l’irrigation qui se fait à partir de rivières polluées.
De son côté, l’ail du Québec est cultivé selon des méthodes approuvées ici et son goût est plus prononcé. Donc, même s’il est souvent plus petit et plus dispendieux, il en faut moins pour que son goût prenne sa place.
De l’ail du Québec partout et à l’année donc? Possible… si le consommateur le veut et fait des choix qui feront augmenter la demande.