Roadtrip gourmand en Gaspésie
Ça sent bon la mer et le poisson dès qu’on entre dans la belle région de la Gaspésie. Et il n’est pas faux de penser que cet océan inspire les menus gaspésiens. En faisant le tour de la Gaspésie, il est même surprenant de constater à quel point la région recèle des spécialités bien à elle. Roadtrip gourmand en bordure de mer.
Ça fait des lunes que le poisson fait partie de l’histoire de la Gaspésie. Déjà, au tournant du 17e siècle, cinq postes de pêche estivale occupaient les côtes gaspésiennes. La densité des bancs de morues attirait alors les pêcheurs européens, qui y voyaient une façon de s’enrichir. On séchait et on salait alors la morue afin de la conserver plus longtemps pour s’en faire des provisions, mais surtout pour pouvoir l’envoyer en masse en Europe. Aujourd’hui, elle ne constitue plus une part aussi importante de l’alimentation, mais elle reste bien ancrée dans les habitudes de certains. Suzanne, une guide-naturaliste de la SEPAQ sur l’Île Bonaventure, assure à son groupe de visiteurs que la morue séchée et salée «est délicieuse» telle quelle avec une bière froide.
«C’est pas du sang que j’ai dans les veines, c’est de l’eau salée», résumera plus tard la guide pour expliquer son amour pour la mer et ses spécialités.
Et elle n’est pas la seule. Partout en Gaspésie, des affiches devant les maisons annoncent la vente de moules fraîches, des pêcheurs attendent les locaux qui viendront choisir leur homard aux ports après la sortie de la journée, et les usines de transformation de la crevette vendent, à l’accueil, des sacs de crevettes nordiques fraîches qui font fureur auprès des habitants des villages.
Puis, le poisson et les fruits de mer sont partout sur les menus des restaurants, ce qui ravit autant les locaux que les visiteurs.
Premier arrêt: les Jardins de Métis
C'est ici, à Grand-Métis, que le chef Pierre-Olivier Ferry s’amuse de grandiose façon avec les fleurs et les herbes des jardins, et avec les aliments du terroir. Au restaurant de la Villa Estevan, en plein cœur des jardins, on déguste de la grande gastronomie aussi belle pour les yeux que bonne pour les papilles. Cuillère de floraisons, lichen frit avec truite fumée et feuille de basilic, crème de betterave blanche, yogourt et crevettes, ou turbot poêlé, pomme de terre aux algues, mayonnaise au géranium et plantes de bord de mer. Bien sûr, ici, on ne sert que les pêches venant du Saint-Laurent. La table est mise de la plus gastronomique des façons.
Deuxième arrêt: le restaurant Cargo de l’hôtel Riôtel Matane
Sur la splendide terrasse avec vue sur le soleil qui se couche sur la mer, on peut déguster les classiques de la Gaspésie qu’on trouvera ensuite un peu partout sur la route 132, qui fait le tour de la région. Au menu: chaudrée de fruits de mer, saumon fumé, pizza aux fruits de mer et poissons, fish and chips de morue et club sandwich au homard.
Troisième arrêt: le bistro Brise-Bise
Dans ce bistro de Gaspé, on sert la fameuse bouillabaisse, servie dans pratiquement tous les restaurants, mais toujours à la sauce de l’endroit. La bouillabaisse est une soupe-repas (contenant beaucoup) de poissons et de fruits de mer, accompagnée de croûtons, de fromage et de rouille (une mayonnaise épicée) qu’on laisse tremper dans la soupe consistante avant de déguster.
Attention, si cette soupe avec rouille est appelée «bouillabaisse» dans certaines régions de la Gaspésie, elle est, ailleurs, simplement désignée comme une «soupe de poissons» pendant que la bouillabaisse est servie sans croûtons ou rouille.
Qu’on l’appelle «bouillabaisse», «soupe du pêcheur» ou «soupe de poissons», le repas est partout en Gaspésie… jusqu’au Parc National de l’Ile-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé. Au restaurant de la SEPAQ, sur l’ile Bonaventure, accessible seulement par bateau, on sert une soupe aux poissons à 25$ qui vaut le coût. Le bouillon regorge de pétoncles, de crevettes nordiques et de poissons et est servi avec deux pinces complètes de homard.
Quatrième arrêt: la Maison du Pêcheur
De retour sur la terre ferme, à Percé, la Maison du Pêcheur propose deux menus: un plus gastronomique, à l’étage, et un de type bistro, en bas, près de l’eau. Ce dernier est le repaire des locaux qui y commandent du beurre de morue, de la chaudrée de fruits de mer, de la soupe de fruits de mer, des langues de morues frites, des croquettes de morue avec sauce tartare ou de la poutine au homard. À l’étage, c’est la crème d’oursins qu’il ne faut pas manquer. «Ici, on mange beaucoup de poissons et de fruits de mer frais d’avril à octobre. Après, on s’adapte et on mange autre chose. Mais quand le crabe frais revient au printemps, on est vraiment contents!», avoue Nadine Méthot, originaire de Percé, devant une poutine au homard.
Aussi au menu: les bières!
Pas de doute, sur la route, les casse-croûte sont eux aussi bel et bien gaspésiens. Partout dans les cantines, même les plus simples, on sert les guédilles et les clubs au homard, au crabe ou aux crevettes, les fish and chips et les croquettes de morue.
Avant, pendant, ou après ces dégustations, il y a aussi de bien bonnes bières qui sont brassées en Gaspésie. Pendant une tournée de la région, il faut s’arrêter chez Pit Caribou, à L’Anse-à-Beaufils ou à Percé, à l’Auval, petite dernière microbrasserie de la Gaspésie à Val-d’Espoir, ou au Naufrageur, à Carleton-sur-Mer. Toutes des microbrasseries qui connaissent un franc succès et où on peut prendre un verre ou faire des provisions pour la maison… jusqu’à la prochaine fois.