La chronique Vins et alcools avec Jessica Harnois

Auteur(e)

Jessica Harnois

Sommelière et animatrice, Jessica Harnois a travaillé pour les plus grands établissements au monde, a occupé le poste de sommelière en chef à titre d’acheteuse de vins pour les Services SAQ Signature, a été responsable du Courrier vinicole et de la prestigieuse Cave de garde de la SAQ, en plus d’avoir été présidente de l’Association Canadienne des Sommeliers Professionnels et Vice-Présidente de l’APAS (Alliance Pan-Américaine des Sommeliers). Avec l’agence d’animation Vins au Féminin, elle a conceptualisé le jeu Dégustation Vegas qui démocratise le vin. Vous pouvez la voir à la télé, l’entendre à la radio et la lire dans plusieurs magazines.

Provence: trois régions, trois rosés

La Provence est le plus gros producteur de vins rosés en France. Je vous explique pourquoi et vous propose trois excellentes bouteilles.



La consommation de rosés est en constante progression dans le monde, à raison d’environ 1% par année (Observatoire mondial du rosé, 2021). Autrefois réservés aux journées d’été, les rosés sont maintenant bus à l’année, quand ce n’est pas au quotidien («Rosé all day»), ce qui bien sûr n’est pas recommandé!

Encore aujourd’hui, la Provence demeure le plus gros producteur de vins rosés en France. À elle seule, la région produit 38% des rosés français, ce qui représente plus de 150 millions de bouteilles (Observatoire mondial du rosé, 2021), et près de 5% de la production mondiale.

Nichée entre Marseille et les Alpes, sur les bords de la Méditerranée, la Provence a les conditions idéales pour élaborer ce passe-partout qui accompagne à peu près tout, de l’apéro au dessert. Comme dans toute région viticole, on retrouve parmi les Provençaux des vins produits en gros volume et d’autres, plus élégants, élaborés avec soin.

Nichée entre Marseille et les Alpes, sur les bords de la Méditerranée, la Provence a les conditions idéales pour élaborer des vins rosés. Photo: Markus Winkler, Unsplash

Comment fait-on un rosé?

En règle générale, on produit les rosés avec des raisins rouges qu’on presse délicatement pour en extraire le jus, comme on le ferait avec un blanc. Habituellement, les rouges macèrent avec leurs peaux, ce qui leur donne couleur et texture. Les blancs, quant à eux, sont pressés; s’ils macèrent, on les appelle alors vins orange ou vins blancs de macération pelliculaire. Autrement dit, les rosés sont issus de raisins rouges vinifiés comme des raisins blancs.

Les mélanges de vins blancs et rouges pour créer des assemblages rosés sont aussi possibles mais, en France, seule la Champagne est autorisée à le faire. Ailleurs dans le monde, la pratique existe, mais ce n’est pas la norme.

Le style des rosés de Provence

Même si chacun des 557 producteurs de rosés en Provence a son style, les vins issus d’une même région auront souvent des traits en commun. Ces derniers leur sont conférés par leur emplacement respectif, avec leurs sols et leur climat (ou microclimat), mais aussi par des traditions parfois solidement enracinées.

L’un des plus grands défis du rosé est l’atteinte d’un équilibre entre la délicatesse et l’expression du produit fini. Ainsi, chaque région, chaque vignoble a ses recettes, ses secrets, qui donneront aux vins un style particulier. Tout de même, on reconnaît les rosés de Provence à leur robe rose très pâle, à leur palette aromatique florale et délicatement fruitée, et à leur texture qui arrondit leur acidité naturelle. Ils sont secs et surtout pensés pour être bus en jeunesse, malgré quelques exceptions.

Trois appellations, trois styles

Trois appellations principales se partagent la majorité des vignobles de Provence: Côtes de Provence, Coteaux Varois en Provence et Coteaux d’Aix-en-Provence. Toutes les trois font aussi du blanc et du rouge, mais les rosés dominent avec environ 90% de la part du gâteau. Les trois régions utilisent le grenache, le mourvèdre, la syrah et le cinsault comme cépages principaux, auxquels s’ajoutent parfois quelques variétés locales de cépages rouges ou blancs.

Côtes de Provence

Avec ses 355 caves, Côtes de Provence est la plus vaste des trois appellations. Elle longe la côte est de la Méditérannée jusqu’à Toulon, sous un climat chaud et sec. On y retrouve, en plus des quatre cépages typiques, le tibouren, le barbaroux et le calitor, que l’on nomme pour le plaisir de savoir qu’ils existent!

Pour découvrir cette région, je vous suggère le Dupéré Barrera Côtes de Provence rosé Nowat 2021, un rosé très élégant, présentant toute la typicité d’un bon rosé de Provence: pâle, délicat, floral et subtilement fruité, sec et pourvu d’une acidité agréable et pas trop anguleuse.

Dupéré Barrera Côtes de Provence rosé Nowat 2021. Code SAQ 13574425 | 19,75$. Photo: SAQ.com

Coteaux d’Aix-en-Provence

Tout à l’ouest, on retrouve l’appellation Coteaux d’Aix-en-Provence, où on fait un peu plus de rouge (8%) que dans les autres régions. Ainsi, c’est sans surprise qu’on retrouve plus de fruit dans le deuxième vin que je vous suggère, l’excellent Château Vignelaure Coteaux d’Aix-en-Provence 2021, dans lequel le cabernet sauvignon tient une bonne place. Vous trouverez ce coup de cœur dans la section Cellier de la SAQ.

Château Vignelaure Coteaux d’Aix-en-Provence 2021. Code SAQ 12374149 | 26,10$. Photo: SAQ.com

Coteaux Varois en Provence

Cette troisième région est située tout au centre de la Provence. C’est la plus petite des trois, et aussi l’une aux plus charmants paysages, incluant des massifs, des gorges et des champs de lavande. Les vignobles y sont d’ailleurs perchés plus en hauteur, parfois jusqu’à 500 mètres, dans des sols calcaires. On retrouve généralement dans ces rosés plus de notes épicées, mais aussi des notes de «garrigue», une herbe qui rappelle certains aromates comme le thym et le romarin. Complexité et structure sont au rendez-vous, comme dans le S. de La Sablette Coteaux Varois en Provence, un bel exemple de ce que la région a à offrir.

S. de La Sablette Coteaux Varois en Provence. Code SAQ 12990902 | 18,05$. Photo: SAQ.com

J’espère que vous vous laisserez tenter par ces excellents rosés qui changent de la routine hivernale. N’hésitez pas à les servir avec des plats de crevettes ou de saumon, avec des mets asiatiques, et même avec du porc, un accord qui surprend, mais qui donne de beaux résultats!

Bonnes dégustations!

Jessica et son équipe