Les crus bourgeois du Bordelais: des valeurs sûres
Les crus bourgeois représentent en général d'excellentes valeurs pour la cave. Je vous dis pourquoi et vous suggère quelques bonnes bouteilles abordables à découvrir.
Au détour d’un hasard, j’ai trouvé il y a quelques années dans une librairie d’occasion un livre intitulé l’Encyclopédie des crus bourgeois du Bordelais, un ouvrage français écrit par Michel Dovaz en 1988. Le livre était comme neuf. En le ressortant de ma bibliothèque cette semaine, j’ai pensé à quel point ces vins, bien qu’ils soient souvent éclipsés par leurs voisins les crus classés, représentent en général d’excellentes valeurs pour la cave.
Crus bourgeois et crus classés
Pour comprendre les crus bourgeois, il faut remonter quelques siècles en arrière. L’expression aurait été employée pour la première fois dans les années 1200. Elle se serait répandue au fil des siècles avec l’acquisition par des bourgeois de bonnes parcelles de terre achetées aux nobles ruinés par des guerres ou des dépenses extravagantes.
C’est au 19e siècle que les courtiers bordelais – ceux qui vendent le vin – commencent à le classer en crus: crus paysans, crus artisans, crus bourgeois et, seulement dans le Médoc, crus classés, chacune de ces catégories ayant ses déclinaisons. Arrive enfin le fameux classement de 1855, encore aujourd’hui celui en vigueur. Seule l’expression «crus classés» subsistera. Il faudra attendre aux années 1930 avant de voir réapparaître l’expression «crus bourgeois».
Les crus bourgeois contemporains proviennent tous du Médoc, sur la rive gauche de la Gironde. Bien souvent, ils côtoient de près les crus classés, au point où Dovaz écrit: «terroirs identiques, méthodes œnologiques comparables et parfois intégration des vignobles au sein d’une même entreprise». Il ne resterait dans bien des cas, écrit encore l’encyclopédiste, que l’étiquette et le prix pour les distinguer.
Découvrir les crus bourgeois
On retrouve des crus bourgeois dans toutes les appellations médocaines, à savoir: Médoc, Haut-Médoc, Moulis, Listrac, Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe. Comme leurs voisins, les crus bourgeois sont obligatoirement rouges. Les cépages permis, sans surprise, sont le merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, petit verdot, malbec et carménère, quoique ce dernier n’y soit plus utilisé. La SAQ offre présentement près d’une trentaine de crus bourgeois.
Voici quelques bonnes bouteilles abordables à découvrir. Quoique vous aurez certainement du plaisir à les boire dès maintenant, je vous recommande de les coucher quelques années dans votre cellier avant de les déguster.
Château Chemin Royal Moulis-en-Médoc 2018
Ce cru bourgeois à la robe rubis ne présente aucun signe d’âge, bien qu’il ait déjà cinq ans. Son nez est une explosion de fruits rouges, avec des notes de framboises et de cerises mûres et juteuses. À cela s’ajoute une touche de fleurs séchées et de cèdre. En bouche, les tanins sont bien présents, mais sans agressivité. Sa charpente est bien assez forte pour des viandes saignantes, mais aussi capable d’accompagner des plats de gibier en sauce.
Château Chemin Royal Moulis-en-Médoc 2018. Vin rouge, 750 ml. Code SAQ 13869215 | 29,30$
Château Peyredon Lagravette Haut-Médoc 2019
Situé sur un petit terrain de graves de 10 hectares, le Château Peyredon Lagravette ne produit que 4000 caisses de ce cru bourgeois. Composé de cabernet sauvignon et de merlot, il séjourne 12 mois en barriques de chêne français avant de se rendre à nous. Sa robe rubis est d’une belle intensité. Le nez se dévoile sur le fruit noir, avec des notes de cassis, prunes et mûres. En bouche, il présente un bel équilibre, avec des tanins tendus. Il sera encore plus agréable dans quelques années. Arrivage à surveiller, car il n’est pas disponible en ce moment.
Château Peyredon Lagravette Haut-Médoc 2019. Vin rouge, 750 ml. Code SAQ 12797512 | 25,30$
Château Perron Graves AOC 2021
Voici une autre valeur sûre, cette fois un bordelais de l’AOC Graves. Étant blanc, il ne s’agit pas d’un cru bourgeois, mais on peut tous bénéficier de ce bon tuyau! On oublie souvent les blancs de Bordeaux, alors qu’il s’y trouve de vrais petits bijoux, eux aussi comparables à de plus grands crus voisins, tant pour leurs terroirs que pour leurs méthodes de vinification. Ce Château Perron des vignobles Guignard en est un bel exemple. Il s’agit d’un assemblage de sauvignon blanc (50%), sémillon (40%) et muscadelle (10%) aux notes de fruits blancs, avec cette impression de sucrosité qu’apporte la muscadelle. Il est exceptionnel pour son prix, sans compter qu’on peut bénéficier d’un 15% de rabais à la SAQ Dépôt.
Bonnes découvertes!
Jessica et son équipe